L'analyse d'une série d'études englobant plus de 400.000 personnes montre que les individus qui travaillent plus de 48 heures par semaine, soit au dessus du seuil d'une directive européenne sur le travail, ont une plus grande probabilité de s'engager dans une consommation à risque pour leur santé, selon une recherche parue dans The British Medical Journal. Une consommation à risque d'alcool correspond à plus de 14 boissons alcoolisées par semaine pour une femme et plus de 21 pour un homme, note les auteurs.
Un risque accru de 12 à 13 %
La référence pour une boisson est généralement l'"unité" d'alcool, soit 10 grammes d'alcool pur, correspondant à un verre standard (verre de bistrot ou de bar), comme par exemple un petit verre de whisky (3 centilitre ou cl), un verre de vin (10 cl à 12°) ou une chope de bière (25 cl à 5°). Les données individuelles montrent que les personnes qui travaillent de 49 à 54 heures par semaine, ou celles dont le travail hebdomadaire s'étend sur 55 heures ou plus, ont un risque accru du même ordre (13 % et 12 % respectivement) d'abuser de l'alcool, par comparaison à des employés travaillant 35 à 40 heures par semaine.
RISQUES. Les longues heures de travail ont été liées auparavant à un risque accru de maladies cardiovasculaires, d'accidents du travail et des problèmes de santé mentale, notent les auteurs. "L'augmentation de la probabilité de développer des habitudes de consommation à risque en raison d'un excès de travail est faible dans l'absolu, mais justifie un examen attentif", relève dans un commentaire dans la revue, Cassandra Okechukwu de l'École de santé publique d'Harvard (États-Unis). Ainsi, le salarié ne doit pas travailler plus de 10 heures par jour et 48 heures par semaine (ou 44 heures par semaine, calculées sur une période de 12 semaines consécutives).
SALARIÉS. Selon la loi française, un salarié ne doit pas travailler plus de 10 heures par jour et 48 heures par semaine. Pourtant en 2005, près de 9 % des salariés travaillaient 48 heures ou plus par semaine, selon une étude :cadres et professions intermédiaires d’entreprise, employés et ouvriers peu ou non qualifiés (transport routier, hôtellerie-restauration, aide à domicile etc.)
Le chômage pousse aussi à un abus d'alcool
"Avoir un travail est associé avec une fréquence moindre de consommation d'alcool et de plus grandes chances de guérir d'un abus d'alcool que lorsque l'on est au chômage", explique Cassandra Okechukwu. Néanmoins ce risque doit être pris au sérieux, selon elle. Ces résultats pourraient donner un nouvel élan à une nouvelle réglementation du temps de travail au titre de la santé publique, estime cette spécialiste en évoquant "la pression croissante" pour exclure une proportion grandissante de travailleurs des normes actuelles qui limitent les heures de travail en Europe et dans d'autres pays développés.
INTERNATIONAL. Cette recherche, réalisée par une équipe internationale, englobe 14 pays développés : l'Allemagne, l'Australie, la Belgique le Canada, le Danemark, l'Espagne, les États-Unis, la France, la Finlande, le Japon, la Nouvelle Zélande, le Royaume-Uni, la Suède, et Taïwan.
Lise Loumé avec afp