Depuis son entrée en campagne, Nicolas Sarkozy et son entourage observent avec attention les sondages qui semblent montrer que l'écart avec François Hollande se réduit. A tel point qu'à l'UMP, on imagine que les courbes des deux candidats dans les sondages pourraient se croiser, dès la semaine prochaine.
Le sondage CSA pour BFMTV/RMC et 20Minutes accrédite ce scénario made in UMP: Nicolas Sarkozy remonte à 27% d'intentions de vote et n'aurait donc plus qu'un point de retard sur François Hollande, à 28%. Cependant, la veille, Ipsos publiait une enquête pour France Télévisions, Radio France et Le Monde dans laquelle le président-candidat accusait 7 points de retard (à 25%) sur François Hollande à 32%.
De tels écarts que l'on peut expliquer en partie par la date à laquelle ont été réalisés ces sondages. En effet, le sondage Ipsos, publié le 21 février, a été fait entre le 17 et 18 février, c'est-à-dire avant le grand meeting de Nicolas Sarkozy à Marseille. Alors que celui de CSA a en revanche été réalisé le 20 février après le meeting.
On devrait donc en conclure que le meeting de Marseille a été un franc succès pour le président-candidat. Pourtant, les résultats du post-test réalisé par BVA après le meeting de Marseille sont très sévères pour le chef de l'état: 67% des sondés ne l'ont pas trouvé convaincant. Alors que Nicolas Sarkozy veut se présenter désormais comme le candidat du peuple, 81% des sondés jugent pourtant qu'il est celui qui protège le plus les élites et le système.
Dans ces conditions, difficile d'imaginer Nicolas Sarkozy dépasser François Hollande dans les sondages de premier tour.
En 74, Giscard a 11 points de retard sur Mitterrand
Nicolas Sarkozy espère pourtant qu'un croisement des courbes permettra de créer une dynamique, que cela suffira à convaincre les Français que les jeux ne sont pas faits.
Comme, par exemple, en 1988. Raymond Barre mène largement la course à droite devant Jacques Chirac. Mais début février, ce dernier inverse la tendance. Barre ne reverra plus Chirac jusqu'au premier tour. Sept ans plus tard, même schéma. Cette fois-ci, c'est en mars et c'est Edouard Balladur, qui est victime de la remontée de Chirac.
Directeur de BVA Opinion, Gaël Sliman ne croit pourtant pas à cette théorie du croisement des courbes: "C'est une légende urbaine. Etre en tête au premier tour est purement symbolique. Le plus déterminant, ce sont les reports de voix au second tour".
Il rappelle à juste titre que les vainqueurs des premiers tours ne sont pas forcément ceux du second. En 1974, François Mitterrand arrive largement en tête avec 43%. Valéry Giscard d'Estaing recueille lui 32%. 11 points de retard qui ne l'empêche pas de battre le socialiste. Idem en 1995, où Lionel Jospin est en tête avec 23%. Mais les reports de voix sont favorables à Jacques Chirac qui remporte finalement l'élection présidentielle. Des chiffres qui devraient faire réfléchir Nicolas Sarkozy.
Auteur de Le pompier ou le maçon ?, éditions du Moment.