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Mossad : Israël fait front dans la tempête diplomatique

L'ambassadeur d'Israël en Grande-Bretagne, Ron Prosor (au centre), a été convoqué jeudi au ministère des Affaires étrangères britannique. AFP

Soupçonné d'avoir commandité l'assassinat d'un Palestinien du Hamas dans l'émirat, l'État hébreu attend que les Chancelleries occidentales se calment.

Israël fait le gros dos en attendant que la «tempête» diplomatique qui fait rage en Europe se calme. Du côté officiel, le silence dans les rangs est de rigueur. Objectif : ne rien dire qui puisse incriminer le Mossad, se borner à expliquer qu'aucune preuve irréfutable n'a été présentée jusqu'ici sur l'implication des services de renseignements israéliens dans l'assassinat, le mois dernier, d'un cadre palestinien du Hamas à Dubaï. Les protestations de la Grande-Bretagne, de l'Irlande, de la France et de l'Allemagne sur l'utilisation de faux passeports européens par les membres du commando ne sont vues que comme un mauvais moment à passer.

«À ce jour, personne ne sait ce qui s'est passé. La police de Dubaï n'a même pas expliqué les circonstances de la mort» de Mahmoud Abdel Raouf al-Mabhouh, affirme un responsable israélien, qui insiste pour conserver l'anonymat. Ce Palestinien, retrouvé mort le 20 janvier dans une chambre d'hôtel de l'émirat, est présenté par les médias israéliens comme le responsable du trafic d'armes entre l'Iran et la bande de Gaza, contrôlée par les islamistes du Hamas. Détail important : contrer l'Iran partout et par tous les moyens constitue précisément la mission prioritaire de Meïr Dagan, le patron du Mossad, qui, depuis sa nomination il y a près de huit ans, s'est taillé la réputation de privilégier les méthodes «musclées».

«La fin justifie les moyens»

Sur le front diplomatique, l'objectif prioritaire est de tenter de limiter les dégâts en Europe. «Il y a une véritable hystérie médiatique contre nous. Il y aura sans doute des remontrances de nos amis européens pour les passeports, mais tout devrait revenir à la normale rapidement», prévoit ce même responsable israélien. Une analyse partagée par Tzvi Stauber, ancien ambassadeur à Londres et officier supérieur des renseignements militaires. «S'il s'avère que le Mossad a réalisé cette opération, les Britanniques gèleront, au pire, les relations entre le MI 6 ( les services secrets britanniques) et le Mossad, mais cela ne devrait pas aller beaucoup plus loin et ce boycott ne durera pas. La vie continuera. Après tout, ce sont les Britanniques qui ont inventé le métier d'espion», estime Tzvi Stauber.

Malgré de très nombreux indices concordants, les médias israéliens respectent en apparence les règles du jeu de la censure militaire. Aucun d'entre eux n'incrimine directement le Mossad, mais tous commentent avec les précautions d'usage l'affaire comme si Meïr Dagan était bien le «cerveau» de l'opération.

En revanche, Avi Primor, ancien ambassadeur en Allemagne et auprès de l'Union européenne à Bruxelles, s'inquiète des retombées. «Cette nouvelle affaire ne va pas contribuer à améliorer notre image de marque à l'étranger, notamment auprès des opinions publiques, alors que nous avions déjà une réputation de voyous dans le quartier moyen-oriental», s'inquiète-t-il. Un risque qui n'effraie pas les médias : malgré quelques doutes et interrogations, ils ont tendance à exprimer leur soutien à ceux qui ont frappé à Dubaï.

Le Jerusalem Post, un quotidien en langue anglaise orienté à droite donne le ton. «Il y a de bonnes raisons de penser que certains représentants de l'intelligentsia et des médias en Grande-Bretagne se seraient livrés aux mêmes critiques si, dans l'hôtel (de Dubaï), s'était trouvé Oussama Ben Laden ou Adolf Eichmann», estime ce journal, faisant allusion au chef d'al-Qaida et au criminel de guerre nazi enlevé en Argentine en 1960 par le Mossad, puis condamné à mort et exécuté en 1962 en Israël. «Ceux qui dénoncent le Mossad ne comprennent pas que, parfois, la fin justifie les moyens», ajoute le journal.

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