Bien installée dans un fauteuil molletonné à franges, entourée de plantes et de meubles vintage, Elisa se sent « comme à la maison, mais sans y être ». C’est justement pour sortir de ses « quatre murs » que l’étudiante de 27 ans vient avec son ordinateur « dans ce lieu refuge » pour préparer le concours du Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (Capes) en sciences sociales. Le pavillon des Canaux, au bord du canal de l’Ourcq, à Paris, a rouvert ses portes, depuis le 9 février, à des étudiants lassés, voire déprimés, de suivre des cours sur écran dans des appartements exigus. En face d’Elisa, Orane, étudiante en master de politiques culturelles à l’université de Paris, a elle aussi saisi l’opportunité de s’évader de sa chambre étudiante du centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous). « Travailler dans l’endroit où je vis, je mange et je dors, ce n’est pas tous les jours facile », commente la jeune femme de 22 ans.
Ces dernières semaines, des initiatives pour rompre l’isolement des étudiants ont fleuri aux quatre coins de la France avec le même objectif : offrir un espace de travail motivant à ces jeunes. L’Espace 93, une salle de spectacles située à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), se réinvente en espace de coworking, les salles d’un cinéma d’Anglet (Pyrénées-Atlantiques) se transforment en amphithéâtre pour permettre aux jeunes de suivre des cours en présentiel… Les (S) paces, des espaces de travail dans des restaurants universitaires, sont mis à disposition des étudiants parisiens par les Crous pour réviser.
Succès rapide
Plusieurs « tiers-lieux » ont aussi ouvert leurs portes aux étudiants. L’inscription se réalise préalablement en ligne, pour respecter la jauge sanitaire en vigueur. Une alternative aux bibliothèques universitaires qui, pour une grande part, sont ouvertes sur rendez-vous, mais avec des capacités d’accueil réduites.
« En ce moment, la seule chose qu’on puisse faire, c’est accueillir des publics fragiles », affirme Anne-Catherine Klarer, dirigeante de la CabAnne des créateurs, un tiers-lieu situé à Schiltigheim, près de Strasbourg. Il en existe 1 800 en France, selon les chiffres du ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales.
A peine l’ouverture annoncée, la Cité Fertile a croulé sous les demandes d’étudiants. « Notre téléphone n’arrête pas de sonner », s’enthousiasme Stéphane Vatinel de ce lieu, situé à Pantin, en Seine-Saint-Denis. Même constat au pavillon des Canaux, dont la publication annonçant leur réouverture a dépassé les 13 000 vues en quelques jours (contre 2 000 habituellement). Un succès « surprenant », selon Anne-Catherine Klarer, qui s’étonne de voir les étudiants réserver leurs créneaux plusieurs jours à l’avance pour venir réviser à la CabAnne.
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