Cathedrale x Freak City – Facing Death


D’un côté, le Bien, et un chevalier en amure avec épée, casque et fléau, représentation la plus honorable, élogieuse et noble que l’on pouvait se faire en Europe de l’homme durant la période, longue et querelleuse, du Moyen Âge (476-1492 pour les historiens). De l’autre, le Mal, et un squelette capuchonné portant cette faux qui ne laisse pas de doute sur son identité exacte : il s’agit de la Mort, que certains ont même pris l’habitude de nommer, au Moyen Âge, là encore, référence à cet outil qui fauche les âmes comme les blés, la Grande faucheuse.

De l’autre côté du miroir

Fier et preux comme les gens de sa classe, habitué à porter secours aux plus faibles et à défendre sur Terre ceux qui se trouvent oppressés, ce chevalier-là n’a malheureusement (à moins d’un nouvel exploit pour un être que l’on devine glorieux) que très peu de chances de repartir tête haute de la confrontation qu’il s’apprête à engager. En arrière-plan de cette carte à jouer (ou à tirer) dans laquelle le duo est représenté, on constate en effet la présence d’un tas d’autres squelettes, fauchés sans doute, eux aussi, par la Fortune et la Faucheuse qui rend les existences plus brèves. On y reconnaît même, grâce aux ailes qu’il porte dans le dos, un archange, dépourvu lui aussi de l’enveloppe corporelle qui le rendait, jadis, si vivifiant.

Cette plongée colorée dans une iconographie médiéviste, elle est l’œuvre de Mathieu, et de son projet graphique Freak City, un trentenaire bordelais auquel l’on doit quelques illustrations de presse, et que l’on a vu collaborer avec Fluoglacial, Arrache-Toi Un Œil, Turbo Zéro, Sex Before Suicide, Skinjackin, Atelier Kobalt ou Violence Conjugale, ce groupe signé chez Teenage Menopause Records, le label que l’on avait eu l’occasion d’exposer au Point Éphémère en mars dernier.

Vices et Mensonges x Freak City – Violence Conjugale

Freak City, cette fois, c’est aux côtés du projet Cathedrale qu’on le retrouve ainsi (pop garage clair-obscur, Howlin Banana RecordsJuvenile Delinquent), là pour illustrer l’album Facing Death (« Face à la mort »), et un groupe auquel il a choisi d’accoler l’image de ceux que rien ne submerge et que rien n’impressionne, malgré la perspective du danger le plus grand qui soit. Mathieu :

« D’ordinaire chevalier solitaire, c’est avec joie que j’ai rejoint la croisade des quatre jouvenceaux du garage médiéval de Cathedrale, pourfendeurs du démon et ardents défenseurs du sacro-saint Rock. Sans peur face à la mort, ils ont tiré la bonne carte et la grande faucheuse s’en repart bredouille. Quant à moi qui ait enluminé leurs aventures, je repars sur mon chemin, orgueilleux d’avoir contribué à leur conquête de la couronne, les laissant désormais maîtres de leur forteresse. »

Le son

Le revival psych-rock, qui se souvient de l’axe Austin-San Francisco, et on ne trouvera personne pour contester cette affirmation, a de sacrés beaux jours en France. Et de ça, le label Howlin Banana, mené par un passionné (Tom) qui mène le bateau en capitaine courageux, qui semble sortir tous les deux mois un disque qui vient répandre un beau foutoir dans cet horizon-là (Brave Brave, Volage, The Madcaps, et maintenant Cathedrale), semble en partie responsable. Quête pleine de courage, quête plein de noblesse.

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Cathedrale, Facing Death, 2018, Howlin Banana RecordsJuvenile Delinquent, artwork par Freak City