Mais où sont les Daft Punk ?

Huit ans que l'on attendait le nouvel opus du duo masqué. Pour beaucoup, déception à la clé. Comme quoi il n'est pas toujours bon de se faire désirer.

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Profil bas pour le tandem Daft Punk ? En effet, leur dernier album est loin de faire l'unanimité.
Profil bas pour le tandem Daft Punk ? En effet, leur dernier album est loin de faire l'unanimité. © LUIS MORENO / NOTIMEX

Temps de lecture : 2 min

On les imaginait revenir "Harder, Better, Faster, Stronger", comme dans l'un de leurs tubes mythiques. Las ! Serait-ce l'effet pervers de mois de promotion savamment menée ? Disponible sur iTunes depuis lundi, le dernier Daft Punk, Random Access Memories, en déçoit plus d'un parmi les fans de la première heure, qui espéraient recevoir une claque aussi grande qu'avec Homework. Rythmes lents et accords disco, enregistré "à l'ancienne", l'opus prend le contre-pied de ces prédécesseurs. Renouvellement ? Certes. Mais on ne peut s'empêcher de regretter la couleur d'origine du duo.

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Nostalgie

Pionniers de l'électro, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo versent à présent dans le disco. Au lieu de persévérer dans la voie de leur débuts, ils ont préféré rebrousser chemin et s'inspirer de sonorités, de techniques et d'artistes passés. Peu de samples hormis dans la dernière chanson, où se mêlent un enregistrement de la Nasa et une boucle du groupe de rock australien The Sherbs. Le reste - guitares, batteries, basses, synthés - a été enregistré dans de "vrais studios, à l'ancienne".

Quant à la participation de Giorgio Moroder (73 ans) et Nile Rodgers (61 ans), elle conforte cet accès de nostalgie assumé. Mais franchement, quelle idée de replonger dans les années 70 et 80, alors que l'électro demeure en chantier ? Surtout, quelle mollesse ! Prenez "Lose Yourself to Dance", dont le titre invite théoriquement à bouger et qui donne plutôt envie de dormir. On est loin de "One More Time", d'"Aerodynamic" et de "Technologic". Même "Voyager", en son temps, poussait à battre la mesure en secouant la tête et en tapant du pied.

ÉCOUTEZ- "Get Lucky" :


Hybride

Enfin, c'est un album bavard. La multiplications des featurings, de Julian Casablancas (The Strokes) à Paul Williams, en passant par Todd Edwards, laisse peu de place aux accents robotiques - ce vocoder, marque de fabrique du groupe - et accentue le côté hybride de l'oeuvre. Là où le duo aux casques ne s'est pas trompé, en revanche, c'est en faisant de "Get Lucky" - seul rescapé de ce flop qu'est Random Access Memories - son single de lancement. Appel à la chance ?

Alors évidemment, parce que les musiciens maîtrisent leur art et qu'ils collaborent avec les meilleurs, l'album demeure au-dessus du lot insipide qui fait trop souvent les ventes iTunes. Random Access Memories se laisse - noter la tournure passive - écouter. Disons tout simplement qu'il ne s'adresse pas aux amateurs d'électro, sauf peut-être aux fans inconditionnels que l'amour rend sourds. On pourrait presque se consoler en imaginant que deux usurpateurs se cachent dorénavant sous les casques du célèbre tandem, mais la force mentale requise pour pareil refoulement ne saurait masquer la triste vérité : les DJ français ne sont pas au meilleur de leur forme. Où sont passés les Daft Punch ?

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Commentaires (20)

  • much in common

    Je pense que leur opus HUMAN AFTER ALL n'était pas raté du tout. Perso, c'est mon préféré. Cet album a été fait volontairement très rapidement, c'est un album très brut très instinctif, à la manière des grands groupes Punk. Le groupe Suicide serait le meilleur exemple https : //www. Youtube. Com/watch ? V=XGLJoXpKo4U qui avait cette puissance brute, hyper intense. Et puis Human After All c'est toute ce coté brut utilisé avec des sonorités complètement uniques. Cet album ne sonne comme nul autre, et ça c'est une technique qui a été beaucoup utilisé par les artistes électroniques qui ont suivi. Justice dont tu parles, justement ils font ça, ils ont cherché avant tout à trouver leurs propres sonorités, pour créer un album hyper homogène, pour qu'il ait un son et univers unique. Cette technique est assez facile à faire aujourd'hui pour un album électronique. Puis Human After All on pourrait aussi parler de l'impact énorme qu'il a eu sur la musique électronique, notamment cette utilisation de la saturation pour donner de la puissance. Et puis aussi cette idée qu'on peut envisager la musique électronique de la même façon que du vrai rock, leurs deux albums précédents ouvraient déjà un peu cette voix là.
    Human After All en fait c'est des sonorités uniques + ce coté brut + un vrai message. C'est un album immense en tant qu'oeuvre d'art. Perso je trouve ça magnifique.
    Bref tout ça pour dire que finalement la touche Daft Punk ce n'est pas vraiment que ça fasse "boum boum", que ça soit disco, ou que ça sonne spatial ou je sais pas quoi d'autre. Je pense que la touche Daft Punk c'est plutôt d'envisager la musique pour trouver un chemin qui fera que ça sera plus que de la musique, le chemin qui élèvera la musique dans une autre dimension.
    Et pour cela ils n'ont pas eu peur de changer leurs moyens et leur méthodes, et le produit final a très souvent déstabilisé pas mal de monde et provoqué l'incompréhension, mais au final en fait ils sont toujours dans la même direction.

  • Alain Tayrnauth

    Disons la clairement, les fans d’électro vont être déçus : le nouvel album des Daft Punk n’en ait pas un, c’est mid tempo, pas distordu ni braillard pour deux sous. Oubliez Skrillex ! Oubliez LMFAO, les usurpateurs ! C’est aussi l’anti David Guetta qui, depuis son succès planétaire, a tué l’électro et la house music en imposant un son formaté et des featuring à la pelle qui inondent les ondes des radios en 3 lettres, même radio FG s’y est mis, c’est dire le désastre ! Les daft prennent tout le monde à contrecourant en sortant un album « old school » avec de vrais instruments, piano Fender Rhode en avant et de vrais musiciens. Ils auraient pu l’intituler REWIND, car c’est un retour en arrière qu’ils proposent, un retour aux sources du funk, du rock West coast, du disco, où les riffs de Stratocaster de Niles Rogers identifiables à la première note, sonnent comme au bon vieux temps de Chic, toujours copié, jamais égalé, avec la complicité du batteur Omar Hakim l’accompagnant en tournée. En tout cas, c’est bien mieux que leur dernier opus studio bâclé, complètement raté, qui sentait les fonds de tiroirs. Random access memory touchera sans doute un public encore plus large, car c’est très FM. Reste à savoir si, dans leur prochaine tournée, ils remettront leurs anciens morceaux à cette sauce ou feront un melting pot dont ils ont le secret. Les amateurs d’électro n’ont qu’à se jeter sur le nouveau live des Justice « Accès all arenas », bien que leur dernier opus studio fut, lui aussi, beaucoup plus sage et léché que le précédent. Cet album des Daft Punk est une bonne pioche, ils nous prouvent qu’ils sont avant tout des musiciens pas seulement des bidouilleurs de génie. Ici, la musique reprend ses droits, c’est pas plus mal, car la house et l’électro commençaient sérieusement à tourner en rond et à se niveler par le bas. A défaut de nous surprendre, les Daft nous étonnerons toujours, ce qui n’est pas le moindre de leur talent.

  • much in common

    Je pense que cette déception est une nouvelle fois du au fait que chacun s'attend à quelque chose en particulier, et personne n'a ce qu'il attend, et cette incompréhension crée cette "déception". Je pense que c'est totalement ridicule de dire "ouais ils auraient du faire ceci ou cela", ils nous servent quelque chose et il faut qu'on fasse avec, c'est tout.
    Discovery était déjà une déception pour pas mal de gens, et Human After All n'en parlont pas, il n'a toujours pas été compris par la majorité, tout le monde en parle comme de leur album raté. Mais… Daft Punk est quand même resté une sorte de référence légendaire. Pourquoi ? Parce qu'ils apportent de vrais concepts à chaque fois.
    Je pense qu'il faudrait arrêter de parler de DJ à chaque fois pour des gens qui font de la musique, c'est rabaissant et complètement hors de propos, les Daft Punk n'ont pas touché des platines depuis une dizaine d'années. Puis vous dites "Quelle molesse" ou "Où sont passés les Daft Punch" ? Désolé mais là encore c'est complètement ridicule… Je rigole énormément en lisant toutes sortes de critiques, en m'imaginant ce que ça serait Daft Punk si ils étaient comme toutes ces critiques aimeraient qu'ils soient ^_^
    Justement les Daft Punk ne veulent pas que ça tape, ils sont allé chercher la puissance autre part.
    En suivant d'un peu plus près, on peut voir que cette direction est très logique. En 2009, Guyman a produit l'album Sexuality de Tellier : cet album utilisait ces sonorités très'Moroder'sur le morceau Sexual Sportswear par exemple, et puis surtout on avait dans cet album ces tubes pop délicieux de finesse comme Look.