Le Festival de Saintes est un rendez-vous quasi obligé pour musiciens et mélomanes. Tous s’y côtoient à loisir au cœur de la romane Abbaye-aux-Dames. Les concerts s’enchaînent à un rythme fou, le public n’ayant que le temps de se ravitailler sur place et de dialoguer avec les artistes dans le parc. Un lieu qui ne désemplit pas depuis 42 ans, malgré la crise.

« Le public est toujours plus nombreux, se réjouissent les directeurs Odile Pradem-Faure et Stephan Maciejewski. Il tend pourtant à limiter ses concerts. Les pass complets ont diminué de moitié, et le festivalier moyen assiste à 6 ou 8 concerts sur les 35 proposés. Mais nous ne pouvons baisser les prix. Nous sommes obligés de nous autofinancer à 50 %. »

Jordi Savall en ouverture

La 43e édition du festival s’est ouverte vendredi sur un événement attendu depuis 1991 : le retour dans l’abbatiale du XIe siècle de Jordi Savall. Le gambiste catalan a présenté avec son ensemble Hespérion XXI à 600 spectateurs, qui l’ont accueilli tel une pop’star, un programme consacré à l’empire ottoman associant musiques séfarade, grecque, arménienne et turque.

Un programme complexe et nécessitant une écoute consciencieuse qui a pourtant bouleversé l’auditoire, et si d’aucuns attendaient le musicien dans son répertoire d’il y a 20 ans, le temps pourtant dilaté de ces musiques à la croisée des chemins, le public médusé en a redemandé au point que Savall a ajouté deux bis. Un moment d’extase pure qui s’est renouvelé dans un programme monographique sur le compositeur Renaissance Claude Lejeune somptueusement conçu et exécuté par Paul van Nevel et son Huelgas Ensemble. Christine Busch a donné de la Partita n° 2 et de la Sonate n° 3 de Bach sur violon baroque des interprétations de feu.

De jeunes musiciens fougueux

Toujours sur instruments d’époque, cette fois de la fin du XIXe siècle, la Symphonie n° 1 de Mahler par le Jeune Orchestre Atlantique, résidant de l’abbaye, a donné l’occasion d’écouter des musiciens en formation venant des quatre coins du monde, qui ont répondu avec fougue à défaut de nuances à la direction impétueuse de Philippe Herreweghe.

L’Ensemble Sequenza 9.3 de Catherine Simonpietri a déçu malgré un parcours intelligemment élaboré à travers le répertoire vocal contemporain, brillant dans O Sacrum Convivium de Messiaen et le Stabat Mater de Penderecki, et frustrant dans le Sanctus d’Escaich et surtout l’admirable Nuits de Xenakis. Remarquable travail en revanche de Natacha Bartosek et son Ensemble de jeunes voix Aposiopée dans de délectables chants moraves de Janáček.

Jusqu’au 20/07. Rés. : 05.46.97.48.48

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