Bolly&Co - Numéro 15

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O C & Y L L BO NUMÉRO 15

G R AT U I T

INDIEN DEPUIS 2010 L’ U N I V E R S D U C I N É M A VOTRE MAGAZINE SUR

Parvathy,

la magicienne

N O UV E AU V I SAGE ZAIRA WASIM, ÉTINCELANTE

SCÈNE CU LT E RIEZ AVEC LA FAMILLE INDIENNE

BILAN KATRINA KAIF, Y CROIRE ENCORE ?

DÉCOUVERT E LA SURPRISE RADHIKA MADAN

LU M I È RE SUR ZACK KNIGHT, FAISEUR DE TUBES

EN ACTIO N FESTIVAL DU FILM D’ASIE DU SUD, ÉDITION 2019

MOD E LES FLOPS DE 2018 U N F IL M, T ROIS REGA RDS BEYOND THE CLOUDS IN S TAGRA M BANITA SANDHU, LONDONIENNE STYLÉE


LE MOT D E L A R É DAC

2019, C’EST L’ANNÉE DE LA REFONTE. Refonte ? Lorsqu’Elodie a employé ce terme à propos du magazine, j’étais complètement paniquée ! J’avais mes repères, mes habitudes et une zone de confort que j’avais acquise avec le temps et de laquelle je ne voulais pas me sortir. Bolly&Co existe alors depuis 8 ans et a grandement évolué depuis la parution de notre tout premier numéro. Pourtant, je savais foncièrement que le magazine gagnerait à être connu s’il faisait l’objet de grands changements. Elodie comme Fatima-Zahra se montrent rassurantes : non, nous n’altérerons pas ce qui fait l’essence et l’identité profonde de notre magazine. En revanche, il s’agit d’en faire un support qui soit dans l’air du temps, frais, stylé et moderne. Il nous fallait donc nous départir de ces articles qui ne recouvraient selon nous plus beaucoup de pertinence et que nous exploiterons davantage sur notre site, à l’image de nos playlists. D’autre part, c’était l’occasion pour nous de réfléchir à d’autres manières d’aborder notre passion pour les cinémas indiens. Et un questionnement ressort plus particulièrement.

DE QUOI NOS LECTEURS ONT-ILS ENVIE QUE NOUS PARLIONS ?

Plus que jamais, nous vous donnons la parole pour vous faire une véritable place, au cœur de cette édition comme des suivantes.

NOUVELLES RUBRIQUES, LIGNE ÉDITORIALE DÉPOUSSIÉRÉE ET IDENTITÉ VISUELLE ACTUALISÉE, BOLLY&CO FAIT PEAU NEUVE POUR VOUS PROPOSER UN CONTENU PLUS SAGACE ET POINTILLEUX QU’AVANT. Et ça commence par cet éditorial, ce petit texte introductif dont je vais désormais me servir pour évoquer l’actualité. Mais qu’est-ce qui m’a marqué ces derniers mois à Bollywood comme dans les autres industries indiennes ? Beaucoup de choses, du film de Sonam Kapoor portant sur l’homosexualité à la prestation aussi forte que subversive de Nawazuddin Siddiqui dans Thackerey. Mais comme vous l’aurez compris plus haut, j’ai surtout été touchée par la trajectoire que prend l’aventure Bolly&Co en ce début d’année 2019. En espérant que cette nouvelle formule vous produise autant de plaisir en la découvrant que nous en avons pris à l’imaginer pour vous...

Asmae Benmansour RÉDACTRICE EN CHEF


édito

P HOTOG RAP HE INCONNU : PUBLIÉ SUR L E COMP TE INSTAG RAM DE L’ACTR ICE (@PAR _VATH Y)

édito


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FOC US

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i re a m

Un peu de lecture (008) INVESTIGATION Le box office en Inde (010) A LA DÉCOUVERTE DE Radhika Madan (016) LE COUP DE COEUR DE Brice (019) ILS ONT DIT SUR La dépression (024) NOIR ET BLANC Sulochana (027) BOX OFFICE Top 10 des films de l’année 2018 (030)

E N ACTION FESTIVAL Mon journal du FFAST, édition 2019 (038) INTERVIEW Rencontre avec Kalki Koechlin et Sabiha Sumar (056) L'AVENTURE BOLLY&CO Créer un magazine pour les nuls (062)

NOUVE L ES P OIR Zaira Wasim, l’avenir prometteur (066)

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C INÉ MA

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15

DERRIÈRE LA CAMÉRA Les scénaristes (076) BILAN Katrina Kaif, c’est tout droit ? (080) UN FILM, UN VOYAGE Mumbai (086) POURQUOI Jab Harry Met Sejal (090) 3 FILMS QUI DISENT TOUT SUR R. Balki (096) LUMIERE SUR Zack Knight (100) L’ALBUM DU FILM 96 (104)


FILM VS LIVRE (108) Laila Majnu SCÈNE CULTE (112) « Gamla Nahin... Vase. » de La Famille Indienne ET SI ON COMPARAÎT LES REMAKES ? (116) Happy Journey vs Koode

À LA U N E

p a r vat hy

PARVATHY (124) Retour sur son parcours (138) Ses meilleures mélodies (140) Ses rôles inoubliables

C RI T IQ U ES N O R D FLASHBACK (144) Ae Dil Hai Mushkil (152) Andhadhun (155) 102 Not Out (158) Qarib Qarib Singlle (161) Manmarziyaan UN FILM, TROIS VISIONS (164) Beyond The Clouds

C RI T IQ U ES S U D (170) Poo (172) Milana (174) Maryan (177) Ennu Ninte Moideen

MO D E (182) Jasmeet TENDANCE (186) Vert Nature (189) Les plus beaux ratés de l’année

RÉSEAU X S O CI AU X (196) Twitter : #PatiPatniAurWoh (200) Instagram : @banitasandhu Crédits

s g a e p 4 0 2


M E D L E Y : A E D I L H A I M US HK IL — « J O L LY G O O D BO LLYWOOD »

fan tas tiki ndi a P R E M I E R P O R TA I L W E B F R A N C O P H O N E SUR LE CINÉMA INDIEN Fantastikindia est une association portée par la passion de ses membres, dont l'objectif est la promotion du cinéma indien sous toutes ses formes et dans toute sa variété du Nord au Sud.

WWW.FANTASTIKINDIA.FR


L ECTURE & DÉCOUVE RTE

... FOCUS


FOCUS U N P E U D E L E C T U R E

un peu de lecture M OT S PAR ASM AE BENM ANSOUR

1.

LA JEUNE FILLE DANS LE JARDIN de Kamala Nair Rakhee, américaine originaire du Kerala, est sur le point de se marier. Mais lorsqu’elle reçoit une lettre mystérieuse, elle ressent le besoin de retourner sur sa terre natale pour obtenir des réponses à des questions qui la hantent depuis trop longtemps...

Le récit de Kamala Nair est précis et entre directement dans le vif du sujet.

MAIS QUI EST KAMALA ? Journaliste design pour le magazine LUXE (Interiors + Design), La jeune fille dans le jardin est son tout premier roman.

008

On visualise tout : les souvenirs d’enfance de la jeune femme, sa relation troublée avec sa famille maternelle, les paysages keralais si uniques... S’il faut s’accrocher à la plume aiguisée de l’auteure, La jeune fille dans le jardin reste un roman à ne pas manquer pour tous les amateurs de culture indienne.


2.

NUSRAT FATEH ALI KHAN, LE MESSAGER DU QAWWALI

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de Pierre-Alain Baud Enfin un livre qui revient sur l’immense contribution du roi du qawwali ! Le représentant de cette musique soufie a traversé la planète par sa puissance et sa profondeur. L’ouvrage de Pierre-Alain Baud revient sur son histoire mais aussi sur son héritage artistique, ponctué de très belles images de cette légende de la musique pakistanaise. Un interprète démentiel qui laissera des traces jusqu’à Bollywood, qui reprendra nombre de ses mélodies, notamment au travers de son neveu Rahat Fateh Ali Khan, très actif en Inde.

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3.

AMRITA ET LA FIN DE LA MOUSSON de Caroline Laffon, Gwen Le G a c e t Sy lva i n Va n Eeckhout Récit sur la vie d’une petite fille, Amrita, au sein du Calcutta de la classe moyenne, cet ouvrage donne à voir la société indienne au travers du regard de cette enfant. Les illustrations de Gwen Le Gac et les photographies de Sylvain Van Eeckhout donnent à l’histoire de Caroline Laffon des images claires sur le contexte de vie de la petite Amrita et sur les enjeux de son existence. Surtout, cette oeuvre se destine notamment aux plus jeunes, l’occasion de leur faire découvrir la richesse de ce pays qu’est l’Inde. C’est efficace et ça se lit d’une traite ! 009


FOCUS I N V E S T I G AT I O N Depuis quelques années, nous avons de plus en plus droit à des affiches de films relookées dès leur sortie. Le but est d’afficher en grandes lettres le résultat généré par le dit métrage. Un immense “100 Crores Club” placardé sur une affiche, ça fait rêver ! Triste, quand nous savons que parfois, ça attire davantage le public que le contenu et la qualité de l’oeuvre en elle-même.

CEPENDANT, POUVONSNOUS RÉELLEMENT NOUS FIER À CES TECHNIQUES MARKETING ?APRÈS TOUT, EN INDE, IL N’Y A AUCUN SYSTÈME PRÉCIS POUR VÉRIFIER LE VERDICT BOX-OFFICE D’UN FILM !

Aamir Khan dans Ghajini, sorti en 2008. L’acteur a enchainé record sur record en matière de box-office !

LE BOX OFFICE EN INDE


Le box-office, c’est quoi ?

rythme exponentiel que prend le cinéma, ce qui laisse parfois le public plus dubitatif que jamais.

Avant de s’avancer sur le sujet, mettons au clair quelques définitions. Selon le dictionnaire, le box-office est tout simplement une échelle de succès pour un film, qui se base sur le montant des recettes générées par le métrage en question. Ce nom vient de l’expression anglaise « box office » ou « ticket office ». A une époque, c’était l’endroit où les tickets de films étaient vendus au grand public. Vu que le nombre d’entrées pour assister à une séance au cinéma était utilisé pour mesurer la réussite du métrage, le terme s’est généralisé. Par extension, le terme box-office peut également être associé aux productions théâtrales, même s’il est majoritairement utilisé pour le cinéma.

A l’époque, qu’est-ce que ça donnait ?

PAR LE PASSÉ, LE PUBLIC NE S’INTÉRESSAIT PAS À CET ASPECT DES INDUSTRIES CINÉMATOGRAPHIQUES. Mais aujourd’hui, les chiffres générés par tel ou tel film sont devenus une information importante. A tel point que certains médias ne s’intéressent plus qu’à faire du monitoring au jour le jour sur le sujet. Ces sources incluent Box Office India, Box Office Mojo ou encore ShowBIZ Data pour n’en citer que quelques-unes. Cependant, ce flux incontrôlable de partage rend la tâche de trouver une affirmation sur le sort d’un métrage très difficile.

Dans le troisième numéro de Bolly&Co (sorti en 2011), j’en parlais déjà. Le box-office était déjà un mystère. Avec quelques recherches, il pouvait être résolu. Le succès d’un film se traduit par un verdict, une étiquette que les experts en la matière collent au nom d’un métrage, selon les chiffres qu’il obtient. En principe, seuls les revenus engendrés par les projections en salles sont pris en considération. Si les termes n’ont pas changé depuis, le calcul pour y arriver semble se métamorphoser. Pour rappel, les verdicts acceptés sont les suivants : désastre (disaster), bide (flop), moyen (average), plus que moyen (above average), demi-hit (semi hit), hit, super hit, blockbuster et blockbuster de tous les temps (all time blockbuster).

LES PLUS PRISÉS SONT NATURELLEMENT LES QUATRE DERNIERS, MÊME SI UN SEMIHIT N’EST PAS DE REFUS POUR CERTAINS PRODUCTEURS. A l’époque, les analystes ne faisaient qu’établir un ratio ou un pourcentage pour chaque film, selon lequel un verdict pouvait être attribué. C’est une question de mathématiques, et seules les recettes indiennes étaient comptabilisées. Peu importe le succès mondial du film en question, s’il ne marchait pas en Inde, il était qualifié de bide.

EN EFFET, EN INDE, ILEST COMPLIQUÉ DE CONNAÎTRE AVEC EXACTITUDE LE VERDICT D’UNE PRODUCTION. AUJOURD’HUI, C’EST TOUJOURS UNE QUESTION DE Par le passé, les règles étaient simples. Mais MATHÉMATIQUES. > depuis, les choses ont évolué pour suivre le 011


Seulement, les règles sont de plus en plus confuses. Les fans s’accrochent à la réputation de leurs acteurs favoris, et les analystes du box-office semblent de plus en plus enclins à enjoliver leurs mots. Sans compter sur les maisons de production qui n’hésitent pas à gonfler leurs chiffres.

NE SACHANT PLUS QUI CROIRE NI OÙ DONNER DE LA TÊTE, IL FALLAIT DONC PRENDRE DU RECUL.

Aujourd’hui, qu’est-ce que ça donne ? La question sur les revenus d’un métrage revient très souvent sur le tapis. Si à une époque, les créateurs de films le faisaient par passion, il est important de soulever une évidence : l’industrie cinématographique est un business. De plus en plus de réalisateurs se laissent emporter par la vague, car au final aucun ne dirait non au succès, surtout si c’est un succès financier. Les sources divergent sur certains critères d’évaluation du succès populaire d’un métrage, mais se rejoignent sur d’autres.

POUR LA SUITE DE CET ARTICLE, ET POUR ESSAYER D’Y VOIR UN PEU PLUS CLAIR, LAISSEZ-MOI VOUS FAIRE LA SYNTHÈSE DE MES RECHERCHES. Avant d’avancer plus loin, voici quelques définitions de termes qui se répéteront par la suite. Producteur : le producteur est le synonyme de l’argent. C’est l’investisseur principal d’un 012

métrage. Qu’il soit seul ou à plusieurs, une seule maison de production ou plusieurs, la somme totale investie représente le budget du film. Budget : comme cité précédemment, c’est la somme décidée pour financer un projet. Ce budget enveloppe tous les frais qu’il faut dépenser. Autant les salaires des acteurs, des techniciens, que les charges pour les transports, les décors, etc… A part tout cela, il existe également un budget dédié à la promotion du film, une fois celui-ci complété. Distributeur : il sert généralement d’intermédiaire entre le producteur et les propriétaires des salles de cinéma. C’est une entreprise qui achète les droits sur un film, appelés en anglais les « theatrical rights », pour avoir l’autorisation de distribuer le métrage sur le territoire indien. Il n’est pas exclu que le producteur décide d’être lui-même son propre distributeur. Si nous prenons la maison Yash Raj Films, c’est une entreprise qui produit et distribue ses propres métrages, sans intermédiaire. Là où Nadiadwala Grandson (maison de production de Sajid Nadiadwala) passe par la compagnie EROS pour la distribution. Cinéma : aussi appelé « exhibitor » en anglais, c’est le dernier acteur important de cette chaine. Il peut être propriétaire d’une salle de cinéma indépendante, ou une entreprise qui détient une chaîne de salles. La relation entre les exhibitors et les distributeurs est la plus complexe. En Inde, il existe deux types de cinémas. Le premier est la salle avec un seul écran, le second est le multiplexe. L’accord entre un distributeur et un propriétaire change selon ces éléments. En Inde, une taxe doit être appliquée sur les revenus des salles de cinéma. Son pourcentage varie d’une région à l’autre. Une fois cette taxe déduite des revenus, le propriétaire du cinéma doit payer


le distributeur une certaine somme d’argent du montant restant.

Pourquoi est-ce que les 100 Crores définissent aujourd’hui le succès d’un film ?

LE SUCCÈS D’UN FILM N’EST PAS JUGÉ SELON LE NOMBRE DE SPECTATEURS QU’IL ARRIVE À ATTIRER.LA RÉALITÉ, C’EST QUE LES PRIX D’UNE PLACE DE CINÉMA EN INDE VARIENT D’UN ENDROIT À L’AUTRE.

Il fut un temps où la gloire d’une réalisation se mesurait au nombre de semaines où elle restait en salles. Cependant, avec l’augmentation du nombre de productions indiennes, il n’est pas rare que plusieurs sorties s’arrachent les salles de cinéma simultanément. Les producteurs doivent se sentir heureux si leur film dépasse les deux semaines de projection. Quand la question précédente se pose, certains spécialistes du domaine n’hésitent pas à émettre leurs hypothèses. Binoy Prabhakar, éditeur pour The Economic Times résume ces raisons en quelques points.

Le calcul le plus fiable maintenant, c’est de savoir le retour sur investissement d’un métrage. Il est vrai que sur le papier, les grandes lignes restent les mêmes. A savoir : + Les coûts d’un film sont constitués de son budget et des dépenses de sa campagne marketing. + Les revenus hors cinémas sont la somme des ventes des albums musicaux, des droits de diffusion à la télévision, des goodies...

AVEC CES DEUX PRINCIPES, JE PENCHERAI POUR DIRE QU’AUJOURD’HUI, SEULE LA RECETTE RAPPORTÉE SUR LE SOL INDIEN A UN POIDS SUR LE RÉSULTAT AU BOX-OFFICE. Ce qui reste sans réponse pour moi, c’est la graduation sur laquelle il faut se baser pour donner un verdict. Je ne pense pas pouvoir résoudre ce mystère tout de suite, mais je ne peux m’empêcher de croire que ce flou est un peu dû à la mode des « 100 Crores. ». Et je ne suis pas la seule à le croire. Il semblerait qu’aujourd’hui, le seul critère qui importe serait de savoir si un film arrive à atteindre les 100 Crores de recettes. C’est un club devenu exclusif, et qui a entrainé la création d’autres : les 150 Crores, les 200 Crores etc…

PREMIÈREMENT, LES FILMS HINDI ONT LA RÉPUTATION D’ÊTRE DE PLUS EN PLUS MAUVAIS. Leur qualité est médiocre et ne justifie pas les prix exorbitants d’un ticket de cinéma en Inde. De ce fait, l’audience ne se rue pas systématiquement en salles. Pourtant, quand un film s’avère être bon, une même personne peut s’y rendre à plusieurs reprises.

DEUXIÈMEMENT, TOUS LES MÉTRAGES NE MÉRITENT PAS QUE L’ON SE DÉPLACE EN SALLES POUR LES VOIR. Pour le public indien, il suffirait d’attendre quelques semaines pour pouvoir profiter du dit film avec toute la famille devant sa télévision.

TROISIÈMEMENT, LE CINÉMA N’EST PLUS LA SEULE FORME DE DIVERTISSEMENT >


OFFERTE AUX INDIENS. Le concurrent majeur de Bollywood actuellement est le cricket. Toutes ces raisons justifieraient, selon certains, la nouvelle tendance à juger un film : les projets coutent de plus en plus cher, ils ont de moins en moins de temps pour gagner de l’argent. Le plus tôt ils arrivent à la barre des 100 Crores, le mieux c’est.

Le seul souci de cette logique, c’est que la fièvre des 100 Crores fait oublier un point essentiel : tous les métrages n’ont pas besoin de l’atteindre pour rapporter de l’argent. Ce qui est également frustrant c’est que, pour suivre cette tendance, nous nous retrouvons souvent face à des intox lancées par les maisons de production elles-mêmes !

Qui faut-il vraiment croire ? Le producteur Mukesh Bhatt a dit une fois : « Notre business, c’est de créer des films,

pas de créer des chiffres. Je peux vous assurer qu’avant, personne ne gonflait les chiffres du box-office. Cette inflation est une tragédie ! ». Il n’y a aucun système précis pour déterminer les résultats du box-office en Inde. Injustice pour beaucoup, mais pour d’autres, c’est un mode opératoire qui fonctionne très bien. S’il n’existe aucun comité pour vérifier la véracité des chiffres, c’est parce que ça peut en arranger beaucoup. Il suffit pour un passant de voir l’expression “100 Crores” inscrite sur une affiche du film, et il y croit. 014

Sa curiosité s’active, et il tente de voir ce que le métrage donne. C’est une compétition à laquelle beaucoup de producteurs se livrent, et leurs acteurs avec. Des exemples de ces courses compétitives sont nombreuses, et l’une des plus flagrantes était le débat qui opposait les films Raees et Kaabil. Les deux maisons de production derrière les deux métrages clamaient les mêmes chiffres : un résultat phénoménal, alors que les films étaient jugés décevants par la critique. Même en mettant la qualité de côté, ce qui a attisé la flamme du scandale était un calcul logique : vu le nombre de cinémas accordé à l’époque sur le parc indien, impossible de voir les deux films fonctionner au même niveau.

QUI MENTAIT ET QUI DISAIT VRAI ? PERSONNE NE VEUT RÉELLEMENT LE DIRE. L’unique source qui a su faire preuve de fiabilité sur la durée reste le site boxofficeindia.com. L’équipe qui y officie fait un effort particulier, en récoltant les informations auprès des distributeurs et des salles de cinéma, quotidiennement. De la date de sortie d’un film, et ce jusqu’à ce que son parcours au box-office ne s’essouffle. Selon le site Times Of India, un distributeur qui ne voulait pas dévoiler son identité a précisé : « Les chiffres que présente

boxofficeindia.com sont les plus authentiques qui existent, même sans être tout le temps exacts. Beaucoup de producteurs le savent, mais ils ne citent au final que les sites qui présentent des chiffres gonflés. ».

Pour revenir sur l’exemple cité plus haut, selon le site Boxofficeindia, Raees a généré un chiffre aux alentours de 110 Crores dans ses 9 premiers jours d’exploitation, là où Kaabil en a rapporté 66.


Shahrukh Khan dans le film Raees , sorti en 2016.

BOLLYWOODHUNGAMA A PRÉSENTÉ UN RÉSULTAT DIFFÉRENT, EN PRÉCISANT QUE CE SONT LES CHIFFRES COMMUNIQUÉS PAR LES PRODUCTEURS. A SAVOIR, 122 CRORES POUR RAEES EN 7 JOURS SEULEMENT, ET 90 CRORES POUR KAABIL EN UNE SEMAINE ÉGALEMENT. Si vous avez du temps et si vous voulez vous amuser, vous pouvez faire vos recherches sur plusieurs gros films. Le résultat est presque toujours le même. Surtout quand il s’agit de deux métrages importants, qui sortent en même temps, ou durant des périodes prisées comme l’Aïd ou Diwali.

Et maintenant, quoi ? La triste réalité, c’est que le box office indien continuera d’être une boite noire pour l’audience.

AUCUN SYSTÈME FIXE N’EST MANDATÉ POUR LE RÉGLEMENTER. Pourtant, l’industrie cinématographique indienne est l’industrie qui produit le plus grand nombre de films par an. Il serait peut-être temps pour eux de mettre les choses au clair. Avec leur arrivée sur le marché chinois qui génère aujourd’hui des recettes phénoménales, Bollywood a intérêt à remettre ses pendules à l’heure, pour être pris davantage au sérieux. 015


FOCUS A L A D É C O U V E RT E D E . . .

L’Inde ne se résume pas à Bollywood... Tel est notre leitmotiv depuis le lancement du e-magazine Bolly&Co, en 2010. C’est ainsi que nous y parlons également de littérature, de mode tout en mettant en avant les cinémas dravidiens. Mais l’Inde est si riche, si complexe que nous passons tout de même à coté de nombre d’acteurs, de chanteurs, de métrages et d’autres œuvres qui ne relèvent pas nécessairement de Bollywood ou des cinémas du sud du pays. En ce sens, nous vous proposons de partir à la découverte de ces artisans indiens quelque peu différents, et ce qu’il s’agisse de cinéma, de musique, de danse ou de télévision...

A la découverte de

RADHIKA MADAN...

M OTS PA R AS M A E B E NMAN SO UR P H OTO G RA P H I E : I N STAG RAM ( @ RA D H I K A M A DA N)

DE QUI S’AGIT-IL ? POURQUOI VOUS INTÉRESSER À ELLE ? Radhika Madan est l’une des révélations de l’année 2018. Pourtant, vous êtes nombreux à ne pas la connaître. Il faut dire que ses débuts au cinéma sont passés à la trappe vu la médiatisation dont bénéficient les enfants de stars, au détriment d’outsiders comme la jeune femme. L’occasion parfaite pour nous de la mettre en lumière comme elle le mérite ! Voici 4 bonnes raisons de devenir complètement fan de l’actrice ! 015

1.

Parce q u e so n p rem i er a m o u r, c’est l a d anse. Issue d’une famille punjabi de la classe moyenne, Radhika adore danser. Et elle est douée ! La petite fille rêve alors de faire des claquettes à Broadway. Elle apprend dès son plus jeune âge le jazz, le hip hop et la danse classique. Son niveau est tel qu’elle devient professeur de danse avant de poursuivre une carrière de comédienne. Les qualités de la jeune femme ont d’ailleurs fait le bonheur de ses fans lorsque la belle participe en 2015 à Jhalak Dikhhla Jaa, version indienne de Danse avec les Stars. Si elle ne remporte pas le show, Radhika prouve avec cette expérience son incroyable aisance dans la discipline.


2.

Parce qu’e l l e v i e nt de lo i n. ET PAR LOIN, J’ENTENDS... LA TÉLÉVISION INDIENNE. Dans toute sa splendeur. Oui, Radhika a 19 ans lorsqu’elle signe son tout premier rôle, et pas des moindres. Elle est la star de la série romantique Meri Aashiqui Tum Se Hi, face à Shakti Arora. Elle est alors la chouchoute de la chaîne, qui lui propose donc de participer à sa marque Jhalak Dikhhla Jaa. Meri Aashiqui Tum Se Hi fait un carton d’audience et fait de Radhika la nouvelle star du petit écran. Loin d’elle l’idée de cracher dans la soupe, le programme constitue ce qu’elle présente comme «une expérience qui change la vie». Mais foncièrement, la jeune femme sait que l’univers du soap opera ne lui permettra pas de se surprendre artistiquement. Le programme lui vaut tout de même 7 récompenses, dont l’Indian Telly Award du Meilleur Espoir Féminin.

CELA DIT, LES RÉFLEXES ET CODES DE LA TÉLÉVISION POPULAIRE INDIENNE BRIDENT LA COMÉDIENNE. Les soap indiens possèdent effectivement ce côté théâtral là où les acteurs doivent introniser davantage lorsqu’ils jouent au cinéma. Son expérience sur petit écran n’est donc pas des plus aidantes pour Radhika, qui rêve secrètement de Bollywood... « J’ai dû désapprendre ce

que j’avais intégré à la télévision. J’ai participé à des ateliers de comédie, j’ai travaillé sur moi-même puis j’ai auditionné pour de multiples films . »

3.

Parce q u ’el l e a fai t d e fo rm i d ab l es d éb u t s, p ou rt ant p assés i nap erçu s. Après l’arrêt de sa série en 2016, Radhika prend son temps. Elle est jeune, certes. Mais la jeune femme sait déjà ce qu’elle veut. « Je n’ai jamais pris ma popularité à la télévision au sérieux, » affirme-t-elle. « J’ai reçu de nombreuses offres bien

avant l’arrêt de ma série et j’aurais pu gagner beaucoup d’argent. Mais j’avais besoin de faire une pause et de me redécouvrir en tant qu’actrice . »

ET C’EST CE QU’ELLE FERA. EN 2017, ELLE SIGNE LE FILM QUI DOIT LANCER SA CARRIÈRE, MARD KO DARD NAHI HOTA, PRODUIT PAR L’ÉMINENT RONNIE SCREWVALA. Mais la sortie du projet, dévoilé lors de multiples festivals comme ceux de Toronto et de Mumbai l’an dernier, se fait attendre. Quelques jours avant la fin de son tournage, elle apprend une autre bonne nouvelle. En effet, le potentiel de la jeune femme a tapé dans l’œil d’un autre grand nom de Bollywood : le cinéaste Vishal Bhardwaj. La belle est sélectionnée par le réalisateur parmi 60 autres candidates. Son passif à la télévision ne lui a pas permis de passer entre les mailles du filet, et la jeune femme a dû prouver sa valeur auprès de l’exigeant cinéaste. C’est ainsi qu’on la retrouve en 2018 dans Pataakha, comédie dramatique dans laquelle elle incarne la rugueuse > 017


Champa, prisonnière d’une relation tumultueuse avec sa sœur Chhutki (campée par Sanya Malhotra).

PARI GAGNÉ POUR LA JEUNE FEMME QUI SE GRIME CONSIDÉRABLEMENT AFIN D’ENTRER COMPLÈTEMENT DANS SON PERSONNAGE. La prestation de Radhika passe cela dit relativement inaperçue, éclipsée par deux débutantes beaucoup plus bankable : Janhvi Kapoor et Sara Ali Khan.

4.

Parce que la suite s’annonce prometteuse ! On a effectivement toutes les raisons de demeurer optimistes. Déjà parce que malgré le peu de communication sur les débuts de Radhika, ceux-ci ont quand même reçu l’accueil critique qu’elle méritait. Elle recevra d’ailleurs le Star Screen Award du Meilleur Espoir Féminin, et sera nommée pour le Filmfare Award de la Meilleure Actrice selon la critique, supplantant ses populaires concurrentes précitées.

SURTOUT, ON SAIT QUE MARD KO DARD NAHI HOTA, FILM D’ACTION DÉLIRANT SUR UN JEUNE HOMME QUI NE RESSENT PAS LA DOULEUR, SORTIRA LE 29 MARS PROCHAIN. La bande-annonce donne à voir Radhika dans un nouveau rôle coup de poing, loin des héroïnes lisses et discrètes des 018

productions hindi conventionnelles. La jeune femme s’implique dans chacun de ses personnages avec un investissement qui n’est pas sans rappeler un certain Aamir Khan. Et oui, excusez-nous du peu ! « J’ai obtenu le rôle dans Mard Ko Dard

Nahi Hota suite à plusieurs castings, puis j’ai dû apprendre les arts martiaux pour le tournage. » Elle subit un entrainement colossal de plus de 8 mois, entre 4 et 5 heures de pratique quotidienne.

LE FILM A EN TOUT CAS REÇU UNE ‘STANDING OVATION’ LORS DE SA PROJECTION AU FESTIVAL DU FILM INTERNATIONAL DE TORONTO. DE QUOI VENIR CONFIRMER L’ESSAI, ET L’ESPOIR QUE NOUS PLAÇONS EN L’ACTRICE DE 23 ANS À PEINE... M ARD KO DARD NAHI HOTA ( 201 9)


FOCUS L E C O U P D E C O E U R D E . . .

BRICE

Divya Bharti

«La disparition de quelqu’un ne signe pas pour autant la fin de son histoire dans le cœur des gens, ni de son œuvre.» >

019


25 ANS MAINTENANT QU’ELLE N’EST PLUS AVEC NOUS POUR RIRE AUSSI FORT QU’ELLE LE FAISAIT, ET POURTANT INCONSCIEMMENT EN NOUS, UNE PART D’ELLE VIT ENCORE. Son histoire comme sa prestance n’ont rien de bien classique. Issue d’un second mariage avec une demi-sœur qui ne l’accepte pas, d’une famille modeste d’ouvriers qui n’avait jusqu’alors absolument aucun lien existant avec l’industrie du film, d’une classe sociale presque pauvre au vu des faibles revenus du foyer...

ABSOLUMENT RIEN NE PRÉDESTINAIT CETTE ADOLESCENTE DU MAHARASHTRA À DEVENIR L’UNE DES ACTRICES LES PLUS EN VUE ET LES PLUS PUISSANTES DE SON TEMPS. Comme beaucoup d’indiennes, elle aimait par-dessus tout se retrouver dans les salles afin de voir les nouvelles sorties de films au cinéma. Cela lui permettait de rendre son quotidien ordinaire beaucoup moins terne. D’ailleurs, c’est en ces temps que tout deviendra assez clair.

ELLE SE DONNERAIT EFFECTIVEMENT LES MOYENS DE DEVENIR LA NOUVELLE SRIDEVI, ACTRICE POPULAIRE QU’ELLE ADORE ET QU’ELLE SINGE À LA PERFECTION LORSQU’ELLE SE RETROUVE SEULE FACE À SON MIROIR. 020

Par le plus grand des hasards, le producteur Nandu Tolani lui proposera son premier film en 1988. En joie, elle accepte sans prendre le moindre conseil des siens. Mais il ne donnera finalement pas de suite à son offre, se faisant invisible dans les jours suivants cette rencontre.

L’HISTOIRE NOUS PORTE MAINTENANT UN AN PLUS TARD, EN 1989. Comme à son habitude, Divya se rendait lors de ses vacances scolaires dans le magasin le plus proche de chez elle afin de louer quelques VHS qu’elle regarderait plus tard chez ses voisins, qui ont le luxe d’avoir un projecteur chez eux. Là-bas, elle y fait la connaissance d’un producteur du nom de K. Kumar, qui lui propose lui aussi de devenir l’actrice principale de son nouveau projet. Pleine de peur suite au sale coup de Nandu Tolani, elle s’assurera que celui-ci la forme pour qu’il n’y ait pas de surprise avec un changement soudain de casting. Le film en question, Radha Ke Sangam, sortira quant à lui bien plus tard, mais de nouveau sans elle à l’affiche. La cause résidait dans le fait que les 15 ans de l’actrice en herbe seraient devenus un immense frein pour la production. Son paternel demandera à l’occasion une avance sur salaire, afin d’amener sa fille en vacances au Cachemire, le plus loin possible de l’agitation de Mumbai...

MAIS SI TU NE VAS PAS À MUMBAI, SACHE QUE MUMBAI VIENDRA QUOI QU’IL ARRIVE À TOI ! Là-bas, un appel changera sa vie, celui d’un certain D. Ramanaidu qui souhaitait faire


de l’adolescente une actrice populaire dans le Sud de l’Inde, avec en prime une avance colossale. Heureuse au possible, elle refusera l’avance, se rendant immédiatement en Andhra Pradesh pour tourner l’œuvre. Elle ne parlait pas un traitre mot de télougou, mais comme elle se le disait : « A quoi bon faire

la fine bouche, quand ces gens croient encore en moi, et qu’ils sont d’ailleurs les seuls à le faire ? » Le film du nom de

Bobilli Raja deviendra non seulement un immense carton, mais fait encore office de film culte à Tollywood aujourd’hui. Forte de cette reconnaissance, elle s’essaiera ensuite à l’industrie du film tamoul, avec son unique œuvre dans cette langue intitulée Nila Penne, qui se soldera hélas par un flop aussi bien critique que financier.

L’AN QUI SUIVRA LUI PERMETTRA DE CONFIRMER SON STATUT DE STAR MONTANTE EN ANDHRA PRADESH, AVEC PAS MOINS DE 3 BLOCKBUSTERS CONSÉCUTIFS. Mais Divya n’oubliera pas son immense envie de devenir actrice de cinéma hindi. Ainsi, lorsqu’un producteur est à la recherche d’un nouveau visage pour une œuvre au gros casting, elle envoie une enveloppe avec quelques photographies d’elle ainsi que quelques articles de presse sur l’importance de ses films dravidiens. Elle restera cependant lucide, se disant qu’il s’agit ici de son ultime tentative d’entrer à Bollywood. Elle rencontrera ce fameux producteur, Rajiv Rai, et signera le film en question (Vishwatma) plus par envie qu’autre chose, surtout en connaissant le montant de son cachet d’à peine 20€...

DIVYA DANS LA SÉQUENC E M USICALE « SAAT H SAM UNDAR PAAR KE » DU FILM VISHWAT M A ( 1 992)

ELLE SE FERA UN NOM AU TRAVERS DU BOUCHE À OREILLE DE CE MILIEU. À cette époque, il n’était pas rare que plusieurs producteurs se retrouvent tous dans un seul et unique studio de tournage.

DANS CE CONTEXTE, DIVYA TAPERA DANS L’ŒIL DE BEAUCOUP D’ENTRE EUX, RECEVANT UNE MULTITUDE D’OFFRES. > 021


DIVYA ET GOVINDA DANS LE FILM SHOLA AUR SHABNAM ( 1 992)

épouser le producteur quelques mois plus tard. La machine se met aussi en route sur le plan professionnel, l’Inde voyant alors en elle la prochaine Sridevi, avec laquelle elle partage une grande ressemblance physique. Quelques mois plus tard sortira le grand film de sa vie, un film qui lancera au passage un certain Shah Rukh Khan. Avec Deewana, elle deviendra l’actrice de l’année et remportera le Lux Award du Meilleur Nouveau Talent, le summum pour celle que personne n’attendait.

SOLAIRE ET TELLEMENT CANDIDE, LES CRITIQUES NE VOIENT QU’ELLE, SANS PRENDRE NOTE DU CHARISME DE SES CO-ACTEURS MASCULINS. Mais il faut attendre mars 1992 pour que le public du nord la reconnaisse pour de bon avec le film Shola Aur Shabnam, qui deviendra l’une des œuvres les plus populaires de l’an.

SUR LE TOURNAGE, DIVYA RENCONTRE LE PRODUCTEUR SAJID NADIADWALA, QUI VIENT RENDRE VISITE À SON AMI DE LONGUE DATE, L’ACTEUR GOVINDA. Le coup de foudre est immédiat. Divya se convertira d’ailleurs à l’Islam et changera son nom de naissance en Sana Sultana, pour 022

Au total, l’an 1992 lui offrira 11 films, et ce dans 2 langues, s’il vous plait ! Parce que oui, si elle se fait peu à peu un nom dans le nord, elle ne souhaite pas pour autant abandonner ses premiers fans. L’Andhra Pradesh lui tient vraiment à cœur, à tel point qu’elle tient le rythme, avec au minimum 2 sorties en langue télougoue par an.

L’AN 1993 SERA AUSSI FASTE POUR ELLE, AVEC DES PROJETS COMPTANT LES PLUS GRANDS NOMS. Si le premier (Dil Hi To Hai) fera des scores honorables sans parvenir à marquer les esprits, elle n’aura jamais le temps de voir l’accueil de son dernier film Kshatriya,


sorti une semaine avant sa disparition brutale. Le 5 avril 1993, alors qu’elle rentre d’un des derniers jours de tournage du film Laadla, elle s’autorise un break entre amis dans son appartement, au cinquième étage d’un immeuble du quartier de Versova, à Mumbai.

IL AURA SUFFI D’UN INSTANT D’INATTENTION POUR LA PERDRE À TOUT JAMAIS. Les circonstances de sa mort sont encore inconnues. Les théories sont multiples, entre meurtre sous les ordres de la mafia musulmane de Mumbai, chute accidentelle due à un moment de déséquilibre sous l’effet de l’alcool, suicide puisque ses amis proches confirment qu’elle souffrait d’un mal psychique...

LA POLICE FERMERA LE DOSSIER EN 1998, FAUTE DE PREUVE. L’Inde est en deuil, elle vient de perdre son nouvel espoir, à seulement 19 ans. La nation se prend de compassion pour les parents Bharti, notamment pour Meeta, la mère de Divya, qui ne pourra assister à l’enterrement de sa fille puisque le choc de son décès l’entrainera dans un coma de quelques jours. Elle bascule aussi dans l’horreur à l’annonce de l’autopsie qui affirme que Divya vivait encore au moment où les secours se rendirent sur les lieux du drame, mais qu’elle mourra ensuite dans l’ambulance d’un traumatisme crânien fatal.

Difficile de nous dire que nous ne reverrons plus ces yeux d’une profondeur sans pareil. De nous dire aussi que nous n’entendrons plus ce rire aussi bruyant que contagieux. Difficile de nous dire qu’elle n’aura jamais d’enfant, elle qui en voulait tant... Difficile de parler d’elle comme d’une personne qui n’est plus là.

DIVYA BHARTI, C’EST AUSSI PAS MOINS DE 21 ŒUVRES EN UN TEMPS RECORD DE SEULEMENT 2 ANS ET DEMI, DONT 3 SORTIES À TITRE POSTHUME : RANG, THOLI MUDDHU ET SHATRANJ. Pour terminer, je reprendrai quelques paroles de Meeta Bharti qui est morte en avril dernier dans l’ignorance la plus totale : « J’ai mal lorsque j’entends les gens me

demander encore aujourd’hui les vraies causes de sa chute. Je n’aime pas les gens curieux, ma fille n’est plus avec nous et elle ne reviendra plus. Au diable les questions comme celles-ci, je n’en sais rien mais je donnerais des explications au moment où j’aurais la confirmation que Dieu me rendra ma Divya, mais pas avant. Vous savez ce qui est inimaginable pour moi, c’est de voir la fille de mon fils, se mettre à danser comme Sridevi dans « Himmatwala » devant son miroir. Divya le faisait aussi, n’est-ce pas un signe ? Celui de ma fille qui me dirait «Je suis ici maman regarde, je ne te laisserai jamais »...

IL N’Y A QU’UNE DIVYA J’aime à me laisser croire en cela. » BHARTI, ET À L’IMAGE D’UNE NARGIS OU D’UN RAJ KAPOOR, IL N’Y EN AURA PLUS JAMAIS D’AUTRE. 023


FOCUS I L S O N T D I T S U R . . . Nous les admirons pour leurs œuvres, nous les admirons pour leurs existences glamour, nous les admirons même parfois pour leurs personnalités. Les célébrités ont une place importante dans les médias, parce qu’elles peuvent communiquer des messages importants en quelques mots. Parfois, leur discours est futile, mais il existe des fois où elles mettent leur popularité au service de thèmes peu abordés.

Découvrons ce que les stars ont à dire sur la dépression. M OTS PA R FAT I M A Z A HRA EL A HMAR

SI LA CAMÉRA REFLÈTE UN MONDE DE PAILLETTES, LES COULISSES DE L’INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE CACHENT DE LOURDS SECRETS. Plusieurs films ont vu le jour pour dépeindre la réalité tragique à laquelle certains peuvent être confrontés. Même si cela est souvent amplifié pour ajouter un effet dramatique à l’écran, ce n’est pas si loin de la vérité. Être une personne publique vient avec une pression particulière. Que ce soit celle des attentes d’autrui, des médias qui scrutent leurs moindres faits et gestes ou le manque de respect des internautes. Ce que beaucoup oublient, c’est que les célébrités sont avant tout des êtres humains. Ils sont exposés comme nous aux problèmes et au fait de rencontrer des soucis de santé.

Pourquoi ce sujet ? La dépression est l’un des sujets les plus tabous qui existe, aussi bien en Inde que dans le reste du monde. Pourtant, c’est une maladie qui touche plus de gens qu’on 024

oserait l’admettre. Les temps changent maintenant, et voir des personnalités aussi respectées s’ouvrir de cette manière sur la question encourage le public à prendre plus au sérieux ce fléau.Μ Parler n’est pas facile. Pour cette raison, plusieurs célébrités profitent de leur position pour partager leur combat, et ainsi venir indirectement en aide à ceux qui traversent la même chose.

DEEPIKA PADUKONE Il y a quelques années, Deepika Padukone a décidé de partager son vécu en avouant aux médias indiens qu’elle a souffert de dépression. Elle a expliqué que c’était difficile pour elle d’en parler, car tout le monde imaginait que sa vie était parfaite. L’actrice a abordé le sujet à nouveau, en disant : « Avoir parlé de ma dépression m’a

changée. Je me sens libre et libérée. Je n’ai plus l’impression de cacher quelque chose. Je me sentais mal sans savoir le décrire, mais au moment où tout allait bien à nouveau, je me suis dite que je me devais de partager mon expérience. Je devais dire à tout le monde ce que je


DEEPIKA A C RÉÉ LA FONDAT ION LIVE LOVE LAUGHT POUR C EUX QUI SOUFFRENT DE DÉPRESSION

ressentais, en insistant sur le fait qu’il y a des moyens de s’en remettre. Je devais ôter ce poids de mes épaules. »

NEHA KAKKAR Connue pour ses diverses contributions à l’industrie musicale de Bollywood, la chanteuse Neha Kakkar fait partie des personnalités connues pour avoir parlé ouvertement de sa dépression. Pour faire passer son message, Neha a utilisé son compte Instagram officiel pour partager quelques mots. « Oui, je fais une

dépression. Merci à tous les gens négatifs du monde. Vous avez réussi à m’offrir les pires jours de ma vie. » La chanteuse a par la suite clarifié, toujours via son compte, qu’elle ne visait personne en particulier. Son reproche était destiné à toutes les personnes qui impactent la vie des autres de manière négative, sans s’en préoccuper.

RANDEEP HOODA Peu le savent, mais après ses rôles dans Highway et dans Sarbjit, Randeep Hooda a eu besoin d’un suivi psychologique avec un thérapeute. Le fait d’avoir enchaîné deux projets émotionnellement bouleversants a poussé l’acteur vers la dépression. « J’ai senti comme une gueule de bois

me frapper après Sarbjit, parce que c’est un film qui a nécessité beaucoup d’implication de ma part. Et ça reste longtemps. Ca m’était déjà arrivé avant, avec Highway. J’étais déprimé pendant très longtemps après ça. » > 025


ZAIRA WASIM Comme mentionné sur l’article dédié à la jeune actrice dans notre numéro, Zaira a pris la décision d’aborder sa dépression en public et sur les réseaux sociaux. « J’écris ces mots pour (finalement)

admettre que j’ai souffert de dépression pendant très longtemps, » peut-on lire sur

son compte Instagram. Elle a même avoué dans son post qu’elle avait honte et peur de l’admettre. Chose qui souligne l’aspect tabou du sujet.

SHAHRUKH KHAN C’est en 2010 que le Badshah de Bollywood évoque sa bataille contre la dépression et explique les raisons qui l’ont générée. « A cause de ma blessure à l’épaule,

j’ai connu une souffrance énorme qui a entraîné ma dépression. Mais maintenant, tout va bien. Je suis heureux et plein d’énergie. »

ANUSHKA SHARMA Comme beaucoup de maladies, l’anxiété et la dépression peuvent avoir des raisons génétiques qui en sont la source. C’est le cas d’Anushka Sharma qui a décidé de partager son ressenti avec ses fans. « Je traite mon anxiété. Pourquoi j’en

parle ? Parce que c’est tout à fait normal d’en parler. C’est biologique. Dans ma famille, nous avons eu plusieurs cas de dépression. Les gens doivent en parler, il n’y aucune raison d’en avoir honte ou de le cacher. Quand quelqu’un a mal à l’estomac, vous iriez bien voir un médecin, n’est-ce pas ? C’est aussi simple que ça. Il faut en parler. » 026

VARUN DHAWAN Parfois, c’est le travail de certains acteurs qui prend le dessus sur leur santé mentale. Varun Dhawan est un exemple de ces personnalités qui se sont laissées submerger par un rôle particulier. Après avoir fini le tournage de Badlapur, Varun s’est exprimé. « J’étais déprimé. Ce n’était pas une

dépression clinique, mais je m’en approchais. J’était très triste. Je ne veux pas utiliser le terme de dépression, parce que c’est une maladie qu’il ne faut pas prendre à la légère. On m’a prescrit des médicaments et je consultais parce que ça a affecté ma santé mentale. »


FOCUS N O I R E T B L A N C

L’époque du noir et blanc. Une époque qui évoque une certaine nostalgie, même si nous n’y avons pas vécu. Avec ses films qui inspirent à ce jour les cinéastes, entre reprise de grands classiques ou hommage rendu à des actrices qui ont fait chavirer les coeurs. Des artistes talentueux ont marqué cette ère du cinéma indien, et pour ce numéro, Bolly&Co vous présente...

Sulochana MOTS PAR FATI MA ZAHRA EL AHM AR

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Née Ruby Myers (1907-1983), cette actrice fut l’une des plus grandes stars des années 1920. Son nom de scène figurait partout : Sulochana. Issue de la communauté juive d’Inde, son succès a fait d’elle l’actrice la mieux payée de cette époque. Si les rumeurs sont vraies, son salaire dépassait même celui du gouverneur de la ville de Bombay (le Mumbai actuel). Parmi ses films les plus populaires se trouvent des longs-métrages comme Veer Bala (1925), Cinema Ki Rani (1925), Wildcat Of Bombay (1927) et d’autres qui lui avaient valu le surnom de « Queen of Romance » (Reine de la romance).

SON DUO À L’ÉCRAN AVEC D. BILLIMORIA ÉTAIT FORTEMENT APPRÉCIÉ, À TEL POINT QU’ILS ONT TRAVAILLÉ EXCLUSIVEMENT ENSEMBLE PENDANT 3 ANS. En 1920, elle n’était qu’une fille modeste à qui on a offert un film. Suggestion que Ruby a refusé. « Je me suis sentie flattée, mais je n’ai pas accepté, » a-t-elle dit dans l’une de ses interviews. Ce n’est qu’en 1924 qu’elle cède et devient l’actrice principale du film muet Veer Bala. Pourtant, ce n’est qu’avec Cinema Ki Rani (1925) que la jeune femme attire réellement l’attention. Elle y interprète le rôle d’une star de cinéma et y représente le côté glamour de l’industrie, mais pas que. En effet, son personnage fut l’un des premiers personnages féminins puissants de son ère. Rôle particulier sous les traits d’une femme énigmatique, infidèle, qui se lance dans une relation extra-conjugale avec un peintre.

SULOCHANA FUT DONC L’UNE DE CES ACTRICES QUI NE SE CONTENTAIENT PAS UNIQUEMENT DES RÔLES 028

CLASSIQUES QU’ON OFFRAIT AUX FEMMES. Mais elle était de celles qui poussaient de plus en plus leurs limites avec chacun de leur projets. Un bel exemple : Wildcat of Bombay (1927), dans lequel l’actrice interprète 8 personnages différents, dont des hommes. Allant du jardinier au gentleman, en passant par une vendeuse de bananes à une blonde venant d’Europe. En 1953, elle explique à Patricia Pereira ce qui l’a toujours animée en tant qu’artiste, en disant : « La réaction du public a toujours

été importante pour moi. J’avais pour habitude de me rendre dans les salles vêtue d’une burqa. Je voulais découvrir ce que l’audience pensait de mes performances et si j’avais réussi à atteindre mon objectif, qui était de les divertir. »


RUBY SE DONNAIT CORPS ET ÂME À SES PROJETS. Des anecdotes sur elle racontent qu’elle n’a pas hésité à apprendre le kathak pour un de ses métrages. La jeune femme s’exerçait matin et soir, avant le début du tournage, et plusieurs heures après que tout le monde soit parti. Son dévouement pour sa passion l’a propulsée, faisant d’elle un véritable phénomène de son temps. A tel point que, une fois que le son et les dialogues devinrent accessibles en Inde, plusieurs de ses œuvres ont été reprises en version parlante. Et Sulochana revint dans chacun d’entre eux, pour reprendre les mêmes traits et les mêmes personnages qu’elle campait dans les métrages muets.

CEPENDANT, CE N’ÉTAIT PAS FACILE. L’ACTRICE NE PARLAIT PAS COURAMMENT LE HINDI, CE QUI NE L’A PAS EMPÊCHÉE DE PERSISTER. Elle a appris la langue durant une année, avant de revenir sur scène au début des années 1930. Après plusieurs années remplies de succès, la carrière de Sulochana arrive à un point d’arrêt.

DESTIN FATIDIQUE QUI CONFIRME UNE FOIS DE PLUS QUE L’INDUSTRIE DU CINÉMA HINDI NE SAIT PAS QUOI FAIRE DES ACTRICES PUISSANTES ET MATURES. Entre 1950 et 1978, elle enchaîne les petits rôles qui l’effacent des écrans petit à petit. C’est en 1983 que Ruby Myers s’éteint à jamais. Son corps est retrouvé dans son petit appartement, où elle a passé les quelques dernières années de sa vie seule, pauvre et oubliée.


FOCUS B OX O F F I C E

PARCE QUE NOS ENVIES D’AIMER LES FILMS ET DE S’Y ACCROCHER CHANGENT D’UNE PERSONNE À L’AUTRE, NOUS OUBLIONS PARFOIS QUE BOLLYWOOD EST AVANT TOUT UNE INDUSTRIE. Une machine où des producteurs investissent leur argent pour générer du profit. A la fin de chaque année, nous retenons dans nos esprits les meilleures histoires, tout comme les pires. Et dans l’industrie, il y en a qui ne retiennent que les chiffres. Voici le récapitulatif des 10 films à avoir rapporté le plus d’argent au box-office indien.

TOP 10 DES FILMS DE L’ANNÉE 2018 M OTS PA R FAT I M A Z A HRA EL A HMAR 030


Sanju Date de sortie : 29 juin 2018 Réalisé par : Rajkumar Hirani Avec : Ranbir Kapoor, Paresh Rawal, Vicky Kaushal, Manisha Koirala, Dia Mirza, Sonam Kapoor, Anushka Sharma et Jim Sarbh. Sanju était l’un des films les plus attendus de l’année dernière. Non seulement il marquait le retour de Rajkumar Hirani en tant que réalisateur, après ses multiples succès, mais il était également basé sur l’histoire vraie de l’acteur Sanjay Dutt. Le film raconte le récit de sa vie et quelques-uns de ses faits marquants. Entre autres, son addiction à la drogue, son association aux attaques terroristes de 1993, sa relation avec son père, son passage en prison... A partir d’un budget de 100 Crores de roupies (1 Crore correspondant à 10 millions de roupies), le film a amassé pas moins de 336 Crores au box-office indien, devenant ainsi le plus gros succès de l’année, et un énième blockbuster pour Rajkumar Hirani.

1.

Padmaavat

2.

Date de sortie : 25 janvier 2018 Réalisé par : Sanjay Leela Bhansali Avec : Ranveer Singh, Deepika Padukone, Shahid Kapoor, Aditi Rao Hydari, Jim Sarbh et Anupriya Goenka. Troisième collaboration consécutive de Sanjay Leela Bhansali avec ses nouveaux acteurs fétiches, Ranveer et Deepika. Le réalisateur ajoute à son casting Shahid Kapoor pour conter le récit fictif d’une souveraine indienne. Histoire basée sur un poème, Rani Padmavati représente pour plusieurs indiens un symbole de dignité et de courage. Alauddin Khalji déclenche une guerre afin d’avoir la reine rien que pour lui. Padmaavat vient en seconde position des films ayant le plus rapporté en 2018. Sa recette en Inde est estimée entre 284 Crores et 300 Crores, selon les sources, contre un budget allant aux alentours de 200 Crores. Un super hit. > 031


3.

Simmba Date de sortie : 28 décembre 2018 Réalisé par : Rohit Shetty Avec : Ranveer Singh, Sara Ali Khan et Sonu Sood. Dernier film de l’année, sorti également en France grâce au distributeur Aanna Films. C’est l’histoire de Sangram, surnommé Simmba. Jeune orphelin, il a grandi dans le même village de Bajirao Singham (rôle tenu par Ajay Devgn dans deux des précédents métrages de Shetty, Singham et Singham Returns). Sauf qu’au lieu de prendre les habitudes honorables de ce dernier, Simmba embrasse la corruption. En effet, son rêve était de devenir policier pour toucher l’argent des pots de vin. Et ce tout comme les policiers qu’il a observé dans son village en grandissant. Les chiffres de Simmba étaient le cadeau de Noël idéal de ses producteurs. Pour un budget de 125 Crores, le film en a rapporté 240 Crores. Et un autre blockbuster dans la poche pour Rohit Shetty et Ranveer Singh.

4.

2.0, version hindi Date de sortie : 29 novembre 2018 Réalisé par : S. Shankar Avec : Rajinikanth, Akshay Kumar, Amy Jackson et Sudhanshu Pandey. Second volet de la franchise Enthiran, lancée par Shankar pour être la saga de sciencefiction la plus prisée en Inde. Cette suite n’a aucun lien avec le film précédent, sorti en 2010, et s’appuie sur un casting différent, excepté Rajinikanth. Tout commence quand les bidules technologiques (téléphones, tablettes...) échappent des mains de leurs propriétaires et s’envolent pour s’unir. Incapable de définir qui est l’entité qui les dirige, ni ce qu’elle prépare, le professeur Vaseegaran n’a d’autre option que d’activer une nouvelle fois son robot, Chitti. Le métrage a enflammé l’Inde. Sa version en langue hindi a amassé un total de 187 Crores de recettes. Le budget exorbitant de 543 Crores environ est dépassé de justesse, car le profit de toutes les versions réunies s’approche des 551 Crores en Inde. Il est tout de même considéré comme un hit.


Race 3 Date de sortie : 15 juin 2018 Réalisé par : Remo D’Souza Avec : Salman Khan, Anil Kapoor, Bobby Deol, Jacqueline Fernandez, Daisy Shah et Saqib Saleem. Un nouveau Race, c’est une nouvelle histoire pleine de rebondissements à chaque fois. Si le métrage a changé de réalisateur, la formule reste la même. Elle se base sur les complots, les secrets et les conflits internes au sein d’une famille. Tous les membres cherchent à avoir le pouvoir et tout l’argent pour eux seuls, ce qui enclenche une série de péripéties et de retournements de situation. Comme ses prédécesseurs, Race 3 obtient de bons chiffres au box-office indien, allant jusqu’à 170 Crores environ. Contre un budget initial de 100 à 130 Crores, il est déclaré comme hit.

5.

Baaghi 2

6.

Date de sortie : 30 mars 2018 Réalisé par : Ahmed Khan Avec : Tiger Shroff, Disha Patani, Manoj Bajpayee, Randeep Hooda et Prateik Babbar. A en croire la liste des films de 2018, on dirait que c’était l’année des suites. Un autre nom qui s’inscrit dans le top 10 des recettes en Inde : Baaghi 2. Suite de Baaghi, tout en étant un remake du film télougou Kshanam, il marque le retour de Tiger Shroff en tant que héros de films d’action. Quand un enfant se fait kidnapper, sa mère fait appel à son excopain afin de pouvoir le retrouver. Son budget de 60 Crores fut simple à dépasser lors de la sortie du film. A la fin de sa course en salles, Baaghi 2 avait déjà empoché un total d’environ 158 Crores en Inde. Un super hit. > 033


Thugs of Hindostan Date de sortie : 8 novembre 2018. Réalisé par : Vijay Krishna Acharya Avec : Amitabh Bachchan, Aamir Khan, Fatima Sana Shaikh et Katrina Kaif. Qui n’a pas entendu parler de Thugs of Hindostan ? Il a été vendu comme étant le film du siècle, autant pour son casting alléchant que pour les moyens qui y ont été investis. Tout se déroule au XVIIIème siècle. Un gang appelé les Thugs des mers confrontent sans cesse la British Navy, pour aider à libérer leur pays de l’emprise coloniale. Les anglais, ne sachant plus comment faire, font appel à un autre thug pour y arriver. Les sources ne semblent pas se mettre d’accord sur le budget du film, car ce chiffre vacille entre 240 Crores et 310 Crores. Une chose est sûre cependant, c’est que Thugs of Hindostan n’a pas su séduire. Flop, car sa recette en Inde n’a pas dépassé les 143 Crores.

7.

Badhaai Ho

8.

Date de sortie : 18 octobre 2018 Réalisé par : Amit Ravindrenath Sharma Avec : Ayushmann Khurrana, Neena Gupta, Gajraj Rao, Surekha Sikri et Sanya Malhotra. Ayushmann Khurrana nous a offert une belle année 2018 en termes de qualité. En plus d’Andhadhun que je vous conseille vivement, il a joué dans Badhaai Ho. Un contrôleur de tramway suffisamment âgé, marié avec deux grands enfants, découvre du jour au lendemain que son épouse est enceinte. S’en suit alors une série de malentendus, comiques pour la plupart, qui embarque cette famille et les personnages du film dans la confusion. En Inde, le métrage a atteint les 130 Crores, contre un petit budget de 29 Crores. Un super hit.


9.

Stree Date de sortie : 31 août 2018 Réalisé par : Amar Kaushik Avec : Rajkummar Rao, Shraddha Kapoor Pankaj Tripathi, Aparshakti Khurrana et Abhishek Banerjee. L’histoire du film s’inspire d’une légende du folklore indien. Durant un festival qui dure quelques jours, l’esprit d’une femme attaque les hommes quand ils se retrouvent seuls. Les habitants d’une petite ville y croient, et pour protéger les hommes, des règles doivent être respectées durant les 4 nuits de cette période festive. Cette comédie d’horreur a su séduire le public. Avec son petit budget de 23 Crores, Stree a fini avec 125 Crores dans ses poches, faisant du film un super hit.

10.

Raazi Date de sortie : 11 mai 2018 Réalisé par : Meghna Gulzar Avec : Alia Bhatt, Vicky Kaushal, Rajit Kapur et Soni Razdan. Basé sur le livre Calling Sehmat de Harinder S. Sikka, lui-même inspiré de faits réels, Raazi raconte l’histoire d’une espionne indienne mariée à un pakistanais en pleine guerre indo-pakistanaise de 1971. Dixième film en termes de chiffres enregistré dans les salles indiennes, Raazi atteint les 121 Crores, en partant d’un budget de 40 Crores. Un super hit.

A NOTER Les sources pour suivre les résultats au box-office sont diverses. Si vous faites vos recherches par vous-même, vous constaterez sans doute des écarts. Les chiffres présentés dans cet article sont tirés de plusieurs de ces sites, notamment BoxOfficeIndia, Koimoi ou encore BollywoodHungama. Ces différences sont dues au fait qu’il n’existe aucun organisme précis pour répertorier les résultats des films. Si vous voulez en savoir davantage, je vous invite à lire l’article Investigation qui figure dans ce numéro. 035



FESTIVAL & INTE RVI E W

... EN ACTION


EN ACTION F E S T I VA L

Mon journal du FFAST, ÉDITION 2019 M OTS PA R AS M A E B E NMAN SO UR

Pour la troisième édition consécutive, j’ai eu le privilège et l’honneur de prendre part au Festival du Film d’Asie du Sud de Paris. Cette année, l’équipe de l’événement a mis les petits plats dans les grands en investissant un lieu mythique de la capitale : le Grand Rex. C’est l’occasion pour moi de découvrir cet endroit si singulier de Paris tout en visionnant des métrages qui pour beaucoup, sont inédits en France. C’est surtout l’opportunité pour notre équipe de se retrouver et de partager, ensemble, notre passion pour les cinémas indiens. Sauf que cette édition a été assez mouvementée, pour ma part. Pas de panique, le bilan est extrêmement positif et comme à chaque édition du festival, je ressors grandie et bénie d’avoir fait tant de magnifiques découvertes, qu’elles soient artistiques ou humaines. Disons juste que j’ai dû me heurter à quelques péripéties, sans doute pour montrer doublement ma motivation et mon bonheur d’être au FFAST. Je pense (j’espère) que j’ai relevé le défi !

D’AUTANT QUE NOUS AVONS SUIVI CE FFAST DE LOIN, MAIS DEPUIS LONGTEMPS. 038

Lors de la réception du premier dossier de presse, il y a de cela plusieurs mois, nous savions déjà que l’équipe travaillait à accueillir l’actrice franco-indienne Kalki Koechlin à Paris. Elle sera finalement accompagnée de Sabiha Sumar, réalisatrice pakistanaise de renom avec laquelle elle a travaillé sur un documentaire qui s’annonce fascinant : Azmaish. Lorsqu’Elodie parcourt le mail, elle saute sur son téléphone afin de m’annoncer la nouvelle… Et je me mets à hurler, comme la fan hystérique que je suis. Kalki à Paris ? Dès lors, nous décidons que notre interview avec l’actrice figurera dans le numéro de Bolly&Co qui suivra l’évènement, nous imprimons également l’exemplaire du magazine dont elle est la Cover Girl pour le lui remettre en mains propres. L’occasion pour nous de lui signifier qu’elle a un vrai public en France.

LE FFAST EST SI IMPORTANT POUR NOUS QUE NOUS ARTICULONS LA SORTIE DE CE MAGAZINE AUTOUR DE L’ÉVÉNEMENT, BOUSCULANT QUELQUE PEU NOTRE CALENDRIER ORIGINEL POUR VOUS OFFRIR LA MEILLEURE COUVERTURE POSSIBLE DE CE FESTIVAL SI CHER À NOTRE CŒUR. Car si nous avons été fidèles au FFAST depuis notre première participation en 2016, son équipe ne nous a jamais oublié non plus. A mesure que le festival gagnait en ampleur, jamais Bolly&Co n’a été mis de côté ou relégué au second plan en faveur de médias plus influents. Le FFAST nous a toujours fait une belle place, à laquelle nous souhaitons donc faire honneur. Sauf que… >



ASMA E BEN MA NSOUR


Une semaine avant mon arrivée, je ne savais toujours pas où j’allais dormir ! L’appartement de Fatima-Zahra était trop petit pour me recevoir et mon ami Lyes ne pouvait pas m’accueillir puisqu’il recevait déjà sa sœur chez lui. Finalement, Elodie est arrivée avec une solution qui se révèlera la meilleure des options : prendre une chambre d’hôtel toutes les deux à une distance raisonnable du Grand Rex. J’accepte, en espérant que les prix ne soient pas exorbitants. Dieu soit loué ! Nous tombons sur une offre qui entre dans nos moyens. Pourtant, je n’ai aucun mail qui vient confirmer ma réservation. Le vendredi 8 février, j’appelle la réception de l’hôtel qui déclare ne pas avoir connaissance de ma réservation… Panique ! D’autant que j’ai réglé ladite chambre ! Je suis mise en lien avec le siège qui me rassure et m’explique que leur logiciel interne a planté, que mon achat a bien été pris en compte et que ma chambre sera disponible et prête dans les délais… Ouf ! Dans l’intervalle, nous recevons un mail de l’équipe du FFAST, nous annonçant que nous ne pourrons pas interviewer Kalki Koechlin tant son emploi du temps était surchargé…

NOUS SOMMES DÉVASTÉES ! En dernier espoir, nous répondons en exprimant notre déception, d’autant que nous sommes des admiratrices de la première heure de la comédienne. Finalement, nous avons un retour positif, notre interlocutrice ayant été touchée par notre envie. Nous rencontrerons bien Kalki en amont de la cérémonie d’ouverture du FFAST. La veille de mon départ, j’effectue ma dernière journée de travail avant d’être en congés. C’est un peu la panique, j’ai beaucoup de choses à boucler avant de partir pour un peu plus d’une semaine… Sauf que le pneu de mon véhicule lâche. Oui, je sais… La poisse ! Je passerai une bonne partie

de ma journée au garage, tout ça pour que ma voiture ne soit pas réparée. De quoi ne pas partir sereine…

Mardi 12 janvier 2019

Jour 1

Il est 14h56 lorsque mon TGV démarre de la gare de Lens, dans mon Pas-De-Calais résidentiel. Je suis à la fois impatiente et sur les nerfs. J’attends effectivement ce festival depuis un long moment et compte l’investir comme la bouffée d’air dont j’ai cruellement besoin. Pour l’occasion, j’ai même fait l’acquisition d’un nouvel ordinateur bien plus performant que le précédent. Car il faudra écrire plus vite que son ombre, et je ne laisserai pas un engin technologique défectueux m’en empêcher ! Mon trajet dure un peu plus d’une heure, qui passe relativement vite. Le souci, c’est qu’on nous annonce quelques jours avant que notre interview avec l’actrice Kalki Koechlin et la réalisatrice Sabiha Sumar (qui viennent présenter ce jour leur documentaire Azmaish en cérémonie d’ouverture) ne se tiendra pas pendant la projection du documentaire, comme nous y étions habituées lors des précédentes éditions du FFAST auxquelles nous avons pris part. Non, cette fois, l’organisation change et se fait quelque peu sur le pouce.

DONC NOUS APPRENONS LE VENDREDI QUI PRÉCÈDE QUE NOTRE ENTREVUE AURA LIEU À 16H45 AU GRAND REX. OR, MON TRAIN ARRIVE À 16H08 À GARE DU NORD. Dans son optimisme légendaire, Elodie y croit. « Ça va le faire ! » Elle est d’ailleurs présente pour m’accueillir lorsque mon train arrive à quai. Pas le temps pour les > 041


embrassades puisque nous devons prendre notre métro en catastrophe. Mes bras sont chargés par mes bagages, mais j’ai la tête dans les nuages. J’ai tellement hâte de rencontrer Kalki et Sabiha ! Quelle belle manière de commencer ce festival... A cet instant, je suis aux anges. Des enfants entrent dans le métro. Je leur souris. Il faut dire que je suis une vraie choupinette. Dès que je vois un enfant, je ne peux que m’attendrir... J’ai le sourire aux lèvres et, contrairement à d’habitude, l’excitation prend le dessus sur le stress. J’ai juste envie de vivre ce FFAST pleinement, en retrouvant la positivité qui m’a toujours caractérisée, mais que j’ai égaré ces derniers mois à cause d’un emploi assez difficile à gérer émotionnellement.

NOUS SORTONS DU MÉTRO. J’IGNORE L’HEURE QU’IL EST. ET IL EST IMPÉRATIF QUE NOUS SOYONS PONCTUELLES. JE CHERCHE DONC MON TÉLÉPHONE EN CE SENS... MAIS JE NE LE TROUVE PAS. Mon corps se raidit, mon visage se ferme. Elodie m’invite à ne pas paniquer. Peut-être l’ai-je rangé ailleurs que dans ma poche ? J’ai beau chercher, je ne trouve rien. C’est donc officiel : on m’a volée mon téléphone. Comment vais-je mener l’interview dans un état pareil ? Et surtout, comment vais-je enregistrer le contenu de mon échange avec Kalki et Sabiha sans ce fichu téléphone qui me servait aussi de dictaphone ? Toujours calme et bienveillante, Elodie me propose que nous allions déclarer mon vol. Je refuse. « Non, on doit aller au Grand Rex, on réglera ça plus tard. » Du coup, nous fonçons. Sur place, Erell, chargée des relations avec la presse pour le festival, 042

nous accueille et nous invite à patienter dans les loges du Grand Rex avant notre interview. « On a pris un peu de retard, ça vous embête de patienter un peu ? » nous demande-t-elle. Pas du tout, au contraire, ça nous arrange ! Mon premier réflexe est d’avertir ma famille pour les rassurer. Mon second est de contacter Deep, mon ami toujours prêt à rendre service. Je sais que dans cet instant de panique, il saura me rassurer et m’apporter les réponses dont j’ai besoin.

NOUS DÉCOUVRONS ALORS LES LOGES DU GRAND REX. C’EST GIGANTESQUE ! Elodie et moi sommes fascinées par ce lieu iconique et par ce qu’il cache. A cet instant, j’oublie les péripéties qu’il vient de m’arriver et je savoure. Quelle chance nous avons d’être ici, n’empêche ! Et de rencontrer Kalki Koechlin et Sabiha Sumar dans un tel cadre. En attendant notre tour, nous discutons avec Erell et Nidhi, toutes deux bénévoles pour le festival. Nous échangeons sur notre passion pour le cinéma indien, notre admiration de longue date pour Kalki et sur la genèse du projet Bolly&Co. Ces échanges vifs et chaleureux me redonnent le sourire. Je réalise enfin que je m’apprête à interviewer Kalki Koechlin, l’une de mes actrices préférées. L’excitation est à son paroxysme !

IL EST PLUS DE 17H30 LORSQUE VIENT NOTRE TOUR. Μ Kalki et Sabiha sont assises sur un grand canapé noir et discutent de tout et de rien. Elles ont l’air ravies de se retrouver et semblent partager une très belle amitié. Puis nous prenons place, Elodie face à nous armée de l’appareil photo que nous a gracieusement prêté Deep pour la semaine. Et moi à côté des deux artistes pour >



SA BI HA SUMAR ET KALKI KOEC HLIN


les interviewer. L’échange est fluide et les questions fusent. Erell nous a demandé de prévoir des questions rapides pour ne pas épuiser nos interlocutrices. Finalement, elles se prêtent au jeu avec beaucoup de bonne volonté. En préparant cette interview, j’ai d’ailleurs découvert que c’est à Sabiha Sumar que nous devons l’excellent Eau dormante, film pakistanais que j’avais alors adoré. Je saisis donc l’honneur qui nous est fait d’être ici face à elles deux. Dès le début de l’échange, Kalki remarque le magazine que je tiens entre mes mains et s’exclame. « Mais c’est moi ! » Elle arbore un large sourire et mentionne même le créateur dont elle portait la tenue sur la photographie en Une du magazine. Elodie acquiesce. Je ne sais pas de quoi elles parlent, mais je fais comme si c’était le cas. Il faut dire que la haute-couture indienne et moi, ça fait 15 ! Juste après l’entrevue, nous remettons à Kalki le numéro 9 de Bolly&Co duquel elle est en couverture. Et là, quelque chose de lunaire se produit. « Vous pouvez signer ? » me demande Kalki. Sur le coup, je ne comprends pas. Pourquoi veut-elle signer un magazine qui lui est destiné ? Je lui réponds que ce magazine est pour elle, que c’est un modeste présent que nous lui faisons. Elle insiste. « Non, est-ce que vous pouvez le signer, je veux connaître vos noms. » Vous avez bien lu et cette fois, j’ai bien entendu. Kalki Koechlin nous demande, à Elodie et moi, de lui signer cet exemplaire du magazine Bolly&Co.

JAMAIS JE N’AURAIS IMAGINÉ SIGNER UN AUTOGRAPHE À KALKI, MAIS PLUTÔT LE CONTRAIRE ! Erell propose d’immortaliser ce moment.

Quant à Sabiha, elle est également intéressée par le contenu de notre magazine et demande à le consulter. « Bien sûr, avec plaisir ! » A cet instant, je suis tout simplement comblée. Il est plus de 18h30 lorsque nous sortons de notre rencontre avec les deux artistes. Tout juste le temps d’aller déclarer mon vol et demander à faire bloquer ma carte SIM. Arrivée dans la boutique de mon opérateur, on me demande une pièce d’identité et on me propose de m’éditer sur le champs une nouvelle carte SIM. Miracle ! Ni une ni deux, nous filons en catastrophe pour ne pas manquer la cérémonie d’ouverture qui doit débuter à 19h ! Nos amis Sakina et Lyes nous rejoignent d’ailleurs, et j’ai également le plaisir de retrouver ma chère Maya, rencontrée lors de ma première participation au FFAST en 2016. Durant le discours introductif du président du festival, Jean-François Thermoz, j’apprends avec joie que Koël Purie, actrice et animatrice indienne mariée à un français, fait partie du jury. Il faut absolument que j’arrive à la voir ! Le documentaire est lancé et j’apprécie tout particulièrement ce métrage tant il est dans l’air du temps. Après la projection, une session de questions/réponses est organisée avec Sabiha et Kalki. Les interrogations fusent à tel point qu’il faut frustrer quelques spectateurs qui ne pourront pas questionner les deux invitées. Alors que nous sommes sur le point de partir, je décide d’interpeller une dernière fois Kalki pour la remercier de notre échange. Elodie en profite « Dis-lui que Gully Boy sort en France ! » Et c’est vrai, Kalki joue dans Gully Boy, distribué deux jours plus tard par Aanna Films. Je lui transmets l’information et avant de partir elle lance : « Merci beaucoup pour le magazine. » Et moi de lui répondre « C’était un honneur d’écrire sur vous, alors merci à vous. » > 045


Sur le point de partir, quelqu’un m’apostrophe. Je ne la reconnais pas sur le coup et là, je réalise qu’il s’agit d’Ida Richer, auteure française dont nous avions présenté le premier roman, Le voisin indien, dans notre précédente édition du magazine. Nous échangeons vivement sur l’histoire de son livre et sur ses projets à venir. Quelle joie de la rencontrer enfin ! Elle m’informe d’ailleurs qu’elle essayera de venir pour la cérémonie de clôture si elle parvient à s’organiser. J’espère qu’elle y arrivera ! Elodie et moi nous lançons alors dans la partie la plus laborieuse de notre journée : arriver à notre hôtel, situé dans le quartier de Saint-Ouen. La route que nous empruntons alors, les bras chargés par nos valises, n’est pas très rassurante. Nous n’avons pas eu le temps de manger et nos pieds commencent à nous faire souffrir. Lorsque nous apercevons au loin notre hôtel, nous soupirons de soulagement. Pourtant, quelle ne sera pas notre surprise lorsqu’arrivée sur place, nous constatons que le Wifi n’est pas fonctionnel !

A CET INSTANT, J’AI UN PEU LE SENTIMENT DE CUMULER. COMMENT ALLONS-NOUS TRAVAILLER NOS ARTICLES ? Elodie, toujours pleine de ressources, a la solution. « T’inquiète, on ira à mon travail

bosser là-bas, y’a le Wifi et le cadre est très sympa. » Nous commandons des

burgers (plat préféré et ultime raison de vivre d’Elodie !) puis nous nous endormons, ravies mais épuisées.

Mercredi 13 février 2019

Jour 2

Avant de nous rendre dans les bureaux où travaille Elodie, nous devons d’abord remplir une énième mission : me trouver un 046

téléphone. En effet, la veille, Deep m’assure que des téléphones reconditionnés sont vendus dans un commerce de Saint-Lazare. Nous y ferons un détour avant d’aller travailler. Sur place, j’achète le téléphone en question, mais il ne fonctionne pas. Je crois alors avoir une poisse pas possible. Mes nerfs lâchent, je suis excédée par tant de malchance. Un employé du magasin me rassure et m’explique que ma carte SIM n’étant pas encore activée, je ne peux donc pas déverrouiller le téléphone. En deux temps trois mouvements, il règle le problème. Je sèche enfin mes larmes et nous partons pour les locaux de Linkbynet, où se trouve le bureau d’Elodie. Les bureaux sont magnifiques et très modernes. Il y a même un toboggan qui part du deuxième étage ! Rien à voir avec les locaux austères de mon lieu de travail. Je revis ! Notre organisation se met en place. Le fait de nous poser devant nos ordinateurs nous permet de retrouver nos marques et nos repères. Nous nous répartissons les séances des films à visionner et les critiques à rédiger. Les problèmes techniques semblent derrière moi et je suis heureuse d’enfin entrer dans le vif du sujet : le cinéma.

JE ME SENS DONC PRÊTE À AFFRONTER CE FFAST AVEC TOUTE LA DÉTERMINATION QUE JE POSSÈDE. Bref, vous l’aurez compris : j’ai la niaque ! Après avoir travaillé une bonne partie de la journée, nous allons déposer nos ordinateurs à l’hôtel puis nous rejoignons Fatima-Zahra qui a couru à sa sortie de travail pour assister avec nous à la projection de Komola Rocket, film bangladais très singulier. Aujourd’hui, c’est Elodie qui écrira sur le film, mais nous assisterons toutes les trois à la diffusion du film sur grand écran. Et c’est ce qui est >


PETIT DEJEUNER DE CHAMPIONNES


DA N S LE FEU DE L’ACTI O N , NOUS AVONS PRIS UNE P HOTO G RAP HI E FLO UE DU R EA LISAT EUR HARDIK M EHTA !


intéressant avec le FFAST. Le fait de nous donner à voir des métrages que nous n’aurions jamais eu la chance de visionner chez nous ou dans des salles de cinéma de Province, pour ce qui me concerne.

J’ÉTAIS RELATIVEMENT CURIEUSE MAIS PAS SPÉCIALEMENT IMPATIENCE. ELODIE L’ÉTAIT.

Jeudi 14 février 2019

Elle a suivi le projet dès ses prémices et a beaucoup écouté de rap indien underground, notamment ceux qui ont inspiré le métrage : Naezy et Divine.

Jour 3

Notre organisation suit son cours. Nous sommes matinales et arrivons assez tôt dans les bureaux de Linkbynet pour travailler le magazine et les publications liées au FFAST. Petit déjeuner rapide sur place, nous tâchons d’être efficaces. En début d’après-midi, nous partons après avoir rempli nos objectifs de travail de la matinée. En route pour notre chambre d’hôtel, Steven, l’un des bénévoles du festival, nous appelle.

LE FFAST EST VICTIME DE SON SUCCÈS ! En effet, la plupart des séances sont complètes. Nous devrons donc choisir une seule et unique rédactrice pour assister à chaque séance. Fatima-Zahra ira donc découvrir Round Figure ce jour. Nous serons tout de même présentes pour la présentation du film en présence de son réalisateur Hardik Mehta, jeune scénariste et cinéaste qui a travaillé par le passé sur des métrages comme Trapped et Lootera. Ça en dit long sur l’envergure de l’artiste… Dans l’intervalle, nous sortons du cadre du FFAST pour découvrir la dernière sortie d’Aanna Films dans les salles françaises : Gully Boy, en compagnie de Lyes et sa sœur Sherazade, de Sanaa (formidable organisatrice de la Bollywood Party de La Courneuve, en juin dernier) et de Sakina, bien sûr. Je vous avouerai que je n’en attendais pas grandchose, n’étant pas spécialement fan des deux acteurs principaux du film, qu’il s’agisse de Ranveer Singh ou d’Alia Bhatt.

Malgré mon scepticisme, je vais découvrir le film avec un certain enthousiasme. C’est surtout l’occasion pour moi de voir un nouveau film indien dans un multiplexe et de soutenir la distribution de tels métrages dans les salles françaises. Au sortir du visionnage, je suis aux anges. Emue et secouée. Je ne pensais pas aimer le film tout court, mais alors y adhérer à ce point ? Gully Boy est clairement un coup de cœur que je n’ai pas vu venir. Et sans le FFAST, je n’aurais probablement jamais pu le voir tant les films indiens distribués dans les Provinces sont parfois difficilement accessibles. Pendant que Fatima-Zahra regarde Round Figure, Elodie et moi rentrons à l’hôtel. Ce soir, nous nous coucherons tôt en regardant quelques épisodes du célèbre talk-show indien Koffee With Karan. Et toujours avec le sourire…

Ve n d r e d i 1 5 f é v r i e r 2 0 1 9

Jour 4

Comme chaque matin, direction Linkbynet pour travailler le magazine et les publications relatives au FFAST. Nous sommes appliquées et optimisons ce temps pour étoffer tout ce qui fait notre activité aujourd’hui dans le cadre de Bolly&Co, qu’il s’agisse des réseaux sociaux, de notre site ou de la parution que vous êtes train de lire (et qui était en cours d’élaboration à l’époque). En début d’aprèsmidi, je rejoins seule Sakina > 049


afin de passer mon après-midi avec elle. Nous adorons nous retrouver toutes les deux pour nous raconter nos vies, mais aussi pour échanger sur notre grande passion commune qu’est le cinéma indien. Sakina est mon amie depuis plus de 10 ans, et je ne pouvais passer près d’une semaine dans la capitale sans lui consacrer un peu de mon temps. Car même lorsque nos existences se compliquent, mes retrouvailles avec Sakina sont toujours emplies de positivité et de bonne humeur. Cette fille me fait un bien fou et j’ai été plus que ravie de partager parmi les meilleurs moments de cette semaine à ses côtés.

C’EST D’AILLEURS L’UNE DES PREMIÈRES SUPPORTRICES DE BOLLY&CO, QU’ELLE SUIVAIT DÉJÀ L’ÉPOQUE DE LA PLATEFORME SKYBLOG. En fin d’après-midi, nous devions rencontrer le réalisateur Hardik Mehta pour une entrevue, qui sera annulée à la dernière minute… Je rejoins donc Elodie à l’hôtel puis nous nous posons tout près du Grand Rex une heure avant la projection du soir. En effet, c’est ce jour que nous organisons une nouvelle réunion avec toute l’équipe afin de préparer la rédaction du seizième numéro de Bolly&Co. Fatima-Zahra nous rejoint et nous échangeons donc toutes les trois sur les articles à prévoir, sur les personnalités et métrages évoqués ainsi que sur les propositions à faire dans le cadre de cette parution à venir… Un temps animé qui nous permet surtout de définir une ligne directive et de ne pas nous éparpiller lorsqu’il faudra se mettre au travail.

ENFIN, NOUS CONCLUONS LA JOURNÉE SUR LA PROJECTION DE RALANG ROAD, UN FILM… COMPLÈTEMENT BIZARROÏDE ! 050

Très proche du travail déjà très atypique du réalisateur David Lynch, ce métrage en langue sikkimaise m’a franchement déroutée. A tel point que je n’ai pas su quoi en dire lorsqu’il s’agissait d’en rédiger la critique, pour laquelle j’avais été désignée en amont. Ce soir-là, Elodie et moi décidons donc de nous poser après la projection au Papadoom, restaurant indien partenaire du festival. « On vient juste boire un verre et on s’en va. » On y restera plus de deux heures. Entre interactions animées sur le film que nous venions de visionner et élucubrations sur le sens de la vie, cette soirée a été sublimée par le cadre chaleureux du Papadoom. Et par leurs délicieux cocktails… Testez le Jaipur, il est DELICIEUX.

Samedi 16 février 2019

Jour 5

Ce matin-là, nous découvrons que le Wifi de notre hôtel est de nouveau fonctionnel. Ca tombe bien puisque les locaux de Linkbynet sont fermés le week-end. Pendant qu’Elodie profite de quelques minutes de sommeil, je m’active à mon avis sur le film Ralang Road. Ou plutôt sur mon incompréhension.

SI LE FILM M’A ÉCHAPPÉE, J’AI TOUT DE MÊME DES CHOSES À DIRE. Et je dois m’activer puisque nous devons rejoindre notre bande d’amis à l’occasion d’un brunch d’anniversaire en l’honneur de Lyes. Mais notre gestion du timing est impeccable (bien plus que mon karma, d’ailleurs) et nous arrivons même en avance au restaurant. On y retrouve donc Sherazade, sœur aînée de Lyes mais aussi Sakina et Deep. Ce moment de partage nous fait un bien fou et constitue la parenthèse idéale en plein festival, qui nous impose de fait un rythme très effréné. Puis nous profitons ensemble du >



DURAN T L’I N TERV IEW AVEC LE R ÉA LI SATEUR ARSHAD KHAN


climat pour explorer le IIème arrondissement parisien où se déroule le FFAST. Cette promenade est l’occasion pour Deep et Elodie de développer leur âme de photographe dans ce cadre idyllique.

EN FIN D’APRÈS-MIDI, NOUS AVONS UNE INTERVIEW RAPIDE MAIS FORTEMENT SYMPATHIQUE AVEC ARSHAD KHAN, DONT NOUS DÉCOUVRIRONS LE FILM PLUS TARD. Le réalisateur nous séduit déjà par sa personnalité généreuse et solaire. Il a d’ailleurs hâte que nous voyions son métrage. Son documentaire, Abu, est une œuvre très personnelle sur la relation du cinéaste avec son père. Comment vous dire que je n’ai pas autant pleuré devant un film depuis très longtemps ? Abu est mon énorme coup de cœur du festival. Après la projection, Arshad me demande « Alors, tu as aimé ? » Je n’ai pu m’empêcher de le serrer dans mes bras pour le remercier des belles émotions qu’il a fait ressentir avec son film. Car plus de 30 minutes après la fin du film, je sanglote encore. Au travers d’Abu, Arshad m’a fait entrer dans sa famille. Je me suis donc attachée à chacun d’entre eux, bien que je n’étais pas toujours en accord avec les mentalités de certains. Comme dans toutes les familles d’ailleurs… Et c’est la véritable force de ce métrage, que je vous conseille de voir dès que vous en aurez l’occasion. Si Elodie avait été désignée pour rédiger la critique de ce film, elle me propose de le faire. « Je pense que ça fera plaisir à Arshad si c’est toi qui la fait. » Et ça me faisait plaisir à moi aussi…

Dimanche 17 février 2019

Jour 6

Pour ce dernier jour, nous organisons un brunch conclusif pour Elodie et moi. Ce moment est l’occasion de faire un petit bilan de cette semaine de festival, évidemment très positif du fait des belles expériences que nous avons pu y faire. Dans l’après-midi, nous faisons la découverte du film La mauvaise réputation, qui constitue une autre claque pour nous après le film de la veille. Il faut dire qu’en voyant la bande-annonce, nous imaginions un film plus lumineux. Finalement, La mauvaise réputation est une oeuvre brutale dans sa réalité, et donc terriblement pertinente. Avant la cérémonie de clôture, nous savourons une dernière fois du IIème arrondissement parisien et le magnifique soleil dont nous avons pu profiter toute la semaine. L’occasion d’arpenter les ruelles, de déguster des ice rolls et de prendre quelques couleurs. Fatima-Zahra nous rejoint pour la cérémonie de clôture. Les gagnants y sont d’ailleurs annoncés.

MON COUP DE CŒUR ABU REMPORTE LE PRIX DU JURY ÉTUDIANT. LE FILM BANGLADAIS KOMOLA ROCKET EST RÉCIPIENDAIRE DU PRIX DU JURY. ENFIN, HARDIK MEHTA REÇOIT EN PERSONNE LE PRIX DU PUBLIC POUR ROUNG FIGURE. Si l’excellent Mukkabaaz d’Anurag Kashyap est diffusé à l’occasion de cette ultime soirée de festival, nous ne le regarderons pas car la salle est déjà pleine. > 053


Mais surtout parce que nous avons déjà vu le film et que nous préférons céder la place aux gens susceptibles de vouloir le découvrir. Nous allons ainsi poursuivre notre soirée au restaurant Papadoom, où le FFAST organise une célébration conclusive des plus agréables.

EN EFFET, DES MUSICIENS DE GHAZAL JOUENT NOS MORCEAUX PRÉFÉRÉS À LA DEMANDE, DE «O RE PIYA» À «MEHNDI LAGA KE RAKHNA» EN PASSANT PAR «GUZAARISH» ET «MAIN SHAYAR TOH NAHIN». Cette ambiance chaleureuse est la dernière occasion de nous retrouver en équipe autour d’un délicieux cocktail. Et si Elodie et Fatima-Zahra doivent me quitter relativement tôt, je termine la soirée sur des échanges animés avec Ida Richer, qui a finalement pu venir comme je l’espérais. Nous parlons longuement et ces deux rencontres me font découvrir une femme très attachante et très sincère dans son approche artistique. Enfin, j’ai pu profiter de Maya, revenue ce soir-là et j’ai pu discuter avec Inès, l’une des membres actives du groupe « Bollywood to the square of infinity » que j’avais rencontré précédemment. Mais cette fois, nous pouvons nous poser et nous parler sans contrainte de temps.

CAR JE COMPTE PROFITER DE CETTE DERNIÈRE SOIRÉE PLEINEMENT, ENTRE LA MUSIQUE, LES ÉCHANGES ANIMÉS ET LE COCKTAIL JAIPUR AUQUEL JE SUIS DEVENUE ACCRO. 054

Ce soir-là, je rentre dans ma chambre d’hôtel partagée. Comblée et reconnaissante d’avoir vécu un si beau festival, encore une fois. Et triste à l’idée de devoir rentrer dès le lendemain, comme un cruel retour à la réalité. Mais j’emporte avec moi de fabuleux souvenirs, et je quitterai surtout Paris de magnifiques images plein la tête…

Expressions de gratitude. Je ressors toujours d’une édition du FFAST avec la satisfaction d’avoir beaucoup appris et l’envie de découvrir davantage. Mon premier objectif sera de visionner Round Figure dès que possible. Mon second sera de m’intéresser davantage à l’industrie pakistanaise émergente, avec en tête de gondole les cinéastes Sabiha Sumar et Arshad Khan, que j’ai eu l’honneur de rencontrer et dont les visionnages de leurs œuvres respectives m’a permis d’entrevoir le potentiel sous-valorisé des artistes de ce pays.

JE TIENS AVANT TOUT À REMERCIER L’ÉQUIPE DU FFAST POUR LEUR INÉBRANLABLE CONFIANCE. Chaque année depuis 2016, vous ne nous oubliez pas et nous sommes plus que ravies d’être les spectatrices privilégiées de chacune de vos éditions. Au plaisir de vous retrouver pour toutes celles qui suivront… Merci à tous les artistes qui nous ont accordé un peu de leur précieux temps. Kalki, Sabiha et Arshad, vous rencontrer a été un honneur démentiel pour nous. Vos métrages nous ont bouleversées et résonneront encore longtemps dans les esprits de ceux qui les ont vu, j’en suis convaincue.


MERCI À TOUS NOS AMIS QUI ONT PONCTUÉ CETTE SEMAINE DE FESTIVAL PAR LEUR BONNE HUMEUR ET LEURS ONDES POSITIVES. VOUS AVEZ ÉGAYÉ CETTE SEMAINE ET L’AVEZ AINSI SUBLIMÉE. Merci à mes collègues de Bolly&Co pour leur soutien et leur générosité. A Fatima-Zahra qui a dû composer avec ses horaires de travail pour être présente mais qui ne nous a pas lâché. Et à Elodie qui, pour la énième fois, m’a montrée à quel point elle était une amie exceptionnelle, aussi bien dans le travail que dans les multiples galères qui me sont tombées dessus.

Enfin, merci à nos lecteurs de leur fidélité. Merci à vous de nous permettre d’exister par votre sollicitude, vos likes, vos commentaires et vos messages d’encouragement. Ce numéro est le marqueur d’un changement dans notre approche du magazine, en vous proposant un contenu toujours plus pertinent et documenté, à la hauteur de l’amour que vous nous témoignez. Nous poursuivrons nos efforts afin de progresser et de vous offrir des parutions à chaque fois meilleures que les précédentes. Ce festival fait partie des reconnaissances qui viennent récompenser notre travail quotidien. Et leur multiplication dans le temps vient donc confirmer votre soutien grandissant. Alors encore une fois, merci à vous car cette semaine de folie, on vous la doit.

L’ÉQ UI P E DU FFAST LORS DE LA CÉRÉMO N I E DE CLÔT URE !


EN ACTION

INTERVIEW

R E N C O N T R E AV E C

Kalki Koechlin et Sabiha Sumar, femmes sensibles et engagées...

MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR


A l’occasion du Festival du Film d’Asie du Sud, Elodie et moi avons eu l’immense honneur de nous entretenir avec deux femmes d’exception : l’actrice franco-indienne Kalki Koechlin et la réalisatrice pakistanaise Sabiha Sumar. Venues présenter leur documentaire Azmaish à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du festival, nous avons pu leur poser quelques questions sur ce film si juste, mais aussi sur leur sensibilité artistique et leurs parcours respectifs.

ENCORE MERCI À L’ÉQUIPE DU FFAST DE NOUS AVOIR FAIT CE MERVEILLEUX CADEAU. ET MERCI À SABIHA ET KALKI POUR LEUR IMMENSE GENTILLESSE... Bolly&Co : Kalki et Sabiha, merci à vous de nous accorder un peu de votre temps. Vous êtes à Paris afin de présenter votre projet commun, Azmaish. Pouvez-vous nous en dire davantage, en particulier pour ceux de nos lecteurs qui ne connaîtraient pas votre travail ? Kalki Koechlin : Je pense que tu devrais répondre... Sabiha Sumar : Moi ? KK : Oui, vas-y. B&C : Vous êtes la cinéaste, après tout ! KK: C’est sa responsabilité ! (rires) SS : Azmaish a commencé avec une question. A savoir, que se passe-t-il au Pakistan et en quoi cela fait-il écho à ce qu’il se passe aussi en Inde ? J’ai noté que le Pakistan était à l’origine une nation islamique et s’est retrouvée dans une situation où l’extrémisme religieux prenait beaucoup d’ampleur. A tel point qu’on ne pouvait plus parler du Pakistan en tant que démocratie. C’est aujourd’hui une volonté politique d’essayer de construire une identité autour de l’émancipation de l’état visà-vis de cet obscurantisme. De l’autre côté, l’Inde a vu le jour en tant qu’Etat laïque et se confronte désormais à une majorité hindoue cherchant à dominer commercialement, politiquement ou encore culturellement le pays.

Tout est venu de cette question. Et c’est là que l’aventure a commencé afin de savoir comment le peuple pakistanais vivait, ce qu’il pensait et qui dirigeait le système de ce pays. Pourquoi les choses sont telles qu’elles Μ sont ? Parce qu’évidemment, la façon dont l’ordre est établi sert certaines classes sociales, certaines élites.

DONC J’AI PENSÉ : « POURQUOI EST-CE QUE JE N’IRAIS PAS RENCONTRER ET DÎNER AVEC CERTAINS PROPRIÉTAIRES TERRIENS INFLUENTS ? » Tout cela dans le but de comprendre leur manière de penser et leurs priorités. Et ensuite essayer de voir comment le peuple est concerné ou pas par ces priorités. Concernant l’Inde, j’ai pensé qu’il s’agissait d’un pays bien plus industrialisé que le Pakistan. Je voulais donc rencontrer des industriels et découvrir ce qu’ils voulaient. Ils dirigent évidemment l’économie du pays. Le système prend racine de ce qu’ils veulent et de la manière dont ils vont l’investir. Je voulais comprendre leurs besoins et tenter d’expliquer ainsi la montée du fondamentalisme hindoue et en quoi elle > 057


pouvait être liée à ces hommes d’affaire influents.

POURQUOI L’INDE EST-ELLE EN TRAIN DE S’ÉLOIGNER DE SON IDENTITÉ LAÏQUE ? POURQUOI L’INDE CHERCHET-ELLE À SE DÉFINIR AU TRAVERS DE DOGMES RELIGIEUX ET DE CLIVAGES LINGUISTIQUES ? C’est ainsi que le film est né. B&C : Comment avez-vous été amenées à travailler ensemble sur ce documentaire ? Et Sabiha, pourquoi avez-vous choisi Kalki pour ce projet ? SS : Au début, je ne savais pas que je voulais Kalki pour ce film. Mais je savais que je désirais travailler avec quelqu’un qui soit indien pour partager cette expérience avec moi. J’avais le sentiment qu’il n’aurait pas été juste de ma part de mener ce cheminement seule, d’arriver en Inde et de questionner son fonctionnement. Les gens pourraient d’ailleurs me demander qui je suis et pourquoi je suis si intrusive pour ce qui concerne un pays qui n’est pas le mien. D’autant que les temps sont tendus en Inde en ce moment, n’est-ce pas ? Donc, je cherchais quelqu’un qui avait des questions à propos de ce qu’il se passe en Inde. Et je ne voulais pas que ce soit une personne qui avait des positions politiques fermes ou qui se définissait comme quelqu’un d’impliqué politiquement... B&C : Quelqu’un de neutre ? SS : Je ne pense pas que qui que ce soit puisse être neutre. Mais je ne voulais pas 058

quelqu’un ayant une approche scolaire ou même journalistique de la question. Je voulais juste une personne qui se soucie sincèrement de la direction que prend son pays et qui comprenne qu’il n’y a rien qui soit apolitique dans ce monde.

DANS NOS VIES, QUEL QUE SOIT LE SUJET, TOUT EST LIÉ À LA POLITIQUE. CE QUE L’ON MANGE, CE QUE L’ON FAIT, CE QUE L’ON PENSE... Cette personne devait aussi avoir une vie normale et être assez modeste. Son approche devait être sincère et venir du cœur. Et surtout, cela devait émerger de son besoin personnel de comprendre et de savoir ce qu’il se passe. J’ai donc parlé à Kalki et j’ai ressenti qu’elle était très curieuse. On s’est très bien entendues et j’ai eu le sentiment que je pouvais lui faire confiance. J’ai senti qu’elle pouvait comprendre mon intention. Et c’est assez difficile parce que la manière dont je travaille est particulière. Par le passé, j’ai eu des collaborateurs qui se tournaient vers moi pour me dire ce que je devais faire. Mais ce qu’ils attendaient de moi n’était pas important à mes yeux. Du coup, ces gens étaient contrariés quand je leur signifiais que j’allais mener mon projet à ma façon. Je ne voulais donc pas me confronter de nouveau à cette situation et trouver ainsi quelqu’un qui comprenne ma vision. B&C : Comment vous êtes-vous rencontrées, avant même que le projet ne voit le jour ? SS : J’étais à Mumbai pour le festival MAMI. J’avais vu Kalki dans plusieurs de ses films. Et j’ai ressenti quelque chose de très positif à son sujet. Qui plus est, mon équipe était fan d’elle. Ils m’ont demandée comment j’allais


m’y prendre pour trouver quelqu’un en Inde qui accepterait de participer à mon documentaire. Kalki a cette intelligence intuitive, elle est chaleureuse et on sent qu’elle a du cœur. Ma recherche étant très passionnée, c’était parfait. J’ai donc demandé aux organisateurs du festival de me mettre en lien avec elle, d’autant qu’ils l’aiment beaucoup, eux aussi.

B&C : Kalki, vous travaillez à Bollywood depuis vos débuts remarqués dans Dev.D, en 2009. Aujourd’hui, vous êtes en France afin de présenter ce projet très spécial. Quand vous repensez à votre parcours, qu’est-ce qui vous rend la plus fière ?

B&C : C’est trop mignon.

B&C : J’avoue qu’il y en a tellement !

KK : Tellement de compliments... (rires)

KK : Je suis juste heureuse d’être toujours excitée avant de me lancer dans un projet, et toujours très stimulée par ce que je fais. Je suis si chanceuse de faire un métier dans lequel je ne m’ennuie pas. Dans lequel je ne suis jamais au même endroit. J’évolue quotidiennement et j’en apprends toujours chaque jour... Bref, je suis excitée par ce que je fais.

B&C : Quant à vous, Kalki, qu’est-ce qui vous a donné envie de prendre part à ce projet ? KK : C’était juste par curiosité. C’était un sujet sur lequel je savais que j’allais apprendre beaucoup.

J’AI GRANDI EN INDE AVEC UNE CERTAINE IDÉE DU PAKISTAN ET DE CE CONFLIT QUI OPPOSE LES DEUX PAYS. MAIS JE N’AVAIS JAMAIS ÉTÉ AU PAKISTAN ET JE VOULAIS VOIR DE QUOI ÇA AVAIT L’AIR. Je voulais aussi découvrir mon propre pays. D’ailleurs, les questions initiales que nous avions à poser à la population ne concernaient pas le futur du gouvernement, mais c’était de savoir quels étaient leurs rêves. Et je n’étais pas intimidée à la perspective de poser ces questions. Je me sentais légitime. D’autre part, j’ai toujours eu le sentiment que le fait d’accomplir quelque chose d’inconfortable allait être une grande source d’apprentissage pour moi. Parce que vous apprenez beaucoup plus quand vous vous autorisez à sortir de votre zone de confort. Et surtout quand vous ne maîtrisez pas tout, qu’il y a de l’inconnu.

KK : Je ne sais pas. je ne pense qu’il n’y ait qu’un seul moment...

VOUS SAVEZ, ON PEUT PARFOIS S’ENFERMER DANS UNE CERTAINE ZONE DE CONFORT LORSQU’ON A ACCÈS À LA CÉLÉBRITÉ. MAIS JE SUIS CONTENTE QUE MON STATUT ACTUEL ME PERMETTE D’EXPLORER ENCORE ET ENCORE. B&C : Vous avez tourné dans beaucoup de films mais vous vous êtes également essayée à la télévision et au théâtre. Vous ne vous arrêtez à aucun format. Y’en a-t-il un que vous préfériez aux autres ? KK : J’aime jouer la comédie et j’aimerais le faire jusqu’à mes 90 ans. Le truc c’est que, quand vous êtes artiste, vous voulez juste vous exprimer. Et quel que soit le moyen > 059


que vous trouviez pour le faire, ce qui compte, c’est ce que je veux exprimer. Au-delà du fait de penser à ma carrière en me disant que ce projet sera bon pour mon avenir professionnel ! (rires) Evidemment, ce n’est pas tout beau tout rose, il y a aussi cet élément qui entre en compte. B&C : De votre côté Sabiha, vous êtes l’une des cinéastes les plus fascinantes du Pakistan. Votre film Eau dormante a fait le tour du monde. Vous avez d’ailleurs toujours exploré des thèmes sensibles dans vos œuvres comme le patriarcat, la religion ou la politique. Qu’est-ce qui vous guide en tant qu’artiste ? SS : Mes propres questions. Mes histoires sont toujours guidées par ces grandes questions que je me pose. Je ne m’arrête jamais de les poser, encore et encore. A différentes personnes, dans différentes situations, dans différentes circonstances... Mais d’une certaine façon, c’est toujours la même question ou plusieurs aspects de cette seule et unique question. B&C : Enfin, qu’est-ce que vous aimeriez dire à nos lecteurs ? SS : Le cinéma est un langage universel. C’est une bonne chose en tant qu’artiste de venir dans différents pays avec vos œuvres et de les partager avec les gens. Et je suis très heureuse de savoir que le public français est toujours ouvert. Eau dormante a très bien fonctionné ici et j’en suis très honorée.

J’AIME LE FAIT QUE LES GENS VEUILLENT REGARDER DES FILMS DE TOUS LES HORIZONS. C’EST IMPORTANT CAR LE CINÉMA ÉVOLUE CONSTAMMENT. 060

Le procédé de création de film est en permanente évolution. Donc je leur dirai juste de regarder autant de films qu’ils le peuvent, pour continuer à apprendre. B&C : Et vous, Kalki ? KK : Je suppose que les lecteurs de votre magazine regardent principalement des films commerciaux de Bollywood... B&C : Principalement, mais pas uniquement. KK : Alors je leur dirai de regarder tous les films indiens, quels qu’ils soient.

AUJOURD’HUI, GRÂCE À NETFLIX ET AMAZON, NOUS AVONS BEAUCOUP DE FILMS PLUS INDÉPENDANTS QUI SONT RENDUS DISPONIBLES AU GRAND PUBLIC. Pour ce qui me concerne, mes films Ribbon et Margarita With A Straw sont par exemple disponibles sur ces plateformes. SS : Oui, et Azmaish sera bientôt disponible sur Amazon. KK : On a aujourd’hui accès à ce contenu riche et il faut en profiter. B&C : Les gens sont plus ouverts désormais, en particulier en France. Car comme vous le disiez, il y a quelques années, la plupart des fans français de cinéma indien ne s’intéressaient qu’au Bollywood commercial. Et c’était l’une de nos motivations lorsque nous avons lancé Bolly&Co. Nous voulions parler de tous les cinémas indiens et c’est d’ailleurs pour cela que nous vous avions choisie, Kalki, pour figurer sur l’une de nos couvertures en 2016. SS : C’est marrant parce que lorsque j’ai reçu l’invitation du FFAST, j’ai évidemment accepté


car ça avait du sens dans le sens où j’ai travaillé avec Kalki, qui est aussi française. B&C : A ce propos, le fait est que Kalki, vous vous revendiquez comme indienne. Bien sûr, vos parents sont français et vous avez cet héritage en vous, mais vous êtes indienne dans votre entièreté. Et c’est pourquoi cette collaboration entre Sabiha et vous me semble si pertinente et si forte symboliquement...

Nous avons conclu cette interview en remettant à Kalki Koechlin la version imprimée du neuvième numéro du magazine Bolly&Co, duquel elle était en couverture. Qui aurait cru que, 2 ans et demi après la sortie de cette parution, nous aurions la chance de la remettre en main propre à l’actrice ?

Le saviez-vous ? Sabiha Sumar a dirigé l’encensé Eau dormante, sorti en 2003 avec les actrices indiennes Kirron Kher et Shilpa Shukla dans les rôles principaux. Le film lui vaudra notamment deux prix au festival des trois continents de Nantes. Kalki Koechlin a bel et bien joué au cinéma français ! En 2015, elle apparaissait brièvement dans Un plus une de Claude Lelouch, avec Jean Dujardin et Elsa Zylberstein à l’affiche.

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EN ACTION

L ’ A V E N T U R E B O L LY & C O # 1

Créer un magazine pour les nuls. MOTS PAR ELO DI E HAM IDOVIC

COMMENT EST NÉ BOLLY&CO ? Voilà la grande énigme d’un magazine qui a bientôt 10 ans d’existence. 10 ans, vous imaginez ! Laissez-moi vous prévenir qu’en 2020, on va fêter ça dignement. Mais en attendant, nous allons continuer d’avancer à notre rythme, d’apprendre de nos écrits, d’évoluer vers des éditions toujours plus travaillées et de faire des bêtises – oui, parce que ne nous sommes pas des professionnelles.

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Je crois que c’est quelque chose qui s’est un peu oublié avec le temps.

NON, NOUS NE SOMMES PAS JOURNALISTES. Pas de doctorat sur le cinéma, pas de master PAO, pas de voyage en Inde non plus ! Séparées par la distance, connectées par le web, nous avons construit Bolly&Co pendant longtemps sans qu’aucune de nous ne se rencontre.


POURTANT, LE MAGAZINE EST TOUJOURS LÀ. C’est la magie de cette passion commune pour le cinéma indien. D’une certaine façon, Asmae, Fatima-Zahra et moi-même, nous avons grandi ensemble parce qu’en 2010 (lorsque le magazine a été lancée), j’ai tout juste 18 ans et mon année de Terminale ne va pas tarder à commencer. C’est encore l’été, alors je ne réalise pas à quel point c’est une année cruciale (oui, le bac les amis !) et je m’engage à faire bien trop de choses. Je passe plus de temps devant mon écran d’ordinateur – que je partage avec deux sœurs – que devant les livres que j’avais emprunté pour combler l’ennui de ces deux longs mois. Pas de vacances dans les Balkans pour ma famille cette année, c’est trop cher. Durant le lycée, je jouais à des jeux en ligne, j’enchaînais des films indiens, des séries asiatiques et des mangas. Je dessinais aussi, j’écrivais sans m’arrêter et je gérais un fansite sur Preity Zinta.

J’ÉTAIS HYPERACTIVE, À CLAMER HAUT ET FORT À CEUX QUI ME TRAITAIENT DE FOLLE QU’ON A TOUJOURS LE TEMPS DE FAIRE LES CHOSES QU’ON AIME ! VOILÀ BIEN UNE CHOSE QUI N’A PAS CHANGÉ, CHEZ MOI. Je feuilletais un fanzine de dessin (pour lequel je voulais participer, à l’époque) quand je me suis souvenue d’une conversation (avec Fatima-Zahra, en l’occurrence).

POURQUOI LE MAGAZINE INDIEN FILMFARE N’EXISTE-TIL PAS EN FRANCE ?

POURQUOI IL N’Y A PAS DE PRESSE QUI PARLE DU CINÉMA INDIEN, COMME EN ALLEMAGNE ? ET ALORS, POURQUOI NE PAS FAIRE UN FANZINE FRANÇAIS SUR LE SUJET ? J’ai donc profité de l’existence de mon blog (sur Skyblog, oui, oui) pour poster une annonce. Je sais très bien que seule, je n’y arriverai pas. Une petite annonce et voilà. Quelques jours plus tard, nous sommes 7, le blog Bolly&Co est créé, et nous échangeons en conversation privée pour travailler un premier numéro de quelques pages avec, en couverture, la belle Rani Mukherjee. On est très loin du numéro 15 que vous êtes en train de lire, mais c’est un début. C’est notre début. Et malgré le bac qui approche, j’étais devenue accro.

JE VOULAIS CONTINUER, M’AMÉLIORER, SANS JAMAIS OSER IMAGINER QU’UN JOUR, BOLLY&CO SERA ENCORE EN LIGNE 9 ANS PLUS TARD ! Si vous avez une idée, une envie, c’est donc simple. Ne vous imposez pas d’objectif. Faites d’abord, amusez-vous, essayez, commencez. Ensuite, vous aviserez. C’est ce qui s’est passé pour nous. Impossible de nous arrêter maintenant (même si vous n’êtes plus que deux lecteurs, on sera heureuses de vous faire plaisir !) Que ça marche ou que ça ne marche pas, ce qui compte vraiment, c’est le bonheur que ça vous apporte. Et là, franchement, 9 ans plus tard (et un bac avec mention en poche, s’il vous plait), je suis très très heureuse !

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ZAIRA WAS I M

... NOUVEL ESPOIR


NOUVEL ES P O I R

Z a i r a Wa s i m l’avenir prometteur MOTS PA R FATI MA ZAHRA EL AHM AR P HOTO G RAP HI E // I N STAGRAM @ ZAIRAWASIM _

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Aamir Khan a déterré un joyau. C’est le genre de titres que vous pouvez lire en cherchant le nom de Zaira Wasim sur Internet. Cette adolescente âgée d’à peine 18 ans, mais qui délivre d’ores et déjà de belles prestations. La jeune fille originaire du Cachemire a fait chavirer les émotions du public sous les traits de Geeta Phogat dans Dangal, et d’Insia Malik dans Secret Superstar. Avec une filmographie de seulement deux films pour l’instant, Zaira Wasim est le symbole d’un avenir prometteur.

U NE CA R R I È R E INATTEN D U E Issue d’une famille modeste, le nom de Zaira s’ajoute à la liste de ces personnalités talentueuses, qui font ce qu’elles font par passion. Son père, Zahid, est manager. Sa mère, Zarqa, est enseignante. Née dans la région du Cachemire en Inde, la jeune fille a étudié à l’Académie Internationale de Saint-Paul (St. Paul’s International Academy) à Sonwar. Elle est d’ailleurs parmi les meilleurs élèves, et elle poursuit d’ailleurs toujours ses études secondaires aujourd’hui. Si elle le décide, Zaira peut devenir tout ce qu’elle veut, mais c’est le cinéma qu’elle choisit. « Je n’ai jamais cru que j’aurais l’opportunité de jouer, » dit-elle dans l’une de ses interviews pour Rediff. Et pourtant, la voici avec deux belles performances à son actif. La réalité est que la comédie attire Zaira depuis son plus jeune âge. Avant de tenter sa chance dans des longs-métrages, l’adolescente a participé à une pièce théâtrale de son école. Convaincu par sa performance, le directeur de l’école garde le nom de Zaira Wasim en tête. C’est ici que le futur de cette dernière commence… De passage au Cachemire pour des auditions, Mukesh Chhabra – directeur de casting reconnu - rend visite au collège de la jeune actrice.

Il y rencontre le directeur qui vante les talents de son élève. « J’ai été conviée à

une audition. J’ai tourné une première publicité, puis une seconde. Ensuite, j’ai eu un appel pour Dangal. » Un rêve devenu réalité.

ET C’EST DURANT LES PRÉPARATIONS DU FILM QUE ZAIRA REÇOIT UN AUTRE COUP DE FIL IMPORTANT. Cette fois-ci, c’est pour Secret Superstar. « J’avais déjà deux films entre les mains

avant même de commencer le tournage du premier. » Advait Chandan, le réalisateur de Secret Superstar, lui a même proposé d’abandonner Dangal au début pour qu’elle puisse se consacrer à son métrage. « J’ai

trouvé ça hilarant. Sauf que Dangal était ma priorité à ce moment-là. » Un point commun entre ces deux projets est évident : Aamir Khan. L’acteur indien est connu pour le soutien inconditionnel qu’il apporte à ses protégés. À cette époque, Zaira Wasim ne faisait pas encore partie de cette liste. Une situation qui va bientôt changer. «

C’était le deuxième jour à l’audition, on était 19 filles, assises dans une salle. Tout d’un coup, un homme gros aux cheveux blancs a fait son entrée. Il était si simple. Il a passé beaucoup de temps à nous parler et discuter avec nous. > 067


Nous l’appelons tous Monsieur Perfectionniste. Mais je ne pense pas qu’il le soit, c’est simplement sa passion, son dévouement et son amour pour son travail. » Quand un journaliste lui pose

une question sur la star de Bollywood, la jeune femme ne manque pas d’y répondre avec une certaine maturité. Aujourd’hui, elle considère Aamir Khan, ainsi que toute l’équipe de Dangal, comme sa propre famille.

L A FA M I L L E , AVA NT TO U T C’est une addition agréable dans sa vie. Ses parents, principalement sa mère, restent tout de même très impliqués dans la carrière de leur fille. Zarqa l’accompagne constamment, aussi bien pour les tournages que pour les entrevues de presse. « Pourtant, elle reste

tout le temps dans la voiture. Je pense qu’elle a peur de me distraire. » Avec

deux blockbusters à son actif, cette étoile montante de Bollywood semble tout de même garder les pieds sur terre, en grande partie grâce à sa famille. « Je sais qu’ils

sont très fiers, mais ils ne le montrent jamais devant moi. J’aurais aimé qu’ils me complimentent, mais ils ne le font pas. Ils me critiquent toujours. » D’ailleurs, les parents de Zaira étaient réticents face à l’ambition de leur fille.

Ils étaient contre la carrière d’actrice qu’elle souhaitait mener. C’est l’une des tantes de l’actrice qui arrive à les convaincre de la laisser faire.

SI L’INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE INDIENNE N’A PAS EU DE DOUTE SUR LE RÉSULTAT DE DANGAL, ZAIRA PENSAIT DIFFÉREMMENT. 068

« Je savais que Dangal fonctionnerait

parce que c’est une belle histoire, mais jamais je n’aurais cru qu’il marcherait autant. C’est fantastique d’être aussi apprécié, vu tout le travail que nous avons fait pour ce film. » Durant les

dernières années, Aamir Khan n’a que rarement déçu son public quand il s’agit de ses choix de films. J’ai déjà fait la critique de ce métrage quelques mois après sa sortie. Même si je m’attendais à mieux, le résultat en soit est bon. Assez bon pour changer la vie du casting qui en faisait partie. « La

seule chose qui a changé pour moi depuis ce film, c’est l’amour que je reçois. À chaque fois que je sors dans la rue. Les gens s’approchent de moi pour me parler, ou me prendre en photo, » dit-elle quand un journaliste de Rediff lui pose la fameuse question : qu’est-ce que ton succès a changé dans ton quotidien ?

LA N O UV ELLE SEN SATI O N Dangal est le film qui l’a propulsée, mais c’est bien Secret Superstar qui a fait d’elle une sensation. « Avec Dangal, la difficulté

que j’ai rencontrée était physique. Mais Secret Superstar m’a permis de jouer un peu plus sur mes émotions. C’est le genre de films qui vous permet de mûrir en tant qu’acteur. » Et l’actrice n’a pas tort. Secret Superstar a fait l’objet de la triple critique de Bolly&Co dans notre treizième numéro.

En plus d’avoir appris à jouer de la guitare pour son rôle, Zaira a également appris à façonner plus encore son jeu d’actrice. Durant les promotions de ce métrage, elle a admis à plusieurs reprises s’être retrouvée au dépourvu durant le tournage. Insia, le personnage principal, est loin de la personnalité de celle qui l’interprète. Si Zaira peut compter sur le soutien de ses parents,


S E C R E T S U P E R S TA R

ce n’est pas le cas d’Insia. La jeune actrice explique d’ailleurs ce point : « Ma famille

est encourageante. Nous nous retrouvons souvent ensemble pour discuter de choses et d’autres, pour essayer de trouver ensemble quelle décision doit être prise. Ce n’est pas le cas dans le film. Le père est grossier, hostile. Insia et moi sommes complètement différentes. Elle n’a pas droit aux rêves et aux décisions. »ΜΜ Pourtant, la comédienne délivre une très belle performance. Avec ses traits fins et l’émotion qui se dégage de son regard, Zaira et Insia ne font qu’une à l’écran. Mademoiselle Wasim façonne son jeu d’actrice pour donner vie à son personnage. Elle est attachante, naturelle et surtout bouleversante.

LE TÉMOIGNAGE DU PERFECTIONISTE Voici des attributs avec lesquels Aamir Khan la qualifie : « elle est instinctive, naturelle et douée, » un compliment qui ne doit pas être pris à la légère. C’est aussi une admiration que la superstar indienne confie dans une interview, relayée par plusieurs médias dont KhaleejTimes et Koimoi. « Nous étions clairs dès le départ

: nous n’allions pas tricher dans ce film. Insia, le personnage de Zaira, est une chanteuse et elle devait jouer ce rôle correctement. J’étais très impressionné par sa performance. En tant qu’acteur, quand j’interprète un musicien, j’essaie de jouer de l’instrument concerné > 069


convenablement. Elle a mis la barre encore plus haute que ça, elle passait tout son temps avec Meghna Mishra (la chanteuse, ndlr). Zaira voulait comprendre comment chanter, et les deux répétaient ensemble. » L’implication

de la jeune fille dans ses rôles et son travail acharné pour peaufiner ses performances ne passent pas inaperçu. « Zaira n’a aucun

lien avec le domaine musical, tout comme elle n’avait aucun lien avec la lutte quand elle tournait Dangal. Malgré ça, elle s’est entraînée pour Dangal, et elle a appris à jouer de la guitare pour Secret Superstar. C’est un travail immense, » conclut le perfectionniste de Bollywood.

ET P O UR LA SUI TE ? Il faut admettre que les nouveaux talents sont rares. Même si des dizaines de nouveaux visages font leurs débuts chaque année à Bollywood, ceux parmi eux qui arrivent à maintenir une carrière au-delà de ce premier film ne sont pas nombreux.Vu son jeune âge, Zaira ne peut pas échapper à une des questions préférées des journalistes. En Inde et ailleurs, les amoureux du cinéma se posent la même interrogation. Que compte-t-elle faire, maintenant que sa carrière est lancée ?

SUR LE TOURNAGE DU FILM THE SKY IS PINK


Avec des accolades à son nom et le soutien inconditionnel d’Aamir Khan dans l’industrie cinématographique indienne, Zaira Wasim a tout pour aller loin. « La réalité, c’est que je

ne sais pas encore ce que je veux. Je ne sais pas si je veux continuer à jouer dans des films. C’est encore très tôt pour moi afin de prendre cette décision. » Elle en est là pour l’instant.

HEUREUSEMENT POUR SES FANS, LA JEUNE ACTRICE CONTINUE D’ACCEPTER DE NOUVEAUX PROJETS . Zaira ne mise pas sur la quantité et préfère se focaliser sur des scénarii qui l’intéressent. Son prochain rôle s’annonce d’ailleurs intéressant. Zaira replonge dans le genre du biopic en interprétant cette fois-ci Aisha Chaudhary. Cette dernière était une conférencière inspirante. Aisha est née avec un trouble d’immunodéficience. Elle s’est éteinte à l’âge de 19 ans. Sa situation ne l’a jamais freinée et cette jeune fille a même écrit un livre de développement personnel, My Little Epiphanies, publié un jour avant sa mort. Le titre de ce futur métrage est The Sky Is Pink. Réalisé par Shonali Bose, le casting comprendra Priyanka Chopra et Farhan Akhtar dans les rôles des parents de l’adolescente. Il sera produit par Ronnie Screwvala et Siddharth Roy Kapur.

U N D É B U T CO R SÉ MA LGR É TO U T Cependant, le quotidien d’un acteur n’est jamais sans encombre. Bien que sa carrière soit récente, Zaira Wasim s’est retrouvée au cœur de controverses à quelques reprises. Ses premières photos avec les cheveux courts, dans le rôle de Geeta Phogat, lui attirent des premiers messages haineux

sur Internet. Les commentaires se multiplient en provenance de plusieurs radicaux qui l’accusent d’être une mauvaise musulmane pour avoir accepté de jouer dans un métrage dans lequel elle doit ressembler à un garçon. La jeune fille n’y prête pas plus attention que cela. Cependant, à peine quelques mois après cet incident, Zaira reçoit des menaces de mort, filmées et partagées sur Twitter. Cette fois-ci, la raison est à caractère politique. Durant les promotions de Dangal, qui venait tout juste de sortir, la jeune actrice rencontre Mehbooba Mufti, la ministre en chef du Jammu-et-Cachemire à ce moment-là. À quelques semaines des attaques et manifestations violentes qui ont eu lieu dans cette région, les musulmans du Cachemire n’apprécient pas cette rencontre. Les personnalités indiennes de plusieurs domaines ne manquent pas de lui apporter leur soutien et partagent toutes la même pensée : une incompréhension totale devant le fait qu’une rencontre entre une adolescente de 16 ans et une femme politique puisse susciter autant de haine. L’incident ne freine pas pour autant Zaira qui reprend son travail et commence à se préparer pour son second film.

EN DÉCEMBRE 2017, ZAIRA WASIM PARTAGE VIA SON COMPTE INSTAGRAM UN TÉMOIGNAGE DÉBOUSSOLANT. A bord d’un avion, la jeune fille se dit victime d’une agression sexuelle. Un homme plus âgé frotte son pied à ses épaules et sa nuque, de façon répétée. Elle tente de prendre des vidéos des faits, mais n’y arrive pas à cause de l’éclairage sombre de la cabine. Elle arrive néanmoins à prendre quelques photographies de ce qui s’est passé. « Je suis perturbée. Ce n’est pas correct. > 071


Une fille n’a pas à se sentir aussi mal parce que c’est terrible. C’est de cette manière que vous prenez soin des filles ? » dit Zaira dans la vidéo qu’elle

publie juste après être descendue de son vol. Une fois encore, l’histoire part dans tous les sens. Entre les gens qui soutiennent l’actrice et ceux qui l’insultent, les internautes sont partagés. Les témoignages sont tout aussi diversifiés. Certains présents à bord prennent la défense de l’homme, en disant qu’il était endormi. Une investigation est tout de même lancée pour mettre les choses au clair.

QUOIQU’IL EN SOIT, LA JEUNE FEMME SEMBLE DÉJÀ FAIRE FACE À L’OBSCURITÉ QU’ENGENDRE LA CÉLÉBRITÉ. Être surveillée à tout moment, recevoir autant d’amour que de haine de la part d’inconnus. Ce sont des choses qui font partie du quotidien de plusieurs figures publiques. Une pression qui s’ajoute à une anxiété que Zaira vit depuis quelques années déjà. « J’écris ce

qui suit pour admettre, finalement, que je souffre d’anxiété et de dépression depuis longtemps. Cela fait 4 ans et j’ai toujours eu peur de le dire. Pas seulement à cause de la stigmatisation qui tourne autour du mot dépression, mais également parce qu’on m’a toujours dit que j’étais trop jeune pour être déprimée, et que ce n’était qu’une phase. » En mai 2018, l’actrice partage ces mots avec ses fans via les réseaux sociaux.

EN CO N CLUSI O N Aujourd’hui, c’est une aventure qui continue toujours pour Zaira Wasim. Au moment où j’écris ces mots, le tournage de The Sky Is Pink a déjà commencé.

TOUTEFOIS, NOUS N’EN SAVONS PAS PLUS SUR L’AVENIR DE L’ACTRICE À BOLLYWOOD. ELLE SEMBLE ENCLINE À SUIVRE LES PAS DE SON MENTOR, ET À SE CONSACRER CORPS ET ÂME À CHAQUE RÔLE. UN FILM À LA FOIS, PEUT-ÊTRE POUR SE LAISSER LE TEMPS DE PERFECTIONNER CHACUNE DE SES PRESTATIONS . En tout cas, je pense que je parle au nom de toute l’équipe Bolly&Co quand je dis que Zaira Wasim a un avenir très prometteur devant elle, et nous lui souhaitons le meilleur dans sa carrière.

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LE TOURNAGE DE THE SKY IS PINK S’EST ACHEVÉ DÉBUT MARS !

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DU NORD AU SUD

... CINÉMA


CINÉMA DERRIÈRE LA CAMÉRA

Dans toutes les industries cinématographiques, ce sont les acteurs à l’affiche des productions qui obtiennent la plus grande part du gâteau. Leurs noms sont placardés partout, et ils ont droit aux chèques les mieux garnis. Pourtant, sans les personnes qui travaillent dans l’ombre, un film n’en serait pas un. Le cinéma est une passion que nous partageons, nous spectateurs, avec les cinéastes. Pour faire un bon film, il faut avoir plus que de simples acteurs : un réalisateur avec le bon œil, un scénariste imaginatif, un chef opérateur avec une touche artistique, et bien d’autres artisans indispensables… Avec « Derrière la caméra », découvrez avec Bolly&Co un métier lié au cinéma (avec ce qui fait sa spécificité dans le sous-continent) à chaque nouvelle édition du magazine.

SILENCE… MOTEUR… ACTION !

LES SCENARISTES MOTS PAR FATI MA ZAHRA EL AHM AR P HOTO G RAP HI E DE L’ACTEUR AYUSHM ANN KHURRANA (I N STAG RAM : @AY USHM ANNK)

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Être un scénariste, ça signifie quoi ? Dans sa définition la plus simple, le scénariste est le métier qui consiste à écrire une histoire. Adapté à un film, une série, un jeu vidéo ou encore à une pièce de théâtre, ce récit contient les détails sur les personnages, les dialogues qu’ils échangent, les péripéties de leurs vies. Les méthodes pour y arriver dépendent du type de scénario à écrire. Pour un film, cela peut être fait par une seule personne, tout comme le script peut-être le fruit d’une collaboration de plusieurs individus. Les qualités requises pour exercer ce métier sont nombreuses. La créativité, la passion et la persévérance sont des termes qui reviennent souvent dans la catégorie « savoir être ».

AUSSI, UN SCÉNARISTE SE DOIT D’ÊTRE ATTENTIF AUX TENDANCES DU MARCHÉ, POUR ARRIVER À CAPTIVER SON PRODUCTEUR OU SON RÉALISATEUR, DE SORTE QU’IL PUISSE VENDRE SON PRODUIT. Si la technique pour écrire un scénario est particulière, le métier semble partager des points communs avec les auteurs et romanciers. En effet, un script doit être détaillé au maximum, ses dialogues doivent être précis, et les actions et émotions clarifiées. Comme d’autres métiers qui nécessitent un degré de créativité et d’inspiration, l’une des majeures problématiques qu’un scénariste rencontre est le syndrome de la page blanche. Pour répondre aux besoins de son producteur, si ce dernier est exigeant, ce métier peut s’avérer très contraignant pour 078

celui qui le pratique. D’autant plus que c’est un milieu où la concurrence est très rude. Avec des centaines de films qui se produisent chaque année, il faut admettre que la qualité passe souvent à la trappe.

QUAND LA QUESTION EST POSÉE AUX SCÉNARISTES, PLUSIEURS SEMBLENT DÉCRIRE LEUR MÉTIER DE LA MÊME MANIÈRE : ÊTRE SCÉNARISTE N’EST PAS UN MÉTIER. C’EST UNE VOCATION. Le script est le moteur d’un métrage. Le cœur palpitant d’une œuvre qui se respecte. Hélas, comme nous le savons tous, ce n’est pas ce qui est le plus important dans certains films. Les témoignages de plusieurs scénaristes s’accordent également sur la difficulté de leur milieu. Si pour nous, l’audience, un récit doit résulter du talent de la personne qui le rédige, dans les industries du cinéma, un récit est le fruit de contact, dans le sens où certains n’ont l’occasion d’écrire que quand ils ont des connaissances bien placées au sein de l’industrie. Alors, pour tous ces scénaristes talentueux qui attendent de percer, tenez bon. Parce que votre public vous attend avec impatience !

L’ h i s t o r i q u e d e s meilleurs scénarios en Inde, selon les National Film Awards C’est en 1967 que le National Award du meilleur scénario fût attribué pour la première fois. Le gagnant est le défunt S. L. Puram Sadanandan pour le film


AG N I P U T H R I (19 67)

malayalam Agniputhri. Bien que l’Inde produise des films dans une vingtaine de langues et de dialectes différents, les National Film Awards ne décernent des prix qu’à neuf idiomes principaux.

LES NATIONAL FILM AWARDS RESTENT LES RÉCOMPENSES LES PLUS PRESTIGIEUSES EN INDE ET LES PLUS FIABLES.

Il s’agit du bengali avec 11 récompenses jusqu’ici, du hindi avec 20, du malayalam avec 12, du marathi avec 7, du tamoul avec 6, du kannada avec 5, de l’anglais avec 2 et finalement du sanskrit et de l’assamais avec une récompense chacune. Pour l’instant, le scénariste avec le plus de National Awards à son actif est l’auteur malayalam M. T. Vasudevan Nair, avec 4 récompenses pour ses films Oru Vadakkan Veeragadha (1989), Kadavu (1991), Sadayam (1992) et Parinayam (1994).

Leur réputation a rarement été ternie par des scandales. En 2005, Shyamoli Banerjee Deb, membre du jury de la 53ème édition, a lancé une pétition. Selon lui, le métrage Apaharan de Prakash Jha n’avait pas sa place dans certaines catégories, dont celle du Meilleur Scénario (d’après lui, le film n’était pas sur la liste des présélectionnés). Il aura fallu attendre 14 mois pour que la justice confirme le statut de gagnant de ce film. 079


CINÉMA BILAN

Katrina Kaif C’EST TOUT DROIT ? MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR I LLUSTRATI O N PA R ELO DIE HAM IDOVIC

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On va se le dire de suite, je n’ai jamais fait partie du dénommé «I Hate Katrina Club» qui semble manifestement faire fureur auprès des fans français de cinéma indien. L’actrice est effectivement le réceptacle de toutes les invectives possibles et imaginables. Fade, intéressée, artificielle, dépourvue de talent... Bref, je ne serais pas étonnée qu’elle ait régulièrement des otites vu à quel point ses oreilles doivent siffler.

A l’époque, j’étais persuadée qu’elle n’avait tout simplement pas reçu les mêmes opportunités que ses collègues enfants de la balle. Car non, Katrina n’est la fille de personne et ne peut pas se targuer de débuter sa carrière dans un film de Sanjay Leela Bhansali ou face au grand Shahrukh Khan (Deepika et Sonam, c’est vous que je regarde, avec une certaine insistance...).

« Et que Katrina, elle sait pas jouer. Et que Katrina, elle a aucune expression, gna gna gna...»

Katrina a su perdurer seule, sans pouvoir s’appuyer sur un nom de famille prestigieux. Et là, je sais ce que vous vous apprêtez à rétorquer...

DE MON CÔTÉ, J’AI TOUJOURS ESSAYÉ D’ADOPTER UN DISCOURS NUANCÉ.

« Bah même que Katrina, elle est là que grâce à Salman. Elle l’a utilisé, cette bougresse ! Et gneu gneu gneu... »

Pas pour le plaisir de me faire l’avocate du diable, mais parce que j’estime sincèrement que Katrina vaut beaucoup mieux que ce qu’on peut bien dire d’elle. Je la vois comme une jeune femme travailleuse et humble qui a su, malgré ses lacunes en hindi et l’immersion dans une culture qui n’est pas la sienne, exister sur le long terme à Bollywood. Et ça, c’est une sacrée prouesse !

D’ACCORD, SALMAN KHAN A DONNÉ UN COUP DE POUCE À SA CARRIÈRE, MAIS IL NE LUI A PAS PERMIS DE SIGNER DES RÔLES MARQUANTS À PROPREMENT PARLER.

Cela étant dit, je ne vais pas vous vendre Katrina comme la prochaine Sridevi parce qu’objectivement, on est très loin du compte ! Et en étant parfaitement objective, sa filmographie compte son lot de navets innommables. Mais je ne la trouve pas nettement moins talentueuse qu’une Deepika Padukone ou qu’une Sonam Kapoor, pour ne citer qu’elles.

« Vous allez me faire croire que Sonam Kapoor dans Players et I Hate Luv Storys, ou Deepika Padukone dans Chandni Chowk To China et Love Aaj Kal, c’était les nouvelles incarnations de Smita Patil et Shabana Azmi ? Lis le script plus mécaniquement et tu meurs !»

Aussi, sa carrière aurait pu plonger 100 fois. Surtout quand on sait qu’un seul bide au box-office peut démolir une carrière. Aussi bien lors de la sortie de Boom, en 2003 (son premier film qu’on peut légitimement qualifier de bouse) que lors celles de Apne en 2007 et Yuvvraaj en 2008, également des fours commerciaux et critiques. Mais non. Elle a su se maintenir à flot pour devenir l’une des comédiennes les plus rentables de l’industrie hindi. D’autant qu’elle a su me séduire par son jeu d’actrice à plusieurs reprises. Dans Namaste London, elle est formidable au service d’un rôle qui lui va comme un gant : celui d’une britannique qui fait fi de ses origines indiennes face à son époux fièrement punjabi. > 081


Avec le film New York, on découvre en elle une vulnérabilité bouleversante au service de ce thriller haletant. Pour Mere Brother Ki Dulhan, elle est juste hilarante en jeune femme libre et délurée. Dans Bang Bang, je l’ai trouvé beaucoup plus sincère et attachante que son partenaire (le pourtant génial Hrithik Roshan qui bossait ici en sousrégime).

« Donc la meuf, elle sait tenir des rôles romantiques, dramatiques, mystérieux et comiques. Toujours avec justesse. Alors, qui sont ces gens qui disent d’elle qu’elle ne sait pas jouer ? #mauvaisefoibonjour » Bref, j’ai un tas d’exemples de films de Katrina qui m’ont plu, et qui ont construit mon intérêt notable pour cette comédienne, de Zindagi Na Milegi Dobara à Raajneeti. Non, elle n’a pas un jeu plastique. Non, ses prestations ne sont pas superficielles. Bien dirigée, elle se révèle et donne à voir une lumière en elle qui n’est hélas pas suffisamment exploitée.

J’AI TOUJOURS DÉFENDU KATRINA KAIF. Même le plus indéfendable, de Tees Maar Khan (qu’elle a rendu culte par sa seule présence à l’écran) à Dhoom 3 (dans lequel elle est gâchée malgré des séquences chorégraphiées d’anthologie). Parce qu’en plus de son jeu d’actrice, j’ai vu grandir Katrina dans son rapport à la danse. D’abord gauche et très en surface, la jeune femme s’est saisie de cet art et l’a investi avec énormément d’aplomb. En quelques années, elle s’est imposée comme la reine de la danse athlétique, celle qui te fait regretter d’avoir descendu un énorme paquet de chips devant Kuch Kuch Hota Hai...

« Moi aussi, je veux un corps comme eeeeeeeeeeeeeelle... #jepleuremagraisse » 082

DHOOM 3 ( 201 3 )

SAUF QUE DEPUIS QUELQUES ANNÉES, KATRINA SE FICHE DU MONDE. ET DE MOI, PAR CONSÉQUENT. Je ne sais pas si c’est un manque de propositions artistiques. J’en doute, vu son statut actuel de ‘it girl’ dans l’industrie. Ou si c’est une zone de confort de laquelle elle refuse de se sortir. Mais dans tous les cas, les dernières années de Katrina Kaif à Bollywood sont consternantes de platitude. Parce qu’aujourd’hui, Katrina a une vraie place dans l’industrie. Un statut qui lui permettrait sans doute de prendre des risques. D’oser et de surprendre. Regardez Shraddha Kapoor.


Elle a osé avec Haseena Parkar. Et même si le film était lamentable, elle a au moins eu le mérite de ne pas se contenter de projets répétitifs. Et c’est ce qui manque désormais clairement à Katrina.

AU DÉBUT DE L’ANNÉE 2016, J’AI POURTANT EU DE L’ESPOIR. JE VOYAIS EN KATRINA KAIF L’INCARNATION ‘MADE IN BOLLYWOOD’ DE SANDRA BULLOCK ! Et oui, rien que ça ! Elle était dans une période où elle enchaînait les romances (Baar Baar Dekho, Fitoor...). En sachant qu’une romcom avec Fawad Khan était également prévue avant que l’interdiction d’exercer des artistes pakistanais sur le territoire indien ne soit actée. Je l’avais trouvé intrigante dans Jab Tak Hai Jaan, dans lequel elle explorait sa palette de jeu en plus de partager une jolie complicité avec Shahrukh Khan (oui, tout le monde pense le contraire, mais j’assume !). Tout ça pour dire que le registre romantique lui va bien, et que j’espérais que sa carrière continuerait à aller dans ce sens. Quelle désillusion !

« Attends, pourquoi elle a signé ce film-là ? Mais c’est pas romantique, rhooooooo !» Avec Tiger Zinda Hai, je suis mitigée. D’un côté, je regrette qu’elle signe un nouveau film avec Salman Khan, dont elle va potentiellement constituer l’éternel fairevaloir. De l’autre, j’espère qu’elle va se révéler dans ses séquences d’action avec une performance coup de poing. Et en effet. La jeune femme impressionne dans ses scènes de combat. La chorégraphie martiale est au point et Katrina utilise habilement son physique athlétique pour le mettre au service

du personnage de Zoya. Pour autant, on est loin de la révélation. Katrina est devenue l’incarnation de la beauté «exotique» aux yeux d’un public indien habitué aux physiques plus typés. Katrina a la peau claire et un accent occidental difficilement identifiable (ni anglais, ni américain, ni australien...). Et en plus, elle est bien foutue, que demander de plus ?

« Un rôle digne de ce nom, peut-être ? » Dernièrement, elle a décidé de m’achever. D’abord avec Thugs of Hindostan, où elle a été choisie pour montrer ses belles jambes sur 15 minutes de pellicule. Mais peu importe, il y a Aamir Khan au casting. La classe, non ? Non ?

« Bah non. » Avec Zero, elle adopte de nouveau son image de belle plante glamour aux jambes de rêve. Pas de prise de risque, pas de nouveauté. Toujours la même rengaine. Katrina fait du bis repetita. C’est en tout cas ce que je crois formellement.

« Bim, la mauvaise langue ! » Car les critiques sont dithyrambiques au sujet de Katrina, qui incarne une actrice névrosée avec beaucoup de justesse dans ce film inégal. Pour autant, je reste sceptique. Peut-être parce que je trouve ça trop facile. Une seule prestation serait-elle en mesure d’effacer plusieurs années de disette artistique ?

PARCE QUE KATRINA KAIF EST DEVENUE UNE POTICHE DE LUXE. Le joli pot de fleurs que se payent les trois Khan de l’industrie pour leurs grosses productions. > 083


Parce qu’elle ne prend jamais trop de place. Et peut-être parce qu’ils ne voient pas en elle une comédienne qui soit susceptible de leur faire de l’ombre, la renvoyant systématiquement à son image (à mon sens erronée) d’actrice moyenne. Ils sont ainsi assurés d’attirer toute l’attention sur eux.

MAIS ALORS, POURQUOI KATRINA ACCEPTE-T-ELLE DE JOUER LE JEU ? POURQUOI NE TENTE-T-ELLE PAS DE TOURNER DANS D’AUTRES MÉTRAGES, QUI LUI OFFRIRONT DES PERSONNAGES CONSISTANTS ET INÉDITS ? Je sais ce que vous allez me dire.

« Mais Asmae, t’es bête ou quoi ? Katrina fait ça depuis toujours ! » Et c’est vrai. Sarkar (2005), Partner (2007), Welcome (2007), Singh Is Kinng (2008), De Dana Dan (2009)... Depuis ses débuts, elle s’est imposée comme l’archétype de la beauté décorative au cinéma ! Mais alors, pourquoi je me fâche ? Parce que si elle a décidé d’en faire son fer de lance, c’est son choix, non ?

« Asmae, prends du Lexomil, ça va te détendre. » Mais je crois que je suis contrariée parce qu’elle m’a laissée entrevoir autre chose au travers des films vraiment qualitatifs que j’ai cités plus haut.Quelque chose de plus profond qui me laisse croire que Katrina est capable du meilleur, si un cinéaste intelligent lui en donne les moyens.

T HUGS OF HINDOSTAN ( 201 8)


« Si on me propose de manger un burger, je serai satisfaite de manger un burger. Mais si on m’annonce que je vais manger dans un restaurant gastronomique, je ne m’attendrai pas à retrouver un burger dans mon assiette !» Oui, je compare Katrina à de la nourriture, mea culpa. Mais c’est uniquement pour illustrer mon propos de façon claire, voilà tout ! A force d’écrire ces bilans (un exercice que j’adore), je sais que je vais soit rédiger une conclusion optimiste, qui tend à donner de l’espoir, soit une chute plus fataliste (Tiger, Tiger...) qui ne laisse aucune place à une amélioration chez l’acteur évoqué. En ce qui concerne Katrina Kaif, je suis partagée. Parce que j’aurais envie d’y croire, mais que je n’ai aujourd’hui aucune raison de le faire. Ses projets à venir n’annoncent rien de prometteur ou de rafraîchissant. Au contraire, l’actrice semble se complaire dans cette case de bombe creuse que l’industrie lui colle au fil de ses projets. La seule façon pour être sûre de changer la donne, c’est peut-être qu’elle prenne conscience de sa valeur.

CAR OUI KATRINA, TU VAUX MIEUX QUE ÇA. ENFIN, JE CROIS. Et puis, après avoir fini de rédiger cet article (en début d’année 2019), j’apprends qu’elle a décidé de se retirer du projet ABCD 3 (un énième film de danse insipide en perspective) juste après le succès d’estime qu’elle a reçu pour Zero... Est-ce qu’elle aurait enfin compris ? Seul l’avenir nous le dira...

ZERO ( 201 8)


C I N É M A U N F I L M , U N V O YA G E A un moment ou à un autre, nous avons tous besoin de nous évader de notre quotidien. Le cinéma nous offre un ticket de voyage vers un monde différent. A travers les films, le spectateur laisse place à son imagination et se retrouve transporté, ne serait-ce que pour quelques heures. Les films, c’est une escapade qui nous fait visiter le monde, sous tous ses angles. Beau et magique, si l’envie nous prend de rêvasser et d’avoir le sourire. Cruel et rigide, si nous voulons garder un pied ancré dans la réalité malgré tout. Peu importe notre besoin du moment, un film que nous regardons, c’est un voyage dans lequel nous décidons d’embarquer.

L’ e s c a p a d e d e c e numéro de Bolly&Co se déroulera dans les rues de Mumbai, en Inde. LA VILLE

MUM

BAI

M OT S PAR FAT IM A ZAHRA EL AHM AR

Quand je pense à Mumbai, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est le cinéma. Mumbai, c’est le Los Angeles indien. Le cœur battant de Bollywood. La capitale du Mahārāshtra me semble donc idéale pour inaugurer ce nouvel article. Son histoire date de plusieurs millénaires. Les preuves d’une occupation humaine sur les terres qui constituent l’actuelle ville remontent à l’an 250 avant J.C.. Depuis, sa souveraineté a toujours été disputée. Des dynasties s’en sont arrachées le contrôle à tour de rôle, principalement parce que Bombay avait l’un des plus importants ports maritimes d’Asie. Au moment de l’indépendance de l’Inde, en 1947, Bombay devient la capitale de son état. Puis petit à petit, elle commence à être l’une des villes les plus peuplées du monde. 086


Son aspect attractif fait d’elle une ville d’immigration. Avec une vaste culture qui résulte de la cohabitation de diverses communautés indiennes et étrangères.

Malheureusement, personne ne peut retracer avec certitude l’histoire du cinéma indien, jusque 1913. L’audience a accepté cette année-là comme étant le lancement de l’industrie cinématographique.

LA VILLE A CONNU CE QU’EST UN FILM EN 1886.

Mumbai, au cœur de ces films…

Les frères Lumière, Auguste et Louis, décident de projeter un de leurs courtsmétrages à Mumbai. A l’époque, le public était majoritairement anglais. Aucune preuve n’a été trouvée pour affirmer de tels faits. Cependant, un des invités trouve une fascination particulière et décide d’acheter une caméra pour tourner ses propres films.

D H O B I G H AT ( 2 0 1 1 ) DE KIRAN RAO Connu également sous le nom de Mumbai Diaries, ce métrage est un hommage artistique à la ville. Il met en scène les histoires interconnectées de 4 individus : Arun (Aamir Khan), Shai (Monica Dogra), Munna (Prateik Babbar) et Yasmin (Kriti Malhotra). Dans de multiples interviews, la réalisatrice admet que Dhobi Ghat est un hommage qu’elle rend à la ville. Elle dira même que Mumbai, c’est le cinquième personnage de son métrage. Les visuels du film capturent la ville sous toutes ses coutumes : les quartiers les plus anciens, où le personnage d’Arun s’installe, les endroits modernes comme la route nommée « Marine Drive », Worli et ses bungalows qui donnent sur la mer… A travers sa vision et ses caméras, Kiran Rao tente de capturer l’essence des lieux, dans l’ambition de révéler des endroits qui sont rarement visités à travers le cinéma. D’ailleurs, presque l’intégralité du tournage a eu lieu dans des endroits réels. En effet, l’équipe a confirmé qu’aucun set n’a été construit en studio. > 087


SHOR IN THE CITY (2010) DE RAJ NIDIMORU ET KRISHNA D.K. Le métrage nous offre une vision nocturne de la fameuse ville indienne. Les 5 personnages principaux rôdent dans les rues de Mumbai, chacun avec une histoire. Tusshar Kapoor, Nikhil Dwivedi, Sendhil Ramamurthy, Preeti Desai et Sundeep Kishan partagent ici l’affiche pour délivrer au public un film particulier.

EN PLUS DU CHARME «BY NIGHT» CAPTURÉ À TRAVERS LA CAMÉRA, SHOR IN THE CITY

MÉTAMORPHOSE EN IMAGES L’ESSENCE DU RÊVE QUE PROJETTE CETTE VILLE. Encore une fois : Mumbai, c’est la ville où tous les rêves deviennent réalité. C’est justement ce que les personnages essayent de faire, de diverses façons. Même si l’intégralité du film ne se déroule pas pendant la nuit, c’est surtout cet aspect qui a captivé mon attention. La réalisation et le travail de post-production est esthétiquement soigné. Etant donné que l’histoire se centre sur des personnages comme vous et moi, l’image qui accompagne leurs péripéties donne un sentiment de modestie à une ville vue et revue.


LIFE IN A... METRO (2007) D ’A N U R A G B A S U . Abrégé sous le titre de Metro et avec un multi-casting impressionnant, le film se déroule à Mumbai et nous plonge dans le cœur battant de ses lieux. Dharmendra, Nafisa Ali, Shilpa Shetty, Kay Kay Menon, Shiney Ahuja, Irrfan Khan, Konkona Sen Sharma, Kangana Ranaut et Sharman Joshi ont choisi la capitale commerciale indienne pour accueillir le récit de leurs vies.

JOUR ET NUIT, DANS UN BEAU CLIMAT COMME SOUS LA PLUIE, LES IMAGES DE METRO REPRÉSENTENT LA VISION D’ANURAG BASU SUR LA VIE QUOTIDIENNE. Au-delà des beaux endroits, le métrage offre de l’authenticité. Cette vision de stress qui regorge dans des grandes villes similaires. Voir tous ces gens pressés et affairés à leur routine de tous les jours. En plus de cela, je trouve que la particularité du film, c’est le minstrel show que nous avons à chaque chanson. Le minstrel show, ou minstrelsy vient de l’anglais « minstrel ». Venu de l’Amérique au début du XIXème siècle, il s’agissait un spectacle de rue comportant de la musique, des danses, des intermèdes comiques... Aujourd’hui, un minstrel show, c’est que nous avons l’habitude de voir dans les bouches de métro.

ICI, UN GROUPE DE ROCK (DONT LE LEADER EST LE COMPOSITEUR PRITAM) INTERPRÈTE LES MUSIQUES DU MÉTRAGE DANS LES RUES BOMBAYENNES.

UN DERNIER MOT « Mumbai est une ville contagieuse.

Une fois que l’on vit à Mumbai, que l’on travaille à Mumbai, je ne pense pas qu’il soit possible de vivre ailleurs. » - Yash Chopra. Et vous, chers lecteurs, quels sont les films qui représentent au mieux la ville de Mumbai à vos yeux ?

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CINÉMA POURQUOI

p o u r q u o i . . .

JAB HARRY MET SEJAL MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR

POURQUOI ? MAIS QUOI DONC ? UNE QUESTION OUVERTE QUI VIENT SIGNIFIER MON INCOMPRÉHENSION DE SPECTATRICE. Ouverte à tous les films, à toutes les interrogations. Des questionnements qui peuvent aller dans le bon sens comme dans le mauvais. Pour ce premier essai au service de cette nouvelle rubrique, j’ai décidé de parler d’un film que je n’ai pas aimé. Je vous vois venir d’ici... « Asmae, elle va refaire sa relou à

tout critiquer pour rien, wesh... Et même que Mersal, c’était un film génial. Elle aime rien, cette débile ! » Non, je ne suis pas débile. Enfin, je ne crois pas. Ou bien, peut-être un petit peu... Mais ce n’est pas le débat ! Car j’aime le cinéma dans son entièreté. 090

Tenez, la semaine dernière, je me suis retrouvée à revoir R... Rajkumar pour le plaisir, alors que c’est objectivement un mauvais métrage. Mais je l’aime bien, j’éprouve de la tendresse pour ce film, probablement grâce à la prestation généreuse de ce cher Shahid Kapoor.

SAUF QUE LÀ, ON M’A VRAIMENT PRISE POUR UN JAMBON DE BAYONNE. Car il est facile d’apprécier une daube quand c’est ainsi qu’elle nous est vendue. En effet, on ne va décemment pas attendre des merveilles d’un film comme R... Rajkumar. Mais dans son style très débraillé, le métrage fait son taff. Ce qui m’exaspère en revanche, c’est quand on me vend un film qui, par les moyens investis et l’équipe qu’elle mobilise, doit supposément être qualitatif (ou au minimum sympathique) mais qui ne l’est en rien. Du coup, je me fâche tout rouge ! Et à juste titre. >



J’AI FUI JAB HARRY MET SEJAL À SA SORTIE, ET CE ALORS QUE LE FILM AVAIT TOUS LES ARGUMENTS SUR LE PAPIER POUR ME SÉDUIRE. Imtiaz Ali à la réalisation (auquel on doit un de mes films préférés, Jab We Met), A.R. Rahman à la composition, la pétillante Anushka Sharma au casting et Shahrukh Khan de retour avec un rôle romantique... De quoi organiser une grosse teuf pour quelqu’un comme moi !

ET PUIS LES CRITIQUES SONT TOMBÉES : LE FILM EST NUL. Et comme je ne suis pas masochiste, j’avais décidé de ne pas m’infliger ce métrage puisqu’il était qualifié par la majeure partie du public comme une grosse bouse. Et comme je ne suis pas scatophile non plus... D’autant

que le cinéma est pour moi l’occasion de me divertir et de passer du bon temps, avant tout. Alors pourquoi subir ça ? Puis, plus d’un an après sa sortie, j’ai vu que Jab Harry Met Sejal était disponible sur la plateforme Netflix, comme nombre d’autres œuvres de la filmographie de Shahrukh Khan, d’ailleurs. Je me suis donc lancée dans son visionnage, à l’instinct. Après tout, je n’en attendais rien et je savais par avance qu’il constituait une déception générale.

ALORS COMMENT SE FAIT-IL QU’APRÈS LE FILM, JE SOIS AUSSI EN COLÈRE ? Peut-être qu’en découvrant Jab Harry Met Sejal, j’ai pu prendre conscience de son énorme potentiel, et donc du gâchis qui en a été fait. Commençons par le commencement, et celui qui constitue pour moi le nœud du problème : Imtiaz Ali.


Le mec a démontré qu’il pouvait être un réalisateur démentiel, fin et puissant (Rockstar, Highway, Tamasha). Il a aussi prouvé qu’il savait répondre à l’appel du fric et vendre aux diables de la production de films son âme d’artiste (Love Aaj Kal).

AVEC JAB HARRY MET SEJAL, IL TOUCHE LE FOND, SELON MOI. Un scénario qui tient sur un ticket de métro (et qui semble surtout pompé sur ses précédents road-movies, mais sans le cœur qui faisait leur qualité), des acteurs en roue libre et des personnages antipathiques... RIEN NE VA. Imtiaz Ali n’en avait manifestement cure de faire un bon film. L’enjeu pour lui était d’ajouter Shahrukh Khan à son talent de chasse. Et étant donnés les derniers résultats en demi-teinte au box-office de la superstar, il fallait à ce cher SRK un projet qui rentre dans son genre de prédilection pour espérer fédérer de nouveau : la romance.

POURQUOI S’EMMERDER À ÉCRIRE UNE HISTOIRE QUI TIENNE LA ROUTE QUAND ON A LE KING KHAN À SON CASTING ? ON PLANTE UN DÉCOR EN CARTON-PÂTE ET ON LAISSE LE CHARME MAGNÉTIQUE DE L’ACTEUR OPÉRER, C’EST ÇA ? Parce qu’effectivement, Shahrukh Khan est fidèle à lui-même. Le comédien dégage une telle aura qu’il est impossible de ne pas croire en ce qu’il nous raconte, et ce même en campant un protagoniste que l’on peut aisément qualifier de détestable.

Mais ça ne fait pas tout. Encore plus lorsque l’actrice en face, ici Anushka Sharma, ne convainc pas. « Comment avoir le jeu d’une truite en

une (longue, très longue...) leçon de 2h25 ? Regardez (subissez) Anushka dans Jab Harry Met Sejal. » Pourtant, si vous lisez mes écrits depuis quelques temps, vous savez que j’aime Anushka. Je l’ai toujours trouvé juste lorsqu’il s’agissait de se fondre dans la peau de ses personnages. Mais dans Jab Harry Met Sejal, elle semble caricaturer ses rôles de filles affirmées avec la subtilité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Son jeu sonne faux et est criard comme c’est pas permis. La différence est d’autant plus remarquable lorsqu’à ses côtés, Shahrukh Khan remplit son contrat. Il est d’ailleurs la seule raison qui nous fasse tenir d’un bout à l’autre de la bobine sans lâcher le film à mi-parcours. Cela dit, j’ai regardé Jab Harry Met Sejal en 4 fois. Oui, vous avez bien lu. Toutes les 40 minutes environ, j’arrivais à saturation et je laissais la suite pour plus tard, le temps que je retrouve mon équilibre psychologique. Il m’a fallu près de 5 jours pour venir à bout de ce métrage tant son rythme était plat. Comme dirait le vidéaste Jhon Rachid... « Tu mets des roulettes, c’est un skateboard. » Parce que même la musique plutôt agréable de A.R. Rahman n’apporte pas de relief à ce film vide de sens et d’émotion. Bref, je suis remontée parce que ce film a coûté la peau des fesses (plus de 8 millions d’euros et un budget près de 4 fois supérieur à celui du plus beau film du cinéaste à mes yeux, Jab We Met). Et qu’il est merdique (oui, j’ose la métaphore filée pas subtile, c’est tout ce que mérite ce film). > 093


L’ÉCRITURE DE LA TRAME (QUE L’ON DOIT À IMTIAZ LUIMÊME, C’EST DIRE...) NE TIENT PAS DEBOUT ET S’APPUIE SUR DES PIROUETTES NARRATIVES UBUESQUES. Et si je veux bien entendre qu’un film ne me plaise pas tout simplement parce que je n’en suis pas la cible, ce n’est pas le cas ici. Jab Harry Met Sejal devait me plaire. Et ce qui me met autant en pétard, c’est le fait qu’Imtiaz Ali et Shahrukh Khan ait pris leur public pour des pigeons. J’ose imaginer leurs échanges... « Shahrukh Khan : Ecoute mon p’tit

Imtiaz, on va pas se faire chier. On va foutre au mixeur Jab We Met et Tamasha, pas besoin d’écrire un truc construit, les gens sont cons et ils s’en foutent. Ils paieront juste pour me voir, de toute façon. Bref, on leur vend leur Shahrukh chéri dans une romance dirigée par toi, nouveau maître du genre et c’est le jackpot ! Imtiaz Ali : Mais tu crois pas que les gens vont se rendre compte de la supercherie ? Shahrukh Khan : Bien sûr que non, mon con ! T’as bien vu que Happy New Year et Chennai Express ont cartonné ! Je te le dis : ils viennent pour moi, même si je joue dans une daube. » Donc regarder une bouse, pourquoi pas. Ou un film raté, à la limite. Mais regarder un film pour lequel aucun effort n’a été fait sous prétexte qu’il comptait une vedette fédératrice à sa tête, non merci. Quand je vois Aamir Khan présenter des excuses publiques pour avoir déçu ses fans en jouant dans Thugs Of Hindostan, je me dis que Shahrukh Khan aurait pu faire de même pour Jab Harry Me Sejal. A côté, Thugs Of Hindostan est un chef-d’oeuvre ! 094

Mais je crois que l’égo de Shahrukh et son autosuffisance sont tels qu’il n’admettra jamais que jouer dans un tel film est une atteinte à l’intelligence de son audience. « Non Shahrukh, nous ne courrons pas

voir chacune de tes sorties juste parce que tu y figures. »

CAR JAB HARRY MET SEJAL VIENT PEUT-ÊTRE MARQUER LA FIN D’UN CYCLE. L’époque où, quoiqu’il fasse, Shahrukh était suivi par sa fanbase. Car ce que l’acteur semble ne pas avoir compris, c’est que le cinéma hindi est en train de changer. Des films comme Stree ou Badhaai Ho (pour ne citer qu’eux et en ne se basant que sur l’année 2018) ont cartonné au box-office sans compter sur des grosses têtes populaires. Au lieu de ça, ils s’appuyaient sur des histoires fortes et des prestations sincères et qualitatives. Il serait peut-être temps pour toi, cher Shahrukh, d’intégrer ton âge (non, tu ne peux plus jouer les jeunes premiers à 53 ans, désolée...) et de comprendre que désormais, les gens attendent un semblant de contenu lorsqu’ils dépensent leurs tunes pour aller au cinéma. Tu sais, c’est une façon de les respecter et de leur témoigner ta gratitude pour tous tes succès passés... « Donc, tu veux dire qu’en admettant

hypothétiquement que mes fans ont un cerveau, je devrais désormais faire des films... de qualité ? »

OUI, PAPY. C’EST TOUT À FAIT ÇA. Bon, j’exagère, Shahrukh sait faire du bon cinéma. Mais ce n’est plus sa préoccupation première.


Alors pourquoi ? Pourquoi des films comme Jab Harry Met Sejal se font encore ? Tout simplement parce qu’il existera toujours des producteurs véreux prêts à tout pour générer du profit sur le dos de fans fidèles et parfois trop crédules. A nous de ne plus nous arrêter à un casting ou à un nom pour découvrir un métrage.

Car si certains tentent d’en faire un business, le cinéma reste un art. Et ça, tous les Jab Harry Met Sejal du monde ne le changeront jamais. 095


CINÉMA R. BALKI

R. BA LKI ET AK SHAY KUM AR SUR LE TOURNAGE DE PADM AN

R. BALKI : LES 3 FILMS QUI DISENT TOUT MOTS PA R FAT I M A Z A HRA EL A HMAR

Le réalisateur, c’est le chef d’orchestre. Il est l’esprit qui dirige une oeuvre et assure la collaboration des différentes équipes. Il mène les techniciens et les artistes pour arriver à transmettre une vision concluante via son film. Dans le cinéma indien, les réalisateurs se multiplient au fil des années. Leurs noms s’inscrivent dans la mémoire du public selon la portée de leur message, de leur style et du résultat commercial de leurs métrages. Et si nous nous focalisions un peu plus sur ces génies du cinéma que nous avons tendance à omettre ?

LE TEMPS D’UN ARTICLE, DÉCOUVREZ R. BALKI, SI VOUS NE LE CONNAISSEZ PAS DÉJÀ... 096

R Balki, en bref Les œuvres de R. Balki sont motivées par sa passion pour le cinéma. Il a toujours voulu devenir réalisateur. C’est un rêve qu’il a cherché à concrétiser dès son plus jeune âge. Balki a tenté de suivre un cursus au Madras Film Institute. Seulement, n’appréciant pas le jury qui devait évaluer ses compétences, il a décidé de laisser tomber. Il tente alors de se consacrer à des études en informatique, sans résultat. Au bout de sa quatrième année de Master, il est renvoyé de son école à cause de son manque d’assiduité. C’est à ce moment-là qu’il tombe sur une petite annonce dans le journal : une recherche pour des jeunes talents capables de réaliser des publicités. Il a commencé sa carrière derrière la caméra avec des vidéos


publicitaires. Sans cacher son admiration pour Ramesh Sippy, Balki a même admis s’en être inspiré pour la réalisation de ses spots. Son portfolio a inclus des vidéos publicitaires pour de grandes marques indiennes telles que Tata Tea, Idea Cellular, Surf Excel et bien d’autres. C’est avec Cheeni Kum, en 2007, que le réalisateur fait ses premiers pas à Bollywood. Et même si le film n’a pas eu la visibilité qu’il mérite, le style de R. Balki se démarque, avec à l’affiche Tabu et celui qui deviendra l’acteur fétiche du cinéaste : Amitabh Bachchan.

SON NOM NE FAIT RÉELLEMENT ÉCHO QU’EN 2009 AVEC LE PROJET PAA. Car oui, le concept est inédit. Abhishek Bachchan jouera le rôle du père d’Amitabh Bachchan. Le public ne sait pas à quoi s’attendre, mais la curiosité aide le film à faire parler de lui. Le 4 décembre de cette annéelà, Paa se révèle être un véritable succès sur tous les plans. Il reste à ce jour son oeuvre la plus encensée. Pour sa troisième réalisation, Balki s’associe de nouveau à Amitabh Bachchan. Shamitabh sort en 2015, avec Dhanush et Akshara Haasan pour accompagner Big B. Quand R. Balki annonce ses futurs projets, tout le monde s’attend à voir le nom d’Amitabh y figurer, mais le réalisateur suit son instinct et choisit les acteurs qui correspondent aux rôles qu’il a écrits. Pour Ki and Ka (2016), c’est Arjun Kapoor et Kareena Kapoor Khan qui incarnent les personnages principaux. Et pour Pad Man (2018), le casting se compose d’Akshay Kumar, Radhika Apte et Sonam Kapoor. Cependant, si tout se déroule comme prévu, R. Balki et Amitabh Bachchan devraient collaborer ensemble une nouvelle fois dans de futurs projets.

D’ailleurs, le réalisateur ne cache pas qu’il propose régulièrement à la légende indienne des films sur lesquels travailler en commun.

Ces 3 films qui disent tout de lui PAA (2009) réalisateur et scénariste. Ce n’est que son second métrage en tant que réalisateur, mais Paa propulse R. Balki vers la célébrité. Les nominations aux cérémonies de récompenses se multiplient, et même si le réalisateur n’en gagne aucun, le film et ses acteurs sont sacrés pour le travail fourni. Auro (Amitabh Bachchan) a 12 ans. Il aime s’occuper comme tous les enfants de son âge, et leur ressemble dans ses comportements et son instinct. La seule différence, c’est sa maladie. Atteint de la progéria, maladie génétique extrêmement rare qui provoque le vieillissement prématuré, il vit en toute modestie avec sa mère (Vidya Balan) et sa grand-mère (Arundhati Nag), jusqu’au jour où son père biologique (Abhishek Bachchan) refait surface, tout cela sans qu’ils ne sachent qui ils sont l’un pour l’autre. Paa, c’est un voyage émotionnel riche en messages sociaux : une mère célibataire qui fait tout pour surpasser la maladie de son enfant unique et un politicien qui laisse son ambition diriger sa vie.

AVEC SA DOUBLE CASQUETTE DE RÉALISATEUR/ SCÉNARISTE, R. BALKI S’EST LANCÉ UN PARI FOU QU’IL A GAGNÉ AVEC AISANCE. Le défi d’enrichir l’industrie cinématographique avec un film original, audacieux et très puissant. > 097


SHAMITABH (2015) réalisateur et scénariste. Pour son projet suivant, R. Balki s’éloigne un peu de la scène et prend le temps de le préparer. Depuis 2009, nous ne l’avons vu qu’en tant que producteur d’English Vinglish, réalisé par sa femme Gauri. Et l’attente en vaut la peine. Danish (Dhanush) est muet. Son handicap ne l’empêche pas d’adorer le cinéma, à tel point qu’il s’amuse depuis tout petit à jouer des scènes devant ses camarades. Ses expressions sont captivantes, et l’émotion qui se dégage de son regard est unique. Son seul problème, c’est qu’il n’a pas de voix. Son chemin croise celui d’Akshara (Akshara Haasan). Elle croit en son talent et décide de l’aider à trouver une solution, qui n’est autre que la voix d’Amitabh (Amitabh Bachchan). Ainsi, Shamitabh (Sh de Danish + Amitabh) voit le jour et devient l’un des meilleurs acteurs de sa génération. 098

Le succès au box-office du film est modéré, si ce n’est décevant. Pourtant, le résultat ne manque pas d’attirer l’attention : une fois de plus, R. Balki s’impose avec son style particulier et son choix scénaristique qui pousse à la réflexion. Il choisit la satire pour présenter ses idées.

C’EST L’HISTOIRE D’UN HOMME QUI REFUSE DE VOIR SON RÊVE RÉPRIMÉ À CAUSE DE SA CONDITION HANDICAPANTE. Et c’est aussi l’histoire d’un homme qui se voit donner une nouvelle chance après des années à résider dans l’oubli. La force de leurs caractères ainsi que l’avidité de l’un comme de l’autre donnent un alliage intéressant et explosif, que le réalisateur arrive à matérialiser devant sa caméra.


PAD MAN (2018) réalisateur et scénariste. Si pour son dernier film en date, R. Balki s’essaie au biopic, il choisit tout de même un film social et porteur d’un message fort. Laxmi (Akshay Kumar) est un homme modeste qui a vécu toute sa vie entouré de femmes. Sa sensibilité envers elles bat son plein quand il épouse la femme qu’il aime, Gayatri (Radhika Apte). Il est aux petits soins avec elle et ne veut que son confort. Motivé par cet amour, Laxmi fait tout son possible pour rendre le quotidien des femmes meilleur, en partant sur la création de serviettes hygiéniques qui soient à la portée de toutes.

SI ON PEUT REPROCHER AU MÉTRAGE SON RYTHME PARFOIS LENT, LE TRAVAIL DE RÉALISATION DE BALKI RESTE IMPECCABLE. Une fois de plus, il se focalise sur une thématique sensible, jugée même taboue en Inde, et réussit à faire passer un message sans brusquer les âmes sensibles. C’est tout en finesse et en modestie qu’Akshay Kumar délivre sa prestation, guidé par un réalisateur hors pair qui sait exactement où il veut en venir.

Mot d e l a f i n R. Balki se fait rare. En plus de 10 ans de carrière, il a un nombre modéré de films à son actif. Cependant, ses métrages véhiculent tous une partie de son essence :

IL AIME PRENDRE LE TEMPS DE CONCEVOIR SES PROJETS, DE BIEN LES STRUCTURER ET DE LES PENSER.

Le mélange des talents qu’il sélectionne est loin d’être orthodoxe, au même titre que ses sujets : Amitabh Bachchan qui courtise Tabu dans Cheeni Kum, Abhishek Bachchan qui échange les rôles avec son père devant la caméra pour Paa... Si les rumeurs se confirment, son prochain film s’annonce tout aussi intéressant que les précédents. Avec une nouvelle fois un biopic, R. Balki se prépare à présenter à son audience l’histoire d’Arunima Sinha. Elle est la première femme amputée à gravir le mont Everest. Affaire à suivre... 099


CINÉMA LUMIÈRE SUR

La musique indienne occupe une place primordiale dans le cinéma indien et constitue une composante essentielle du succès d’un film. La musique a évolué, au même titre que le cinéma lui-même, et incarne à elle seule le syncrétisme culturel dû à la globalisation. Cependant, l’Inde reste l’un des rares pays à avoir su sauvegarder son folklore, phénomène remarquable à travers la musique notamment.

Par le biais de cette rubrique musicale, vous découvrirez les grands artisans de la musique indienne d’hier et d’aujourd’hui. Chanteurs, paroliers et compositeurs, les classiques comme les jeunes révélations...

LUMIÈRE SUR...

ZACK KNIGHT MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR P HOTO G RAP HI E : I N STAG RAM ( @ IAM ZAC KKNIGHT )

ZACK KNIGHT EST PROBABLEMENT L’UN DES ARTISTES LES PLUS PROSPÈRES DE LA SCÈNE URBAINE INDOBRITANNIQUE. Son fer de lance : le R’N’B. Et j’en suis fan depuis que je suis tombée par hasard sur l’un de ses titres les plus connus sur Youtube : «Nakhre». La première chose qui m’a interpellée en l’écoutant, c’est le timbre du chanteur, absolument enivrant et profondément romantique. En 2014, il sort un premier album, Poison In My Sleep, qui passe relativement inaperçu.

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Pourtant, l'opus s'appuie sur quelques titres forts, de "Better Than Me" à "Beast In Me", en passant par "Hurt". Le style urbain de Zack Knight est déjà palpable, mais l'artiste ne chante qu'en anglais. L'ambiance de cet album n'est pas sans rappeler les succès d'un certain Jay Sean, autre vedette indo-britannique qui a marqué la scène R'N'B anglaise dès 2004. Si la voix de Zack Knight est forte et certaines de ses compositions efficaces, le travail du jeune homme manque encore d’identité. Mais la chaîne T-series voit quelque chose en lui et propose de produire et distribuer ses chansons à venir. >



ZACK S’ESSAIE DONC À UN EXERCICE TRÈS RÉPANDU CHEZ LES ARTISTES DE LA SCÈNE URBAN DESI, DE ARJUN À RAXSTAR : LA REPRISE. Il adapte donc plusieurs tubes du cinéma hindi et cartonne sur Youtube, notamment grâce à ses medley. Il faut dire que son timbre sublime les ballades qu’il s’approprie, de «Teri Galliyan» à «Hasi», en passant par «Baaton Ko Teri». Aussi, il reprend des titres en y ajoutant des paroles en anglais dans le but de toucher un public plus large avec «Looking For Love/Main Dhoondne Ko Zamaane Main», «Your Name/Tujhe Bhula Diya» et «Ishq Mubarak», toujours avec le même plébiscite. Sur sa chaîne Youtube personnelle, il réinterprète également des tubes planétaires comme «Do It Again» de Pia Mia et Chris Brown (qu’il réarrange et auquel il ajoute des paroles en hindi), «Problem» d’Ariana Grande ou encore «La La La» de Naughty Boy et Sam Smith. Les essais du chanteurs sont plus délicats avec un attachement pour l’interprétation en acoustique. Un moyen supplémentaire de marteler sa puissance vocale démentielle.

MAIS EN 2015, C’EST UN SINGLE ORIGINAL QUI VIENT DONNER UNE NOUVELLE DIMENSION AU PARCOURS DU JEUNE HOMME : «NAKHRE». L’Inde découvre les qualités de compositeur du jeune homme, et la diaspora qui était déjà fan le soutient avec encore plus de ferveur. Pour ma part, c’est la claque. Je me passe le morceau inlassablement en attendant avec impatience la suite de ses travaux... 102

En 2016, il surfe sur son succès en ligne et sort un second album, On Repeat, dont l’écho est plus discret. Mais des singles comme «When I’m Gone» et «Woah» séduisent le public. Une nouvelle fois, l’artiste chante exclusivement en langue anglaise pour ce nouvel opus. Entre titres très pop et mélodies mélancoliques, on reconnaît davantage le chanteur que sur son premier album.

MAIS C’EST EN S’INSPIRANT DE LA MUSIQUE INDIENNE ET PAKISTANAISE QUE L’ARTISTE SE TROUVE ENFIN ET IMPOSE PEU À PEU SON UNIVERS. Et ce qu’il s’agisse de chansons romantiques où il laisse son grain de voix doux et chaleureux faire le travail, ou de titres plus pop qui s’appuient sur des hooks et des gimmick restant en mémoire. Pour autant, il continue l’exercice de la reprise et du medley, qu’il étoffe pour faire des propositions de plus en plus personnelles. Avec le temps, la patte Zack Knight est née. Et si les paroles de ses titres sont souvent simples et faciles à retenir, le jeune homme excelle lorsqu’il s’agit de composer, livrant des instrumentaux énergique et inoubliables. Une voix de miel qui sort du lot, des vibes qui donnent des frissons et des instrumentaux entêtants et dansants. Telle est la recette qui marche pour le chanteur. D’un côté, il y a des singles qui donnent la bougeotte. «General», «Love Controller», «Bom Diggy» ou encore «Thumka» mêlent sa sensibilité R’N’B à ses influences musicales indiennes pour résulter en sons efficaces que l’on a juste envie de se passer en boucle. De l’autre, il y a les complaintes romantiques. «Tere Naam», «Cry for Me», «Chahat» et «Galtiyan» prouvent qu’il est le meilleur sur des mélodies qui laissent tout l’espace à son grain de voix sublime.


Parfois, le chanteur chante exclusivement en langue anglaise sur des titres comme «U And Me» et «Till I Met You». D’autres fois, il mêle sa langue natale au hindi, au punjabi voire à l’ourdou sur des sons tels que «Chahat», «Dum Dee Dum» et «General».

ET PUIS, IL Y A LE RESTE. PARCE QUE DANS L’ENTREDEUX, ZACK KNIGHT SE RÉVÈLE ENCORE PLUS. «Enemy» est aussi intense qu’entrainante, tandis que l’artiste sort de sa zone de confort avec «Ya Baba», reprise d’une chanson maghrébine iconique. En 2018, Bollywood lui fait les yeux doux en lui demandant de reprendre son duo avec Jasmin Walia, «Bom Diggy Diggy» pour la bande-originale de la comédie Sonu Ke Titu Ki Sweety. Le succès est immédiat, la vidéo promotionnelle de ce titre culminant à plus de 380 millions de vues sur Youtube.

AVEC «BILLS», LE CHANTEUR PREND DES RISQUES ET NE S’APPUIE PAS SUR SA VOIX, PROPOSANT UN ESSAI PROCHE DU HIP-HOP AMÉRICAIN. De son propre aveu, le titre constitue son plus grand saut dans l’inconnu. Le défi est largement relevé puisque «Bills» demeure l’un de ses plus gros succès populaires.

Nous sommes en décembre 2018, à Londres. Et pour la première fois, je m’apprête à aller voir Zack Knight en concert.

frère Mohamed, nous faisons plus de 3 heures de queue pour finalement avoir droit à un concert d’une petite heure. Entre bonheur et frustration, je ressors de cette expérience avec l’envie de taper l’équipe qui a organisé à l’arrache cet évènement pour avoir éprouvé mes nerfs. Mais je sors surtout comblée d’avoir constaté que sur scène et en live, Zack Knight est encore plus fort.

ZACK KNIGHT EST UN ARTISTE COMPLET. CHANTEUR, PAROLIER, COMPOSITEUR, PRODUCTEUR ET SHOWMAN, CET ARTISTE À LA VOIX ENVOÛTANTE RISQUE DE FAIRE PARLER ENCORE PLUS DE LUI À L’AVENIR. Sa fanbase n’a de cesse de s’accroître et sa discographie ne fait que s’étoffer avec le temps. Aujourd’hui, il est parmi les chanteurs les plus actifs de la scène urban desi, truffée d’autres personnalités talentueuses comme Mickey Singh, The PropheC ou encore Jasmine Sandlas.

ET COMME BOLLYWOOD EST SUSCEPTIBLE DE VOULOIR INVESTIR SON POTENTIEL, ON RISQUE D’Y ENTENDRE SA VOIX AVEC DAVANTAGE DE VIGUEUR. De quoi espérer le meilleur pour son avenir artistique...

La journée est difficile, et l’organisation est plus qu’hasardeuse. Avec Elodie et mon 103


C I N É M A L’A L B U M D U F I L M . . . Avant la sortie d’un film, c’est sa bande-son qui est disponible. Ces chansons permettent de donner un aperçu du métrage, sans pour autant trop en dire. Retour sur ces albums que l’on dévore en boucle et qui nous plongent dans un univers bien particulier, avant même qu’on ait vu quoi que ce soit en dehors de quelques clips... M OTS PA R E LO D I E H A M I DOV I C

LE PITCH DU FILM Depuis qu’ils se sont revus lors d’une réunion d’anciens élèves, Ram n’arrive plus à effacer Jaanu de son esprit. Elle était autrefois son premier amour...

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96’

Ta m o u l Sortie au cinéma le 4 octobre 2018, musique composée par Govind Menon. Paroles des chansons écrites par Karthik Netha et Uma Devi.


L’AMBIANCE Μ L’une des émotions principales qui se dégage de la bande-son de 96, c’est la nostalgie. Il y a quelque chose de très élégant et de très naturel. Les mélodies arrivent en douceur, prennent de l’ampleur puis disparaissent en laissant une trace, un parfum. Chaque mélodie est accompagnée de petits bruits naturels, parfois même de mots. C’est un voyage, celui de Ram et nous le suivons. Le travail de Govind, habitué à jongler entre les cinémas malayalam et tamoul, est reconnaissable par le violon qu’il maîtrise et qu’il ajoute dans ses compositions. A travers chaque séquence, il créé un souvenir.

LA PARTICULIER DE 96, C’EST QUE TOUTES SES COMPOSITIONS SE SUIVENT ET DÉGAGENT AINSI UN MONDE À PART. Ici, les acteurs ne vont pas se mettre à danser et à nous emmener dans une séquence rêvée sur les montagnes suisses. Les mélodies racontent l’histoire, autant que les dialogues des protagonistes.

1. A nt h aat h i C’est une chanson d’amour ! Un très grand thème du film, mais elle est bien loin de ressembler à ces chansons romantiques où le garçon courtise la fille. Nous sommes ici emportés par une révélation, une réunion. Il y a là le choc de deux voix, celles de Chinmayi Sripaada et Govind Vasantha. Et le rythme s’accélère, il va loin. Nous ne savons pas où nous sommes emmenés, mais quelque chose de positif s’approche, puis nous enveloppe. C’est agréable. Le refrain est porté par Bhadra Rajin qui coupe ainsi les deux mondes pour mieux les rapprocher.

La mélodie se conclue par un discours sur l’amour lui-même et ce qu’il représente. Comme un résumé du lien qui unit Ram à Jaanu.

2 . The Life Of Ra m Photographe, Ram est un voyageur. Cette composition se veut entraînante et représentative de l’esprit du personnage incarné par Vijay Sethupathi. Aussi, les images qui l’accompagnent sont tout simplement époustouflantes et le solo au violon du compositeur est comme un rappel à l’ordre : durant tous ces voyages, Ram est solitaire. Tout ce qu’il voit, il le voit seul. Ce n’est pas triste, mais ce n’est pas joyeux non plus. Pradeep Kumar joue avec son timbre de voix, tantôt calme et résigné, tantôt combatif et décidé. >


3. Ye an Lorsque «Yean» commence, c’est la magnifique voix de Gowri TP qui est mise en avant avec pour fond un peu de piano et d’instruments à cordes. On est immédiatement hypnotisés par cette beauté et cette force qui donnent des frissons. On comprend que ce chant illustre un appel du cœur, brisé. Et la fin nous laisse malheureux et incroyablement incomplets. Un morceau qui doit sans doute monter en puissance durant le visionnage, accentuant parfaitement l’état d’esprit de ses protagonistes.

4 . Vasant h a Ka a la n g a l Avec seulement deux instruments en fond (une guitare et une guitare électrique), la chanteuse Chinmayi Sripaada offre l’attente. Comme si une question avait été posée, mais qu’encore aucune réponse n’avait été donnée. Et c’est souvent dans l’attente que les esprits dérivent, alors la voix se transpose dans une ambiance plus douce, plus rêveuse l’espace de quelques secondes. L’espoir est là, l’espoir de grandes choses. Puis, nous voilà de retour dans le rythme des guitares, de retour dans la solitude.

5. T haab ang a le Chinmayi Sripaada et Pradeep Kumar se retrouvent, comme pour répondre à la chanson précédente. Le piano en fond créé un univers un peu noir, un peu inquiétant. Mais plus la mélodie avance, puis il y a un échange d’émotions. D’un côté le désir, de l’autre le besoin. La guitare de «Vasantha Kaalangal» refait une apparition pour être calmée par la voix posée de Pradeep Kumar. 106

La romance se fait désormais plus forte, les deux voix sont connectées et réchauffent les cœurs. Il y a quelque chose de pur, mais aussi de tragique...

6. I ra ving u T heeva i Et en parlant de tragédie, le duo poursuit sa route en entrant dans une zone de doute. Le peu de rythme accentue cet effet. Ce qui est appréciable, c’est qu’en gardant les mêmes chanteurs, chacun représente alors parfaitement les deux personnages principaux. Les deux âmes du métrage. Ils se complètent, s’éloignent et se retrouvent, s’acceptent aussi. C’est un délice à écouter, c’est aussi un méli-mélo d’émotions qui nous emporte. La chanson nous laisse cependant sur notre faim : mais où tout ça va-t-il se finir ?

7. Ka a tha la e Ka a tha la e Chanson phare du métrage, celle-ci est un complément à «Anthaati» et en reprend l’un des passages forts. Elle prend de l’ampleur à chaque seconde qui passe et dessine un lien fort. Elle est plus courte que les autres chansons, sans doute parce qu’elle accompagne une scène plus précise. Il existe une autre version dans l’album, avec la voix de Kalyani Menon en plus. Son timbre particulier ajoute une note de puissance à l’amour qui est le centre de cette histoire.

COMME SI LES ANNÉES AVAIENT FILÉ, MAIS QUE CE SENTIMENT N’AVAIT JAMAIS DISPARU...


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CINÉMA FILM VS LIVRE

Les films racontent une histoire, tout comme les livres. Cela n’a rien de nouveau, que ce soit en Inde ou dans n’importe quelle autre industrie cinématographique. Beaucoup de scripts sont effectivement basés sur des récits déjà écrits par des auteurs littéraires.

MAIS QUE SE PASSE-TIL QUAND CES HISTOIRES SE TRANSFORMENT VISUELLEMENT ? COMMENT L’ADAPTATION SE FAIT-ELLE ? OÙ LES CINÉASTES ONT-ILS ÉCHOUÉ OU, AU CONTRAIRE, RÉUSSI LEUR PARI ? Bolly&Co a décidé de se pencher sur ces projets officiellement inspirés d’ouvrages...

Laila Majnu M OTS PA R E LO D I E H A M I DOV I C 108

LAILA MAJNU Réalisé par Sajid Ali Laila n’a qu’une hâte : tomber amoureuse et croiser l’homme qui va changer sa vie. Quand Qaïs croise sa route, les deux se cherchent pour ne plus se lâcher... Sauf que les deux pères se font politiquement la guerre et quand leur union est dévoilée, Laila est mariée de force...

LAILA MAJNU Récit du poète Gandjavi Nezami (VIIème siècle) Qaïs est fou amoureux de sa cousine depuis l’enfance, Laila, et clame son amour ouvertement à travers ses poèmes. Lorsqu’il demande sa main, le père de la jeune femme refuse. Quand il marie sa fille à un autre, Qaïs se perd dans le désert à attendre son grand amour...


L’ hi s to i re gé n é ra l e Je tenais particulièrement à comparer cette nouvelle version de Laila Majnu avec l’un des premiers écrits de la célèbre légende pour une simple raison : c’est celle qui est la plus connue et la plus citée dans le monde. Le récit de Nezami, un poète persan du VIIème siècle, a contribué à la popularité de cette histoire d’amour qui daterait de Babylone et parlerait du vrai Majnu - Qays ibn alMulawwah. Quand on parle de Laila Majnu (pour ma génération en tout cas), on pense immédiatement à la séquence de 15 minutes du film Aaja Nachle. Pour les plus anciens, il y a l’excellent film de Harnam Singh Rawail, avec Rishi Kapoor, sorti en 1976. Aussi, cela a pris une telle ampleur en Inde qu’il est possible de visiter la tombe de Layla et Majnun dans le district de Sri Gaganagar, au Rajasthan.

l’amour de Qaïs est devenu si pur qu’il en est divin. Au fil des années, Majnu devient plus qu’un simple amant, il est le héros qui se bat pour ses sentiments, limités par la société qui l’entoure.

MAIS ALORS QU’EST-CE QUE ÇA DONNE, SI LAILA MAJNU SE DÉROULE À L’HEURE D’AUJOURD’HUI ? QUE DEVIENNENT NOS DEUX HÉROS, QUEL CONTEXTE METTRA À L’ÉPREUVE LEURS SENTIMENTS ? Dans le film de Sajid Ali, c’est encore une nouveau regard qui nous est proposé. Il faut savoir que le frère du réalisateur, Imtiaz Ali, a d’ailleurs aidé à l’écriture...

C’EST UN DRAME, UN AMOUR IMPOSSIBLE.

Les p erso nnag es

Pourtant, Laila Majnu va plus loin. D’une part, ça parle d’interdit. Laila est censée être la cousine de Majnu. Mais aussi de traditions, puisque les pères sont offensés que Qaïs décide qu’il va épouser Laila sans laisser les aînés en parler. Egalement de folie, lorsque Qaïs devient fou, littéralement, par amour pour sa bien aimée. D’art, parce que Qaïs utilise sa poésie pour clamer au monde l’injustice qu’il subit...

Le héros du film, c’est lui. Véritable révélation, Avinash Tiwary se glisse dans les chaussures d’un Qaïs impulsif et rêveur. Il rêve tellement qu’il a déjà une belle réputation de fou.

Il existe tellement de versions différentes que chacune est venue amener sa petite touche, son petit élément, tout en sauvegardant une base sensiblement identique. Les textes de Nezami sont si complexes, complets et parfois paradoxaux que d’autres ont essayé de clarifier son travail. L’interprétation des différents poètes et auteurs du monde arabomusulman renvoie souvent à l’idée que

Qaïs (Avinash Tiwary)

Avec sa famille et ses moyens, il est respecté et craint à la fois. Pourtant, il a conscience qu’il n’est pas meilleur qu’un autre. Sa seule certitude, c’est son histoire d’amour. A ses yeux, elle est inscrite et gravée dans la roche depuis toujours. Il est guidé par ses impulsions qu’il embrasse entièrement. Quand il aime Laila, il l’aime automatiquement d’un amour fou. D’un sentiment qui le dévore dès le premier jour. Ils sont destinés l’un à l’autre (donc stalker la belle, c’est tout à fait normal). C’est un poète à sa manière, un peu comme le Qaïs d’origine. Il n’a pas peur de dire qu’il aime Laila à toute la ville. > 109


ET QUAND IL FAIT FACE AU FAIT QUE LAILA NE SERA JAMAIS À LUI, QAÏS SE PERD. Et c’est cette transition qui est parfaitement exploitée dans le film au point où on finit par se demander : au fond, l’amour, c’est quoi ? Qaïs ne fait plus qu’un avec la nature, il devient une créature, amoureux de tout, il voit sa Laila en chaque chose, il vit dans un autre monde. Mais étrangement, en plongeant dans sa folie, il est également plus libre que jamais. Plus heureux que jamais. Cette transformation en Majnu est l’aspect le plus précieux du métrage, aussi touchant que perturbant.

Laila (Tripti Dimri) Sacrée Laila ! Si jolie qu’elle en est vaniteuse au possible et qu’elle adore que les mecs lui courent après ! Forcément, quand Qaïs passe au niveau supérieur du stalking, ça la rend toute confuse... Faut savoir ce que tu veux, ma belle ! Dans la version d’origine, Laila n’est pas censée être aussi jolie, elle est même plutôt banale. Sa beauté, il n’y a que Qaïs qui la voit. Dans cette version, on va plutôt accentuer jusqu’à l’extrême cette beauté, car même un visage trop attirant peut cacher la réalité.

ET LAILA N’EST PAS FADE, ELLE A MÊME UN SACRÉ CARACTÈRE, LA PETITE ! Elle aussi, c’est une rêveuse, une romantique. Elle veut croire que quelqu’un est destiné à l’aimer comme ces hommes dans les livres et les films. Malheureusement, son personnage est moins exploité, ce qui créé un léger déséquilibre. Tripti est très juste, mais davantage de scènes pour mieux la

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cerner auraient encore mieux servi l’histoire et son évolution. Car à sa manière, elle aussi devient folle...

Ibban (Sumit Kaul) Vous voyez, l’horrible mari de Laila ? C’est lui. Ici, il est caricaturé au possible, mais le jeu d’acteur de Sumit Kaul est juste extraordinaire (on en fait plus, des comme ça !). Lèche-botte du père de Laila, il a toujours été attiré par cette dernière. Pourtant, même marié à elle, il accepte son choix de chasteté. Dans le film, on ne sait pas trop ce qu’il s’est passé durant leur mariage, mais ce qui est certain, c’est que c’est un horrible personnage ! Dans l’oeuvre de Nezami, la version d’Ibban est plutôt vague.

ON NE SAIT PAS SI C’EST UN MAUVAIS HOMME OU PAS. MAIS ICI, LE RÉALISATEUR A PLUTÔT SUIVI CERTAINES INTERPRÉTATIONS OÙ LA STUPIDITÉ D’IBBAN LE RATTRAPE TOUJOURS.


C’est un moins que rien, un loser. Cependant, le père de Laila le voit simplement comme un bon garçon. Je ne saurais dire si c’est le cousin de la belle ou non (j’ai des doutes), mais cela rend d’autant plus symbolique cette adaptation : dans la version d’origine, on refuse que Laila épouse son cousin, au XXIème on préfère le cousin à un inconnu.

Les pères Comme dans l’histoire originale, les pères sont en désaccord. Ils sont l’un des obstacles principaux du couple. Dans Laila Majnu, c’est de la politique. Le gouvernement a saisi la terre de Masood (Parmeet Sethi), le père de Laila. Rapidement, c’est Sarwar (Benjamin Gilani), le père de Qaïs qui s’en saisit pour construire un hôtel de luxe. Cette terre a pourtant toujours appartenu à la famille de Laila. Donc la colère de Masood est innommable.

CE QUE J’AI SURTOUT APPRÉCIÉ (MAIS QUI N’ÉTAIT PAS ASSEZ EXPLICITE), CE SONT LES RELATIONS PÈREFILS ET PÈRE-FILLE. Laila aime son père, elle lui est loyale et quand il menace sa propre vie pour qu’elle se marie, elle n’a pas d’autre choix. D’un autre côté, le père de Qaïs aime tellement son fils qu’il est prêt à prendre sur lui et sa fierté pour aller faire face à Masood et demander de ne pas laisser ce conflit intervenir dans la relation entre les deux amants.

L’am bi ance g l o b a l e Je vais d’abord commencer par le négatif : la réalisation. La caméra n’est pas équilibrée. Entre séquences sublimes et images plus ‘has been’, il y a clairement un problème de montage. Aussi, le background score était

mal ajusté (le son de la musique baisse d’un instant à l’autre pour mettre en avant les voix des acteurs), ce qui est parfois franchement perturbant ! C’est donc sur les aspects techniques que le film trouve ses plus gros problèmes...

CAR L’HISTOIRE EST JUSTEMENT PENSÉE. Pas parfaite (les personnages secondaires ne sont pas aussi travaillés que les protagonistes principaux), mais le métrage essaye d’échapper aux exagérations et grosses ficelles de la légende, en justifiant la plupart de ses émotions et en transformant l’ancien par le moderne. Ainsi, l’aspect politique ne prend pas le dessus sur l’histoire d’amour. Les choses arrivent logiquement et parviennent à nous surprendre (ce qui est pourtant compliqué avec une histoire vue et revue). La première fois que Laila rencontre Majnu est aussi improbable que drôle. Tradition et modernité se confrontent. A aucun moment on ne doute des deux amants, de leurs sentiments. Pourtant, ça va vite. Un coup de foudre actuel, où les deux amants passent la soirée au téléphone. Leur sincérité nous touche, leurs péripéties aussi. Ils correspondent à des êtres du XXIème siècle, ils vivent pourtant une histoire d’amour qui date du VIIème. Il y a des petits détails, durant tout le métrage, qui sont un rappel à la légende comme la poésie de Majnu qui se transforme en de belles paroles de dragueur. Note spéciale à la bandeson du film, impeccable. Elle intervient parfois en séquence rêvée comme on n’en fait plus, parfois en balade romantique ou véritablement en changement d’ambiance pour accentuer une scène. On passe un bon moment, on est même captivé par la profonde tristesse de cette histoire d’amour impossible...

LA NOTE D’ADAPTATION 3/5 111


C I N É M A S C È N E C U LT E

Scène Culte La scène d’un film peut avoir de multiples résonances. Qu’il s’agisse de son propos, de sa mise en scène ou de sa place dans la narration, une scène peut magnifier par sa pertinence un film comme le gâcher lorsqu’elle est superflue ou dénuée de sens. Dans cette nouvelle rubrique, Bolly&Co se propose d’analyser les séquences cultes du cinéma indien pour justement dégager ce qui fait toute leur singularité...

« G a m l a n a h i n . . . Va s e . » de La Famille Indienne MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR

Réalisé par Karan Johar Acteurs de la scène : Amitabh Bachchan (Yashvardhan Raichand), Kajol (Anjali Sharma), Farida Jalal (Sayeeda), Shahrukh Khan (Rahul Raichand), Kavish Majmudar (Rohan Raichand) et Malvika Raaj (Pooja Sharma). 112


LE SET Grande pièce qui semble être le bureau de Yashvardhan Raichand, des livres sont disposés dans une grande bibliothèque en bois, avec en fond un grand escalier au cœur de cet espace circulaire. Le bois renvoie au côté précieux et important de l’endroit dans lequel les personnages se trouvent. Et surtout au statut de pouvoir de Yashvardhan. Un assistant est d’ailleurs en train de faire signer des documents à son patron, signifiant de façon encore plus criante les responsabilités que porte ce dernier. La grande table centrale avec le vase marque la frontière entre ce monde et celui, plus humble, d’Anjali.

LES COSTUMES D’un côté, un costume gris pour Yashvardhan mais aussi un tuxedo et une cravate pour son cadet Rohan. Toujours avec des tons sobres et épurés, pour représenter l’élégance et un certain raffinement. Une façon de plus de marquer la richesse et le rang social de cette famille. De l’autre, un salwar kameez coloré (plus précisément un patiala salwar) pour Anjali qui insiste sur le côté plus populaire et généreux du milieu duquel elle vient. Pooja porte également une tenue de ce type, s’opposant à celle, beaucoup plus sérieuse,

de Rohan. La tante Sayeeda est quant à elle vêtue d’un salwar kameez mais arbore un voile sur la tête, signifiant son appartenance religieuse. >

*c’est du sur-mesure, wesh*

*les cravates c’est trop swag* Μ*oh non, pas elleΜΜ*

Μ*laadooooooooooooooooooooooooooooΜΜ* 113


LA CAMÉRA Karan Johar filme sa scène en n’utilisant que des plans fixes. La séquence s’amuse justement des plans multiples, avec un premier plan mettant en avant Yashvardhan et un second plan où Rahul fait absolument tout pour décrédibiliser la belle Anjali. Le montage de Sanjay Sankla s’appuie d’ailleurs sur le point de vue de l’héroïne et la confusion que celle-ci génère chez Yashvardhan.

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L’ENJEU Anjali vient de renverser un vase de valeur en plein milieu de la fastueuse fête d’anniversaire de Yashvardhan. Sa tante (accessoirement nounou des fils Raichand) la somme de venir s’en excuser. C’était sans compter sur le style inimitable de la pétillante jeune femme...

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LES RÉPLIQUES

LE CARACTÈRE / LE TON DE LA SCÈNE Séquence humoristique par essence, c’est le comique de situation qui fait le sel de la scène. Anjali sermonne effectivement Rahul de l’avoir provoquée, mais Yashvardhan prend les apostrophes de la jeune femme pour lui. Ce running gag tient sa force de la prestation de Kajol, qui joue parfaitement les filles gauches et empotées.

LES HÉROS D’un côté, il y a Yashvardhan, un multimillionnaire qui en impose. De l’autre, il y a Anjali, une fille déjantée du quartier populaire de Chandni Chowk. La scène s’amuse de leur opposition, du fait que tout les sépare. Et ce jusque dans la mise en scène avec cet énorme vase (sujet principal de l’échange entre les protagonistes) qui se dresse entre eux. Le vase se casse d’ailleurs symboliquement en conclusion, comme pour signifier (avec un peu d ‘avance) à Yashvardhan qu’Anjali est celle qui viendra briser les traditions et l’ordre établi. De son côté, Rahul agit en secret, dans le dos de son père aussi bien au sens propre qu’au sens figuré.

Ici, le comique est plutôt de situation, s’appuyant davantage sur le jeu tordant de Kajol que sur des dialogues qui font mouche. Cela dit, l’une des répliques finales de la séquence, «Gamla nahin... vase» («Ce n’est pas un pot, c’est un vase») est devenue incontournable par son caractère cocasse. Surtout, cette phrase vient une fois de plus marquer la différence sociale entre une jeune femme familiarisée à l’usage de pots fonctionnels là où son interlocuteur fait l’acquisitions de vases uniquement décoratifs et précieux. On soulignera également le fait que Yashvardhan parle peu et d’un ton posé tandis qu’Anjali s’exprime de façon bien plus volubile, et en punjabi, s’il-vous-plaît !

POURQUOI C’EST CULTE ? Pour sa chute ! La maladroite Anjali vient effectivement s’excuser d’avoir brisé un vase de valeur pour finalement en casser un second dans son élan ! La prestation aussi cabotine qu’attendrissante de Kajol fait tout le reste du travail. On aime sa voix stridente, son enthousiasme et le côté sincère et sans filtre de son personnage, qui détonne avec l’allure impétueuse de celui campé par Amitabh Bachchan. Une bouffée d’air frais et l’une des scènes les plus hilarantes de l’oeuvre de Karan Johar, mais qui demeure forte en symbole dans le cheminement de sa trame. 115


C I N É M A E T S I O N C O M PA R A Î T L E S R E M A K E S ?

Happy Journey vs Koode MOTS PAR ASMA E BENM ANSOUR

L’Inde a pour habitude de miser sur les remakes, qu’ils soient régionaux ou internationaux. En effet, réadapter une oeuvre aux coutumes nationales voire régionales fait office de véritable tendance dans les industries indiennes, à Bollywood comme dans les capitales dravidiennes. En 2018 sort en Inde Koode, un film malayalam réalisé par Anjali Menon, à laquelle on doit notamment l’encensé Bangalore Days (sorti en 2014). Le métrage rencontrera un franc succès à sa sortie pour ses

personnages feutrés et son ambiance unique. Pourtant, Koode n’est pas un film original. En effet, il s’agit du remake officiel du métrage marathi Happy Journey, sorti en 2014 avec Atul Kulkarni, Priya Bapat et Pallavi Shubhash dans les rôles principaux.

KOODE CONSTITUET-IL UNE ADAPTATION RATÉE ? QUELS SONT LES ATOUTS DE CETTE VERSION ‘MADE IN KERALA’ ?

L’H I STO IRE Niranjan/Joshua (Atul Kulkarni/Prithviraj) vient d’apprendre le décès de sa soeur cadette Janaki/Jenny (Priya Bapat/Nazriya Nazim) des suites d’une longue maladie. En pleine détresse et ne sachant comment réagir, il revient chez ses parents à l’annonce de cette tragique nouvelle. Il retrouve son amour de jeunesse Alice/Sophie (Pallavi Subhash/Parvathy). C’est alors que lui apparaît le fantôme de sa soeur disparue... >

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KOODE ( 201 8)

H A P PY J O U R N E Y (2 0 14 )

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HAPPY JOURNEY EN 3 POINTS... Révélations féminines.

De Priya Bapat à Pallavi Subhash, Happy Journey donne à voir deux comédiennes aux styles radicalement différents, mais qui viennent insuffler leur charisme magnétique à ce métrage enlevé. Priya Bapat (qui ressemble d’ailleurs à s’y méprendre à Bipasha Basu) est pétillante et lumineuse, là où le jeu de Pallavi est davantage dans la retenue. Dans tous les cas, leurs prestations sont ce qui marquent en premier à la découverte du métrage.

Quelle idée !

Après l’accueil frileux de son premier essai en tant que réalisateur (le film hindi Aiyyaa, avec Rani Mukerji et Prithviraj, justement), Sachin Kundalkar étoffe ce nouvel opus avec l’envie de raconter une histoire unique. Clairement, son Happy Journey sort des sentiers battus et donne à voir un récit singulier sur la relation distendue entre un frère et une sœur.

EGALEMENT SCÉNARISTE DE CE PROJET, LE CINÉASTE FAIT D’UN PLOT ASSEZ FANTASQUE UN MÉTRAGE SINCÈRE ET TERRIBLEMENT EFFICACE. Il a su nourrir une idée ingénieuse mais qui aurait pu tomber dans la billevesée en livrant une image pure et réaliste avec des personnages qui avaient une vraie histoire à raconter.

Atul Kulkarni dans la lumière.

S’il semble un peu âgé pour le rôle, force est de constater qu’Atul Kulkarni fait partie des acteurs les plus sous-employés des cinémas indiens. Ce film vient renforcer le sentiment de gâchis qu’a fait de lui l’industrie du souscontinent. Il trouve effectivement avec 118

avec Happy Journey l’un de ses rôles les plus complexes, qu’il sublime par son immense talent.

KOODE EN 3 POINTS... Casting de choc.

Nazriya Nazim fait un retour en force dans un rôle lumineux et pétillant, mais pas dénué de profondeur et de sensibilité. Elle est à la fois fantôme et ange gardien. Elle permet effectivement à Joshua de se trouver tout en venant répondre aux questions restées sans réponse de son vivant. De son côté, Prithviraj est bouleversant dans le rôle de ce frère inhibé à l’excès, qui s’autorise enfin à penser à lui et à vivre sa vie. Parvathy est formidable dans un rôle secondaire qui lui permet cependant de montrer sa vulnérabilité. Si son temps de présence est moindre, Anjali Menon étaye ce personnage dans son écriture et dans son histoire.

Le soin du détail.

Comme dans ses précédents métrages, ce nouveau né d’Anjali Menon mise tout sur les détails. Sur ces petites choses qui font le sel d’un film vrai : la chambre colorée de Jenny, le van dans lequel tout se joue, le livre que le père de Sophie donne à cette dernière... C’est clairement ce qui fait le charme et l’identité de Koode. Anjali Menon a réussi à s’approprier l’histoire originale de Happy Journey en lui insufflant ce qui fait désormais sa marque de fabrique : une attache pour les finitions irréprochable et l’instauration d’une atmosphère unique.

Musique hors du temps.

Pas forcément efficace dès la première écoute, l’album de Koode se fond parfaitement dans l’atmosphère si particulière de l’oeuvre qu’il vient servir. La musique presque suspendue révèle avec beaucoup de justesse les tourments des protagonistes. Après des essais plus


dynamiques et ‘punchy’ avec les albums des films Mujhse Fraaandship Karoge et Bewakoofiyaan, le chanteur et compositeur Raghu Dixit s’approprie la patte ‘Menon’ qu’il saupoudre dans sa musique. Ses mélodies sont douces et mélancoliques, à l’image du métrage qu’elles illustrent. M. Jayachandra complète cet album avec brio.

3 POINTS DE CONVERGENCE... Les personnages et leur propos.

D’un côté comme de l’autre, on a ici droit à une analyse des relations humaines, de leur complexité et parfois même de leur caractère inachevé. Koode comme Happy Journey viennent souligner le besoin de >


complétude de chacun, notamment de Niranjan/Joshua qui a consacré sa vie à une sœur avec laquelle il ne partageait plus rien. Janaki/Jenny est devenue une étrangère. Niranjan/Joshua est désormais en quête d'une nouvelle raison de vivre.

C'est en apprenant à connaître Janaki/Jenny que Niranjan/Joshua trouve un nouveau sens à son existence.. En découvrant l'histoire d'amour inachevée de sa sœur, il décide de mener la sienne à son terme.

TOUTE SA VIE, TOUS SES CHOIX SE SONT CRISTALLISÉS AUTOUR DE LA MALADIE DE JANAKI/JENNY. MAINTENANT QU'ELLE EST PARTIE, QUELLE DIRECTION DOIT PRENDRE SA VIE ?

Janaki/Jenny apporte à Niranjan/Joshua la couleur et la foi qui lui faisaient défaut dans la vie. Puis Niranjan/Joshua fait la même chose avec Alice/Sophie, à laquelle il donne de nouveaux espoirs et de nouvelles perspectives de bonheur. Aussi, Janaki/ Jenny a pu vivre sa jeunesse pleinement là où Niranjan/Joshua a sacrifié la sienne. Désormais, c'est à son tour. A lui de faire

Notion de transmission.


l’expérience de l’amour, de la joie et de la liberté.

Atul Kulkarni.

Cette rancœur se manifeste à tous les niveaux : aussi bien dans sa relation avec sa sœur que dans celle qu’il tisse avec Alice.

En effet, tel un clin d’œil à l’oeuvre originelle, l’acteur fait une longue apparition dans Koode en incarnant le coach sportif de Joshua qui a manifestement beaucoup marqué le jeune homme.

Atul Kulkarni.

3 POINTS DE DIVERGENCE...

ENCORE UNE FOIS, ANJALI MENON S’ATTACHE AU CONTEXTE, À CRÉER UN ENVIRONNEMENT AVEC UNE PALETTE DE PERSONNAGES QUI CONTRIBUENT À LA CONSTRUCTION (COMME À LA DESTRUCTION) DE SES HÉROS.

Non-dits.

Koode est particulièrement fort dans ce qu’il n’affirme pas, mais dans ce qu’il suggère. Il apporte effectivement une réflexion sur la pédophilie et le patriarcat. Car on sait que Joshua a probablement été victime d’abus sexuels étant jeune, sans que ce ne soit jamais verbalisé.

KOODE EST AINSI UNE HISTOIRE SUR LES TRAUMATISMES À SURMONTER. Car avant de faire le deuil de sa sœur, Joshua doit dépasser sa propre histoire, ses propres fêlures. Aussi, c’est dans des petits instants que l’on voit que la place de Sophie est diminuée au possible. Enfant, on ne l’autorise pas à jouer au football. Adulte, sa famille ne la soutient pas alors qu’elle est victime de violences conjugales. Happy Journey ne va pas aussi loin et reste fidèle à son histoire principale.

Identités.

L’écriture des héros est la différence majeure entre les deux métrages. Le protagoniste original diffère de celui de la version de Mollywood. Niranjan est ici davantage en colère que réellement meurtri. Il sait ce qu’il a perdu et est empli de ressentiment.

Parce que son rôle dans Koode n’existe pas réellement dans Happy Journey, il est à la fois le lien indéniable qui réside entre les deux métrages et l’une de ses différences les plus manifestes.

En co ncl u si o n Si Happy Journey est un film attachant sur la renaissance de la relation avortée entre un frère et une soeur, Koode fascine par la manière dont sa cinéaste a repris cette histoire plus lui insuffler encore plus de profondeur.

DE FAIT, VOUS POUVEZ DÉCOUVRIR LA VERSION MARATHI PUISQU’ELLE EST OBJECTIVEMENT RÉUSSIE, MAIS SON REMAKE MALAYALAM LA SURPASSE PAR SA PRÉCISION ET SA JUSTESSE.

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PARVATHY THIRUVOTH

... À LA UNE


À L A U N E PA R VAT H Y

PA R VAT H Y MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR PHOTO G RAP HI E A N CI EN N EMEN T PUBLIÉE SUR LE COM PT E I N STAG RAM DE L’ACTRI CE ( @ PAR_VAT HY)

Elle porte le nom d’une déesse hindoue, mais aussi de l’héroïne de Sarat Chandra Chatterjee dans son ouvrage le plus populaire : Devdas.

Pourquoi avons-nous décidé de mettre Parvathy en Une de ce nouveau numéro ?

Concrètement, ça fait bien deux ans qu’en bonnes groupies de la comédienne, nous la citons comme l’une de nos potentielles «cover girls». Clairement, il faut dire que Parvathy est unique en son genre. Si elle cite Shabana Azmi et Nedumudi Venu parmi ses références, on sent chez la jeune femme une profonde volonté de tracer sa propre route en s’émancipant des sillages convenus préétablis par le cinéma indien.

CAR PARVATHY EST AVANT TOUT UN CAMÉLÉON, TOTALEMENT DÉVOUÉE À SES PERSONNAGES.

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ELLE NE CHERCHE JAMAIS À SE METTRE EN AVANT. Ce qui compte pour elle, c’est de rendre justice aux rôles que lui confient précieusement les cinéastes qui font appel à elle. Mais nous avions envie de savoir qui se cachait derrière Anjali (Milana), Maari (Poo), Panimalar (Maryan), Sarah (Bangalore Days) ou encore Sameera (Take Off). Finalement, qui est Parvathy ? Comment, sans être liée de quelque façon que ce soit au show-business indien, est-elle devenue l’une des interprètes les plus fines du souscontinent ? C’est à ces questions que nous tenterons de répondre. Et pour ceux qui n’ont jamais entendu parler d’elle, ce sera par ailleurs l’occasion de découvrir la richesse de la filmographie de cette artiste vive et engagée. >



N OT E B O O K ( 2 0 0 6 )


Mystère. On en sait peu sur son histoire. Même son âge demeure un point d’interrogation. Certaines sources diffèrent même de 10 ans, lui donnant entre 30 et 40 ans. Oui, rien que ça ! Il faut dire que le temps semble n’opérer aucun dommage sur Parvathy, qui a le même visage de poupée qu’à ses débuts, en 2006. A l’époque, la jeune femme affiche une silhouette sylphide, des cheveux longs et lisses qui lui donnent un faux air de Sonam Kapoor. A tord, les médias lui associent le nom de famille Menon. « Je n’aime pas que

l’on m’appelle Parvathy Menon. Un journaliste a un jour ajouté ce patronyme à mon prénom au prétexte que je sois native du Kerala. Mon nom complet est Parvathy Thiruvoth Kottuvata. Mais personnellement, je trouve que les noms qui marquent l’appartenance à une caste particulière ne doivent pas définir une personne. » C’est ainsi qu’elle choisit de se faire appeler Parvathy. Et uniquement Parvathy.

Née à Kozhikode dans l’Etat du Kerala de parents tous les deux avocats, Parvathy est une élève studieuse qui pratique le bharatanatyam durant son temps libre. Dès l’enfance, elle se pose beaucoup de questions et ressent le besoin de comprendre le monde qui l’entoure plutôt que de le subir. Par exemple, lorsqu’on lui signifie qu’une fille ne peut pas faire certaines choses, elle ose demander pourquoi. « Je leur laissais le bénéfice du doute.

Existait-il une raison biologique qui expliquait que les filles ne devaient pas grimper aux arbres ? Quelque chose à voir avec notre squelette ? Puis, j’ai réalisé que les hommes et les femmes

étaient constitués de la même manière mais qu’on me donnait une raison comme une autre de ne pas faire ces choses-là. » Jeune fille introvertie mais très cérébrale, Parvathy se nourrit de ses questionnements, qui feront rapidement d’elle une citoyenne éveillée et soucieuse d’agir. « C’est important de soulever de telles

questions d’autant que tout le monde ne le fait pas. Je ne pense pas avoir été une enfant très expressive à l’école. Je ne faisais pas partie du club de débat, vous savez. Mais lorsque j’étais avec ma famille et mes amis proches, j’avais des millions et des millions de questions à leur poser. Et c’est toujours le cas aujourd’hui. » En ce sens, elle peut compter sur le soutien de sa famille qui a toujours donné à Parvathy l’espace d’expression dont elle avait besoin. Sa mère, qui rêve d’un grand avenir pour elle, l’encourage alors à participer à un concours de beauté organisé par une chaîne de télévision locale. Admiratrice de la Miss Univers Sushmita Sen pour les causes qu’elle défend (notamment celle des enfants défavorisés), Parvathy tente sa chance et remporte le concours d’élégance suggéré par sa maman. Une victoire qui lui permet de mettre un pied dans l’univers du divertissement.

C’EST AINSI QU’ELLE OFFICIE EN TANT QU’ANIMATRICE SUR LA CHAÎNE MUSICALE KIRAN TV, BASÉE À THIRUVANANTHAPURAM, OÙ ELLE S’EST INSTALLÉE AVEC SA FAMILLE QUELQUES TEMPS PLUS TÔT. >


Débuts au ralenti. C’est en 2006 que Parvathy fait ses débuts au cinéma avec deux films contextualisés dans l’univers adolescent : Out of Syllabus et Notebook. Si le premier passe totalement inaperçu à sa sortie, le second fait l’objet d’un écho plus retentissant du fait de sa thématique : les grossesses hors-mariage. Pour autant, le succès populaire se fait attendre.

NOUS SOMMES ENSUITE EN 2007. Parvathy signe un film kannada qui va donner un coup de boost à sa carrière alors naissante. Avec Milana, elle trouve son premier succès populaire face à LA star incontestée du Karnataka : Puneeth Rajkumar. Si la qualité du métrage est toute relative, il va sans dire que Parvathy fournit un travail honorable dans cette romance à la fabrication certes hasardeuse. Cela dit, Milana est devenu culte grâce à la complicité entre la comédienne et son partenaire à l’écran. La jeune femme sera d’ailleurs pressentie pour deux prix d’interprétation féminine aux Karnataka State Film Awards et aux South Filmfare Awards. Ce plébiscite ne lui permet pourtant pas d’être davantage sollicitée par les producteurs de cinéma, qu’ils soient de Sandalwood ou des autres industries indiennes. En effet, si elle travaille cette année-là avec deux grosses têtes du cinéma malayalam (Dileep dans Vinodayathra et Mohanlal dans Flash), la place de l’actrice dans ces œuvres reste reléguée à celle, assez accessoire, de la compagne du héros.

DES PROJETS QUI NE LUI LAISSENT DONC PAS ASSEZ D’ESPACE POUR ÉCLORE. MALHEUREUSEMENT. 128

Reconnaissance puis oubli ? En 2008, la comédienne fait ses débuts au cinéma tamoul avec un film qui va clairement changer la donne pour la suite de sa carrière.

ELLE EST EFFECTIVEMENT LA STAR DU DRAME NÉORÉALISTE POO, FACE À L’ACTEUR SRIKANTH. Pour le rôle, elle passe sur la table de bronzage et s’illustre en véritable villageoise. Sa prestation fait non seulement l’unanimité auprès de la critique, mais lui permet surtout d’être révélée à l’audience du Tamil Nadu, qui la surnomme Poo en référence au métrage en question. Ce rôle vaut surtout à Parvathy son premier South Filmfare Award dans la catégorie de la Meilleure Actrice. Une belle revanche pour cette toute jeune artiste qui ne travaille au cinéma que depuis deux ans à l’époque. Cependant, ce plébiscite ne suffit pas. Parvathy ne signe pas de projets à la hauteur de son talent. Au contraire, elle tend à être enfermée dans des rôles similaires à celui de Maari, héroïne du métrage précité. Néanmoins, elle surfe sur sa popularité au Karnataka (due au blockbuster Milana) où elle joue dans deux projets : Male Barali Manju en 2009 et Prithvi en 2010. Pour le premier, l’actrice ne cache pas son excitation. « Nous avons tourné la majeure

partie du film dans le cadre spectaculaire de la région de Madikeri. (zone montagneuse du Karnataka, ndlr). » Dans

le dernier, elle retrouve Puneeth Rajkumar. Pourtant, ses personnages ne recouvrent aucun enjeu, la place de la belle demeurant assez décorative. >


CITY OF GOLD (2011)


M A R YA N ( 2 0 1 3 )


En 2011, elle surprend avec l’ambitieux City of Gold, dans lequel elle se révèle au sein d’un énorme casting mené par les frères à la ville Prithviraj et Indrajith, tous deux têtes d’affiche de ce film. Elle sera d’ailleurs nommée pour le SIIMA Award du Meilleur Second Rôle Féminin pour cette production malayalam.

PUIS ELLE DISPARAÎT DES ÉCRANS DEUX ANNÉES DURANT, POUR NOUS REVENIR AVEC UN PROJET CLAIREMENT SINGULIER...

Claque. Il faut donc attendre 2013 pour que Parvathy fasse son grand retour au travers du film Maryan. Pour ce métrage à l’atmosphère unique, elle collabore avec le formidable Dhanush, dont l’aura est telle qu’elle ne laisse de coutume que peu de place à ses partenaires. Cependant, Parvathy fait exception tant sa complicité avec l’acteur est magnifique. La jeune femme revient d’ailleurs sur la manière dont elle a investi le personnage de Panimalar, qu’elle joue dans l’œuvre. « Même si c’était physiquement

épuisant, cette expérience a eu un effet positif sur moi. Une fois sur le tournage, j’oubliais qui j’étais et je devenais entièrement Panimalar. » Surtout, Maryan lui permet de rappeler aux productions son potentiel absolument démentiel, hélas sous-exploité malgré le succès d’estime de Poo. Maryan lui vaudra par ailleurs une nomination pour le South Filmfare Award de la Meilleure Actrice en langue tamoule, prix d’interprétation qu’elle remportera lors de la cérémonie des SIIMA Awards. Une occasion de rappeler ce à côté de quoi l’industrie tamoule est passée après le phénomène Poo...

Cette fois, Kollywood retiendra la leçon et fera appel à elle dès l’année suivante pour le film de la légende Kamal Haasan intitulé Uttama Villain. Et surprise, elle ne campe pas son amoureuse ! « J’étais tellement heureuse de jouer la

fille de Kamal Haasan dans ce film. J’en ai marre des rôles clichés ! J’aimerais travailler sur davantage de films expérimentaux. » Preuve qu’elle devient progressivement une actrice avec laquelle il va falloir compter.

Le devant de la scène. C’est pourtant sur sa terre natale qu’elle va véritablement exploser. Le cinéma malayalam lui donne matière à explorer les différentes facettes de son talent et fait rapidement de Parvathy sa nouvelle coqueluche, à l’instar de Nazriya Nazim et de Sai Pallavi.

EN 2014, BANGALORE DAYS OUVRE LA MARCHE ET LUI OFFRE UN RÔLE COMPLEXE ET D’UNE GRANDE SENSIBILITÉ : CELUI DE LA BRILLANTE ANIMATRICE RADIO SARAH. Et si la jeune femme est dans un fauteuil roulant, jamais son écriture n’est limitée à ce handicap. Au contraire, la réalisatrice Anjali Menon insiste sur les qualités de son héroïne et sur son incroyable beauté (aussi bien extérieure qu’intérieure). Parvathy donne vie à ce rôle avec une délicatesse bouleversante et remportera le South Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin, à juste titre. L’année 2015 représente un tournant > 131


monumental puisque Parvathy est à l’affiche des deux films qui vont définitivement la consacrer comme l’une des interprètes les plus fascinantes du cinéma indien du sud. Et desquels elle est la star ! Le premier, Ennu Ninte Moideen, l’illustre dans un biopic romantique face à l’impeccable Prithviraj. Son jeu distillé et sensible fait l’unanimité, lui valant de nouvelles distinctions de la Meilleure Actrice aux South Filmfare Awards et aux SIIMA Awards.

elle incarne une infirmière divorcée confrontée à des circonstances exceptionnelles. Cette prestation lui permettra de remporter une mention spéciale lors de la prestigieuse cérémonie des National Awards, véritable graal pour tout acteur indien. Elle sera également sacrée Meilleure Actrice lors des South Filmfare Awards, SIIMA Awards et Kerala State Film Awards. Autant dire qu’elle a mis tout le monde d’accord !

LE SECOND, CHARLIE, LUI PERMET DE RETROUVER DULQUER SALMAAN APRÈS LEUR ASSOCIATION FRUCTUEUSE DANS BANGALORE DAYS.

PARVATHY FAIT ENSUITE SES DÉBUTS AU CINÉMA HINDI AVEC UNE COMÉDIE ROMANTIQUE AUSSI SYMPATHIQUE QU’ENLEVÉE : QARIB QARIB SINGLLE.

Dans ce drame dirigé par Martin Prakkat (réalisateur des succès de Mollywood tels que Best Actor et American Born Confused Desi), Parvathy incarne un personnage affirmé de femme en quête d’émancipation, qui lui va d’ailleurs comme un gant. Un rôle qu’elle a adoré camper bien qu’elle ne s’y retrouve pas du tout. « Tessa est une âme nomade difficile à saisir. » Une fois de plus, sa prestation fait l’objet d’un accueil dithyrambique de la part du public comme de la critique. Pour ses deux films malayalam de l’an, le gouvernement de son Etat natal lui remettra (comme son nom l’indique) le Kerala State Film Award de la Meilleure Actrice. Une façon de plus de marteler son statut d’actrice pertinente et audacieuse.

Confirmation et essai à Bollywood. En 2017, elle excelle d’abord avec Take Off, suspense inspiré de faits réels dans lequel 132

Elle a l’honneur d’y faire face au grand Irrfan Khan et d’être dirigée par l’une des rares femmes cinéastes de Bollywood : Tanuja Chandra. « Tanuja et moi avons eu de nombreux

échanges au sujet de mon personnage, de ce à quoi sa vie avec son ex-mari pouvait ressembler. C’était l’épouse d’un soldat, habituée à un certain style de vie. [...] On la voit soudain s’intéresser à un homme auquel elle croyait ne jamais être sensible, qui à son contact s’ouvre aussi à d’autres personnes très différentes. Elle devient réceptive aux gens divers. C’est une ouverture que j’ai envie de voir illustrée au cinéma et à la télévision. » L’année suivante, elle s’associe par deux fois à l’acteur Prithviraj, 3 ans après leur association réussie dans Ennu Ninte Moideen. Ils travaillent d’abord communément pour Koode, remake du film marathi Happy Journey que nous analysons d’ailleurs dans ce numéro. >


CHARLIE (2015)


QARIB QARIB SINGLLE (2017)


Au service d’un rôle secondaire à fleur de peau, Parvathy ne déçoit pas et vient étoffer un peu plus un métrage déjà prodigieux. Les deux acteurs se retrouvent ensuite dans My Story, romance dans laquelle elle incarne une star de cinéma tombée amoureuse d’un acteur émergent. Ce film s’appuie essentiellement sur leur imparable alchimie, qui fait une nouvelle fois des merveilles à l’écran.

Elle fonde, avec d’autres actrices, un collectif de femmes qui fait suite aux révélations d’agressions sexuelles d’une éminente personnalité du cinéma malayalam sur plusieurs comédiennes. Parvathy a ellemême été victime et réaffirme la nécessité de verbaliser de tels actes pour qu’ils soient condamnés. « Pourquoi je ne révèle pas le nom de

Dès ses débuts, l’actrice refuse de jouer le jeu de la célébrité. Ainsi, elle ne sera l’égérie d’aucune marque ni ne se donnera en spectacle lors de cérémonies de récompenses. Aussi, elle refuse toutes les propositions qui lui sont faites de figurer dans un item number.

celui qui m’a agressée ? Parce que je sais que je serai la seule à le faire. Tant que je n’aurai pas créé une armée de victimes qui sera prête à parler, je ne pourrais pas le faire. Parce que je n’ai aucune preuve, n’est-ce pas ? Nous avons besoin de femmes qui osent dire qu’effectivement, cet homme est un agresseur récidiviste. Et nous en avons plusieurs au sein de cette industrie. Leur temps viendra. »

CAR LA BELLE A BEAU AVOIR DU SUCCÈS, ELLE NE TRAHIT JAMAIS SES PRINCIPES.

Sans tabou, elle parle aussi du sexisme qu’elle y a subi lorsqu’elle demandait notamment de consulter le script avant de signer un projet.

En faisant la promotion de son film hindi, Parvathy a pu montrer ses qualités d’oratrice en interviews. Elle a des choses à dire et ne manque jamais de les revendiquer. Les médias se l’arrachent à l’ère du mouvement #MeToo, car Parvathy s’est toujours autorisée à évoquer les dérives de l’industrie dans laquelle elle a fait l’essentiel de sa carrière : celle de Mollywood.

« Mais rien n’arrête un véritable artiste.

Engagements.

« Il y a des gens dans l’industrie qui

demandent à des femmes de coucher avec eux pour obtenir un rôle. On me l’a demandé. Le pire, c’est qu’ils vous le demandent ouvertement comme si c’était leur droit. J’ai su dire non. Et au bout d’un moment, lorsque vous avez réussi à vous faire une place dans l’industrie, ils n’osent plus vous demander quoique ce soit. »

Rien n’arrête l’art. C’est une forme d’arrogance dont un artiste sincère a besoin pour s’affirmer . »

ET MAINTENANT ? Prochainement, on retrouvera Parvathy dans deux métrages malayalam très attendus. Elle sera d’abord l’héroïne de Uyave, dans lequel elle incarnera une femme victime d’une attaque à l’acide, pratique hélas terriblement récurrente en Inde. Une façon de plus de défendre la cause des femmes dans son pays au travers de son art. Elle prendra également part au film ‘multistarrer’ Virus, qui s’appuie sur une distribution grand format comptant entre autres Tovino Thomas, Asif Ali et Rima Kallingal. > 135


Pourtant, les propositions se font de plus en plus rares pour l’actrice, qui paie largement son franc-parler. Elle a effectivement osé critiquer la superstar de Mollywood Mammootty pour avoir signé le film Kasaba en 2016, dont elle dénonce le caractère misogyne. L’énorme fanbase de l’acteur se déchaîne sur elle via les réseaux sociaux, où la comédienne reçoit un nombre calculable d’insultes et de menaces de mort. Ce qui l’amène à prendre une grande décision à l’aube de l’année 2019 : disparaître des réseaux sociaux en supprimant ses comptes officiels, qu’elle réactivera finalement quelques mois plus tard, une fois la tempête médiatique passée.

MAIS SURTOUT, SA SINCÉRITÉ AMÈNE CERTAINS PRODUCTEURS À LUI TOURNER LE DOS. « Les films malayalam que j’ai signés

m’ont été proposés avant toute cette affaire. Le seul que j’ai signé après, c’est Virus d’Aashiq Abu. Mais ça ne me surprend pas car Aashiq est quelqu’un de très ouvert. J’ai signé mes autres projets avant la sortie de Kasaba, » disait-elle en novembre 2018. Ce qui n’empêche pas la comédienne de rester fidèle à sa ligne directive. Ni les scandales, ni les tentatives d’intimidation ne viendront ébranler ses convictions. Après tout, durant ses 13 années de carrière, la belle a largement eu l’occasion de prouver sa valeur face à la caméra. Et c’est tout ce qui importe pour elle. « Bangalore Days, Take Off, Charlie

ou encore Koode ont tous rencontré le succès. Mon film hindi a aussi trouvé son public. J’aurais très bien pu faire le choix de surfer là-dessus en cherchant à me remplir les poches, notamment en devenant égérie de plusieurs marques. 136

Mais je n’ai jamais mis la priorité sur un plan de carrière stratégique. Ce qui compte, c’est ma conscience. Et c’est cette conscience qui me maintient éveillée la nuit . »

PARVATHY N’A PEUR DE RIEN. NI DES ÉCHECS, NI DES DÉFIS. C’est ainsi qu’elle a fait sa place dans tout le sud du pays. Et elle compte bien continuer dans cette voie ! « Si vous parlez en termes d’industries,

je ne me suis jamais limitée au tamoul, au malayalam, au hindi ou au kannada. Quelle que soit la langue, que ce soit du swahili, du marathi, du bhojpuri ou du bengali, je serai heureuse de travailler sur un film qui m’intéresse. » Lorsqu’on

l’interroge sur son statut marital, la réponse de Parvathy est à l’image de sa personnalité. Car non, peu importe qu’elle soit en couple ou célibataire. Parvathy est actrice et c’est la seule chose que devront retenir ses fans. « Je pense que les questions concernant

ma vie privée ne sont pas nécessaires. Je ne sors pas dehors à demander aux passants qui sont leurs conjoints. Au même titre que je ne veux pas parler de cela pour ce qui me concerne. Je veux que le public comprenne mes personnages. Les acteurs de cinéma ne sont pas la propriété de leur audience. »

Le travail d’introspection de Parvathy dans chacun de ses personnages est total. Elle s’interroge sur tout ce qui fait ce qu’ils sont, des livres qu’ils doivent lire aux produits de beauté qu’ils peuvent (ou non) utiliser. « Chacun de ces personnages a laissé

une marque indélébile en moi. Chacun d’entre eux m’a construite. » Vous aussi, Parvathy. Vous avez laissé une marque indélébile en nous.


KOODE (2018)


À L A U N E PA R VAT H Y

PA R VAT H Y, SES MEILLEURES M É LO D I E S M OTS PA R AS M A E B E NMAN SO UR

Parce que les mélodies qui ponctuent les œuvres de Parvathy sont à l’image de la personnalité multi-dimensionnelle de la jeune femme, voici notre sélection musicale consacrée à la comédienne...

«Dh een a » DE POO (2008) En langue tamoule Composé par S.S. Kumaran Interprété par Shankar Mahadevan et Hemambiga Le grain de voix rocailleux de Shankar Mahadevan représente à merveille le rythme cadencé auquel va la vie de Maari auprès de son époux. La jeune femme a ici décidé d’être heureuse et épanouie dans son mariage malgré son passif, et c’est ce que cette chanson vient évoquer sur un instrumental niché entre la ballade et le dappankuthu. 138

TAKE OFF ( 2017 )

«Innum Konjam Naeram» DE MARYAN (2013) En langue tamoule Composé par A.R. Rahman Interprété par Vijay Prakash et Swetha Mohan Cette composition du maître oscarisé A.R. Rahman démontre que le Mozart de Madras n’a pas volé son surnom ! Si «Innu Konjam Naeram» aurait pu être une énième séquence musicale mièvre, elle devient un instant suspendu par sa poésie et l’authenticité des personnages qu’elle sert.

DE L’ART DE TOMBER AMOUREUX SANS FEUX D’ARTIFICES NI GRANDILOQUENCE SOLDÉE.


«Mukkathe Penne» DE ENNU NINTE MOIDEEN (2015) En langue malayalam Composé par Gopi Sundar Interprété par Gopi Sundar et Muhammad Maqbool Mansoor Pourvu d’un instrumental des plus basiques, «Mukkathe Penne» puise sa sensibilité bouleversante dans les timbres mêlés de Gopi Sundar, très doux, et de Muhammad Maqbool Mansoor, plus en élan. Preuve que les meilleures choses sont souvent les plus simples.

«Pularikalo» DE CHARLIE (2015) En langue malayalam Composé par Gopi Sundar Interprété par Shakthisree Gopalan et Muhammad Maqbool Mansoor

L’INSTRUMENTATION DE CE MORCEAU FAIT TOUTE SA FORCE ET SON CARACTÈRE. Avec ses accents orientaux et la voix profonde de Shakthisree Gopalan (qui faisait déjà des merveilles en 2014 sur «Naan Nee» de Madras en tamoul), le titre est à l’image de son héroïne Tessa : fort, indépendant et empli de complexité.

«Mohabbathin» DE TAKE OFF (2017) En langue malayalam Composé par Gopi Sundar Interprété par Gopi Sundar, Divya S. Menon et Muhammad Maqbool Mansoor

Cette ballade ponctuée de saxophone vient illustrer l’histoire entre Sameera et Shaheed au cœur de ce film haletant de Mahesh Narayan. «Mohabbathin», c’est l’instant onirique, d’apaisement et de répit de ces protagonistes éprouvés.

«Dana Paani» DE QARIB QARIB SINGLLE (2017) En langue hindi Composé par Anu Malik Interprété par Papon, Anmol Malik et Sabri Brothers Sur cet air inspiré du qawwali, la voix évidée de Papon fait des merveilles. Idéal pour mettre en image les élucubrations de Yogi, poète excentrique incarné par Irrfan face à la pragmatique Jaya, que joue ici Parvathy.

«Mizhi Mizhi» DE MY STORY (2018) En langue malayalam Composé par Shaan Rahman Interprété par Shreya Ghoshal et Haricharan Archétype de la séquence romantique au cinéma indien, «Mizhi Mizhi» est largement magnifié par le timbre cristallin et si reconnaissable de Shreya Ghoshal, qui donne à cette chanson son caractère éthéré et aérien.

DE QUOI METTRE IMPECCABLEMENT EN VALEUR LA COMPLICITÉ ENTRE PARVATHY ET SON PARTENAIRE PRITHVIRAJ, DONT L’ASSOCIATION EST PARTICULIÈREMENT EFFICACE DANS CETTE ROMANCE. 139


À L A U N E PA R VAT H Y

PA R VAT H Y, SES RÔLES INOUBLIABLES... M OTS PA R AS M A E B E NMAN SO UR

Actrice engagée et singulière, Parvathy oscille entre drames puissants, fresques visuelles et comédies familiales. A chaque fois en y distillant son inaltérable envie et son goût pour le défi.

RETOUR EN 6 PERFORMANCES SUR LA RICHE CARRIÈRE D’UNE A R T I S T E Q U I N ’A PA S FROID AUX YEUX... 140

C HARLIE ( 201 5)


Maari DANS POO (2008) L’histoire d’une jeune fille dans la fleur de l’âge qui rêve. Probablement trop pour le monde étriqué dans lequel elle est née... Parvathy se révèle avec ce premier projet en langue tamoule et montre ici toute sa sensibilité au service d’un métrage qui sort de ses précédents essais, plus grand public.

Panimalar D A N S M A R YA N ( 2 0 1 3 ) Une femme qui ose, que rien n’arrête et qui ne sourcille pas face à l’homme qui lui plaît. Panimalar est l’incarnation de la forte tête au coeur d’or face à un Dhanush démentiel. Parvathy le complète à merveille dans ce drame remarquable et remarqué.

Sarah DANS BANGALORE D AY S ( 2 0 1 4 ) Une femme avant tout. Avant la chaise roulante et le handicap. Dans le rôle de Sarah, Parvathy vient rappeler qu’une maladie ou un handicap ne vient jamais définir un être humain.

C A R S A R A H E S T AVA N T TOUT UNE JEUNE FEMME BRILLANTE, MAGNIFIQUE ET TERRIBLEMENT C H A R I S M AT I Q U E .

Kottatil Kanchanamala a.k.a. Kanchi DANS ENNU NINTE MOIDEEN (2015) Μ Sensible et pondérée, Kanchi puise sa douceur dans l’interprétation feutrée de sa comédienne. Face à Prithviraj dans ce film qui oscille entre romance et biopic, la comédienne enfonce le clou en prouvant qu’elle peut tout incarner.

Te s s a DANS CHARLIE (2015) Déterminée et énergique, Tessa est la femme en quête de réponses. Celle qui a besoin de comprendre ce qui la précède pour ensuite pouvoir avancer. Au travers de ses recherches sur l’énigmatique Charlie, on ne peut que s’attacher à elle et la trouver absolument irrésistible.

Sameera D A N S TA K E O F F ( 2 0 1 7 ) En mère courage, femme divorcée et infirmière dévouée, Parvathy trouve avec ce rôle une nouvelle occasion de prouver son impressionnante polyvalence. Sameera réaffirme sa valeur et ses droits, ne s’excuse pas d’avoir divorcé ni d’être très investie dans son travail, et ce malgré un entourage familial à la mentalité phallocrate. L’occasion pour Parvathy de faire passer un message profondément lié à ses valeurs au travers d’un de ses plus beaux personnages... 141


Bol lyc iné Fra nce Bollycine France annonce une nouvelle collaboration avec le distributeur Les Films de La Haute-Vallée et vous présente Once Again, le deuxième film du réalisateur Kanwal Sethi avec Neeraj Kabi et Shefali Shah. Produit par Neufilm et co-produit par ZDF/ARTE, il sera sur vos écrans le 24 avril 2019 avec une avant-première le 17 avril au Saint André des Arts à Paris en présence du réalisateur.


... CRITIQUES NORD


CRITIQUE F L AS H BAC K

Ae Dil Hai Mushkil MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR

L’article Flashback, je l’ai longtemps investi pour parler de films qui sont chers à mon cœur. Certains étaient de véritables classiques tandis que d’autres méritaient d’être reconnus davantage à mes yeux.

MAIS CETTE FOIS-CI, J’AI DÉCIDÉ DE CHANGER LA DONNE. Car je trouvais dommage de ne choisir que des films qui me plaisaient, comme si je cherchais à ce qu’on valide mes goûts et préférences. Ce n’est pas l’objectif de cet article. Alors pour une fois, j’ai porté mon choix sur un film que je n’aime pas et dont j’ai un très mauvais souvenir.

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ROMANTIQUE MAGISTRAL DE LA DÉCENNIE. Un Karan Johar qui faisait un retour en force, des acteurs brillants qui portaient des personnages superbes... Bref, j’ai tout entendu... Et je n’ai rien compris. Non parce que moi, j’ai trouvé Ae Dil Hai Mushkil écrit lamentablement et incarné de manière gauche par ses acteurs (si j’exclus Aishwarya qui m’a agréablement surprise dans un rôle assez cliché de palliatif affectif). Pour le reste, je n’ai pas saisi l’engouement, ni ce qui faisait la qualité d’Ae Dil Hai Mushkil.

Pourtant, vous êtes nombreux à l’avoir adoré à sa sortie. Je m’en souviens parfaitement, c’était en 2016.

J’AI DONC DÉCIDÉ DE VOUS LAISSER LA PAROLE AFIN DE CONNAÎTRE L’EXPÉRIENCE QUE VOUS AVIEZ FAITE DE CE FILM.

DERNIER NÉ DU RÉALISATEUR KARAN JOHAR, AE DIL HAI MUSHKIL ÉTAIT PRÉSENTÉ COMME LE DRAME

Tous les avis ont été répertoriés, des plus négatifs aux plus dithyrambiques. Ae Dil Hai Mushkil vient en tout cas prouver une chose : que le cinéma est, comme tout art, affaire de subjectivité…


Elodie JE VAIS ÊTRE HONNÊTE, JE NE ME SOUVIENS PLUS D’AE DIL HAI MUSHKIL. Oui, plusieurs des chansons du film sont dans ma playlist, mais le métrage en lui-même, je l’ai vite oublié. Je n’en ai qu’un vague souvenir qui se résume à cela : le style vestimentaire d’Alizeh était trop cool, Anushka Sharma sans cheveux, ce n’était pas beau à voir, Ranbir (parce que je ne sais même plus le nom de son personnage) qui joue les stalkers/chanteurs psychopathes qui n’a jamais la même voix, c’est n’importe quoi, Aishwarya Rai Bachchan sublime et très juste dans le seul personnage intéressant - le film aurait dû tourner autour d’elle, franchement -, Fawad réduit à n’être qu’une figuration, ce qui n’est pas plus mal vu l’échec du film, toutes les références que Karan Johar se fait à lui-même, ce n’est pas drôle, et... C’est tout. L’écriture du film était inexistante, bourrée d’incohérences et les personnages lourds, presque irritants et désagréables. On ne s’accroche à rien, on lève les yeux au ciel 10 fois par seconde et on finit par se demander pourquoi on s’inflige une telle torture. Il suffit de regarder les clips sur Youtube et vous aurez vu le meilleur du film, pas la peine de perdre deux heures pour ça !

Nadia J’ai bien aimé l’histoire, c’est un peu comme un coup de foudre amimour (même si lui est amoureux), même s’ils ont essayé de faire leur vie chacun de leur côté, sans succès.

Rokia LA PERFORMANCE DE RANBIR EST SIMPLEMENT GÉNIALE, SUPER BIEN DOSÉE. Mais en général, j’ai trouvé ce film nul. Je me suis endormie dans les 40 dernières minutes. Les musiques sont trop bien ! « Channa Mereya », hymne à la friendzone mais on aime car c’est tellement aérien et poignant. « The Breakup Song » te fait bouger même si tu n’es pas dans le mood et « Bulleya » est géniale aussi. > 145


L’histoire est sympa. Le rôle d’Aishwarya est bien travaillé, mais elle n’apporte pas plus que ça à l’histoire à part le fait que son rôle soit comme une épreuve dans le voyage initiatique d’Ayan. Et Anushka aussi est pas mal du tout... Ce film m’a fait presque aimer son acting.

Ornella

Julia

Londres. Ayan, jeune étudiant qui cherche sans succès à se lancer dans la musique, rencontre lors d’une soirée Alizeh, une fille excentrique, directe et sûre d’elle. Sauf que ni Ayan ni Alizeh ne sont célibataires, mais leurs relations réciproques sont si pathétiques et superficielles que ce ne sera bientôt plus un obstacle.

ALORS DÉJÀ, J’AI ÉNORMÉMENT AIMÉ CE FILM. IL M’A FAIT RIRE, M’ÉNERVER, PLEURER... LES MONTAGNES RUSSES !

Le seul véritable problème étant qu’Alizeh est toujours amoureuse de son ex, Ali, qui lui a brisé le cœur. Et quand l’amitié d’Ayan pour Alizeh se transforme en amour, celle-ci se trouve incapable d’éprouver un sentiment réciproque pour lui.

Sinon, la fin est très barbante, Karan a fait des montages russes qui se sont finies par un tout petit looping alors que je m’attendais à quelque chose de plus prenant.

Je ne suis pas une big fan de Ranbir Kapoor mais je pense que c’est mon film préféré de lui de par son rôle hyper sensible et drôle ! Il l’a joué à merveille. Anushka est toujours parfaite, son rôle m’a touchée, la femme amoureuse d’un con (je t’aime Fawad) qui gâche une belle relation avec un homme qui l’aimerait sûrement comme il faut. Le rôle d’Aishwarya ne m’a pas forcément marquée mais c’est toujours un plaisir de la voir brièvement dans un film, idem pour Shahrukh Khan. La bande-son est géniale, un sans faute avec un gros coup de cœur pour « Channa Mereya » que j’ai dû écouter en boucle 2 semaines après avoir vu le film. En gros, pour moi, ce film a rassemblé un peu de tout ce qu’on aime dans un Bollywood, Karan sait y faire ! Ah oui ! Et le rôle de Lisa, super bien choisi, elle m’a fait tellement rire ! Et la fin vraiment, une grosse surprise. Qui s’attendait à ça, sérieux ? 146

Rien n’égale le pouvoir d’un amour unilatéral, contrairement aux autres liens, on ne le partage pas. «Qui est Ali ? Mon apocalypse.»


Karan Johar met en scène une jeunesse dorée et fastueuse à laquelle le spectateur lambda peut avoir du mal à s’identifier : Ayan voyage en jet privé et, quoiqu’étudiant, invite ses amis dans des restaurants gastronomiques. Même l’appartement de la belle Saba, jouée par Aishwarya Rai, est si grand et luxueux que c’en est presque indécent. Mais c’est une jeunesse qui cache des blessures et qui se cherche : c’est en ce sens qu’elle peut nous toucher et nous atteindre. La première partie du film nous offre quelques moments de franche rigolade, conséquence du caractère imprévisible et fantasque d’Alizeh, mais aussi des nombreuses références souvent parodiques aux classiques de Bollywood. Les non-initiés seront sûrement un peu perdus, ou passeront en tout cas à côté de la plupart des gags. Il n’en demeure pas moins que cette première moitié est un concentré de fraîcheur et de bonne humeur. On a quand même parfois une fâcheuse impression de déjà-vu : la personnalité d’Alizeh, drôle, libérée mais déjà complètement désenchantée par l’amour, est devenue un cliché, certaines parties du scénario sont un copié-collé de Rockstar à la virgule près (notamment, le discours selon lequel on ne peut devenir un bon chanteur qu’après avoir souffert par amour). La seconde partie est plus lente et plus conventionnelle : l’humour qui était bienvenu a laissé place au mélodramatique.

KARAN JOHAR FRÔLE LA CATASTROPHE QUAND TOUT CELA DEVIENT FRANCHEMENT TROP LARMOYANT, MAIS SE RATTRAPE DE JUSTESSE EN GARDANT UN CERTAIN SECOND DEGRÉ JUSQU’À LA FIN.

On a quand même un peu du mal à croire à cette Alizeh toujours forte dans n’importe quelles circonstances... La bande-originale jongle entre des morceaux très entraînants, aux chorégraphies bien exécutées, et d’autres beaucoup plus lents et mélancoliques. Dans les deux cas, la musique est de qualité. Comme le chant du cygne, les chansons d’Ayan deviennent beaucoup plus subtiles et harmonieuses quand il est confronté à la souffrance et au désespoir.

PARLONS UN PEU DES PERFORMANCES : RANBIR KAPOOR ET ANUSHKA SHARMA S’EN TIRENT HAUT LA MAIN ET SAUVENT LE FILM À PLUSIEURS REPRISES PAR LEUR SEULE PRÉSENCE. Aishwarya, plus resplendissante que jamais, est relativement convaincante dans son rôle de femme fatale qui s’autorise une aventure avec un homme plus jeune. Malheureusement, le film aurait aisément pu se passer de son histoire avec Ayan qui n’ajoute rien à l’intrigue principale. Je suis partie avec un mauvais a priori sur Ae Dil Hai Mushkil. Malgré ses défauts et même si on est très loin des grands films de Karan Johar, le film s’est avéré meilleur que prévu. L’humour et les émotions s’y mêlent adroitement, l’intrigue, malgré un vrai moment de faiblesse au milieu du film, tient en haleine et c’est toujours un tel plaisir de voir un film indien sur grand écran ! Ae Dil Hai Mushkil reste une bonne comédie romantique sans être très originale ni exceptionnelle, les aficionados du genre y trouveront certainement leur compte. Les autres peuvent passer leur chemin. > 147


Haniss Pour ma part, j’ai dĂŠcouvert ce film Ă travers la bande-annonce très rĂŠussie, et ĂŠvidemment les clips musicaux.

LES TOPS : La distribution du film : ĂŠvidemment, retrouver Ranbir Kapoor, Aishwarya la lĂŠgendaire, Fawad Khan, Anushka sans oublier les apparitions du King Shahrukh Khan et d’Alia Bhatt... C’est quand mĂŞme quelque chose đ&#x;˜ ! Les musiques et les clips : De très très bonnes musiques avec le grand et l’unique Arijit Singh, on pouvait s’y attendre‌ ÂŤ Channa Mereya Âť est devenu culte tout comme ÂŤ Bulleya Âť... Sans oublier ÂŤ The Breakup Song Âť Les changements d’univers : On vagabonde dans plusieurs endroits comme Paris, Londres, la Suisse avec ensuite un retour en Inde pour le mariage d’Alizeh... Du coup, ça embellit et ça accentue les dĂŠcors... Beaucoup de rebondissements, et beaucoup de faits inattendus ! J’ai bien apprĂŠciĂŠ aussi la façon dont on a fait apparaitre Aish et SRK, au moment oĂš l’on s’y attend le moins, et on est carrĂŠment contents de les voir... Surtout la rencontre Ă l’aĂŠroport...

LES FLOPS : Anushka/Ranbir et Aish/Ranbir, c’Êtait pas fluide quand il y avait des moments intimes, du coup par moment ça faisait pas naturel. J’ai trouvĂŠ que dans les 20 dernières minutes, ça s’accĂŠlĂŠrait trop rapidement, je veux dire qu’ils ont Ă peine eu le temps de se retrouver qu’il y a eu une succession de choses, de conflits en si peu de temps, ils auraient dĂť s’Êtendre un peu plus‌ Enfin, j’ai aimĂŠ le cĂ´tĂŠ amitiĂŠ qui l’emporte au finalement malgrĂŠ l’obstination d’être amoureux... 148

Ca montre justement qu’on peut faire un film  romantique  en faisant triompher cet aspect... On inverse les rôles en quelque sorte... Habituellement, ce sont des personnes qui Êtaient amies de base et qui se battent pour au final être en couple... Là au contraire, c’est plutôt l’amitiÊ renforcÊe qui clôture le film, malgrÊ la triste fin...

Rouguy CE FILM EST TOUT SIMPLEMENT UN BOLLYWOOD DES ANNÉES 1980 (LES MEILLEURS POUR MOI) SORTI EN 2018 ! Il y a de l’Êmotion, du rire, de la comĂŠdie, du drame et beaucoup de formes d’amour. Et pour moi c’est justement ça, Bollywood !

Ya y a Ce film, c’est pour moi d’abord une bandeson gĂŠniale avec des chansons inoubliables (Arjjit Singh est un gĂŠnie), c’est peut-ĂŞtre une impression mais j’aime Ă croire que le film a ĂŠtĂŠ conçu autour des chansons et pas l’inverse. Ce film, c’est aussi une vraie hĂŠroĂŻne pour changer, Anushka n’est pas la ÂŤ femme de Âť mais le film tourne autour d’elle, de son histoire, de sa vie et la façon dont elle la dirige mĂŞme face Ă la maladie. Ranbir y est sublime en ÂŤ pleureuseÂť, haha ! Il assume son cotĂŠ vulnĂŠrable Ă fond et donne de la lĂŠgèretĂŠ au film. Seul bĂŠmol, Fawad y a un rĂ´le trop petit et n’est pas utilisĂŠ Ă la hauteur de son immense talent. Enfin, on peut dire ce qu’on veut sur Karan, il sait rĂŠunir les ingrĂŠdients pour nous faire adhĂŠrer Ă ses films. Et en cela, c’est un vrai faiseur de rĂŞves.


Mimi Avant de le regarder, je pensais que ce film était assez superficiel car il jouait beaucoup sur le côté sensuel en voyant les photos postées avec Aishwarya Rai et Ranbir Kapoor. Puis, je me suis décidée il y a quelques mois seulement car Ranbir Kapoor n’a jamais réussi à me faire aimer ses personnages, que je trouvais sans consistance.

MAIS ÇA C’ÉTAIT AVANT ! Ce qui est bien avec le film, c’est qu’on ne s’attend vraiment pas à la progression des sentiments du personnage de Ranbir et à la chute de l’histoire. On se dit que c’est une histoire assez « banale » qui commence.

Et finalement, jamais je n’avais vu aussi bien mis en scène et interprété à l’écran ce qu’était un amour à sens unique, je n’ai jamais autant ressenti (à travers les personnages) le délaissement, la solitude, le mépris, la frustration, l’incompréhension et surtout le rejet par la personne aimée. On en vient même à se demander pourquoi on ne veut pas nous aimer, pourquoi est-ce qu’on ne comprend pas la force de l’amour qu’on donne... Pourquoi on ne nous rend pas ce que l’on donne ? Pour ce qui est du reste, les chansons sont magnifiques ! Anushka et Ranbir remplissent parfaitement leur contrat, ils sont justes dans leurs rôles respectifs. Et la fin, tellement triste… Mais ce sont les meilleurs films qui nous font pleurer à la fin... > 149


Rawzia J’AI PRIS ÉNORMÉMENT DE TEMPS AVANT DE ME LAISSER TENTER PAR CE FILM. Je regrette presque de ne pas l’avoir vu avant. Ranbir quel talent, cet acteur ! Il m’a fait passer du rire aux larmes et des larmes aux rires. Anushka est sublime ! Le film tourne autour d’elle. Petit passage d’Aish, mais c’est toujours un plaisir de la voir ! Fawad, c’est mon coup de cœur de ce début d’année. Et Lisa m’a beaucoup fait rire ! On est emporté par le jeu des acteurs ! On veut partager leurs joies et leurs peines. Et les chansons, un vrai régal à la hauteur du film !

Karima Alors moi, j’ai été agréablement surprise parce que je suis pas fan de films modernes bollywoodiens, le fait de s’inspirer de l’Occident ne me plait pas trop. Pourtant, j’ai tout apprécié, les dialogues, la qualité de jeu des acteurs, les décors et la complicité des 2 stars qui est frappante. On est happé par l’histoire et la tournure qu’elle prend. C’est rare en 2018/2019 de voir un film de cette qualité.

Fatima-Zahra Quand Rockstar se marie à Kuch Kuch Hota hai avant de décider d’aller en lune de miel avec Sweet November, le fruit de cette union se matérialise dans le très médiocre Ae Dil Hai Mushkil. Pour quelqu’un qui n’aime que très rarement les romances, et qui donc n’attendait absolument rien du film, c’était étonnant pour moi d’en sortir tout de même très déçue ! 150

Je dirais que le plus gros point faible du film réside dans l’écriture et la réalisation de Karan Johar. Bien qu’étant un réalisateur assez médiocre à mes yeux, il a tout de même réussi à produire des films auxquels on s’attache, et des métrages possédant un minimum d’originalité. Avec Ae Dil Hai Mushkil, il a tout simplement décidé de passer au mixeur tout ce qu’il a déjà fait par le passé, et le résultat n’est pas très fameux ! Aucun des personnages n’est mémorable au final, car ils sont tous assez plats. Leurs histoires ne sont jamais exploitées, et audelà des petits dialogues de deux minutes balancés à droite et à gauche durant le film, on ne sait pas ce qui fait d’eux ce qu’ils sont aujourd’hui. N’étant fan d’aucun acteur participant au casting, c’est avec grande surprise que j’ai découvert qu’en réalité, leur jeu d’acteur n’était pas le souci, mais plutôt la grande faiblesse du scénario qu’ils présentaient. Après tout, comment pourraisje y croire en tant que spectatrice si même les acteurs semblent être perdus vis-à-vis de ce qu’ils illustrent ? J’aurais aimé citer quelque chose de positif sur ce film, mais en toute franchise, à l’exception de la musique qui est bien insérée dans la narration, je ne trouve rien d’autre à dire. Si l’amour est traduit par des relations superficielles entre des personnages superficiels, dans ce cas Ae Dil Hai Mushkil est le meilleur film de son temps vu que c’est tout ce qu’il a à offrir : de la superficialité au plus haut point. Après plus de deux heures de visionnage, que retient-on vraiment ? Qui est Ayan ? Personne. Qui est Alizeh ? Personne. Qui est Ali ? Personne. Qui est Saba ? Personne. Et il est très difficile pour qui que ce soit de s’accrocher à personne, et de souffrir quand personne souffre.


Brice 3 raisons pour lesquelles Ae Dil Hai Mushkil me semble être un mauvais film.

1. LES NOMBREUSES RÉFÉRENCES AUX FILMS HINDI POPULAIRES D’ANTAN VIA LES CHANSONS. Comme le mauvais plagiat de la chanson « An Evening In Paris » du film portant le même nom... Comment vous dire que oui mais en fait non ! Je t’adore Ranbir, n’aies pas de doute là-dessus, mais tu es comme du vieux pain rassis, face à la superbe brioche onctueuse qu’était Shammi Kapoor, parlons aussi de la fadeur ultime d’une Anushka Sharma pourtant d’origine si brillante, et qui reprend les paroles d’une chanson de l’exquise Jayaprada dans Tohfa, sans parler de l’atroce mise en scène de « Tere Mere Honthon Pe » de Chandni, qui reste a ce jour une des plus jolies chansons jamais écrites en langue hindi. Le tout sonne comme une bien mauvaise caricature. Comme l’impression de se tenir face à un novice en la matière, et qui pour se sortir d’une discussion qu’il ne maîtrise absolument pas, se mettrait à sortir absolument toutes ses faibles références sur l’industrie du film (#Devdasforlife)... Comment dire que c’est plat, c’est lourd, c’est en fait le long commencement d’une longue (d’une très longue) panne d’inspiration pour les producteurs populaires qui semble-t-il, ont fait le tour de ce qui pouvait se faire en la matière.... #CestDésolant.

2. FAWAD KHAN EST UN ACTEUR TELLEMENT CHARISMATIQUE

et si je le suis depuis ses premières séries sur le câble pakistanais, vous avez tous et toutes eu un avant-goût de ce même charisme en 2014 (dans le film Khoobsurat avec la belle plante, que dis-je l’INSIPIDE Sonam Kapoor)... Bref, quelle frustration de ne pas avoir abouti davantage son personnage, alors qu’il était selon moi la vraie force de ce film, le pont qui aurait pu lier Alizeh à Ayan, et nous faire comprendre beaucoup de choses. Ali est un homme tellement incertain dans ce que nous voyons, nous sommes dans un flou total face à lui, il débarque et s’en va en une fraction de seconde. Sans explication, comme un cheveu sur la soupe, parce que nous n’avons pas eu la chance de savoir qui il est vraiment.

3. LA FIN, VOUS VOULEZ VRAIMENT EN PARLER ? Non parce que j’ai l’intime conviction qu’il devait faire à peine jour en cette fin de tournage, que Karan Johar n’avait pas bu son café (le jeu de mot est sympa avouez-le...) et qu’il n’avait qu’une envie : celle de retrouver son lit pour finir sa nuit. Il a dû dire à son équipe : « Bon les gars, on fait ça vite fait bien

fait, en une prise, et si les spectateurs ne comprennent pas, et bien ils n’auront qu’à boire ce fameux café du matin ». Du moins j’espère vraiment que c’est la raison de ce bâclage chaotique, parce que sinon c’est vraiment impardonnable de nous avoir servi ça comme le film du renouveau.

ON VA FINIR SUR UNE BONNE NOTE, LISA HAYDON M’A FAIT BEAUCOUP RIRE EN CRUCHE ÉCERVELÉE, ET DÉCONNECTÉE DE TOUTE RÉALITÉ. 151


CRITIQUE N O R D

ANDHADHUN MOTS PAR FATI MA ZAHRA EL AHM AR

LE MYSTÈRE ET L’HUMOUR NOIR NE FONT PAS TOUJOURS BON MÉLANGE. AVEC ANDHADHUN, SRIRAM RAGHAVAN SE LANCE POURTANT LE DÉFI D’ATTEINDRE CETTE HARMONIE PARFAITE. 152

Après s’être éloigné de sa zone de confort ces dernières années, le réalisateur revient avec un film surprenant, qui vous prendra de court. Et c’est le moins que l’on puisse dire. Akash (Ayushmann Khurrana) est un pianiste aveugle. Sans famille, il surmonte seul les obstacles de la vie et s’habitue à son quotidien en essayant de ramasser une somme d’argent importante. Son rêve


est de participer à une compétition de pianiste se déroulant à Londres. Comme il le dit si bien : pour vivre sa passion musicale, il a surtout besoin de son ouïe. Son chemin croise celui de Sophie (Radhika Apte) par accident, et cette demoiselle lui propose d’animer le restaurant de son père. En acceptant ce boulot, la dernière chose à laquelle Akash s’attend, c’est de voir – jeu de mots inclus - son existence changer. Comment sa vie peut-elle se transformer ? Quel sort lui réserve le destin en plus de ce qu’il a déjà vécu ?

LES THRILLERS ET LES FILMS QUI TOURNENT AUTOUR DU MYSTÈRE SONT COMPLIQUÉS. C’est un genre qui attire un public de plus en plus large, mais qui arrive rarement à éblouir. C’est paradoxal. Cependant, c’est logique : l’audience en a beaucoup trop vu. Tous les thrillers semblent partager la même formule, à tel point que le mystère qu’il est sensé porter n’en est plus un. Beaucoup voient venir le rebondissement avant qu’il ne se déroule. L’œuvre de Sriram sort du lot. Andhadhun est une aventure aux multiples plaisirs. D’abord, la musique. Les mélodies douces et entraînantes du pianiste, qui trouve en cette passion un moyen de communiquer... Un hommage particulier aux films muets d’une époque passée, car le réalisateur utilise cet élément à la perfection, pour harmoniser certaines de ses scènes sans dialogue. Après tout, le titre peut facilement se traduire comme « la mélodie aveugle ». Ce fut un véritable plaisir de voir le piano aussi bien utilisé. Deuxièmement, cette forme d’handicap : être aveugle. La vulnérabilité qui entoure Akash est parfaitement interprétée. Comment il l’utilise à son avantage et comment cela se retourne contre lui dans certaines >


situations. Si l’idée initiale n’est pas le fruit de l’inventivité de Sriram (elle est adaptée du court-métrage français L’Accordeur, d’Olivier Treiner), le résultat final est tout bonnement génial.

ou qui tirent en longueur. Autrement, la symbolique d’Andhadhun reste très puissante : entre l’avidité, la vulnérabilité, l’innocence et l’ambition, le film représente diverses facettes de l’être humain.

SOUTENU PAR DE TRÈS BELLES PERFORMANCES, ANDHADHUN S’INSCRIRA SANS LE MOINDRE DOUTE DANS LES MÉMOIRES.

Mai ntenant , c’est à vou s d e vo i r l e m ét rag e p ou r savo i r si to u t cel a s e ret ro u ve d ans u n s eu l p erso nnag e o u p lu si eu rs.

Ayushmann Khurrana a délivré des prestations solides par le passé. Il a un charisme naturel et un talent inouï. Son rôle en tant que pianiste aveugle dépasse de loin tout ce qu’il a fait jusqu’à maintenant. Et puis, il y a Tabu. Je pense que le numéro de Bolly&Co qui lui était dédié décrit déjà bien son talent. Pourtant, l’actrice surprend, une nouvelle fois. Elle est époustouflante, du début à la fin. Radhika Apte n’est pas loin derrière ses deux co-acteurs. Même si l’actrice s’est retrouvée avec le rôle classique de la belle qui fait battre le cœur du héros, son alchimie avec Ayushmann est palpable. Leur duo fonctionne : la pincée d’air frais qu’insuffle Radhika à sa performance s’ajoute au charme du jeune homme. L’apparition d’Anil Dhawan est agréable. Son rôle est une version caricaturée de lui-même à laquelle il nous fait croire.

POUR LES ESPRITS CRITIQUES QUI VEULENT CREUSER ENCORE PLUS, LE POINT FAIBLE MAJEUR DU MÉTRAGE, C’EST QU’IL TRAÎNE. Avec plein événements qui se déroulent en même temps et une poignée de personnages secondaires. Tout n’est pas difficile à suivre, mais un thriller plus efficace est un thriller qui minimise le nombre de scènes inutiles, 154

Sriram porte ici une double-casquette : il est à la fois scénariste et réalisateur. En plus d’avoir su diriger un excellent casting, il a su créer une œuvre très réussie. Un mélange entre l’humour noir, les clins d’œil aux vieux films, un mystère continu et des rebondissements bien tournés.

LE RÉSULTAT EST PLUS AMUSANT QU’ON PEUT LE CROIRE, EN PLUS D’ÊTRE SUFFISAMMENT TORDU POUR ÉMOUVOIR. Je ne peux pas dire ça de tous les métrages de Sriram Raghavan, mais Andhadhun est à voir sans plus attendre !

UN REMAKE À KOLLYWOOD ? L’acteur Siddharth est partant pour reprendre le rôle d’Ayushmann et a tweeté pour demander l’avis de ses fans ! Ayushmann lui a d’ailleurs donné son feu vert.


CRITIQUE N O R D

102 NOT OUT Papy fait de la résistance ! MOTS PAR ASMA E BENM ANSOUR

UN AÏEUL DE 76 ANS VIT AVEC SON PÈRE DE 102 ANS. MAIS CE DERNIER, EXCÉDÉ PAR LE QUOTIDIEN MONOTONE DE SON FILS, ANNONCE QU’IL VA L’ENVOYER EN MAISON DE RETRAITE... >


La prémisse du film est sa force : celle du papy grincheux qui se fait sermonner par un jeune homme plus vieux que lui ! Car oui, Dattatraya a peut-être 102 ans, mais il vit comme s’il en avait 26 !

ADAPTÉ DE LA PIÈCE DE SAUMYA JOSHI DU MÊME NOM, 102 NOT OUT S’ANNONCE COMME UNE FRANCHE COMÉDIE SUR L’ART DE VIEILLIR. Dans les faits, on est sur un film plus classique portant sur la relation distendue entre un père et son fils que tout oppose. Une sorte de Waqt - The Race Against Time aux héros grisonnants et au ton plus enlevé que l’oeuvre référencée. L’histoire ne s’étale pas et se focalise sur les deux personnages que sont Dattatraya et son fils Babulal. On pourrait regretter que l’histoire ne soit pas plus inventive, mais elle a le mérite de ne pas se perdre et de garder un certain cap dans son propos. Le fil conducteur est net et il est respecté de la première à la dernière minute. Cependant, la réalisation d’Umesh Shukla demeure relativement classique. Elle ne possède pas vraiment d’élan dans la caméra ni dans la mise en scène. Le résultat est simple mais tout de même efficace.

DU CÔTÉ DES PERFORMANCES, ON A DU LOURD ! Amitabh Bachchan est superbe dans son exercice de prédilection : celui du vieil excentrique qui a toujours raison (Buddha Hoga Terra Baap, Kabhi Alvida Naa Kehna). Face à lui, Rishi est formidable dans la peau du papy grincheux et désabusé dont le 156

tempérament est profondément lié à de multiples blessures du passé.

ÂGÉS RESPECTIVEMENT DE 65 ET 76 ANS, RISHI KAPOOR ET AMITABH BACHCHAN PORTENT LE FILM SUR LEURS ÉPAULES AVEC UN CHARME REMARQUABLE POUR LEURS ÂGES. Après tout, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes ! Pour leur donner la réplique, Jimit Trivedi est bouleversant en fils de substitution des deux vieillards. S’il semble avoir une place limitée dans l’intrigue, il est au contraire révélateur du manque cruel du fils naturel de Babulal, Amol, tandis que lui est toujours là pour lui tout comme pour Dattatraya. Le film est truffé de multiples moments d’émotion. C’est simple, je n’ai pas arrêté de pleurer !


MAIS CONTRAIREMENT À LA PIÈCE DONT IL EST INSPIRÉ, 102 NOT OUT MANQUE PEUTÊTRE DE CES RÉPLIQUES PIQUANTES ET ABSOLUMENT HILARANTES QUI FAISAIENT LE SEL DE L’OEUVRE ORIGINELLE. Saumya Joshi n’est probablement pas parvenue à retranscrire en hindi les dialogues réputés tordants qu’elle a écrit en langue gujarati pour sa pièce, et c’est peut-être le seul gros regret que l’on peut ressentir au sortir du visionnage. Mais il en a d’autres, moins pénibles mais qu’il faut tout de même souligner... Dans plusieurs de mes autres critiques, je parle de ces scènes, qui peuvent sembler inutiles, mais qui marquent la quotidienneté et l’empreinte d’une réalité dans l’intrigue et dans la façon dont on nous présente les personnages. Je n’y ai malheureusement pas eu droit avec 102 Not Out. On enchaîne les séquences à enjeu sans temps transitoire, sans période de latence... Ça va un peu trop vite et peut-être qu’avec ces scènes plus «normales», on aurait pu s’attacher encore plus fortement aux protagonistes.

AUSSI, UMESH SHUKLA N’INVESTIT PAS L’ESPACE. Μ A part au service de quelques scènes en extérieur très symboliques, les héros restent enclavés dans leur maison familiale. Il n’y a pas d’ouverture et donc, l’oeuvre manque de dynamisme sur le plan visuel à cause de ça. Ça ralentit la narration, une faiblesse rattrapée par l’efficacité de la trame et le talent indéniable du casting. Mais le film a aussi la qualité de ce défaut, puisque ce huit-clos donne toute

la place aux prestations de ses acteurs. Impossible pour eux de se cacher derrière une image grandiloquente, des costumes flamboyants ou des décors enchanteresses... Pour que 102 Not Out tienne debout, ils vont devoir mouiller le maillot. Et bien, c’est une réussite !

LA BANDE-ORIGINALE DE SALIM-SULEIMAN EST MÉMORABLE. C’est un bonheur de retrouver ces compositeurs là où ils n’étaient plus très productifs à Bollywood. De «Bachche Ki Jaan» à «Kulfi», les mélodies qui accompagnent les aventures de ce duo pèrefils sont aussi tendres que savoureuses.

En co ncl u si o n 102 Not Out est à découvrir pour ses vedettes masculines qui se surpassent avec ce métrage dans lequel ils partagent une formidable dynamique. Si la réalisation manque de folie et que la trame demeure assez plate, le métrage est sauvé par sa distribution à la présence imparable à l’écran.

AMITABH BACHCHAN ET RISHI KAPOOR PROUVENT DONC QU’ILS ONT ENCORE DE BEAUX JOURS DEVANT EUX, DE QUOI DONNER UNE BELLE LEÇON AUX ACTEURS DE LA JEUNE GÉNÉRATION DORÉE DE BOLLYWOOD...

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CRITIQUE N O R D

QARIB QARIB SINGLLE On the road again... M OTS PA R AS M A E B E NMAN SO UR

Une veuve se décide à retrouver l’amour en s’inscrivant sur un site de rencontre. Par ce biais, elle fait la connaissance d’un quadragénaire excentrique, qu’elle accepte de suivre à travers l’Inde pour en rencontrer les ex...

UN ROAD-MOVIE ROMANTIQUE ? ENCORE ? Le genre a déjà été exploité en Inde à de multiples reprises, notamment par Imtiaz Ali dont c’est manifestement l’exercice favori. Jab We Met demeure son meilleur essai dans le genre. On part donc d’un archétype de la romance : l’histoire d’amour qui naît d’un voyage.

MAIS L’APPROCHE DE TANUJA CHANDRA A UNE SAVEUR TOTALEMENT DIFFÉRENTE. 158

Car la magie du film réside dans ces petits instants suspendus, dans ces petits riens qui font tout son charme. Les latte que commande Jaya, les poèmes impopulaires de Yogi, le craquement des doigts nerveux de l’une, les envies de snacks frits de l’autre... A l’image des autres œuvres de Tanuja Chandra (Dushman, Sangharsh, Zindaggi Rocks), Qarib Qarib Singlle est un film centré sur le personnage féminin. Tanuja est d’ailleurs l’une des rares réalisatrices indiennes à s’intéresser à la femme dans ses métrages.

ET L’HÉROÏNE ICI, C’EST JAYA. Jaya brise le quatrième mur. Elle nous fait entrer dans sa psyché, dans ses questionnements et ses incertitudes. Parfois en un regard, elle nous signifie ce qui se joue en elle. Dans ce périple qu’est Qarib Qarib Singlle, Jaya fait de nous son compagnon de voyage. A tel point qu’on vit cette histoire au travers des yeux de Jaya.


YOGI L’INSUPPORTE AUTANT QUE NOUS AU DÉPART . Puis il nous devient de plus en plus en attachant à mesure que le film avance. On apprend à aimer Yogi au même rythme que Jaya. La jeune femme apprend également à s’imposer, à reprendre le contrôle de sa vie et à ne plus en être spectatrice. Elle, la pauvre veuve esseulée dont ses amies se servent pour du baby-sitting ou pour garder leurs chats. Parce qu’elle n’a probablement rien à faire de mieux.

DANS CE RÔLE AUX MULTIPLES NUANCES, PARVATHY EST ABSOLUMENT FABULEUSE, LUMINEUSE ET TRÈS AUTHENTIQUE À LA FOIS. La comédienne n’hésite pas à camper un rôle de femme plus âgée. Elle incarne ici parfaitement la femme normale, mais néanmoins magnifique. Celle qui a des cheveux blancs, des cernes et des courbes généreuses. Et jamais la narration ne vient le remettre en cause ou l’indiquer comme un signe d’infériorité. Jaya est belle dans son entièreté, non pas malgré ces aspérités mais grâce à elles. >


DE SON CÔTÉ, IRRFAN KHAN EST IMPÉRIAL. Son rôle n’est pas sans rappeler celui de Monty dans Life in a Metro, en 2007. L’acteur interprète son rôle avec l’expressivité qui le caractérise. Il n’a besoin ni de parler ni même de bouger. Son regard et ses expressions faciales font tout le travail. Irrfan est tellement bon que ses répliques semblent improvisées tant elles sont délivrées avec naturel et spontanéité. La relation entre Yogi et Jaya fait également penser à celle entre Monty et Shruti (campée par Konkona Sen Sharma) dans Life in a Metro. Dans leur opposition initiale tout comme dans la personnalité fantasque du protagoniste masculin. Cependant, une caractéristique lie indéniablement Jaya et Yogi. L’un comme l’autre vivent dans le passé. Yogi est effectivement persuadé que ses ex-petitesamies en pincent toujours pour lui. Jaya reste quant à elle prisonnière du souvenir de Manav, son mari décédé.

CE FILM DONNE À VOIR DES PERSONNAGES VRAIS, JAMAIS ESQUISSÉS NI CARICATURAUX. LEUR ÉCRITURE ILLUSTRE DES PERSONNALITÉS QUE L’ON POURRAIT CROISER DANS LA VIE. IMPOSSIBLE DONC DE NE PAS S’Y ATTACHER. L’histoire et les dialogues sont écrits par Kamna Chandra, la mère de la réalisatrice. Les répliques s’inscrivent dans une profonde normalité, qui donnent au film toute sa force et sa sincérité. Aussi, la photographie de Eeshit Narain met en valeur les magnifiques paysages des différentes villes visitées par

Jaya et Yogi. Les plans ne sont pas poussifs, l’image laissant respirer la beauté brute et naturelle de chaque espace.

En co ncl u si o n Qarib Qarib Singlle est une véritable bouffée d’air frais. C’est le genre de romance qui fait du bien au cinéma hindi, prouvant au passage qu’un schéma bien connu peu encore créer la surprise grâce à des personnages qui ne trichent jamais.

DE QUOI VOUS FAIRE ADHÉRER AU JEU DE LA BELLE PARVATHY, SI CE N’EST PAS DÉJÀ FAIT...


CRITIQUE N O R D

MANMARZIYAAN MOTS PAR FATI MA ZAHRA EL AHM AR

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EN PLUS D’ÊTRE SON PREMIER FILM ROMANTIQUE, MANMARZIYAAN EST ÉGALEMENT LE PREMIER MÉTRAGE DU RÉALISATEUR POUR LEQUEL IL N’A PAS PARTICIPÉ À L’ÉCRITURE DU SCRIPT. Ce métrage est la tentative d’Anurag Kashyap de sortir de sa zone de confort habituelle. Le tout en injectant à une histoire d’amour classique des bribes de réalisme. Avec Manmarziyaan, Kashyap s’aventure dans le registre de la romance. Son style particulier dans des films frappants en fait une histoire mature. Cette maturité est intéressante et donne un air de fraîcheur à un script très classique. Ce triangle amoureux conventionnel trouve sa profondeur dans les caractères de ses personnages, principalement le personnage féminin. Elle est réelle, naturelle, et ses réactions aux évènements qui se déroulent la rendent attachante.

LE JEU D’ACTRICE DE TAAPSEE EST IMPECCABLE SOUS LES TRAITS DE CETTE JEUNE FEMME REBELLE, MAIS QUI GARDE POURTANT LES PIEDS SUR TERRE. Les personnages oscillent entre diverses émotions, tout comme les personnes réelles le feraient si elles vivaient dans une histoire similaire.

LA ROMANCE EST PRÉSENTE, SANS JAMAIS TOMBER DANS QUELQUE CHOSE DE MIELLEUX. 162

Rumi (Taapsee) et Vicky (Vicky Kaushal) sont inséparables. Amoureux, le caractère sexuel l’emporte tout de même sur leur relation. Tout s’accélère quand la tante de Rumi surprend les deux amants dans une chambre. A ce moment-là, la jeune femme pose un ultimatum à son copain : l’épouser, s’enfuir avec elle, ou la laisser épouser le premier venu. Ce qui signe l’entrée de Robbie (Abhishek Bachchan) dans leur histoire, complétant ainsi le fameux triangle.

LE CÔTÉ IMMATURE ET EXUBÉRANT DE LEUR HISTOIRE D’AMOUR EST TRAITÉ D’UNE MANIÈRE FINE DANS MANMARZIYAAN. Les questions classiques sur l’engagement se posent, certes, mais Anurag fait du personnage de Rumi quelqu’un de posé.


Malgré son caractère très “bubbly”, elle garde la tête sur les épaules, au point d’en venir à la réalisation que son conte de fées est infondé. Elle fait ses choix pour énerver Vicky, sauf qu’elle les fait également pour ellemême, en l’occurrence quand elle se rend compte qu’elle ne peut pas mener la bataille pour deux. Elle a essayé, comme toutes les femmes amoureuses des films indiens. Mais trop c’est trop. Sa force de caractère est admirable, jusqu’à ce qu’elle tombe à nouveau dans l’erreur.

CEPENDANT, MALGRÉ LES BONS CÔTÉS DE L’HISTOIRE, LES INTENTIONS DE ROBBIE RESTENT ASSEZ CLASSIQUES. C’est le prétendant parfait, l’homme bien éduqué qui fait ce qu’il veut de sa vie. Il accepte de s’engager dans un mariage arrangé, et choisit Rumi parmi toutes les options. Elle est pétillante et il s’entête, même si tout le monde connaît la réputation de la jeune femme. Cela n’empêche pas le script d’être efficace. De même que la réalisation d’Anurag Kashyap qui a adopté son style narratif minimaliste.

UNE FOIS ENCORE, LE RÉALISATEUR LAISSE LES ÉMOTIONS ET L’INTERPRÉTATION DE SES ACTEURS PARLER. Abhishek est posé, Vicky est immature, Taapsee est explosive. Le mélange des trois est intéressant à voir à l’écran. Aidé par les dialogues et la bonne utilisation de la bande-son, le rythme du film est fluide. Surtout durant la seconde partie où le côté dramatique du métrage est beaucoup plus

prononcé. C’est une histoire d’amour moderne, où les réseaux sociaux sont utilisés pour que les deux amoureux se cherchent et se suivent. C’est tout de même fin, et ça n’enlève rien au charme du film.

En co ncl u si o n Avec un trio tellement doué pour mener ce Manmarziyaan, Anurag nous livre un film bien mené. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est le meilleur de sa filmographie, mais il n’en est pas moins saisissant. De même pour les performances des acteurs. Dans le fond, ce ne sont pas des rôles nouveaux, mais tout le monde joue le sien à la perfection. Et ce qu’il s’agisse du casting principal ou des acteurs secondaires.

A VOIR POUR UNE HISTOIRE SINCÈRE, UNE MISE EN SCÈNE EFFICACE ET UNE DISTRIBUTION PERTINENTE SANS QU’ELLE N’AIE BESOIN D’EN FAIRE TROP. 163


CRITIQUE N O R D

Un film, trois visions. B E YO N D T H E C LO U D S C’EST DEVENU UNE CONSTANTE DE NOTRE MAGAZINE : LA TRIPLE CRITIQUE. Pourtant, cette fois-ci, nous vous avons mis au travail, dans le sens où c’est VOUS qui avez choisi le film traité dans cet article. Pour cette première édition de l’année 2019, vos votes se sont portés vers Beyond The Clouds, métrage qui lançait la carrière du prometteur Ishaan Khatter. Alors, qu’en avons-nous pensé ? Quels aspects du film nous ont marqué ? A vous de le découvrir... 164


1.

L’ a v i s d e F a t i m a Zahra El Ahmar SI JE DEVAIS DÉCRIRE CE MÉTRAGE EN UNE PHRASE, JE DIRAIS QUE BEYOND THE CLOUDS, C’EST UN FILM QUI PROMET, MAIS QUI NE DÉLIVRE PAS. Les films iraniens ne sont pas souvent accessibles au public. De ce fait, je n’en ai pas une grande expérience, à part les films médiatisés pour les Oscars. N’empêche que la renommée internationale de Majid Majidi m’a rendue curieuse de voir sa dernière création. Un mélange entre son propre style et le mélodrame typique de Bollywood. Et c’était bien là, le problème pour moi.

BIEN QUE LE FILM REFLÈTE LA VIE QUOTIDIENNE DE LA CASTE PAUVRE DE MUMBAI, LE CÔTÉ MÉLODRAMATIQUE DE L’HISTOIRE NE M’A PAS AIDÉE À ME PLONGER DEDANS. Dans le métrage, Majid se focalise sur un duo frère-soeur qui se retrouve après plusieurs années, seulement pour être séparé à nouveau. Ils cherchent à s’en sortir et à s’épauler. Si j’ai trouvé la prestation d’Ishaan Khattar intéressante, je suis restée de marbre face à celle de Malavika Mohanan. Loin d’être un acteur averti, le petit frère de Shahid Kapoor montre tout de même qu’il a un avenir prometteur. Sa performance donne au personnage d’Amir une certaine sincérité, même s’il est loin d’être parfait.

LÀ OÙ JE N’AI PU RESSENTIR AUCUN LIEN AVEC LE PERSONNAGE DE TARA, QUI DÉNOTAIT PAR SON SURSENTIMENTALISME, DIGNE D’UNE SÉRIE TÉLÉVISÉE. Majid a tenté de représenter la ville de Mumbai sous un angle différent. Certes, l’aspect plus ou moins sombre et cruel est loin d’être original, mais sa vision est tout de même intéressante. C’est ce qui accentue davantage mon insatisfaction face au métrage.

LE RÉALISATEUR TENAIT ENTRE LES MAINS UNE HISTOIRE INTÉRESSANTE, QUI ME FILAIT ENTRE LES DOIGTS À MESURE QUE LE VISIONNAGE S’AVANÇAIT. Je ne saurais pas dire si c’est dû au jeu d’actrice décevant de Malavika ou au mélange des péripéties qui ne s’enchaînaient pas de manière fluide, mais Beyond the Clouds n’a pas su me convaincre. Le mélodrame n’est pas toujours synonyme de puissance émotionnelle. Et pour moi, ce film en est une énième preuve.

BEYOND THE CLOUDS, C’EST UNE ŒUVRE QUI SE VOULAIT ACCROCHEUSE, RÉALISTE ET SINCÈRE, MAIS QUI M’A LAISSÉE AVEC UN SENTIMENT DE DÉTACHEMENT FRANCHEMENT FRUSTRANT. > 165


2.

L’ a v i s d ’A s m a e Benmansour Révélateur de talents. Je m’attendais à plus de puissance dans ce métrage du pourtant formidable Majid Majidi. Beyond The Clouds est intéressant, mais manque peut-être de l’élan nécessaire pour nous clouer sur notre siège. Cependant, ce film a surtout permis à des acteurs brillants d’être mis en lumière. Avec en tête de fil, le jeune Ishaan Khatter. On le sait, c’est le demifrère du bankable Shahid Kapoor. Danseur hors-pair, Ishaan fait surtout montre d’une incroyable intensité dans son jeu d’acteur.

PASSIONNÉ, DYNAMIQUE ET SINCÈRE, LE COMÉDIEN EN HERBE FAIT DE SAISISSANTS DÉBUTS DEVANT LA CAMÉRA, QU’IL CONFIRMERA QUELQUES MOIS PLUS TARD AVEC UNE AUTRE PRESTATION DE QUALITÉ DANS DHADAK. A ses côtés, Malavika Mohanan signe son premier métrage en langue hindi et fait également forte impression. Dans un rôle particulièrement difficile, l’actrice qui s’est surtout illustrée au cinéma malayalam montre ici une nuance bouleversante dans la peau d’une jeune femme à laquelle plus aucun espoir n’est permis. Dans leurs scènes communes, elle partage une complicité impeccable avec Ishaan, qu’elle complète parfaitement.

POUR LEUR DONNER LA RÉPLIQUE, IL Y A SHARADA. 166

Si vous ne la connaissez pas, il s’agit probablement de l’une des comédiennes les plus brillantes du cinéma dravidien, lauréate de trois National Awards de la Meilleure Actrice. Elle incarne ici la mère désabusée de Akshi, ennemi juré du héros. Une relation aussi improbable que poignante va se nouer entre cette aïeule au grand cœur et le jeune homme dont la seule famille est désormais loin de lui. Les deux child artists qui les accompagnent, aussi bien Dhwani Rajesh que Amruta Santosh Thakur, sont elles aussi bluffantes. Enfin, le jeune Shivam Pujari qui campe le petit garçon que Tara prend sous son aile durant son incarcération, est absolument attachant.

BEYOND THE CLOUDS EST UN PAMPHLET HONNÊTE SUR LA MISÈRE ET SUR LA CAPACITÉ DE RÉSILIENCE DE TOUT UN CHACUN. Et sur notre capacité à sauvegarder le peu d’espoir qu’il nous reste dans les situations les plus terribles. Une belle leçon d’humilité.


3.

L’ a v i s d ’ E l o d i e Hamidovic Réalisé par le cinéaste iranien Majid Majidi, Beyond The Clouds est un drame retraçant l’histoire d’un frère qui se bat pour faire sortir sa sœur de prison. Nous sommes au cœur du Mumbai pauvre qui ne donne que peu d’options à sa population. Entre la drogue et la prostitution, il faut se donner corps et âme pour survivre.

J’AI EU BEAUCOUP DE MAL À ACCROCHER À BEYOND THE CLOUDS. Si l’image est très travaillée et la mise en scène détaillée, l’histoire en elle-même reste assez basique et peut parfois tendre vers quelque chose d’ennuyant. Le scénario est sans surprise et les dialogues tombent à plat. Il y a parfois des blancs durant certaines scènes qui m’ont donnée l’impression que les acteurs improvisaient. Le film ne parvient donc pas à convaincre quand il s’agit de toucher le spectateur.

ET POURTANT, CERTAINES SÉQUENCES SONT INTÉRESSANTES DANS LE DÉVELOPPEMENT DE L’UN DE SES PERSONNAGES PRINCIPAUX : AMIR. C’est le premier film d’Ishaan Khatter et bien qu’il ne soit pas parfait à chaque seconde du métrage, il est le seul à émouvoir et à donner de sa personne durant les moments forts. Amir se bat entre ce qui doit être juste et ce qui peut enfin le libérer de sa situation. Entre être quelqu’un de bien ou être de ceux qui se fichent des conséquences pour arriver à leurs fins. Quelque part, c’est encore un enfant qui a dû grandir trop vite. A côté, Malavika Mohanan manque cruellement d’expérience. Il y a un déséquilibre flagrant lorsque les deux comédiens se font face. Même seule, elle reste très fade et son histoire demeure limitée, en particulier comparée à celle de son frère à l'écran. Le reste du casting fonctionne très bien, notamment G. V. Sharada et la jeune Dhwani Rajesh.

POUR ÊTRE HONNÊTE, À DE NOMBREUSES REPRISES, J’AVAIS L’IMPRESSION D’ÊTRE DEVANT UN TÉLÉFILM.Μ Le background score y est sans doute pour beaucoup, ainsi que la façon dont l’histoire est racontée. Une chose est certaine, si je devais parler d’un énorme point positif du film, c’est bien son image. Mumbai est magnifiquement capturé, de manière parfois brute, mais surtout de façon authentique. Aussi, la seule raison pour laquelle je suis allée jusqu’au bout du métrage, c’est Ishaan. 167


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CRITIQUES SUD


CRITIQUE S U D

POO

Un seul nom. MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR

Maari n’a d’yeux que pour Thangarasu. Sa vie entière tourne autour de la perspective d’épouser celui qui occupe ses pensées. Mais la vie lui jouera un très mauvais tour, qui compromettra son unique rêve...

POO EST UN FILM SUR LES RÊVES, OU LEUR ABSENCE EN L’OCCURRENCE. Thangarasu est le porteur des rêves tout comme leur représentation. Les rêves d’amour et de mariage d’une jeune villageoise. Les rêves d’ascension et de réussite sociale d’un père de milieu précaire.

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Morale : lorsque les rêves des autres sont trop lourds à porter, il n’y a aucune place pour les vôtres. C’est un film de village qui s’applique à entretenir les songes de ses héros. Le spectateur y croit autant que Maari mais aussi autant que le père de Thangarasu. Comment le jeune homme va-t-il pouvoir s’en sortir ?

MAARI VIT ET SE PROJETTE À TRAVERS THANGARASU. ELLE VEUT SON BONHEUR, TEL EST SON RÊVE ET SON OBJECTIF DE VIE.


C’est pourquoi elle souhaite l’épouser, pour être la gardienne de ce bonheur. Lorsque ses espoirs de mariage s’effondrent, elle trouve une certaine satisfaction dans le fait que l’homme de sa vie puisse être heureux avec une autre. C’est la fondation de sa joie et de sa résignation.

En revanche, le rôle de Srikanth est bien plus secondaire, à tel point qu’on peine à comprendre ce que Maari lui trouve. Sur la fin, on saisit davantage les questionnements qui l’animent et le dilemme auquel il se confronte. Au même titre que Maari, Thangarasu voit ses rêves partir en fumée pour satisfaire les volontés de son père. Tout comme la jeune femme, il renonce pour faire le bonheur de cet homme qui lui a tout donné.

EN CE SENS, POO CONSTITUE ÉGALEMENT UNE OEUVRE SUR LE SACRIFICE, PUISQUE MAARI SE SACRIFIE AUTANT QUE ET C’EST LÀ QUE POO THANGARASU. EST PERTINENT Aucun d’eux n’est réellement heureux, ni n’atteint ce à quoi il aspire profondément. La mise en scène de Sasi est typique du genre (drame néo-réaliste tamoul), qui inspirera d’autres œuvres comme Vaagai Sooda Vaa, Angadi Theru ou encore Mynaa. C’est éthéré, avec une grande importance attachée aux espaces. On a ici droit à une image qui respire. Le rythme est lent, mais congruent parce qu’il s’inscrit dans la quotidienneté monotone de Maari. L’histoire gagne en souffle lors de la première apparition de Srikanth alias Thangarasu, tout comme la vie de Maari.

A force de vouloir faire plaisir aux autres, aussi importants et chers à notre coeur soient-ils, on finit par s’oublier. Et le bonheur n’est pas possible lorsqu’on ne pense pas à soi, lorsqu’on ne s’autorise pas à affirmer et défendre nos rêves comme nos aspirations. Parce qu’au final, qui sort gagnant de cette situation ? Maari ? Thangarasu ? Le père de ce dernier ? Poo parle des conséquences désastreuses d’un altruisme excessif, qui peut aussi découler d’une certaine pression familiale. « Tu feras mon bonheur si tu

IL S’AGIT INDÉNIABLEMENT DU FILM QUI A RÉVÉLÉ PARVATHY AU GRAND PUBLIC.

qu’est le bonheur ?

D’ailleurs, il s’appuie presque exclusivement sur elle. La jeune femme remportera au passage le prix de la Meilleure Actrice aux South Filmfare Awards, récompense complètement méritée tant elle porte Poo sur ses solides épaules. Il faut souligner qu’il s’agissait d’ailleurs de son premier métrage en langue tamoule. Sa prestation aussi candide que déterminée fait le sel de l’oeuvre.

fais telles études. Tu feras mon bonheur si tu épouses telle fille issue d’une riche famille... » Mais au final, sait-on vraiment ce

En co ncl u si o n le métrage puise sa plus grande force dans son épilogue. Dans l’après de ses protagonistes. Il nous laisse lessivé par les espoirs déçus d’une héroïne à laquelle on s’est inévitablement attaché. Heurtée par les conséquences de décisions pleines de bonnes intentions, mais qui fendent le cœur. Poo est un film dur, mais cruellement vrai. Justement parce qu’il ne nous leurre pas. 171


CRITIQUE S U D

MILANA

Mariage et mascarades. MOTS PA R ASMA E BENM ANSOUR

Deux têtes de mule sont unies l’une à l’autre dans le cadre d’un mariage arrangé. Tête de mule numéro une en aime un autre tandis que tête de mule numéro deux ne s’est marié que pour satisfaire Papa et Maman.

QUAND JE ME SUIS LANCÉE DANS LE VISIONNAGE DE MILANA, JE SAVAIS QUE JE NE DEVAIS DÉCEMMENT PAS M’ATTENDRE À UN MIRACLE. J’avais surtout pris la décision de le découvrir afin d’évoquer la richesse de la filmographie de Parvathy, aussi bien termes de genre que d’idiome. 172

C’est effectivement l’un des rares projets de la comédienne au service de l’industrie de Sandalwood. Mais Milana n’augure rien de très prometteur. Une image de 2007 qui a bien plus mal vieilli que la pellicule d’un Mughal-E-Azam qui a pourtant 47 ans de plus. Aussi pour sa trame, celle de deux personnes qui subissent leur mariage arrangé pour finalement s’éprendre l’un de l’autre...

BREF, MILANA A TOUT DE LA DAUBE. Et il l’est. C’est effectivement un métrage qu’on pourrait qualifier de daube attendrissante. Car le film n’a que peu d’atouts sur le papier. Après le visionnage, l’impression se confirme : Milana est une oeuvre mal écrite, mal réalisée et


interprétée maladroitement par ses acteurs, qui sont laissés en roue libre. Mais si vous êtes romantiques dans l’âme, la trame peut au moins s’appuyer sur son efficacité. C’est téléphoné et cliché. On sait où le cinéaste va nous mener, à savoir vers une histoire d’amour entre Akash et Anjali. On le voit venir dès les premiers plans du métrage. On l’attend, même. Et c’est sans doute pour ça que le résultat ne devient jamais indigeste. Milana nous donne exactement ce qu’on espère de lui.

L’HISTOIRE EST VUE ET REVUE, SON TON N’ÉTANT PAS SANS RAPPELER UN AUTRE FILM DRAVIDIEN : HAPPY, OEUVRE TÉLOUGOUE AVEC ALLU ARJUN ET GENELIA D’SOUZA. Les deux métrages ont pour point commun leur réalisation criarde et le côté poussif de leur narration. Mais on peut faire autrement en partant d’une intrigue aussi basique. En effet, en exploitant une trame similaire, le film tamoul Raja Rani (sorti en 2013) était plus inspiré, mais aussi bien plus soigné et abouti. On a droit à une catastrophe technique. La fabrication grossière n’a rien à envier aux soap opéras indiens, des zooms excessifs aux bruitages criards, en passant par un montage effectué par un enfant de 5 ans. La chorégraphie martiale est également ridicule. On peut cependant louer le fait que Puneeth exécute ses propres cascades, mais quelles cascades ? Parvathy joue comme le genre le demande : en cabotinant à mort. Mais étrangement, ça fonctionne et on ne peut que trouver la jeune Anjali touchante et sincère. Milana est le témoignage de son cheminement d’actrice. Pour autant, la jeune femme ne tombe pas dans une interprétation scolaire et si sa prestation manque de nuance, elle donne à Anjali tout ce qu’elle

a pour nous la rendre attachante. De son côté, Puneeth Rajkumar en fait des tonnes ! Il a beau être l’une des plus grosses vedettes du Karnataka, ce n’est pas Milana qui vient révéler son talent d’interprète. Il faut dire qu’il n’est pas aidé par une direction d’acteur manifestement inexistante. Mais la complicité du comédien avec sa partenaire Parvathy fonctionne à merveille et nous fait tenir d’un bout à l’autre du métrage. Juste avant de regarder Milana, j’avais surtout pris connaissance des retours positifs reçus par l’actrice Pooja Gandhi pour sa prestation dans le film. Pourtant, elle y est d’une inutilité effarante ! Pourquoi les fans du film en parlent tant alors qu’elle doit avoir 5 répliques à tout casser, et qui ne recouvrent par ailleurs aucun enjeu ? Enfin, je vais m’arrêter sur les messages douteux qui sont livrés à de multiples reprises sur la place de la femme, ou comment me faire devenir chauve sans tondeuse ni paire de ciseaux ? Parce qu’entre les fois où l’héroïne doit savoir faire à manger parce que «c’est son rôle» et celles où elle se fait gronder pour être sortie sans escorte masculine, je vais bientôt arborer le look de Fabien Barthez !

En co ncl u si o n Milana n’est clairement pas le film avec lequel vous devez faire votre première expérience du cinéma kannada. Pour ma part, je lui ai donné sa chance uniquement parce que Parvathy y figure. Hélas, le résultat n’est que peu concluant et peut s’apprécier uniquement si vous savez où vous mettez les pieds. Pas tout à fait bouse cinématographique, Milana reste à classer dans la catégorie des films ratés mais pour lesquels on peut éprouver une certaine tendresse. Cela dit, si vous n’êtes pas un lover dans l’âme, laissez tomber. 173


CRITIQUE S U D

MARYAN L’ i m m o r t e l .

MOTS PAR ELO DI E HAM IDOVIC

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Pour une raison que j’ignore, je n’ai jamais regardé Maryan. Pourtant, à sa sortie en 2013, j’avais déjà écouté certaines des chansons de sa bande-originale, trouvant les images des séquences musicales particulièrement magnifiques. Il faut savoir qu’à ce momentlà, regarder des films du sud était équivalent pour moi à une forme de trahison à mon amour pour Bollywood. Ridicule, oui. Mais c’était le cas. De ce fait, je ne cherchais pas à m’intéresser à ce qui se passait à Kollywood, même lorsque l’un de mes compositeurs préférés faisait de la magie musicale.

AUJOURD’HUI, JE ME DIS QUE JE SUIS PASSÉE À CÔTÉ D’UNE VÉRITABLE PÉPITE TANT CETTE RÉALISATION SIGNÉE BHARAT BALA M’A CONQUISE. Je ne savais plus de quoi parlait le film, en dehors de la relation entre Maryan (Dhanush) et Panimalar (Parvathy). J’avais complètement omis la trame et l’évènement qui a inspiré le réalisateur à écrire cette histoire. Puisque cela a joué en la faveur du film, je préfère donc ne rien vous dire. De toute manière, dès les premières minutes, nous sommes aspirés dans l’histoire de cet ancien pêcheur devenu ouvrier au Soudan. Tout est simple à comprendre, il n’y a pas 10 histoires en parallèle, ni même 80 twists différents. A l’image de la vie de Maryan, tout reste très fluide. On plonge et nage dans son histoire avec curiosité et désir. On est admiratifs face à son univers et à sa relation pas toujours facile avec Panimalar, néanmoins sincère et passionnée.

IL FAUT ÊTRE HONNÊTE : DHANUSH EST SIMPLEMENT FANTASTIQUE.

Maigrichon comme il est, cela ne l’empêche pas d’avoir du style et une aura imposante. On peut facilement comprendre ce que Panimalar lui trouve, ce qui l’attire dans ce garçon qui ne vit que pour l’océan. Dhanush est impeccable, donnant vie à ce personnage auquel on s’attache dès sa première apparition. Il est au centre de ce métrage et prend l’espace qui lui est offert sans jamais trop en faire. Ce que j’apprécie, c’est qu’il est si juste qu’il devient le personnage qu’il interprète, ne laissant aucune place au doute. Dhanush est Maryan, dans les bons moments comme dans les pires. Il captive le regard du spectateur.

A SES CÔTÉS, PARVATHY EST DÉLICIEUSE. Loin d’être « juste la nana que le héros kiffe », Panimalar est celle qui le courtise. Elle le drague ouvertement, l’observe sans la moindre gène et rien ne l’arrête. Pani sait ce qu’elle veut et, surtout, elle suit son cœur. Son amour est d’autant plus sincère qu’il n’est dévorant et inquiétant. Elle prend la tête à ses amis, redouble d’efforts pour qu’un jour, Maryan l’aime autant qu’elle ne l’aime.

CE QUE J’APPRÉCIE NOTAMMENT, C’EST QU’ELLE N’A PAS PEUR. Elle va au bout de ses convictions, affronte ceux qui haussent le ton sur elle et expose ses arguments sans faiblir. Ce n’est pas une petite villageoise sans défense, éprise d’un bad boy. Parvathy excelle dans ce rôle qui lui demande d’être parfois dans l’excès. Ses expressions sont efficaces et ses regards peuvent faire mal, tout comme ils peuvent briser votre cœur. Dans la seconde partie du film, elle est bouleversante. Impossible de ne pas verser de larmes face à elle… > 175


COMBINEZ SON ÉNERGIE À CELLE DE DHANUSH ET VOUS AVEZ LÀ UN DUO D’ACTEURS ABSOLUMENT FORMIDABLE. J’espère sincèrement les revoir à l’écran ensemble tant leur alchimie m’a impressionnée et prise aux tripes. Quant aux comédiens restants, ils apportent tout ce qui est nécessaire à leurs rôles respectifs, de l’horrible Theekkurissi (Vinayakan) à la mère de Maryan (Uma Riyaz Khan).

POUR CE PROJET, BHARAT BALA S’EST TOURNÉ VERS A.R. RAHMAN POUR DONNER L’AMBIANCE MUSICALE APPROPRIÉE À SON OEUVRE. 176

Une réussite puisque la bande-son accompagne le fil de l’histoire en lui insufflant les émotions nécessaires sans faire défaut à la narration. La photographie est également à couper le souffle, ponctuée de petits détails et de scènes du quotidien qui ne font qu’ajouter plus de réalisme à ce qui nous est raconté. C’est le genre de film où la fin qu’on espère, finit par arriver (et tant mieux !). Et encore, je ne vous ai parlé que d’une face de l’histoire, vous avez des tas d’autres choses à découvrir ! Il se peut que vous deviniez rapidement la suite, que vous sentiez certaines choses arriver, mais cela ne dérange en rien le visionnage. Si j’ai passé un bon moment, je ne peux donc que vous inviter à prendre votre après-midi, à vous faire un petit thé et à découvrir ce métrage !


CRITIQUE S U D

Ennu Ninte

Moideen Avec amour, Moideen. MOTS PAR ELO DI E HAM IDOVIC

Sans avoir vu Ennu Ninte Moideen, j’ai d’abord écouté en boucle ses séquences musicales qui m’avaient été suggérées par Youtube (pour une fois que Youtube fait quelque chose de bien). En particulier « Mukkathe Penne » avec la voix puissante de Mohammed Maqbool Mansoor qui est absolument sublime et empreinte d’émotion. A ce momentlà, mon intérêt pour le cinéma malayalam était encore tout récent et je n’avais qu’une vague idée de qui étaient Prithviraj et Parvathy.

POURTANT, CETTE CHANSON A FINI PAR ME CONVAINCRE.

Et lorsque je décide de regarder ce film malayalam sorti en 2015, je réalise qu’Ennu Ninte Moideen a tout pour me plaire. Non seulement cette réalisation de R. S. Vimal possède une bande-son impeccable créée par le génie Gopi Sunder, mais elle est également basée sur une histoire d’amour authentique qui s’est déroulée dans les années 1960 au Kerala. Non, ce drame n’allait pas me faire rêver avec une relation inventée de toute pièce. Au contraire, il allait m’inspirer en prouvant qu’il n’y a rien de plus fort et de plus beau en ce monde que l’amour, pur et sincère, mais surtout vrai et authentique. >

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Moideen est musulman et sa famille est respectée dans tout le village de Mukkam. Il tombe amoureux de la belle Kanchanamala, fille d’un propriétaire hindou. Pourtant, les deux familles, bien que de religions différentes, s’apprécient avant que leurs enfants ne s’éprennent l’un de l’autre. Pendant plus de 20 ans, les deux amants sont séparés et ne parviennent à communiquer qu’à travers des lettres. Ils attendent et se battent contre la société pour vivre leur amour. En s’aimant, ils la remettent en question et la critiquent. Elle, elle est carrément enfermée chez elle par sa famille. Quant à lui, il refuse d’abandonner et tente de se faire une place dans la politique.

ENNU NINTE MOIDEEN EST UNE TRAGÉDIE COMME ON N’EN VOIT PLUS. Plus le temps passe, plus leurs sentiments deviennent forts et malgré la longueur du film, impossible de quitter des yeux ce couple magnifique.

L’IMAGE EST HYPNOTIQUE ET LE TRAVAIL VISUEL DE JOMON T. JOHN EST MAGIQUE. Preuve encore que le cinéma malayalam raconte les choses dans les détails et dans la simplicité. Pas besoin d’effets spéciaux, le chef opérateur investit les paysages de sa région et leur donne une place dans la narration. Oui, parfois c’est peut-être un peu mélodramatique, mais R. S. Vimal sait ce qu’il fait. Il sait aussi où il va dans son écriture et pourquoi c’est si important que le cinéma raconte l’histoire de Moideen et Kanchanamala. Il parait que la vraie Kancha aurait insisté pour que Prithviraj interprète Moideen du fait de la ressemblance physique du comédien avec 178

son héros. L’acteur est formidable et partage avec Parvathy une complicité touchante. Ils sont faits l’un pour l’autre et on croit dur comme fer à leurs sentiments respectifs.

FACE À LUI, PARVATHY EST IMPRESSIONNANTE. Pleine de sensibilité, Kanchanamala est une force de la nature. L’actrice a prouvé avec ce rôle qu’elle peut entièrement se dévouer à son personnage et donner une interprétation sans défaut. Après 8 ans à travailler sur ce projet, le réalisateur a pris soin de choisir des acteurs qui ne décevraient pas. En dehors du duo principal, c’est aussi ce film qui a révélé Tovino Thomas (dont nous vous parlions dans le numéro 14) dans le rôle d’Appuettan. De plus, il faut noter l’excellent travail de Saikumar dans la peau du père de Moideen et de Bala dans celle du frère de Kanchanamala.

LA FORCE D’ENNU NINTE MOIDEEN, C’EST JUSTEMENT DE NE PAS NÉGLIGER LE FAIT QUE CETTE HISTOIRE D’AMOUR NE CONCERNAIT PAS UNIQUEMENT MOIDEEN ET KANCHANAMALA, MAIS QU’ELLE AVAIT UN IMPACT SUR LEUR ENTOURAGE. Rien n’est laissé au hasard et la sincérité de chacun apporte à cette romance une force unique. On comprend les choix de tous, leurs désaccords et leur façon de penser. Le réalisme d’Ennu Ninte Moideen est troublant et fascinant, il parvient également à nous rester en mémoire et à nous donner un certain espoir. Un film à voir absolument, ne serait-ce que pour découvrir Mollywood ou pour trouver une romance qui vaille la peine d’être découverte.



S U P E R D E LU XE , AU CI N É M A L E 29 M ARS !

Bci nem a& U L E C I N É M A TA M O U L C O M M E V O U S L’A I M E Z ! Fondé en 2013, Bcinema&U est un groupe de jeunes passionnés du cinéma tamoul chargé de la promotion des films sortant en France, en partenariat officiel avec l’ensemble des distributeurs, cinémas et divers prestataires. Actif et accueilli massivement au sein des réseaux sociaux, la vocation principale de ce groupe reste avant tout de partager sa passion pour le cinéma.

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C INÉ MA & TE N DA N C E

... MODE


MODE E T C I N É M A

Jasmeet M OTS PA R E LO D I E H A M I DOV I C

OU COMMENT S’HABILLER POUR LES FÊTES. Jasmeet est la parfaite girl next door qui est limitée par les hommes de sa famille. En effet, ils refusent qu’elle travaille ou qu’elle soit indépendante. Sa seule option, c’est le mariage (mais là encore, le père souligne bien que non, sa petite Jasmeet, une fois mariée, restera à la maison). Namaste England se perd dans sa trame, mais Bolly&Co a l’œil pour les astuces mode.

EN CE QUI CONCERNE LES TENUES DE PARINEETI CHOPRA, SA STYLISTE SANJANA BATRA EST ALLÉE PIOCHER DANS LA RÉGION DU PENDJAB DES ENSEMBLES COLORÉS, ETHNIQUES ET PASSE-PARTOUT. Elle a aussi trouvé à Jasmeet les must-have des fêtes traditionnelles, parce que la jeune femme est la jolie petite perle punjabi qui ne passe pas inaperçue. Tout ça, bien sûr, avant de débarquer à Londres et de se glisser dans une bonne vieille robe moulante et élégante (on passera les looks londoniens de Jasmeet, on n’est pas arrivées jusque-là dans le film)… 182

Vo i c i d o n c l e s bons tuyaux pour avoir tout bon lorsque vous vous incrusterez à une fête indienne, braaaa !


> Dussehra

Diwali

Pour cette soirée, on opte pour des bijoux dorés avec quelques touches de rose et de vert pour aller avec les paillettes de votre punjabi ghagra (rose aussi). Comme ça danse, il faut choisir l’option « être à l’aise pour bien bouger ».

Restez simple ! Un sari saumon ou orange, avec quelques motifs et un dupatta transparent, c’est tout ce qu’il vous faut. Cette fois, ce sont des bijoux argentés et dorés qui iront le mieux, pour que ça brille bien avec toutes ces lumières !

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> Holi

Va i s a k h i

Règle de base : du blanc ! De toute façon, le but est de laisser les couleurs vous tomber dessus. Quoi de mieux qu’un salwar kameez basique ? Pour les bijoux, ça coule de source : argentés et si possible, avec une touche de blanc.

Il faut vous démarquer et pour ça, un patiala salwar orange et bleu, ça fait la différence ! Si vous pouvez accorder vos bracelets à votre dupatta et ajouter quelques touches dorées, vous avez tout compris.

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Un mariage ENCORE UNE FOIS, IL FAUT QUE ÇA BRILLE, LES FILLES ! S’il y a bien un événement pour lequel vous devez sortir le grand jeu, c’est bien celui-ci ! Le must, c’est de créer une dynamique entre vos bijoux et le bas de votre sari. Les bracelets de Jasmeet sont accordés à ses autres accessoires, mais c’est un rose prononcé loin de celui de son sari, et ça, c’est du contraste ! A vous de jouer maintenant !

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MODE T E N DA N C E

VERT NATURE OU COMMENT AJOUTER UN PEU DE COULEUR À SA GARDEROBE EN ARBORANT LA COULEUR DE CET HIVER : LE VERT SAPIN, AUSSI DOUX QUE SÉDUISANT ! MOTS PAR ELO DI E HAM IDOVIC

Le vert a déjà fait ses preuves par le passé, dans les tons kaki ou pomme. Mais jusqu’ici, son côté plus sombre et plus élégant s’est fait relativement discret. Avec cette année de mariages et autres événements de fin d’année, elles étaient nombreuses à avoir opté pour cette couleur qui, directement, a fait la différence.

CAR OUI, C’EST UNE COULEUR QU’ON PEUT 186

RETROUVER QUELS QUE SOIENT LA TENUE ET LE STYLE, MAIS QU’IL NE FAUT PAS TROP RÉPÉTER AU RISQUE D’ENNUYER ! Ce vert, il créé la surprise et instaure une classe intemporelle. C’est un peu le choix « royal », mais qui peut très bien faire son effet dans une tenue plus légère du quotidien.


C’est un peu la tendance qui ne fera défaut à personne. Oui, c’est possible ! Cette couleur peut transformer une simple robe en un must-have que les autres vont vouloir vous arracher. Cette tendance saura vous mettre en valeur et faire oublier à tout le monde vos précédents choix douteux. Pour les tenues de tous les jours, elle amène un peu de classe même si vous accessoirisez votre combinaison avec des baskets. C’est magique et c’est bien pour ça qu’il vous faut une pièce vert sapin dans votre placard !


Sur un sari ou un lehenga, c’est un succès garanti. Que votre ensemble soit très simple et sans ornementation, ou que le vert ne soit qu’une touche sur votre dupatta, c’est suffisant pour faire de l’effet. Et si en plus, ça brille, c’est que vous avez tout compris ! Car c’est cette touche qui fait que cette couleur revient en force en ce moment. C’est le détail qui ajoute du peps et un peu de jeunesse à un ton qui peut, si on n’y fait pas attention, avoir un effet vieillot. Pour les occidentales, ce vert sapin, c’est aussi une couleur qui réchauffe durant la saison froide et qui, souvent, réussit à charmer les plus capricieux qui ne savent pas quoi porter pour changer un peu !


MODE

Les plus beaux ratés de l’année ! M OTS PA R E LO D I E H A M I DOV I C

Après des mois riches en couleurs, en surprises et en élégance, votre rédactrice mode a décidé de vous livrer son récapitulatif des plus beaux échecs vestimentaires de l’année. Et ce n’est pas pour le plaisir des yeux, au contraire !

PRÉPAREZ-VOUS, CAR IL N’Y A RIEN À DIRE, À PART QU’IL FAUDRAIT ARRÊTER DE METTRE LA FAUTE SUR LES STYLISTES SURTOUT QUAND ON MANQUE D’UN SEMBLANT DE BON SENS...

Janvier Sonam Kapoor a voulu commencer l’année en marquant les esprits lors de cette soirée pour Elie Saab. Ce qui ne va pas : Comment dire... A la base, ce Vera Wang, c’est censé être une robe. 189


Mars Première apparition pour Banita Sandhu qui présente son premier film, October. Autant dire que la première impression compte. Ce qui ne va pas : Je pense que c’est franchement évident tellement ça crie le fashion faux pas.

Janvier Parineeti a voulu bien faire lors de l’inauguration de sa cover pour Grazia, magazine mode de la nouvelle génération. Ce qui ne va pas : Tout ? De la coiffure à l’effet no make-up. Elle ressemble à un paquet cadeau mal emballé, non ?


Avril Les GQ style awards, ce n’est pas rien ! C’est généralement LA soirée où les stars tentent d’être sexy sur le tapis rouge. Ce qui ne va pas : Pas sûre qu’Isha Talwar ait remercié son coiffeur après cette soirée !

Mai Après s’être lâchée sur le tapis rouge, Kangana, lors des soirées sur la croisette, elle s’est faite plaisie, quitte à essayer des choses douteuses… Ce qui ne va pas : L’excès de blush et le retour de la boule à facettes… La robe en ellemême aurait dû l’alerter...


Juin Les IIFA Awards ! Si Divya Khosla Kumar est une réalisatrice assez moyenne, niveau mode, elle arrivait toujours à surprendre. Jusqu’à ce jour. Ce qui ne va pas : L’effet Cendrillon est passé à la machine à laver.

Août Il n’y a pas de mal à faire la promotion de jeunes créateurs qui ont des idées à la seconde, comme le fait Shraddha Kapoor. Ce qui ne va pas : Le tissu « le repassage, je ne connais pas » et le top « soutien-gorge » pardessus.


Décembre Oui, c’est Alia Bhatt qui se prépare à prendre l’avion et donc, forcément, on ne devrait pas juger, sauf que… Ce qui ne va pas : La tendance pyjama, à ce niveau, c’est interdit

Octobre Je ne pensais pas Aditi Rao Hydari capable de porter quoi que ce soit d’horrible ou même qu’elle puisse arborer un make-up raté tant elle est magnifique mais… Ce qui ne va pas : L’effet « cheap » de son look, de la tête au pied.


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TWITTE R & INSTAG RA M

... RÉSEAUX SOCIAUX


RÉSEAUX S O C I A U X

#PatiPatniAurWoh LE MEME QUI ENFLAMME TWITTER Phénomène incontournable d’internet, les “memes” peuvent frapper n’importe qui à n’importe quel moment. Certaines célébrités l’acceptent, d’autres s’en plaignent, alors que le reste ne les voit même pas venir. C’était probablement le cas de Kartik Aaryan, qui a décidé de partager son look pour son prochain métrage avec ses fans. Le tag #PatiPatniAurWoh a tout de suite pris une tournure différente.Si vous les avez raté, voici les meilleurs memes partagés sur Twitter.

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PATI PATNI AUR WOH EST LE REMAKE DU FILM DE 1978 DU MÊME NOM. Kartik Aaryan, Bhumi Pednekar et Ananya Pandey reprennent les rôles principaux, dirigés par Mudassar Aziz. Le film original est une comédie qui a pour thème l’adultère. C’est l’histoire d’un homme marié qui commet l’erreur de tromper son épouse avec sa secrétaire. La sortie du métrage est prévue pour 2019.


QUAND SHAHRUKH KHAN EST TA SOURCE D’INSPIRATION.

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AVANT ET APRÈS QUE SARA ALI KHAN AIT DIT QU’ELLE LE TROUVAIT MIGNON.

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PHOTO DE PROFIL SUR LINKEDIN.

PHOTO DE PROFIL SUR TINDER.

LE PETIT-AMI QU’ON VEUT.

LE PETIT-AMI QU’ON A.

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RÉSEAUX S O C I A U X

Instagram, c’est le réseau social qui permet de jeter un œil sur la vie aussi bien professionnelle que privée de nos stars favorites. Outre les démarches de promotion de leurs projets, elles en profitent aussi pour publier des photos plus personnelles qui nous permettent donc d’en savoir un peu plus sur qui elles sont hors caméra. Plongeons ainsi dans l’Instagram de...

B a nita S a n d h u

www.instagram.com/banitasandhu


TYPE DE PROFIL L’INTOUCHABLE. À 21 ans, Banita n’a pas encore les 30 millions de fans de Deepika Padukone ou les 3 millions de Janhvi Kapoor ! C’est donc, pour l’instant, une fille comme une autre. Une londonienne stylée qui, entre deux clichés de super summer-look et de #ootd, se montre sous son meilleur profil. Mais rien à dire, elle est vraiment sublime !

CE QU’ELLE VEUT Profiter de ses voyages pour découvrir le monde et rencontrer des personnalités. Son compte se veut personnel (elle le gère elle-même), mais pas trop intime. Elle se valorise avec des clichés dignes des influenceurs les plus populaires, sans doute pour casser l’image de la fragile Shiuli Iyer dans le film October (elle passe tout le film allongée sur un lit d’hôpital, quand même...).

CE QU’ELLE ADOREΜ Poser sous le soleil. Loin de Londres, Banita s’éclate. Adieu les nuages et bonjour le ciel bleu ! Elle nous donne envie de prendre l’avion sur un coup de tête et de tout laisser derrière nous pour aller bronzer devant l’océan pacifique. Une chose est sûre : elle prend son temps. Inutile de signer tout ce qu’on lui propose ! Elle préfère plutôt apparaître dans le prochain clip de Diljit Dosanjh #punjabifière

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RÉDACTRICE EN CHEF : AS MAE B E NM ANSO UR RÉDACTRICE MODE : E LO DI E H AM I DOVI C RÉDACTRICE SUD : AS M A E B E NM ANSO UR RÉDACTRICE ACTUALITÉ, CINÉMA ET PEOPLE : FATI M A Z AH RA E L AH M AR DIRECTRICE DE PUBLICATION : E LODI E H AM I DOVI C DIRECTRICE ARTISTIQUE : E LODI E H AM I DOVI C

A SAVOIR Un candid est une image prise par un paparazzi lors d'événements importants (cérémonies de récompenses, promotions de films, inaugurations, etc...). Il en existe des milliers sur le web. Il nous est donc impossible de retrouver les noms des photographes. Les sites qui diffusent sur le web le plus de candids sont crédités à la fin, c'est généralement là que nous nous procurons nos images. Si nous avons oublié de mentionner votre nom ou votre site dans le magazine, contactez-nous par email (bollyandcomagazine@

gmail.com). Nous trouvons

souvent les clichés sans le nom du photographe ou sans information supplémentaire.

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Nous rappelons qu'il est formellement interdit de prendre les textes et images sans l'accord de leurs auteurs respectifs dans le cadre du magazine Bolly&Co. Les photographies des films qui se trouvent dans le magazine Bolly&Co sont des images libres de droit à but commercial mises à disposition par les producteurs afin de mettre en avant leurs oeuvres. Pour cette raison, la grande majorité de nos images sont des stills de métrages et ne sont pas créditées dans notre liste. Seules les photographies professionnelles et licenciées figurent dans nos crédits.


EN COUVERTURE : photographie de Parvathy lors de la promotion du film Qarib Qarib Singlle, éditée par Bolly&Co ÉDITO : Publié sur le compte Instagram de Parvathy (@Par_ Vathy) A LA DECOUVERTE DE : Photographie publiée sur le compte Instagram de Radhika Madan (@RadhikaMadan). Propos recueillis par Gayle Sequeira (Film Companion), Wyanet Vaz (Verve), Oshine Koul (Spotboye) et PTI (Zoom TV). DIVYA BHARTI : Photographies d’archives du site Cinestaan ILS ONT DIT SUR : Photographie de Deepika Padukone par la fondation Live Love Laught et photographie de Zaira Wasim provenant de son compte Instagram (@ZairaWasim_) NOIR ET BLANC : Photographies d’archives du site Cinestaan FFAST & INTERVIEW : Photographies par Bolly&Co

L’AVENTURE BOLLY&CO : Illustration par Elodie Hamidovic NOUVEL ESPOIR : Photographies du compte Instagram de Zaira Wasim (@ZairaWasim_) DERRIERE LA CAMERA : Photographie du compte Instagram Ayushmann Khurrana (@ Ayushmannk) BILAN : Illustration par Elodie Hamidovic LUMIERE SUR : Photographie du compte Instagram de Zack Knight (@Iamzackknight) A LA UNE : Propos recueillis par Sowmya Rajendran (The News Minute), Saraswathy Nagarajan (The Hindu), Janani K (SilverScreen), Vandana Mohandas (The Asian Age), Manoj Kumar R (The Indian Express), Cris (Deccan Chronicle) mais également Rediff et Now Running. INSTAGRAM : Photographies du compte Instagram de Banita Sandhu (@banitasandhu)

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