La pédagogie Jaques-Dalcroze : le mouvement au service de l’apprentissage de la musique

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Une petite révolution est en cours actuellement dans les conservatoires de France. De nombreux directeurs cherchent à proposer dans leur établissement des pédagogies alternatives pour enseigner la musique. La plus connue est une méthode qui est utilisée depuis des décennies par tous nos voisins européens : la rythmique Dalcroze.

Qu’est-ce que la méthode Dalcroze ?
C’est une méthode inventée il y a plus de 100 ans par un compositeur suisse, Emile Jaques-Dalcroze. Passionné de musique et de pédagogie, il avait remarqué que trop souvent les musiciens se plaçaient eux même dans deux catégories : les intellectuels et les créatifs. A chacun il manquait quelque chose. Alors à la fin du XIXe siècle il a demandé à ses élèves d’enlever leurs chaussures, une révolution à l’époque, de pousser les tables, de poser les crayons et de se mettre en mouvement, car selon lui le corps devait être au centre de la musique.

« La méthode Dalcroze suppose de partir du fonctionnement de l’enfant, du jeu du plaisir et donc de l’instinct avant l’analyse »
Sylvie Morgenegg, formatrice de rythmique Dalcroze

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Un succès dans toute l’Europe
Cette méthode d’enseignement qui s’applique non seulement à la musique mais à tous les arts séduit de très nombreux artistes à l’époque. Jusqu’en 1915 Emile Jaques-Dalcroze avait créé à Hellerau à l’est de Allemagne un centre de formation où sont passés tous les grands noms de la culture européenne : du compositeur Arthur Honegger, au metteur en scène Stanislavski, en passant par le Nobel de Littérature Georges Bernard Shaw, ou encore le Corbusier ou Paul Claudel. Ce que venait chercher ces artistes ? La liberté artistique !

*« Pour enseigner la gamme, on peut passer par la danse, le mime ou le dessin. Dessiner une maison à huit étages avec des personnages avant de montrer que cette maison en langage musical c’est une portée avec huit notes. Passer par l’imagination de l’enfant, lui faire ressentir les concepts dans son corps et pas seulement dans sa tête laisse des souvenirs qui sont indélébiles» * Anne-Gabrielle Chatoux-Peter, enseigne la rythmique Dalcroze au conservatoire de Vincennes.

Laetitia Disseix-Berger, Anne-Gabrielle Chatoux-Peter et Anne Lamatelle Meyer, enseignantes de rythmique Dalcroze © Cécile de Kervasdoué
Laetitia Disseix-Berger, Anne-Gabrielle Chatoux-Peter et Anne Lamatelle Meyer, enseignantes de rythmique Dalcroze © Cécile de Kervasdoué

Sur tout le territoire français, il n’y a aujourd’hui que douze enseignants formés à la méthode Dalcroze. Manque de financement pour créer un centre de formation français à cette méthode ? Manque de curiosité des directeurs de conservatoire ? Manque de volonté politique face à toutes les pédagogies alternatives ?

*« Le problème en France c’est que tout est intellectuel, rhétorique cartésien, donc le corps n’est jamais pris en compte. Il y a cette idée qu’il faut souffrir pour apprendre, faire des efforts. Or la méthode Dalcroze passe par le plaisir. C’est apprendre en s’amusant ! » * Laetitia Disseix-Berger, dalcrozienne au conservatoire de Rueil Malmaison

En Suisse, en Belgique, en Espagne, en Grande Bretagne, aux Etats Unis et surtout en Asie, la rythmique Dalcroze est institutionnalisée parfois même au sein de l’école publique, elle est aussi utilisée pour aider les personnes âgées, pour les malades ou pour des jeunes en rupture sociale. En France, malgré l’intérêt grandissant des professeurs et directeurs de conservatoire, il faudrait d’abord créer un centre de formation et pour cela débloquer des financements.

Toutes les informations sur cette rythmique Dalcroze sont à retrouver ici : http://dalcroze.fr/
Pour aller plus loin un ouvrage sorti fin décembre 2015:
Le rythme, une révolution, Anne pellois Claire Küchnig, edition Slatkine

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