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Elles jouent leur partition dans Playboy

À gauche, Tijana Milošević dans le dernier numéro de Playboy Serbie (DR). À droite, Linda Magdalena Lampenius Cullberg en couverture de Playboy, en 1998 (DR)

En posant pour le magazine Playboy, le premier violon du Philharmonique de Belgrade suscite la polémique dans les rangs des conservateurs. Pourtant, elle n'est pas la première musicienne classique à se mettre à nu.

Faire la promotion de la culture des Balkans! Tel était, au départ, l'intention de la chanteuse pop Goca Tržan et de la violoniste classique Tijana Milošević, en acceptant de poser nues pour l'édition nationale de Playboy, en Serbie. Sorti en kiosque au début du mois, le magazine n'a pas fait l'unanimité dans les rangs de la principale phalange orchestrale du pays: le Philharmonique de Belgrade. Et pour cause: Tijana Milošević en est le premier violon, c'est-à-dire la principale vedette.

Ce coup d'éclat intervient inopportunément, juste au moment où l'orchestre fait déjà face à une crise administrative, le célèbre maestro Alexander Rahbari ayant récemment démissionné de son poste de principal chef invité de la formation, dénonçant des méthodes de management dictatoriales. Si Milošević est originaire d'une famille de musiciens serbes respectée, elle risque fort d'ajouter de l'huile sur le feu, s'attirant les foudres de mélomanes conservateurs qui, par le biais d'Internet, ont déjà suggéré qu'elle déshonorait la respectabilité d'un orchestre séculaire, ayant joué avec les plus grands (de Zubin Mehta à Lorin Maazel, en passant par Yehudi Menuhin).

Les grands moments du classique revus par Lebel Records (DR).

Tijana Milošević n'est pas la première violoniste classique à susciter la polémique pour s'être mise à nu. En 1998, encore une fois dans son édition du mois d'avril (décidément…), l'édition américaine cette fois du même magazine Playboy faisait sa une avec une autre vedette, venue du grand répertoire: Linda Magdalena Lampenius Cullberg, alias «Linda Brava». Il est vrai que cette ancienne concertiste finlandaise, vedette de la scène classique dans les années 1970-1980, s'était déjà aventurée sur les terrains plus glissants du crossover, du rock et même du mannequinat, ce qui lui avait valu plusieurs apparitions dans des séries emblématiques du genre, dont Alerte à Malibu .

Lara Saint John sur la couverture de son premier album Bach (DR)

Ce n'était pas le cas, par contre, de la toute jeune Lara Saint John. Deux ans auparavant, cette Canadienne virtuose issue des plus vénérables instituts de formation d'Europe et d'outre-Atlantique (le Curtis Institute de Philadelphie et la Guildhall School de Londres) défraya la chronique en posant seins nus - à l'abri derrière son violon - sur la couverture de son tout premier album. Une image plutôt suggestive, en guise de clin d'œil au programme: des œuvres purement solistes de Jean-Sébastien Bach. Résultat? 25 000 exemplaires vendus, presque un record pour un premier album solo dans le domaine de la musique instrumentale… Mais des années à se racheter une conduite, et une image de «pin-up» du classique qui lui colle encore à la peau.

En 1970, une présentation suggestive pour le 3e concerto de Beethoven (DR)

Il faut dire que les maisons de disque n'ont pas attendu l'édition Vivaldi, chez Naïve (dont les couvertures mettent en scène des top models) pour céder à la tentation de rajeunir l'image du classique par l'intermédiaire d'images plus que suggestives au fort goût de marketing.

Dès 1970, le label Westminster Gold Series faisait ainsi la couverture du troisième concerto de Beethoven par Barenboïm avec un mannequin à moitié nu, caché derrière deux bustes à l'effigie du compositeur. Et lorsque le label Petrol Records se lance, dans les années 2000, à l'assaut des «grands moments du classique», il n'y va pas de main morte. Autant de tentatives qui ont le mérite de faire parler de musique classique.

Quant à savoir si ces «coups» attirent vraiment un autre public vers le grand répertoire, c'est une tout autre histoire.

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