Musique
Actéon à l’Opéra de Lille

Actéon à l’Opéra de Lille

08 March 2013 | PAR Audrey Chaix

Sous le titre Actéon se cachent en fait deux œuvres distinctes : le spectacle commence avec Pan et Syrinx, une saynète composée à partir d’extraits de pièces de Lully. Ensuite est présentée Actéon de Marc-Antoine Charpentier (que l’on avait déjà entendu avec Médée en début de saison), une succession de six courtes scènes inspirées des Métamorphoses d’Ovide. Mythologie et baroque s’invitent donc à l’Opéra de Lille, dans une forme courte (1h10) qui peut être une belle introduction à l’Opéra pour ceux qui n’auraient pas l’habitude de hanter ces lieux.

 

La première histoire est celle de Pan et de Syrinx : le dieu Pan poursuit de ses ardeurs la belle nymphe Syrinx, mais elle ne l’entend pas de la même oreille. Alors qu’il est sur le point de l’attraper, elle se change en roseau pour lui échapper. Remarquant que les roseaux chantent alors que le vent les agite, Pan en cueille alors une brassée, les attache ensemble et baptise son nouvel instrument “Syrinx”. Selon la légende, ainsi serait née la flûte de Pan…

 

La mise en scène s’inspire du théâtre d’ombres, avec des images projetées au-dessus des chanteurs, vêtus de noir et masqués. Si l’idée des ombres chinoises est intéressante, elle semble cependant insuffisamment exploitée, d’autant plus que les chanteurs sont très statiques, et il n’y a pas vraiment de lien entre ce qui est diffusé sur l’écran et leur présence. Dommage également que la voix de Pan manque un peu de puissance, si bien qu’on a parfois du mal à le distinguer derrière les instruments.

 

La partie consacrée à Actéon retrouve une mise en scène plus classique, dans une sorte d’Eden pastoral où se côtoient nymphes et chasseurs, chiens et dieux. Le pauvre Actéon, lors d’une partie de chasse, surprend la déesse Diane et ses nymphes alors qu’elles se baignent. Surpris par les femmes en colère alors qu’il se cache derrière un buisson, il est changé en cerf par la chasseresse furieuse, et se retrouve poursuivi et dévoré par sa propre meute.

 

Les voix d’Actéon (Samuel Boden) et de Diane (Lucy Page) sont un plaisir pour les oreilles, et la scénographie est très belle : un miroir au sol reflète les actions, les danses permettent une stylisation pertinente de chaque mouvement. De très beaux costumes habillent les chanteurs, qui se changent tour à tour en nymphes puis en chasseurs, avant de se transformer en chiens, autour du couple principal. Dans une robe translucide qui évoque la nudité, Diane est gracieuse et altière, et la scène où elle change Actéon en cerf est empreinte d’une sombre magie, pleine de gravité.

 

Une production rare, donc, portée par un Concert d’Astrée toujours aussi précis sous la baguette de son cofondateur, Atsushi Sakaï. Un bien charmant moment.

 

 

 

Photo Actéon : © Gilles Abbeg
Photo Opéra de Lille : © Frédéric Iovino

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Audrey Chaix
Professionnelle de la communication, Audrey a fait des études d'anglais et de communication à la Sorbonne et au CELSA avant de partir vivre à Lille. Passionnée par le spectacle vivant, en particulier le théâtre, mais aussi la danse ou l'opéra, elle écume les salles de spectacle de part et d'autre de la frontière franco-belgo-britannique. @audreyvchaix photo : maxime dufour photographies.

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