La femme est peut-être l’avenir de l’homme mais chez Danone, Cécile Cabanis ne succédera pas à Emmanuel Faber. La brillante directrice générale en charge des finances, de la technologie et des datas a décidé de prendre le large alors que le PDG s’apprête à remodeler en profondeur son groupe. L’organisation historique autour de quatre grands métiers (les produits laitiers frais et d’origine végétale, les eaux, la nutrition infantile et la nutrition médicale) devrait laisser la place à des filiales géographiques. Cette transformation profonde, qui se calque sur le modèle des multinationales comme Nestlé, aurait pu conduire au partage de la présidence et de la direction générale entre le numéro un et deux de l’entreprise. Mais Emmanuel Faber n’a pas voulu céder une once de son pouvoir. Et Cécile Cabanis a tiré sa révérence.
Refusant de confirmer les informations sur le départ de la directrice financière, une porte-parole du groupe fait savoir que la direction de Danone travaille depuis plusieurs mois sur un plan d'adaptation de l'entreprise à son nouvel environnement.
La femme est peut-être l’avenir de l’homme mais chez Danone, Cécile Cabanis ne succédera pas à Emmanuel Faber. La brillante directrice générale en charge des finances, de la technologie et des datas a décidé de prendre le large alors que le PDG s’apprête à remodeler en profondeur son groupe. L’organisation historique autour de quatre grands métiers (les produits laitiers frais et d’origine végétale, les eaux, la nutrition infantile et la nutrition médicale) devrait laisser la place à des filiales géographiques. Cette transformation profonde, qui se calque sur le modèle des multinationales comme Nestlé, aurait pu conduire au partage de la présidence et de la direction générale entre le numéro un et deux de l’entreprise. Mais Emmanuel Faber n’a pas voulu céder une once de son pouvoir. Et Cécile Cabanis a tiré sa révérence.
Refusant de confirmer les informations sur le départ de la directrice financière, une porte-parole du groupe fait savoir que la direction de Danone travaille depuis plusieurs mois sur un plan d'adaptation de l'entreprise à son nouvel environnement. "Emmanuel Faber, Cécile Cabanis, le Comex et le Conseil d'administration travaillent, depuis juillet et après plusieurs mois d'observation, sur un plan d'adaptation de l'entreprise au nouvel environnement et aux nouveaux enjeux du secteur", a déclaré la porte-parole.
Des administrateurs considèrent que Faber n'écoute pas
Cette rupture inattendue a donné lieu à une longue discussion lors du conseil d’administration de Danone, mercredi 14 octobre, qui va bien au delà d’une querelle de direction. Certains administrateurs commencent à reprocher ouvertement au PDG du groupe de n’écouter personne et d’agir seul avec une forme de mépris. Il leur aurait, par exemple, présenté son projet de réorganisation à la fin de l’été alors qu’il travaillait dessus depuis des mois et que des postes commençaient à être attribués. Le président du comité gouvernance, Michel Landel, a notamment décidé de montrer les dents, appuyé par Lionel Zinsou-Derlin (Southbridge) et Benoît Potier (Air Liquide). En revanche, Franck Riboud, qui l’avait choisi pour lui succéder à la présidence en 2017, a décidé de rester neutre.
L'action Danone est au plus bas ce qui met l'entreprise en danger
Mais il ne s’agit pas simplement d’une crise de gouvernance. C’est un problème de management qui se fait jour aussi. Certains reprochant ouvertement à Emmanuel Faber de passer trop de temps dans des manifestations internationales comme le G7 de Biarritz, l’an dernier, plutôt que de se concentrer sur l’innovation, les usines et les équipes. Danone puise ses racines, depuis Antoine Riboud, son patron historique, dans un double projet économique et social qui fait son originalité. Plus grave encore, certains administrateurs s’inquiètent de la baisse du cours de l’action, autour de 55 euros, qui valorise l’entreprise à 38 milliards d’euros. Si elle chutait à 50 euros, un risque d’attaque boursière ne serait pas exclu. En 2005, PepsiCo avait voulu lancer une OPA sur le fleuron français avant d’en être découragé. A moins qu’Emmanuel Faber, homme de finance et de stratégie, ait l’idée de se rapprocher d’un autre groupe, d’où la réorganisation en cours.
Le patron de la filiale américaine, venu de Coca-Cola, entre au Comex
Ce flottement touche également le Comex qui réunit six hauts dirigeants de Danone. Outre le départ de Cécile Cabanis, qui sera rendu officiel lors de la présentation des comptes trimestriels le 20 octobre ainsi que son remplacement par Juergen Esser (patron de la division eaux), la greffe a du mal à prendre avec Nigyar Makhmudova, directrice générale Croissance et innovation depuis l’an dernier. Et, récemment, Francisco Camacho, directeur général de la branche produits laitiers et d’origine végétale est parti. Il a été remplacé au sein du Comex par Shane Grant, le nouveau patron des Etats-Unis. C’est un pur produit de Coca-Cola où il a passé 20 ans. "Quand on entend le discours que prêche Faber sur l’entreprise à mission et le profil qu’il a choisi pour le Comex, il y a de quoi s’interroger", grince-t-on en interne. La potion passe mal.
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