Pour certains, boire plus de 3 tasses de café par jour augmenterait le risque de diabète

Par Juliette Pouyat - Journaliste scientifique Publié le 11/09/2014 Mis à jour le 10/03/2017
Une étude italienne montre que certains addicts au café ont 50% de risque en plus de développer un diabète de type 2, notamment s’ils souffrent d’hypertension et qu’ils métabolisent lentement la caféine

Vous enchainez les cafés toute la journée ? Pour certaines personnes, cela pourrait présenter un risque. Selon les résultats de l’étude HARVEST (Hypertension and Ambulatory Recording Venetia Study) présentés au Congrès de la Société Européenne de Cardiologie, boire régulièrement du café peut augmenter le risque de pré-diabète -l’étape avant le diabète de type 2- particulièrement chez les adultes qui souffrent d’hypertension et qui métabolisent lentement la caféine. Ceux qui boivent plus de 3 tasses par jour augmentent leur risque de 50%.

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« Les facteurs du mode de vie sont très importants pour les jeunes souffrant d’hypertension. Dans une étude précédente, nous avons montré que le café augmente le risque d’hypertension sévère et que ce risque est modulé par des facteurs génétiques propres à l’individu. Ceux qui métabolisent lentement la caféine ont un risque accru d’hypertension » dit le Dr Lucio Mos du San Daniele Cardiology Hospital à Udine (Italie) et auteur de l’étude.

Alors qui métabolise lentement la caféine ? La réponse est dans nos gènes est plus particulièrement dans celui qui code pour la protéine CYP1A2, une enzyme qui métabolise la caféine et l’élimine de notre organisme. Il existe deux formes différentes du gène qui déterminent l’activité de l’enzyme CYP1A2. En fonction de celle que vous portez, soit vous métabolisez le café rapidement, soit vous le métabolisez lentement.

Il existe plusieurs degrés d’hypertensions : légère, modérée et sévère. Une hypertension légère est caractérisée par une pression systolique située entre 140 et 159 mm Hg et une pression diastolique allant de 90 à 99 mm Hg.

Dans cette étude, les chercheurs ont examiné l’effet à long terme de la consommation de café chez de jeunes adultes diagnostiqués pour une hypertension légère. 1180 patients âgés de 18 à 45 ans ont participé à l’étude. Un génotypage pour CYP1A2 a été réalisé chez 639 patients.

Parmi les buveurs de café (74% des participants), 87% buvaient 1 à 3 cafés par jour, 13% en buvaient plus. Le génotypage montre que 42% des participants métabolisent rapidement le café, 58% le métabolisent lentement. Après 6 ans de suivi, les chercheurs ont diagnostiqué un prédiabète – défini par une glycémie à jeun de 100 à 125 mg/dl - chez 24% des participants.

D’après les résultats, les buveurs de café « modérés » augmentent de 34% le risque de développer un prédiabète par rapport à ceux qui n’en boivent pas, et pour les « gros » buveurs de café ce risque atteint 50%. Cette association est encore plus forte chez les personnes obèses ou en surpoids. Cependant, le lien entre la consommation de café et le risque de prédiabète n’existe que chez les personnes qui métabolisent lentement le café.

« Notre étude montre que le café augmente le risque de prédiabète chez les jeunes adultes qui souffrent d’hypertension et métabolisent lentement le café. Le risque est encore plus élevé pour les personnes en surpoids ou obèses et ceux qui consomment plus de 3 tasses par jour. » dit le Dr Mos.

« Les personnes qui métabolisent lentement la caféine sont exposées plus longtemps aux effets néfastes de la caféine sur le métabolisme du glucose. Les effets du café sur le risque de prédiabète dépendent donc de la quantité de café avalée chaque jour et de facteurs génétiques. Les jeunes adultes souffrant d’hypertension devraient être informés du risque de diabète lié à la consommation de café. Un génotypage pour le polymorphisme du gène CYP1A2 pourrait les aider à mieux connaitre ce risque » conclut le Dr Mos.

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Les résultats de cette étude contredisent en partie ceux d’études épidémiologiques antérieures qui préconisaient de boire du café pour diminuer le risque de diabète. Des divergences qui pourraient s'expliquer par des profils personnels différents du point de vue de la pression artérielle et du patrimoine génétique au sein de la même population étudiée.

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Source

European Society of Cardiology. "Coffee increases prediabetes risk in susceptible young adults." ScienceDaily. ScienceDaily, 2 September 2014.

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