Un acteur omniprésent et discret de la vie musicale belge

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Durant trente-sept ans, Jean-Pierre de Launoit aura présidé le Concours musical international Reine Elisabeth de Belgique. Ce concours, il l’a littéralement incarné et l’a propulsé au-devant de la scène médiatique.

Quand il reprend la présidence des mains du baron Paelinck en 1987, il y est déjà impliqué depuis 1968 et préside le comité exécutif depuis 1972. Là où son père, un des fondateurs du concours, a très tôt associé la radio à la diffusion des concurrents, c’est lui qui, en 1978, ouvre toutes grandes les portes de la finale à la télévision. Six soirées durant, les Belges vont alors se passionner pour un concours de musique classique qui rencontre la ferveur des grands événements sportifs. Personne ne sort indemne d’un tel marathon et le succès populaire du concours qui renforce l’impact de la musique classique dans le grand public devient un phénomène sociologique sans équivalent, à l’exception sans doute du Concours Chopin de Varsovie mais qui n’a, lui, lieu que tous les 5 ans.

La session de chant

Une telle notoriété a aussi ses contraintes : il faut accompagner l’institution, la faire évoluer. Bien avant d’autres institutions musicales, le Concours va autoproduire ses disques de lauréat, il va mettre en place un système d’accompagnement de ses lauréats, affiner son mode de cotation, devenir annuel, abandonnant en 2007 la 4e année de relâche. Et surtout, en 1988, ce grand amateur d’opéra qu’était Jean-Pierre de Launoit, va créer avec José van Dam et Gerard Mortier une session de chant qui, petit à petit, au fil d’ajustements graduels, va se créer sa propre personnalité. Dans la gestion du concours, de Launoit reste très proche de la reine Fabiola : c’est à sa suggestion que l’on décide de ne plus accorder de prix qu’aux six premiers lauréats, ce qui permet de placer sur le même pied les six autres finalistes.

Ce que l’on sait moins, c’est que cet homme d’affaires et brillant universitaire avait aussi étudié le piano. La musique faisait littéralement partie de sa personnalité et, comme auditeur régulier, il savait être aussi omniprésent que discret. Pour exprimer ses opinions, il préférait les apartés discrets aux grandes déclarations. Seule sa haute stature l’empêchait de se fondre dans l’anonymat. Il était aussi proche des artistes : certains comme Yehudi Menuhin sont devenus des amis. Mais on le retrouvait aussi souvent au détour d’une salle de concert où se produisait un ancien lauréat (et pas nécessairement le plus prestigieux). L’opéra est sans doute demeuré son jardin secret et c’est sans hésiter qu’il a repris la présidence des Amis de la Monnaie à un moment difficile. Il aimait dire qu’après 50 ans, il ne resterait des activités des hommes que l’art et la science. Mais il savait que pour cela, il fallait que l’homme ait un véhicule de pensée et d’expression à sa mesure : c’est pour cette raison qu’il avait repris la présidence de l’Alliance française qui restera le combat majeur de ses dernières années.

 

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