Elles ont été invitées à se faire entendre, à donner un "élan" au candidat qui sera choisi lors de la primaire le 9 et 16 octobre. Les banlieues sont devenues un enjeu pour les candidats socialistes. Les voilà de nouveau visitées, courtisées, voire mises en scène par le Parti socialiste à l'heure où il appelle les citoyens à se mobiliser pour la désignation de son candidat.
On a ainsi vu par deux fois Ségolène Royal à Argenteuil et Sarcelles (Val-d'Oise) et c'est à Montreuil (Seine-Saint-Denis) qu'elle a tenu son dernier meeting, le 10 septembre, après un "marathon des banlieues". "Ségolène Royal a toujours considéré qu'il fallait en finir avec l'ère du mépris dans lequel on tient les citoyens qui vivent en banlieue", souligne Guillaume Garot, son porte-parole.
Martine Aubry n'est pas en reste : c'est aussi en Seine-Saint-Denis, à La Courneuve, que l'ex-première secrétaire a fait sa première sortie de terrain de candidate, en juillet. Son équipe prévoit une nouvelle visite "dans les prochains jours". "On veut faire mentir ceux qui disent qu'on ne vote plus dans les banlieues", explique François Lamy, son directeur de campagne. Les autres candidats sont, eux, plus discrets, privilégiant les déplacements en province.
"C'EST ICI QU'EST LE PEUPLE DE GAUCHE"
Harlem Désir avait voulu redonner une impulsion le 7 septembre à Clamart (Hauts-de-Seine) en lançant un appel aux "quartiers populaires à choisir le ou la candidat(e) de la gauche". "Il faut une participation très forte dans les banlieues", a insisté le premier secrétaire par interim. La fédération de Seine-Saint-Denis, tenue par les partisans de Martine Aubry, a visiblement décidé d'appliquer à la lettre cet appel. Collages, diffusion de tracts, réunions publiques, porte-à-porte... depuis quelques jours, on sent sur ces terres de banlieue rouge comme des airs de campagne électorale, premières escarmouches entre supporters comprises.
Quelque 186 bureaux de vote ont été prévus dans ce département comptant 40 communes. Un ratio de cinq bureaux par ville, plus que la moyenne nationale. L'effort a été porté sur les grosses villes comme Saint-Denis – où l'on compte 14 bureaux de vote – ou Montreuil, où l'on en prévoit 11. "Il y a une vraie dynamique. Une envie de réussir car si la primaire foire ici, c'est toute la primaire qui foire", assure dans un langage fleuri Philippe Guglielmi, premier fédéral de Seine-Saint-Denis. Les équipes locales théorisent cet effort de proximité. "C'est ici qu'est le peuple de gauche. Ce qui incarne le plus le besoin de changement, ce sont nos villes", souligne Mathieu Hanotin, bras droit de Claude Bartolone au Conseil général. "Il faut aller chercher les votes dans les grands foyers urbains", renchérit Razzy Hamadi, secrétaire national en mission à Montreuil.
Ainsi, à Saint-Denis, les rues se sont parées d'affiches et les sols sont jonchés de tracts vantant les mérites de Martine Aubry – "La candidate du changement et de l'espoir dans nos quartiers populaires" – ou François Hollande – "Votons pour le changement". Les partisans de Ségolène Royal sont plus discrets, préférant orner les feux rouges de stickers à l'effigie de leur championne. La bataille des affiches a pris un tour plus vif depuis quelques jours, les pro-Aubry recollant les "hollandais" et réciproquement. Dans ce bastion aubriste qu'est la Seine-Saint-Denis, la section dyonisienne est restée fidèle à "François". Les deux camps ont saisi le comité départemental d'organisation de la primaire pour pratiques déloyales... et se sont mis d'accord pour ne pas se croiser.
"IL Y A UNE ATTENTE"
C'est aussi sur les paliers des cités que se mène le débat. Dimanche, les "forces citoyennes" dyonisiennes de Mme Royal – renforcées par des militants extérieurs – sillonnaient le quartier des Francs Moisins. Les pro-Hollande ont commencé plus au Nord, à Delonnay-Belleville, un quartier plus mélangé socialement. Les partisans de Mme Aubry vont s'y mettre dans les prochains jours : " On a attendu le premier débat télévisé. Maintenant les gens viennent nous voir, il y a une attente", souligne M. Hanotin. Le modèle ici se veut résolument militant et loin des caméras. "On fait le marché, les écoles, le centre commercial Carrefour. Ça prend : les gens nous demandent où on vote", remarque Georges Sali, conseiller municipal "hollandais".
Repérer son bureau de vote quand on n'a pas Internet et encore moins l'application iPhone idoine relève en effet du casse tête. Le PS local a voulu jouer gros. En 2007, Ségolène Royal avait fait en Seine-Saint-Denis un de ses plus beaux scores en obtenant 68 % des voix au second tour. Aux cantonales en revanche, la participation a tout juste atteint 30 %.
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