Open Water / Caleb Azumah Nelson

Londres, de nos jours. Ils se rencontrent dans un pub. Lui tente de percer dans la photographie, elle est danseuse. Amoureux de leur art, ils vont également avoir un coup de foudre l’un pour l’autre, mais cet amour restera longtemps caché sous une amitié fusionnelle. Ils partagent également la même expérience, celle d’être des Britanniques à la peau noire.

J’ai découvert ce roman sur la chaîne YouTube de Jeannot se livre qui expliquait à quel point elle avait été charmée par l’écriture de ce roman. J’ai donc tenté ma chance et je confirme l’incroyable beauté de cette première œuvre.

Le cœur de « Open Water » est une histoire d’amour. Si vous me lisez régulièrement, vous savez que je ne suis pas une grande romantique et que ce n’est pas un thème qui m’attire a priori. Cependant, le roman de Caleb Azumah Nelson va bien plus loin. Au travers de la romance entre deux jeunes gens — dont on ne saura jamais les prénoms —, l’auteur aborde la beauté de la naissance du sentiment amoureux, face à la réalité du quotidien. Une réalité qui pour ces deux jeunes Britanniques noir.e.s inclut une part conséquente de racisme. Le protagoniste lutte au quotidien pour empêcher l’assignation d’identité que lui envoie la société à la figure: celle d’un jeune homme noir forcément suspect et dangereux. Alors que lui ne souhaite qu’une chose, être reconnu, être considéré pour ce qu’il est. Un besoin résumé par cette magnifique citation:

« C’est une chose d’être regardé, c’en est une autre d’être vu »

J’ai aussi vraiment apprécié que l’histoire d’amour soit racontée d’un point de vue masculin, un point de vue sincère qui met ses sentiments sur la table, qui analyse sa propre vulnérabilité. Le roman est également une magnifique ode aux arts, puisque l’auteur cite un grand nombre d’écrivain.e.s, de musicien.ne.s et autres artistes visuels. Vous trouverez d’ailleurs sur Spotify une playlist officielle du roman pour accompagner votre lecture. Et pour finir, j’ai été complétement happée par l’écriture si délicate qui donne l’impression de toucher les émotions du doigt.

« Ce que tu essaie de dire, c’est qu’il est plus facile pour toi de te dissimuler dans ta propre obscurité que de te montrer drapé dans ta vulnérabilité. Ce n’est pas mieux mais c’est plus facile. Seulement, plus tu persisteras ainsi, plus tu risques d’étouffer. A un moment, il faudra bien que tu respires. »

En résumé, un premier roman délicat et sensible dans l’écriture, mais puissant dans ses dénonciations.

« Open Water », Caleb Azumah Nelson, chez Denoël, 2022.

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