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Oser et faire le premier pas: conseils d'administratrice de Gina Empson

Gina Empson siège au sein de différents conseils d'administration.

Cette semaine rencontre avec Gina Empson , fondatrice et directrice de The Business Harbour, experte-comptable agréée et administratrice auprès de quatre conseils d’administration.

Comment êtes-vous devenue administratrice?

Le 1er CA que j’ai rejoint était celui d’un fonds de pension : voulant en comprendre le fonctionnement, je me suis présentée. Pour qui cherche une première expérience, l’accès au CA de son fonds de pension ou de celui de son employeur est une porte relativement accessible.

C’est mon réseau qui m’a permis d’ouvrir la porte de mon 2 ème mandat : mes compétences étaient reconnues et correspondaient au profil. L’organe de surveillance (FINMA) avait informé une société de gestion de patrimoine qu’il lui fallait des administrateurs externes.

Pour mon mandat à la BCGE, on a proposé mon nom à l’interne et à l’externe. La BCGE représente le tissu économique genevois. Plus d’une entreprise sur trois à Genève possède un compte à la BCGE. C’est une sphère captivante. Siéger au sein du conseil d’une banque universelle si intrinsèquement liée à l’économie locale est un privilège.

Qu'est-ce qui vous intéresse le plus dans cette fonction ?

Chaque mandat est différent et suscite ma curiosité. La banque est une institution essentielle pour le fonctionnement de l’économie régionale et au-delà. Par le biais de la large palette de services fournis, l’apprentissage de la gestion des risques est constant.

Je participe bénévolement et avec plaisir au CA de Genèveroule, une association dédiée à la réinsertion des chômeurs longue durée et requérants d’asile ainsi qu’à la mobilité douce. L’association donne du travail à quelque 400 personnes de plus de 45 nationalités.

Dans un tout autre registre, je siège au CA d’une start-up dans les biotechnologies issue de l’UNIGE, Antion Biosciences SA, qui travaille activement sur les minigènes thérapeutiques avec une technologie brevetée (TMG TM Technology). En toute humilité nous visons un remède génétique à certains cancers et au VIH. Chez Antion, je suis la «financière» autour des docteurs et scientifiques… fascinant, là encore !

Quelles sont les compétences clés, et la valeur ajoutée que vous apportez au CA ?

Mes compétences techniques sont appréciées : experte-comptable, je suis à l’aise avec les chiffres, et avec le monde de la révision, de la conformité et de la finance. Je suis aussi quelqu’un de pragmatique à l’esprit orienté business . La dynamique des sociétés me parle et avec la possibilité d’y ajouter une touche humaine, car derrière les affaires il y a des gens et leurs aspirations.

Ensuite, je suis une vraie entrepreneuse dans l’âme. Par deux fois j’ai fondé ma propre société : une fiduciaire en 1999, que j’ai vendue l’année dernière, puis The Business Harbour qui est une société de portage salarial que je dirige depuis 2009.

Il est clair que mon profil est international, ce qui plaît à Genève. Je suis à même de comprendre des cultures et des points de vue différents. Née en Afrique où j’ai passé une partie de mon enfance ainsi qu’en Asie, j’ai travaillé dans les Amériques, en Europe et en Australie. J’ai vécu ou travaillé sur 6 des 7 continents… il ne me manque plus que l’Antarctique !

Quelles sont les difficultés de cette fonction, les défis que vous avez rencontrés ?

Si siéger au sein de la BCGE est un privilège, ce privilège implique du travail : nous avons 15 réunions par année qui demandent chacune une préparation conséquente. Par ailleurs, il faut bien évaluer le risque de la position avant de rejoindre un Conseil. La Direction Générale de la BCGE est solide, la banque est bien gérée, ce qui aide dans l’évaluation.

Quelles est votre meilleure bonne pratique en termes d’obtention de mandat dans les CA ?

Oser ! Lorsqu’on a peu d’expérience dans un CA, il faut se profiler dès que l’occasion se présente et faire le premier pas. Construire et entretenir un réseau professionnel et social est aussi clé, tout comme perfectionner et maintenir ses compétences à jour.

Que manque-t-il pour que les CA d'entreprises suisses comptent davantage de femmes ?

Je pense que les femmes ont plus de choix de vie à faire que les hommes. Inexorablement, cette diversité implique que le nombre d’entre nous est moindre sur chaque chemin. En général, les hommes n’ont que le choix de travailler, tandis que les femmes peuvent aussi s’occuper de leur vie de famille ou opter pour un mélange des deux. Peut-être faudrait-il que les hommes se sentent moins stigmatisés s’ils choisissent de rester à la maison ?

Les familles évoluent. D’ailleurs, questionnons-nous un instant : donnons-nous les mêmes chances, imposons-nous systématiquement les mêmes exigences à chacun de nos enfants, fille ou garçon ?

Le dernier grand changement est survenu avec la Première Guerre Mondiale et les suffragettes : la population manquait d’actives dans les usines, alors que les hommes étaient au front. Je ne souhaite pas une autre guerre pour accélérer l’égalité des droits, mais nous avons hâte que l’évolution accélère.

Les études sont un autre aspect incontournable. En 2018, 57% des étudiants diplômés universitaires en Europe étaient des filles. Elles feront leur chemin à travers le système, mais sur 20-40 ans. Le processus peut paraître lent mais il est naturel : les filles ont du potentiel et visent des postes dans lesquels elles s’épanouissent.

En tant qu’entreprise, face à la transformation économique actuelle, il faut accélérer le rythme du changement culturel. C’est pourquoi il est capital d’encourager la diversité sous toute ses formes. Pour bien fonctionner, un CA a besoin de profils variés (formation, bagage social, ethnie, etc.) prêts à questionner la direction opérationnelle.