Cela se passe dans une chambre d’hôtel de Las Vegas :
Suzanne a retrouvé le garçon qui l’avait déflorée à l’époque où ils étudiaient
dans le même lycée. Des années après leur rencontre, ils passent une nuit
d’amour qui, peut-être, débouchera sur une relation à plus long terme. Suzanne
avait recherché son premier amant par l’intermédiaire de Facebook et, quelques
chats plus tard, l’avait séduit à nouveau. De son côté, Gillian, qui a eu deux aventures
sexuelles avec d’anciens flirts d’adolescence après avoir également tapé leurs
noms puis communiqué avec eux sur Facebook, perçoit à travers ces relations
l’expérience d’une “intimité étrange” et “singulière”. De surcroît, s’il
ne s’agit pas à proprement parler de rencontres amoureuses, pour Gillian, il
existe dorénavant une “forme de connexion extraordinaire avec un
nombre déterminé de personnes dans le monde, qu’on a fréquentées dans le
contexte du lycée”.

Suzanne et Gillian font partie de la communauté des “rétrosexuels, d’après le néologisme qu’utilise le journal The Phoenix de Boston pour désigner ces individus “qui
revisitent leur vie en plongeant dans leur passé afin d’en faire émerger un
partenaire amoureux actuel.”

Les réseaux sociaux virtuels facilitent les retrouvailles avec
une personne qu’on a connue autrefois ; ainsi, grâce à Facebook, “les
gens disposent enfin d’un moyen d’entrer en contact avec quelqu’un sans crainte
d’être rejeté”, explique Rainer
Romero-Canyas, chercheur en psychologie à l’université Columbia, dans le
magazine américain Time.
Il n’en demeure pas moins que ce nouveau mode de comportement, adopté
majoritairement par des citadins de 25 à 35 ans, pose question. Au-delà de la
nostalgie – de l’ordre de ce qui pousse certains à se rendre aux réunions
d’anciens élèves – et de la curiosité – on se demande ce qu’est
devenu l’autre –, qu’elle est la motivation à renouer avec un amour de
jeunesse ? Selon Paul Falzone, créateur de plusieurs sites de rencontres
sur Internet, “en ces temps désespérés, ce dont nous sommes certains
c’est que rien n’est sûr. Le ‘rétrosexe’ représente la sécurité, la protection,
il ramène à des sentiments éprouvés dans le passé et induit la sensation de se
sentir jeune à nouveau. Les gens ont recours à des choses qui leur sont
familières et qui les rassurent. Dans les années à venir notre société va créer
de plus en plus de rétros sexuels.” D’autant
qu’à l’heure actuelle, le réseau Facebook s’enorgueillit de 300 millions
de comptes actifs, dont 100 millions ont été ouverts depuis le début 2009.

Lire aussi l’article “Facebook et l’amitié sur Internet” dans Cerveau
& psycho
n° 35 de
septembre-octobre 2009.