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Audiences sur les migrants: le gouvernement fédéral peine à répondre aux questions

Audiences sur les migrants: le gouvernement fédéral peine à répondre aux questions
Photo d'archives, Joël Lemay


OTTAWA | Combien de migrants sont attendus au Canada d’ici la fin de l’année? Combien de temps les demandeurs d’asile seront-ils hébergés? À quel coût? Impossible de savoir, malgré la présence de trois ministres en comité parlementaire, mardi, à Ottawa.

«Le gouvernement n’est pas capable de répondre à des questions de base», a dénoncé la députée conservatrice Michelle Rempel en conférence de presse, au terme des témoignages du ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, du ministre de l’Immigration, Ahmed Hussen, et du nouveau ministre de la Sécurité frontalière, Bill Blair.

Elle a par exemple cherché à savoir combien coûterait au fédéral l’hébergement de migrants dans des chambres d’hôtel ou combien de ceux qui reçoivent un permis de travail dénichent un emploi au pays. Personne n’a su lui répondre.

La députée néodémocrate Jenny Kwan a elle aussi frappé un mur en demandant à plusieurs reprises si le gouvernement ajouterait des ressources pour accélérer le traitement des demandes d’asile

Nouveau ministère flou

Nommé au cabinet la semaine dernière pour s’occuper du dossier, l’ex-chef de police de Toronto n’a même pas été en mesure d’expliquer le fonctionnement de son nouveau ministère.

«Je n’ai pas reçu ma lettre de mandat, je ne voudrais pas spéculer devant le comité», a concédé M. Blair face aux interrogations de l’opposition.

Il a indiqué que ni l’Agence des services frontaliers ni la Gendarmerie royale du Canada ne se rapportaient à lui, ce qui fait dire aux conservateurs que la nomination du nouveau ministre n’est qu’un «exercice de relations publiques».

«Je ne suis pas sûr qu’il sait quel est son rôle», a déploré de son côté la néodémocrate Jenny Kwan.

«Pas une crise», dit le gouvernement

Les élus du comité avaient voté la semaine dernière pour tenir des audiences d’urgence sur la vague de demandeurs d’asile, alors que plus de 31 000 migrants ont été interceptés à la frontière canadienne depuis le début de 2017. De ce nombre, 29 000 ont été appréhendés au Québec.

Les plus récentes données indiquent toutefois que le nombre de demandeurs d’asile a diminué dans les deux derniers mois, passant de 2560 en avril à 1263 en juin.

Faisant écho aux propos d’intervenants d’Amnistie internationale ou des Nations unies, tous les ministres ont insisté pour dire que la situation actuelle est «un défi, et non une crise».

Si les services frontaliers sont capables de gérer la moyenne quotidienne actuelle de 30 à 40 arrivées par jour au rang Roxham, à Saint-Bernard-de-Lacolle, la situation pourrait empirer quand plus de 200 000 immigrants salvadoriens vont perdre leur statut temporaire aux États-Unis d’ici septembre 2019, selon le président du syndicat des douaniers.

«Nous suspectons qu’ils vont venir au Canada», a prévenu Jean-Pierre Fortin.

Une entente à l’avenir incertain

Le gouvernement a dû revenir sur ses intentions par rapport à l’Entente sur les tiers pays sûrs, qui oblige actuellement les migrants en provenance des États-Unis à se faire arrêter à des points d’entrée irréguliers s’ils souhaitent présenter une demande d’asile au Canada.

Le ministre Ralph Goodale a réitéré que son gouvernement avait demandé aux États-Unis de revoir l’entente sur les tiers pays sûrs, mais on ne sait toujours pas ce que cela veut dire. Ottawa attend toujours une réponse de Washington.

Alors que les conservateurs veulent renforcer cette entente, les néodémocrates continuent de demander sa suspension. Un point de vue partagé en comité par le réfugié ghanéen Seidu Mohammed, qui a perdu tous ses doigts après avoir tenté de traverser la frontière au Manitoba par un froid polaire en décembre 2016.

«Sans l’entente, j’aurais pu traverser à un vrai poste-frontière. [...] L’accord cause beaucoup de tort aux migrants», a-t-il plaidé.

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