Partager
Biodiversité

La sixième extinction commence par un déclin des populations d’animaux

Bien avant qu’une espèce disparaisse, elle voit son aire de répartition diminuer et sa population baisser. C’est ce phénomène qui vient d’être mis en avant par des chercheurs mexicains et américains en étudiant la démographie d’espèces communes.

1 réaction
Un guépard et son petit, en Afrique du Sud, 2016.

6e extinction de masse : le guépard en première ligne.

© Ann Steve Toon/Shutters/SIPA

PERNICIEUX. Une espèce animale ou végétale disparaît rarement d’un coup. C’est un processus lent et pernicieux où la dégradation des conditions de vie fait perdre des territoires de nourrissage et de reproduction amenant à une baisse des animaux adultes pouvant maintenir la population à un niveau satisfaisant. C’est ce mécanisme qui vient spectaculairement d’être mis en exergue par l’article de Gerardo Ceballos de l’Université de Mexico et de Paul Ehrlich et Rodolfo Dirzo de l’Université de Stanford (Californie) paru dans les PNAS. Les chercheurs ont compilé toutes les données fournies par l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) depuis 1948, l’UICN regroupant par ailleurs les données et constats effectués par les générations précédentes de naturalistes.

Les chercheurs ont ainsi découvert que les taux de pertes de population des vertébrés terrestres sont extrêmement élevés même pour les espèces "de préoccupation mineure" très loin du risque d’extinction. 8851 espèces de vertébrés sur 27 600 sont en baisse à la fois de taille de population et d’aire de répartition. Pour les 177 mammifères évalués, 30% ont perdu des territoires et plus de 40% connaissent de sévères baisses d’effectifs parfois supérieures à 80%. Les pertes ne sont pas uniformes sur la planète. Elles sont très marquées notamment pour les mammifères et les oiseaux dans la zone intertropicale. Elles sont beaucoup plus basses dans les zones arctiques et dans les régions très arides du Sahara africain et d’Asie Centrale.

De moins en moins d'animaux sur la planète

EXTINCTION. L’UICN est la destination finale de toutes les études compilées sur le terrain par des bataillons de scientifiques regroupés par affinités comme par exemple le Giraffe and Okapi Specialist Group (GOSG) pour les girafidés ou le Cat specialist group pour les félins. Ce sont eux qui donnent leur évaluation de l’état des espèces pour le classement de la liste rouge des espèces menacées. Les auteurs de l’étude ont pioché dans cette inestimable banque de données. Les animaux en danger critique d’extinction sont bien répertoriés. On sait par exemple que ces dix dernières années, la population des orangs outans de Bornéo a décliné de 25% pour descendre à moins de 80.000 individus. Le nombre de lions a décliné de 43% depuis 1993 et il ne reste plus que 7000 guépards en liberté tandis que 97 000 girafes sont aujourd’hui recensées contre 115.000 en 1985. Ces constats avaient déjà amené le World Wild Life Found (WWF) à tirer la sonnette d’alarme à l’automne dernier. Dans son Index de planète vivante, l’ONG estimait que la population mondiale de vertébrés –poissons, mammifères, reptiles, amphibiens, oiseaux- avait diminué de 58% entre 1970 et 2012.

Le travail des chercheurs américains et mexicains va plus loin. Il ne s’agit plus de s’appuyer sur les 3700 espèces les plus en danger mais d’y ajouter celles que le classement de l’UICN considère comme peu en danger de disparition. Ce sont cette fois ci 27 600 espèces qui ont été étudiées. Et les chercheurs se sont focalisés sur les déclins de population y compris des plus humbles, des moins spectaculaires et qui paraissent être présentes partout en grand nombre. Et ces espèces ont été intégrées dans un système géographique global constitué de mailles de 10.000 km². Cette méthode permet de mieux estimer les pertes de densité de population que les travaux portant sur les seules espèces à risque d’extinction.

Les chercheurs mettent donc en garde contre les effets de cette énorme baisse des populations d’animaux. Ceux-ci procurent en effet des services écologiques nécessaires à l’homme. Ils sont aussi les signes de perte de qualité des écosystèmes procurant une eau de qualité, un air dépollué et un fonctionnement équilibré de la planète. Pour les auteurs, nous faisons face à un "anéantissement biologique" qui confirme l’avènement d’une sixième extinction de masse du monde vivant.

1 réaction 1 réaction
à la une cette semaine
Nouveaux animaux de compagnie

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite recevoir toutes les alertes infos de la rédaction de Sciences et Avenir

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Santé
Nature
Archéo
Espace
Animaux
Je ne souhaite plus recevoir de notifications