“Causer d’amour”, au Théâtre des Bouffes du Nord

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Retrouver la clé. La clé de l’amour, le chemin qui y mène… La soixantaine venue, à l’heure du bilan, et fort de deux échecs sentimentaux, Yannick Jaulin s’interroge : d’où lui vient cette inaptitude, cette difficulté d’aimer ?… Alors, il revient à l’origine du monde, l’enfance, dans sa province poitevine où on ne causait pas d’amour mais vêlage, une campagne où les médecins sont des vétérinaires, où il se fait une sorte d’osmose entre les hommes et les bêtes, où l’amour est vache et les hommes en rut… Où il se souvient qu’il regardait sans broncher la mise à mort des cochons et, dans un pays où les femmes ne sont pas faites pour l’amour, du sacrifice de sa mère, des cornes qu’elle a portées parce que d’autres se faisaient trousser dans les champs…

Des histoires d’amour où la mort n’est pas loin.

Alors en guise de prince charmant, c’est la figure de Barbe-Bleue qui surgit : après l’avoir séduite, il revient tuer la dulcinée devenue mère, tuer l’enfant dans l’œuf en quelque sorte. Meurtre patriarcal pour évincer le lignage, garder le pouvoir ? Ou préserver le désir génésique hors des contingences ?

Des contes aux mœurs amoureuses des oiseaux, il poursuit sa quête d’identité : en amour, qui suis-je ?  Le pinson, qui apprend à parler à un poussin qui n’est pas le sien, le troglodyte mignon, qui multiplie les nids, le coucou qui s’approprie celui des autres ?…

Tout cela jaillit du patois poitevin, le parlanjhe de Jaulin, sa sève nourricière, mêlé de français. Une présence forte, une émotion palpable, ancrée, martelée dans la terre avec les pieds, en dansant, en chantant. Il est accompagné par les compositions aériennes de deux musiciens, Morgane Houdemont, la violoniste, et Joachim Florent, le contrebassiste, qui épousent ou prolongent les méandres du discours.

Même si ne suis pas sûre d’en avoir compris la conclusion, dans ce final en patois, j’y ai entrevu une « clé » : malgré la persistance du désir, le défi qu’il lance aux conventions, parfois l’amour fait peur … ?

I t’aeme ! Jaulin !

Florence Violet

Accompagnement musical et composition :
Morgane Houdemont et Joachim Florent
Mise en scène : Philippe Delaigue
Collaboration à l’écriture:
Valérie Puech et Marie-Odile Sansault
Scénographie : Alain Burkarth
Lumières : Guillaume Suzenet et Fabrice Vétault
Son : Fabien Girard et Jean-Bertrand André
Régie : Laurent Jaulin

Théâtre des Bouffes du Nord
37, boulevard de la Chapelle
75010 Paris
http://www.bouffesdunord.com/

Jusqu’au 26 octobre
Du mardi au samedi à 21h
Les 19, 24, 25 et 26 octobre à 19 h :
Ma langue maternelle va mourir et J’ai du mal à vous parler d’amour

Dates de tournée :
http://yannickjaulin.com/la-tournee

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire