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Bernard Haitink : le triomphe d’un modeste

Le chef d’orchestre néerlandais est à Paris, pour deux concerts Brahms avec l’Orchestre de Chambre d’Europe, les 24 et 25 novembre. Portrait d’un grand musicien discret.

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© Todd Rosenberg Photography 2010

Par Philippe Chevilley

Publié le 20 nov. 2014 à 17:58

Simon Rattle affirme qu’après être passé entre ses mains, « son » orchestre philharmonique de Berlin sonne mieux comme s’il respirait plus naturellement. Bernard Haitink passe en effet pour un des grands maîtres de la direction, un chef qui sait faire sonner un ensemble et équilibrer les pupitres. Ses 85 ans lui confèrent une respectabilité supplémentaire et l’aura des grands aînés. L’artiste n’a pourtant rien d’un gourou, encore moins d’un tyran. Il déteste évoquer « la carrière des grands chefs » estimant qu’il n’est « qu’un simple musicien » et confie n’avoir aucun goût pour le pouvoir.

C’est là le mystère de la vie de Bernard Haitink : avoir connu une des vies musicales les plus riches, à la tête des plus grands orchestres et de prestigieuses institutions (Amsterdam, Dresde, Chicago, Royal Opera House de Londres, festival de Glyndebourne) tout en restant à l’écart du battage médiatique. Il faut dire qu’il ne donne pas grand chose à raconter. En répétition, il parle peu et en concert, il ne déploie aucun geste qui pourrait griser ou hypnotiser le public à l’instar d’un Karajan, d’un Bernstein ou d’un Celibidache. Bernard Haitink a pourtant donné d’innombrables concerts qui marquent à vie (notamment une formidable « Symphonie n°8 » de Bruckner avec l’orchestre philharmonique de Vienne) et enregistré des disques qui ont fait l’histoire : Brahms, Bruckner, Mahler, Debussy, Ravel, Chostakovitch.

Spécialiste de Mahler

Violoniste de formation, cet Amstellodamois s’oriente rapidement vers la direction et, après ses débuts à la radio néerlandaise, il prend à 31 ans la tête de l’orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam. Il y restera plus d’un quart de siècle et contribuera à sa notoriété internationale. Il signe notamment une intégrale des symphonies de Mahler qui fit date même si on peut considérer ses secondes versions, réalisées avec l’orchestre philharmonique de Berlin, supérieures, encore plus détaillées, plus raffinées, plus colorées.

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S’il a beaucoup fait pour Mahler, Bernard Haitink considère que l’on joue trop sa musique aujourd’hui, trop vite, trop fort et de façon trop spectaculaire. L’exact opposé de ce chef qui privilégie la concentration sur l’effet, la clarté de l’expression sur l’effet de manche. Les musiciens savent qu’ils peuvent compter sur son sang froid pour organiser les passages complexes d’une partition et les guider d’une baguette sure. Il suffit d’écouter l’enregistrement récent de la « Symphonie n°9 » effectué en concert avec l’orchestre symphonique de Londres pour s’en convaincre (1 CD LSO Live).

Mais derrière l’allure modeste de ce petit homme se cache un caractère bien trempé. On se souvient l’avoir vu se retourner, furieux, vers un public parisien en proie à une toux collective. Vous voilà donc prévenus. Prenez vos pastilles et courez entendre cet immense musicien.

PROCHAINS CONCERTS :

Salle Pleyel, lundi 24 et mardi 25 novembre à 20h, avec l’orchestre de Chambre d’Europe et Emmanuel Ax (piano).

Brahms : Symphonies n°3 et 4. Concertos pour piano n°1 et 2

Philharmonie de Paris, le 16 juin à 20h 30, avec l’orchestre symphonique de Londres et Alina Ibragimova (violon).

Mozart : Concerto pour violon n°3

Mahler : Symphonie n°1

Philippe Venturini

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