« Démos ne devrait pas être un projet, ça devrait être la norme », explique Jamila Ouaoua dont le fils Youba est tubiste au sein de l’orchestre de Châtenay-Malabry dans les Hauts-de-Seine.

Créé en 2010 par Laurent Bayle, directeur de la Philharmonie de Paris, le Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale (Démos) représente aujourd’hui neuf orchestres et 2 100 enfants qui l’ont fréquenté depuis sa création, principalement en Île-de-France. Fort de son succès en région parisienne, l’opération prévoit dix nouveaux orchestres pour la fin de l’année 2016 et espère atteindre trente orchestres et 3 000 enfants dans toute la France, outre-mer compris, entre 2016 et 2019.

Naissance de Démos

Petit retour sur une belle aventure… L’équipe de la Philharmonie de Paris a toujours considéré que la musique classique ne devait pas être réservée à une élite et que le fossé entre ceux qui écoutent de la musique classique et ceux qui n’y ont pas accès ne devrait plus exister. Elle s’est demandé comment la musique pouvait « tirer vers le haut » les jeunes des quartiers défavorisés. C’est ainsi qu’a germé l’idée de Démos en 2010 : puisque ces jeunes ne peuvent pas toujours aller jusqu’à la musique, ce serait la musique qui irait à eux.

Restait encore un défi : comment donner envie à ces jeunes d’intégrer un orchestre ? La réponse semblait simple et généreuse : leur faire confiance en se fondant sur des expériences passées comme celle de l’orchestre El Sistema au Venezuela, ou encore sur les différentes actions de la Cité de la Musique. D’autant que l’expérience montre que les enfants n’ont aucun a priori vis-à-vis de la musique classique. Comme le précisait à La Croix Zelbia Memifi, directrice du centre Lamartine de Châtenay-Malabry, en 2013 : « contrairement aux idées reçues,la découverte de la musique classique, les fascine ».

Depuis la création du projet, on sait que 50 % des « enfants de Démos » ont poursuivi l’étude de la musique en conservatoire, alors que sans cette initiative « seuls un ou deux auraient eu accès à la musique », affirmait Emmanuelle Favé, référente du projet Démos au centre de loisirs Marcel Cachin à Bagneux, au cours d’une répétition en 2014.

Démocratisation de la culture et lien social maintenu

Démos permet aux enfants des quartiers défavorisés d’avoir accès à la musique classique, via la pratique d’un instrument de musique à raison de quatre heures par semaine. Plusieurs fois par an, les enfants, âgés de sept à quatorze ans, jouent les grands classiques (Mozart, Verdi, Wagner…) lors de concerts dans les salles parisiennes.

Plus qu’un accès à la musique classique, Démos donne l’opportunité aux enfants de développer les qualités nécessaires à la vie en communauté à travers un apprentissage collectif : écoute des autres, partage, respect, rigueur… Son objectif est de recréer du lien social là où il tend à se briser : ce n’est pas sans raison si le président de la fondation « Éducation contre le racisme », Lilian Thuram, est également parrain de Démos. Sont prévus aussi des ateliers pour les parents, afin que la musique et la culture fassent partie de la vie quotidienne des familles.

Vers une expansion internationale ?

Même si Démos n’envisage pas encore un développement international, ses responsables admettent qu’ils y pensent, dans la mesure où des partenaires financiers étrangers soutiendraient ce coûteux déploiement. En effet, Démos à la française nécessite déjà un budget annuel de 260 000 euros par orchestre.

Concerts les 25 et 26 juin 2016 à la Philharmonie de Paris