Indignation et incompréhension. Le lynchage d'un jeune Rom à Pierrefitte-sur-Seine, vendredi, a été unanimement dénoncé par le monde politique et associatif. Si la majorité promet de tout faire pour retrouver les auteurs de l'agression, le FN et le PCF de Seine-Saint-Denis dénoncent le climat « délétère » qui s'est créé en France. Pour des raisons différentes.
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- L'exécutif promet de retrouver les auteurs
« Ces actes sont innommables et injustifiables, ils heurtent tous les principes sur lesquels notre République est fondée », a réagi mardi François Hollande. « Les responsables de cet acte inacceptable soient retrouvés dans les délais les plus rapides pour répondre de leurs actes devant la justice », a insisté, son premier ministre, Manuel Valls, joint par Le Monde.
Le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, a lui diffusé un communiqué où il promet que « la police judiciaire est totalement mobilisée pour faire rapidement la lumière sur cette affaire, interpeller les auteurs des faits et les remettre à la justice ».
- « Une montée de toutes les xénophobies »
Tout en soulignant « la pauvreté de nombreux habitants du nord de Paris » et « l'extrême misère des populations roms », la fédération du PCF de Seine-Saint-Denis insiste sur un climat délétère « marqué par une montée de toutes les xénophobies, dont les dernières élections ont été le triste reflet. La libération de la parole – comme cela est pudiquement appelé – peut fonctionner de pair avec un déferlement de violence… Il est de la responsabilité de tous les élus républicains, du local au national, d'arrêter de faire commerce électoral de la stigmatisation de populations quelles que soient leurs origines ! »
- « Ils se défendent eux-mêmes »
De l'autre côté de l'échiquier politique, le député européen du FN Louis Alliot a expliqué l'usage de la force par les citoyens à cause du laxisme judiciaire. « Vous ne pouvez que condamner l'acte, ce n'est pas le problème. En même temps, vous apprenez qu'à Stains, quelqu'un a été tué par arme à feu. Qu'à Dunkerque, quelqu'un s'est fait poignarder dans la rue, etc. On vit dans une société de violence. Il est évident que le laxisme judiciaire, que la mauvaise politique répressive en France y est pour beaucoup. Les citoyens ont l'impression aujourd'hui de ne pas être défendus. Eh bien – et je le dis, c'est malheureux pour la démocratie et un danger pour la République – ils se défendent eux-mêmes », a développé le vice-président du Front national sur RMC.
- Le monde associatif sidéré
Interrogé par Le Monde, le porte parole du collectif Romeurope, Laurent El-Ghozi, souhaite que cette affaire soit traitée comme les autres et non pas différemment puisque la victime est Rom : « Le communiqué de presse de l'Elysée participe de cette sur-stigmatisation. C'est en quelque sorte une discrimination positive, mais elle contribue à cette sur-stigmatisation. L'essentiel n'est pas que l'agressé soit Rom. Il ne faut pas traiter les choses différemment parce que c'est un Rom. S'il avait été Malien ou Breton, ça aurait été pareil. Il faut traiter ces affaires comme on traite l'ensemble des problèmes liés aux bidonvilles. »
Amnesty International évoque des « actes intolérables » et rappelle un autre fait : l'agression à la carabine à plomb de deux migrants près de Calais, dimanche : « Ces violences graves s'inscrivent dans un contexte d'expulsions forcées qui jettent à la rue Roms et migrants, les condamnant ainsi à l'errance et à des conditions de vie extrêmement précaires, les exposant à davantage de violences.
A Calais, début juin, plusieurs campements abritant les migrants ont été démantelés sans qu'aucune solution d'hébergement n'ait été mise en place. Quant aux populations roms installées dans des campements informels, elles continuent d'être expulsées sans alternative la plupart du temps. »
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