La CGT et ses différends immobiliers avec trois maires UMP, dont Xavier Bertrand

A Saint-Quentin (Aisne), ville dont le ministre du travail, Xavier Bertrand, est maire depuis 2010, mais aussi à Châteauroux (Indre) et à Chartres (Eure et Loir), des différends immobiliers opposent les élus locaux UMP et les Unions départementales (UD) et locales (UL) de la CGT, logées à titre gracieux ou pour un euro symbolique par les municipalités.

Les maires de ces trois villes veulent récupérer les locaux CGT pour réaliser leurs projets municipaux : offrir aux prud’hommes de Saint-Quentin une salle d’audience, réurbaniser le quartier de Saint-Martin au Val à Chartres autour du « plus grand sanctuaire galloromain d’Europe découvert à ce jour », selon le maire, Jean-Pierre Gorges, ou encore imposer à la CGT (mais aussi à FO et à la CFDT) un loyer à Châteauroux.

La centrale syndicale prend tout cela très au sérieux. Son secrétaire général, Bernard Thibault, a évoqué le cas de Saint-Quentin, le 24 novembre 2010, à l’occasion d’un entretien avec le ministre du travail. Un dirigeant confédéral, Michel Donnedu, suit l’ensemble de ses affaires qui a fait l’objet, mercredi 4 mai, d’un communiqué intitulé « Non au diktat, Xavier Bertrand veut punir la CGT ».

« On sent quelque chose de concerté au niveau de l’UMP. Il y a une tonalité extrémiste du discours de la droite parlementaire à notre égard », estime M. Donnedu. Le dirigeant confédéral se demande si la centrale ne fait pas les frais de son attitude « combative » de 2010 sur les retraites, oubliant peut-être un peu vite que la contestation de la réforme a été portée par l’ensemble des syndicats…

Que peut-on dire de solide au sujet de ces querelles ? Un premier constat s’impose. De mémoire cégétiste, c’est la première fois au cours des vingt-cinq dernières années qu’un ministre du travail en exercice se trouve engagé, même si c’est au titre de ses responsabilités d’élu local, dans une procédure judiciaire contre la CGT.

Dans ces trois affaires, ce sont bien des élus UMP qui, à chaque fois, ont dénoncé les conventions liant leur ville à la CGT et/ou engagé des procédures judiciaires. Les municipalités de Châteauroux et de Saint-Quentin l’ont fait dans la première moitié des années 2000. Dans le cas de ces deux villes, un tribunal a constaté que les UD et les UL CGT étaient des occupants sans droits ni titres. La CGT, seule, à Saint-Quentin, la CGT, la CFDT et FO à Châteauroux ont fait appel de ce jugement (la Cour de cassation ayant ensuite renvoyé les parties devant une autre cour d’appel, celle d’Orléans).

A Saint-Quentin, où la CGT est censée quitter depuis 2004 ses 700 m² pour permettre l’agrandissement du conseil des prud’hommes, deux propositions de relogement ont été faites : l’une par l’ancien maire, Pierre André, l’autre par Xavier Bertrand.

« On nous propose 364 m² mansardés (291 m² loi Carrez). Cela ne nous permet pas d’exercer notre activité syndicale, reconnue d’intérêt général, et de recevoir du public. Et il n’est même pas certain que Saint-Quentin conserve son conseil des prud’hommes », observe Elisabeth Guilbert, secrétaire générale de l’UD CGT de l’Aisne.

Le cabinet de M. Bertrand, pour sa part, confirme le maintien à Saint-Quentin de la juridiction prud’homale, assure que la municipalité a engagé 300 000 euros de travaux pour rénover les locaux proposés à la CGT. Un troisième local, situé rue des plates pierres, conviendrait au syndicat, mais, à son grand regret, M. Bertrand souhaite apparemment en faire une halte-garderie…

A Chartres, la CGT assure être le seul syndicat à avoir reçu une lettre recommandée du maire  lui enjoignant de déménager. M. Gorges, lui, soutient que deux autres organisations syndicales et toutes les associations implantées dans l’abbaye de Saint-Brice, dans le quartier de Saint-Martin au Val, ont été averties qu’elles devraient quitter leurs locaux. « Il n’y a de problèmes qu’avec la CGT », ajoute-t-il.

Dans cette ville, où M. Gorges défend avec énergie ses projets archéologiques et muséographiques, c’est surtout la mauvaise qualité des relations entre la CGT et le maire qui est frappante. « La CGT est la seule à avoir répondu de manière agressive à notre demande, en faisant des tags dans la ville. Nous avons porté plainte », explique M. Gorges. « Je ferai ce qu’il faut pour reloger les syndicats CGT locaux, mais je n’ai aucune obligation de relogement à l’égard de l’Union départementale ».

Et c’est bien là que le bât blesse : dans les attendus d’un arrêt du 3 juin 2010, la Cour de cassation relève que « le respect de l’exercice effectif des libertés syndicales, autres que celles propres à la fonction publique territoriale, ne crée aucune obligation aux communes de consentir des prêts gracieux et perpétuels de locaux de leur domaine privé ». Ce qui pourrait compliquer singulièrement la vie des Unions départementales de tous les syndicats…

20 réponses sur “La CGT et ses différends immobiliers avec trois maires UMP, dont Xavier Bertrand”

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  2. Même si de nos jours les syndicats institutionnels sont devenus réformistes et ont perdu de vue et de programme la lutte des classes, la réduction du temps de travail et j’en passe, il n’en reste pas moins que se syndiquer reste la première conscience que devrait avoir toute personne qui n’est pas capitaliste (retraités, chômeurs, salariés. C’est en entrant dans ces structures que l’on peux changer le rapport de force (encore faut il être majoritaire à l’intérieur pour ne pas se faire traiter de gauchiste. Mais il y a aussi une chose qui me chiffonne : tous syndicats confondus, les salariés, chômeurs, retaités, ne représente qu’environ 8%. Ce n’est donc pas avec les cotis des adhérents ou militants qu’ils pourraient survivre. Je vois 2 choses, d’une part le fric reçu par la CES via l’Europe forteresse, d’autre part, la part des procés que nos syndicats gagnent aux prud’hommes. La France est le dernier pays Européen où se sont encore les syndicats qui défendent (gratuitement) aux prd’hommes, ailleurs, il faut payer un avocat. Cela représente une bonne part de leurs budgets. Ces petits grapillement à leur encontre, les fragiliseraient encore plus et pour le monde du travail, une misère de plus. N’oublions pas que la plupart des gens qui militent dans les syndicats, sont des bénévoles, et prendre de son temps pour l’offrir à ses semblables, cela veut déjà présager du positif. Pour ceux qui critiquent, mieux vaudrait d’engager, car les syndicats, c’est nous !

  3. La France est vraiment le pays des petits arrangements entre amis ou entre « ennemis-à-la-ville, amis-en-privé ».
    Quelque soit l’utilité de ce syndicat, ils doivent payer un loyer, les français n’en sont pas dispensés, eux.
    Mais pour ça il faudrait que les syndicats aient encore un pied dans la réalité quotidienne des français, et ça, c’est loin d’être le cas…

  4. Des histoires qui durent depuis des années, avant que Xavier Bertrand soit ministre.
    Sur le principe, il n’y aucune raison que la CGT bénéficie de locaux gratuits, encore moins qu’elle s’oppose à des décisions de justice.

  5. La seule chose que ce gouvernement sait faire, c’est de délocaliser et de laisser le patronat licencier les travailleurs
    La seule chose qui fait la CGT, c’est de défendre le droit au travail
    Alors, qui est d’un plus grande utilitée publique dans ces cas.
    Les ministres UMP ou la CGT?
    Pas de photo.
    Quant aux catholiques de droite issues de la bourgoisie pourrie de la France qui fait allusioin à la CGT dans le passé, leur propre passé est loin d’être glorieux non plus

  6. Ayant été syndiqué comme employeur et comme employé je pense que ce n’est pas une démarche honteuse et dans chaque cas j’ai pris le plus rude .L’un et l’autre m’ont donné de bons conseils ; quant a ces histoires de loyers c’est tout simplement que les renvois d’ascenseur sont devenus plus difficiles et qqs ministres en ont fait les frais.

  7. La place des syndicats dans le monde professionnel est en chute libre. Il serait fort interressant d en comprendre le processus afin que ces derniers puissent ajuster leurs positionnements a une realite sociale actuelle. L idee de la gratuite des locaux est un non sens aujourd hui. Il faut admettrz que nous ne sommes plus au sortir de 1945 et d une action sociale forte. Penser a l obligation de se syndiquer, c est un concept auquel j adhere mais qui est utopiste dans notre societe bling bling et individualiste.

  8. Le syndicalisme est une organisation pour défendre les intérêts des salariés et les salariés payent pour cela. Donc arrêtons de se voiler la face, les syndicats ont largement de quoi payer un loyer. Pour ma part, je préfère, de loin, une halte garderie ou un prud’homme qu’un syndicat parce les deux premières servent à quelque chose.

    HZ

  9. Une adhésion à un syndicat devrait être obligatoire pour profiter du résultat des luttes syndicales.
    Autrement dit, si tu n’es pas syndiqué, tu conserves les conditions pré existantes ou bien tu vas tout seul réclamer ton augmentation individuelle…

    Les syndicats étant plus riches, ils pourront étudier et communiquer mieux, louer des locaux …
    Ca existe ailleurs, et curieusement, la société est bien plus apaisée qu’en France.

    Mais les « riches » dont je fais partie n’y voient aucun intérêt. « Nous » voulons des syndicats-potiches, signant des accords engageant tous les salariés : et des imbéciles s’en plaignent en voulant la disparition totale des syndicats ? Sidérant.

  10. Que pèse la CGT actuellement ? Vu son passé peu glorieux, cela ne me poserait pas de problème si ce « syndicat » disparaissait…

  11. Comme tout doit être plus simple en Chine : les quelques téméraires qui tentent de créer des syndicats indépendants se retrouvent généralement à creuser tout autre chose que le trou de la Sécu !

  12. Je me demande quand est-ce que le syndicalisme va prendre la place de la gauche caviar, maintenant qu’on est passé à la Porsche!

  13. Bien sûr, les syndicats employeurs n’ont pas de problème de logement eux….., pas de problème d’impôts locaux (réponse au 1er message) et harcèlent tt autant (re-réponse au 1er message).

  14. Bravo aux relecteurs, qui laissent passer un sublime « M. Gorges soutient… ».

    Cher GrosLolo,

    Il ne vous aura pas échappé que j’ai écrit : « M. Gorges, lui, soutient… » A dessein, si je puis dire ! Plus sérieusement, les blogs ne font pas l’objet d’une relecture des correcteurs du Monde, ce qui réserve, parfois, des surprises.

    Claire Guélaud

  15. pour répondre au premier commentaire il ni a pas de trou a la sécurité sociale . Une grande partie des taxes et exonérations de charges manquent. dans les caisses.
    tabac 7,8 milliards d’euros
    alcool 3,5 milliards d’euros
    industrie polluantes 1,2 milliard d’euros
    primes assurances automobiles 1,6 milliard d’euros
    tva 2 milliards d’euros
    retard de paiement Secu 2,1 milliard d’euros
    retard paiement des entreprises secu 1,9 milliard
    TOTAL 20 MILLIARDS D’EUROS
    Déficit annoncé de la sécu année 2009 11milliard d’euros (éxédent 9 milliard)
    si l’argent était récupéré il n’y aurai pas de trou a la sécu

    1. Un deficit ne représenté que la partie « négative » du budget… Donc a part si la sécu a un budget de 0, votre calcul de l’excédent est faux. Par contre si la sécu a un budget de 31Mds, on a bien 31-20 = 11 milliards de déficit.

  16. Ping : Revue de presse | La CGT et ses différends immobiliers avec trois maires UMP, dont Xavier Bertrand
  17. ah, la CGT, ses immeubles occupés à titre gratuits, ses emplois fictifs dans les municipalités amies… Vous devriez évoquer le cas de Montreuil, siège de la Centrale, poursuivie pour harcèlement (hors sujet mais tout de même), qui doit désormais, depuis que la ville est passée de rouge a vert… payer des impôts « locaux », chose dont elle se dispensait… royalement depuis son implantation! Enfin tout ça creusera un peu plus le trou de la Sécu, premier financier des syndicats…

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