Avec le "Cement Lab", la filière ciment ouvre son innovation aux start-up

Favoriser le transfert des technologies et apporter le regard novateur des start-up dans l’industrie cimentière : voilà la vocation du "Cement Lab", lancé par le Syndicat de l'industrie cimentière à la halle Freyssinet ce jeudi.

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Le Cement Lab doit rapprocher les filières de recherche, l'industrie et les start-up.

Salle comble lors des rencontres annuelles de l’industrie cimentière, qui se sont tenues ce jeudi à la Hallle Freyssinet (Paris XIIIe). La filière a profité de ce moment pour lancer "Cement lab", un laboratoire d’idées dédié au ciment et à son utilisation.

Le principe ? Rapprocher l’industrie cimentière, les grands laboratoires de recherche et les start-up afin d’innover et de répondre aux évolutions induites par la transition numérique, énergétique et aux enjeux du développement durable. Bénédicte de Bonnechose, présidente du Syndicat de l’industrie cimentière (SFIC), qui a rappelé le retour de la croissance (+3 à +4% d'activité espérés cette année), souhaite pousser l’industrie cimentière sur la voie de l’innovation, du numérique, de l’économie circulaire et des enjeux carbone.

« Depuis 40 ans, nos cimenteries travaillent sur la valorisation énergétique et le recyclage. En 2025, on veut atteindre un taux de substitution de 50%. Nous souhaitons également répondre aux enjeux de la future réglementation et de l’expérimentation E+C- afin de construire mieux, plus et moins cher comme on l’a fait depuis 200 ans ! Ce Cement lab est aussi une opportunité pour mieux comprendre les besoins de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre. Cette démarche réconcilie et fait l’union entre deux mondes : celui des start-up qui nous challengent et celui des grands leaders industriels ».

Départ de Cement lab à la Station F


Le lieu était bien choisi pour lancer ce laboratoire d’idées : la station F. Cette œuvre d'Eugène Freyssinet, rassemble un des plus grands nids de jeunes pousses au monde (1 000 start-up, 3 000 postes de travail concentrés sur 34 000 m²). « Construite pendant l’entre-deux guerres en 1929, elle est aussi symbole de la modernité et de l’innovation puisqu’elle augurait alors la réflexion de la précontrainte dans le béton et de l’économie de matières, souligne Anne Bernard-Gely, directrice générale de l'Atilh (Association technique de l'industrie des liants hydrauliques).  Une prouesse technique et esthétique où de minces voûtes de béton de 5 cm, soutenus par de fins piliers pyramidaux, donnent une impression de légèreté. Et où des tirants métalliques noyés dans le béton prétendus pour la conception des auvents sont utilisés pour la première fois ».

Quelques start-up pour commencer


Pour animer ce Cement lab, le Sfic a fait appel à Impulse Partners dont le « rôle est de faciliter les échanges et d’amener, sur un plateau, des innovations aux grands groupes industriels », explique Thomas le Diouron, managing director d'Impulse Partners.

Les pistes d’innovations sont nombreuses : l’utilisation des data, l’IoT, l’introduction de capteurs dans les ouvrages, la robotique sur les chantiers et l’emploi des drones, la réalité virtuelle, les capteurs et les algorithmes pour le pilotage de l’énergie... ».

Sur scène, les start-up ont ensuite défilé pour présenter leurs technologies et faire appel à d’éventuels partenariats industriels. Alban Mallet de XTree a présenté l’impression 3D du béton ou comment utiliser de nouveaux systèmes constructifs via la robotisation et l’industrialisation 4.0.

Economies de matière

« Le béton a toujours été utilisé comme un matériau liquide et peu façonné. Aujourd’hui, on a travaillé avec Lafarge Holcim autour d’un béton 3D afin de créer de nouvelles formes et de faire des économies de matières ». Cette technologie arrive petit à petit sur le marché. Xtree souhaite ainsi amener cette avancée à maturité pour conquérir le marché.

Place ensuite à Rolland Melet de 360 Smart connect dont la problématique est « de rendre lisible les datas et d’interagir le plus simplement possible ». Avec son béton connecté, il souhaite grâce à des systèmes de traçabilité intelligents, donner la possibilité aux industriels de travailler mieux, plus vite et moins cher et de proposer de nouveaux services ».

Plaques imprimées

Augustin Masurel, à l’origine de Smart Cast, a présenté son procédé de coffrage permanent de dalles en lien direct avec la maquette numérique. « Le coffrage remplace le traditionnel contreplaqué, il ne se décoffre pas et le parement du plafond peut recevoir une finition. Les plaques, imprimées sur mesure selon les plans d’exécution, permettent d’intégrer les réseaux de manière précise sans risques d’erreurs. Elle apporte des gains de productivité à cinq corps de métiers que ce soit avant et après le coulage de la dalle de compression ».

Ces plaques à base cimentaire comprennent du magnésium, une ressource rare. Raison pour laquelle Augustin Masurel étudie la possibilité d’utiliser du ciment portland pour le remplacer. Le message est passé !

500 000 heures de calcul

Guillaume Lafont de Combo solutions a quant à lui présenté Vizcab, « une application qui permet  de générer à très grande échelle des dizaines de milliers d’évaluation spécifique à un projet pour répondre à la construction à énergie positive et bas carbone ».  Il s’agit de se balader dans le champ des possibles pour choisir le procédé le plus bas carbone et plus performant possible. « 500 000 heures de calculs sont réalisés en une minute ».

Enfin, Benjamin Hugonet de Airware a présenté un outil numérique d’aide à la décision où les données sont collectées rapidement et de manière sécurisée par les drones. Cela peut s’avérer utile pour la gestion des gisements des carrières où les données de suivi de production sont aujourd’hui très lacunaires.

Améliorer son image

 « L’open innovation arrive aussi dans le ciment ! », s’exclame Jerôme Stubler, président de Vinci Construction qui en profite pour donner la recette gagnante : un mélange de pragmatisme, d’intuition, et une collaboration avec toute la chaine de production. Le béton doit améliorer son image, diminuer son empreinte carbone par deux, être réalisé avec moins de ciment. Il doit aussi être innovant, mais pour cela, il faut aussi que les normes ne soient plus un obstacle et un frein pour réaliser des ouvrages expérimentaux. Pourquoi ne pas créer un béton sans acier, plus résistant à la traction, à l’extrusion, doté de puces ? ».

Pour finir, il cite Eugène Freyssinet « comme tout homme qui poursuit un idéal, le constructeur aura besoin de sciences… mais aussi de courage, de foi en son œuvre. Bref, il faut souffrir pour trouver ».

Zoom sur l’industrie cimentière

L’industrie cimentière rassemble 40 sites industriels sur tout le territoire en France et contribue à 67 000 emplois directs et 200 000 indirects. En 2016, 17,5 millions de tonnes de ciment ont été nécessaires pour la construction sur l'ensemble de l'Hexagone.

Quand la recherche sert l’industrie

Quid de la caractérisation des matériaux cimentaires par cristallographie aux rayons X ? Le sujet est pointu et fait l’objet d’un projet de recherche mené par Calcia-Heidelberg, l'Ecole Polytechnique, le CEA et le CNRS. « Le ciment produit en usine est un assemblage minéralogique complexe. Les proportions et leurs structures déterminent la réactivité et les performances du matériau, explique la scientifique Marie-Noëlle de Noirfontaine. Cette composition peut être déterminée par diffraction de rayons X. Plusieurs polymorphes sont possibles en fonction de la température du four, de la pression, du débit… Des nouveaux détecteurs ultra-rapides permettent, via la diffraction, de suivre en industrie la conduite de la cuisson, la qualité des cristaux formés et donc la performance des ciments et des clinkers produit.

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