Internet: pour 20 000 belges, il est encore impossible de se connecter

L'EPN, espace public numérique mobile, dépanne les zones privées d'accès à internet

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Par Julien Vlassenbroeck
Le village de Foy-Notre-Dame est ce que l'on appelle "une zone blanche". Rien à voir avec la neige qui recouvre le sol en cette période hivernale. Cela veut simplement dire qu'ici, la connexion classique à internet est impossible. 
Pour dépanner les villageois, il y a tout de même cette camionette, l'EPN (espace public numérique mobile). Les habitants ont donc accès à la toile grâce à la parabole fixée au véhicule mais seulement une après-midi par semaine. Une situation difficile à vivre pour les habitants et qui charrie son lot de désagréments.

Internet est pourtant vital pour certains et il n'est accessible qu'une après-midi par semaine. On est donc est très loin d'une solution idéale.
D'autant plus que la solution de dépannage tombe elle-même parfois aussi en râde. Le givre met l'antenne hors service par période de grand froid.

Des solutions existent, mais elles sont jusqu'à 40 fois plus chères

Ce défaut de connexion pose de réels problèmes aux habitants. Les propriétaires ont d'ailleurs même du mal à louer leurs biens pour cette raison.
Les locataires sont souvent rétifs à l'idée de s'installer dans un endroit où internet n'est pas accessible.

Certains habitants ont tout de même internet chez eux grâce leur propre parabole. Mais cela leur revient extrêmement cher. 
1000€ d'investissement de départ pour le matériel et plus de 50€ par mois pour la connexion. Pour une efficacité très relative. En effet, devant nos caméras, la connexion n'a pas été possible sans que l'utilisatrice puisse se l'expliquer.

L'autre solution c'est la clé 3G. Mais là aussi le système est beaucoup plus lent et coûteux qu'une connexion classique.
75€ pour deux GB (soit deux "giga" de données) et 40€ supplémentaire pour chaque GB en plus. Pour information, un abonnement de 25€ mensuel pour une connexion classique donne droit à 50GB par mois. Soit 50 cents le GB, près de 80 fois moins cher que la connexion 3G. 

Un des pays les mieux connectés du monde

Du côté des opérateurs, on se dit conscient du problème. Mais on rappelle que la Belgique est un des pays les mieux connecté au monde. 
"On se rend compte effectivement qu'il y a un certain nombre de personnes, très limité, moins de 0,2% de la population belge" qui sont privés d'accès au net, explique Haroun Feneaux, porte-parole de Belgacom. "C'est d'ailleurs entres autres pour cela que chez Belgacom, nous continuons aujourd'hui à investir plus de 100 millions d'euros dans notre réseau chaque année", précise-t-il.

Chez Voo, c'est 10% des belges qui n'ont pas accès à leur service. Et les améliorations prendront encore du temps avant de se matérialiser.
"Voo est une société assez jeune qui est née de la consolidation du câble en Wallonie et sur une partie de Bruxelles", rappelle Patrick Blocry, porte-parole de Voo Belgique. "Nous avons donc racheté l'ensemble des réseaux et ils étaient à des niveaux d'équipements différents. Nous avons prévu un grand plan mais les investissements sont tellement lourds qu'on doit y aller progressivement", ajoute-t-il prudemment.

Pour l'Agence wallonne des télécommunications (AWT), la non connectivité, même très limitée est inacceptable. Et les pouvoirs publics ont sans doute un rôle à jouer.

"Aujourd'hui, la connexion internet est devenue un besoin presque du même type que l'accès à l'eau ou à l’électricité", fait remarquer André Blavier de l'AWT. Pour ce dernier, "l'imagination est au pouvoir, il faut se mettre autour de la table, discuter, surtout au niveau des pouvoirs publics et éventuellement trouver des solutions de substitution. Et si c'est au niveau du mobile, on peut espérer que l'opérateur offrirait aux utilisateurs un tarif qui soit proche de l'ADSL plutôt que de faire payer le tarif réel qui serait évidemment impossible à soutenir pour la plupart des gens".

Quoi qu'il en soit, à Foy-Notre-Dame, les villageois veulent croire dans leur mobilisation et espèrent pouvoir en finir définitivement avec la non connectivité.

Julien Vlassenbroek avec Hugues Angot

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