Le Gala de l'Opéra de Montréal se limite depuis quelques années à trois heures, entracte compris, et à une participation exclusivement canadienne et surtout québécoise. Autrefois, l'événement, qui en est à sa 17e année, pouvait durer plus de quatre heures, ce qui nécessitait deux entractes, et réunissait parfois plus de 30 chanteurs d'ici, des États-Unis et même d'Europe.

Le nombre de participants cette année est un peu plus important que l'an dernier: 14 (il était de 15 avant une annulation de dernière heure), par rapport à 11 en 2011, année marquant l'entrée du Gala à la nouvelle Maison symphonique. Mais cela reste un petit Gala par rapport à ce que nous avons vécu dans le passé.

Suivant la tradition, l'Orchestre Métropolitain et le Choeur de l'OdM encadraient les chanteurs, sous la très énergique direction de Paul Nadler, chef attaché à un autre «Met», celui de New York. Michel Beaulac, le directeur artistique de l'Opéra de Montréal, ouvrit le programme avec l'intronisation annuelle d'une personnalité au Panthéon canadien de l'art lyrique. Le baryton Bernard Turgeon, 81 ans, l'élu cette année, rappela quelques souvenirs au micro.

Le défilé des chanteurs commença 15 minutes plus tard. Les deux les plus attendus étaient, faut-il le rappeler, les barytons Gordon Bintner et Philippe Sly, récemment lauréats de compétitions importantes (Concours OSM dans le premier cas, Concours musical international de Montréal dans le second). Aucun doute possible: nous sommes en présence de deux grandes voix et de deux futures carrières majeures. Dommage que Bintner n'ait eu pour lui qu'un bref air de Don Giovanni et une réplique avec le quelconque Antoine Bélanger. À instrument égal, Sly l'a emporté grâce à une Romance à l'étoile de Tannhäuser d'une magistrale intériorité.

Dommage aussi qu'on n'ait pas confié à Marianne Fiset des choses plus importantes qu'une participation au Quatuor de Rigoletto, où Étienne Dupuis l'a éclipsée (et certainement sans le vouloir), le Viljia avec choeur de La Veuve joyeuse et le traditionnel Libiamo de La Traviata, en fin de Gala, avec toute la troupe, le choeur et (encore!) Antoine Bélanger.

Chez les nouveaux venus, le sujet le plus intéressant est probablement Miriam Khalil. Malgré une légère tendance à détonner au début, la jeune soprano a chanté l'air de Mimi au premier acte de La Bohème avec de la personnalité et une puissance vocale qui ne venait jamais en contradiction avec son émotion.

Julie Boulianne ouvrit le concert avec l'air du page Urbain des Huguenots, dans un habit de garçon qui allait ensuite lui servir pour la Présentation de la rose de Rosenkavalier à la fine Sophie d'Hélène Guilmette. Dans les deux pièces: voix jeune et juste. Chez les autres, Marianne Lambert se fait remarquer par une technique très poussée mais un timbre nasillard rappelant Mady Mesplé, alors que Allyson McHardy se concentre sur sa belle voix de mezzo avec un art qui évoque Janet Baker.

Rien de particulier à dire sur le reste de la participation. Mais il y a une ombre au tableau, et de taille: David Pomeroy. L'homme est bien ténor car il touche la note très haute à la fin de Nessun dorma. Mais il chante faux, il grimace pendant qu'il chante (on peut comprendre pourquoi), il ne sait pas phraser et le timbre est laid.

17e GALA DE L'OPÉRA DE MONTRÉAL. Dimanche après-midi, Maison symphonique de Montréal, Place des Arts.