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En dix ans, 30 % des chauves-souris françaises ont disparu

Autoroutes, éoliennes, éclairage public, pesticides, destruction des haies…, les populations de chiroptères s’effondrent dans l’Hexagone.

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Publié le 21 octobre 2019 à 18h00

Temps de Lecture 4 min.

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Les chauves-souris sont en danger. Ces merveilles de la nature, qui depuis des dizaines de millions d’années, régnaient sur les nuits terrestres, font désormais face à une multitude d’agressions. La plus spectaculaire décime les chiroptères d’Amérique du Nord. Découvert en 2007, dans l’est des Etats-Unis, le syndrome du museau blanc a déjà tué des millions d’individus. Ce champignon s’attaque au métabolisme de l’animal, amplifie sa consommation énergétique hivernale, laissant sans vie, au pied des grottes, des tapis de petites chauves-souris brunes, de pipistrelles de l’Est ou de vespertilions nordiques. Une mobilisation générale a été engagée.

Chauve-souris brune atteinte du syndrome du museau blanc, dans le Vermont (Etats-Unis), en mars 2009.

En dix ans, le pathogène a été identifié, son mode d’action cerné, un programme de protection mis en place. Il n’empêche : Pseudogymnoascus destructans (Pd) poursuit sa triste progression. « Sur dix-huit espèces suivies, douze sont désormais contaminées, soupire Craig Willis, de l’université de Winnipeg, au Canada. D’autres doivent l’être, que nous n’avons pas encore testées. De même, la maladie apparue dans l’Etat de New York a gagné le centre des Etats-Unis et le Canada, franchi les montagnes rocheuses. Depuis deux ans, il a touché le Texas et la Californie… »

Le motif est connu : l’explosion de la circulation humaine à travers le globe. Car, comme l’autre champignon assassin nommé Bd, celui-là tueur en série d’amphibiens, le pathogène est arrivé dans le Nouveau Monde en provenance d’Asie dans nos malles ou sous nos semelles. Ici, de notre côté de l’Atlantique, l’agent infectieux avait peut-être fait des ravages il y a quelques milliers d’années dans la population de chiroptères. Mais depuis, les deux ont coévolué et appris à vivre ensemble.

Lire le reportage : Article réservé à nos abonnés La chauve-souris, un super-mammifère

Outils d’analyse sonore et visuelle

Les chauves-souris ne sont pas pour autant à l’abri dans nos contrées. Christian Kerbiriou, maître de conférences au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), à Paris, n’hésite pas à parler d’« effondrement des populations ». « Chez les espèces communes, la perte atteint 30 % en dix ans. C’est considérable. » Les outils d’analyse sonore et visuelle sont formels : pipistrelles, sérotines et noctules, qui forment le gros bataillon de nos chiroptères, subissent les assauts conjoints du bruit, de la lumière, de la fragmentation des paysages et des pesticides.

Dans un article publié en avril, Fabien Claireau, responsable du pôle recherche et développement du bureau d’études Naturalia Environnement, a évalué l’impact du réseau autoroutier sur l’activité de chasse et de transit de 13 espèces de chauves-souris. Cinq d’entre elles sont sérieusement affectées à proximité des grandes routes, et jusqu’à une distance de 5 km. « Cela représente 30 % du territoire national et 35 % du territoire européen », précise-t-il. Est-ce le bruit, la lumière des phares ou encore la rupture de continuité du paysage, essentielle pour cet animal habitué à suivre haies et rivières lors de ses déplacements ? « On l’ignore encore. Sans doute un peu de tout ça », avance-t-il.

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