Interview : comment Walter Laouadi a mis le storytelling au cœur de sa stratégie d’entrepreneur de sa propre vie

LinkedIn a opéré un tournant il y a quelques années : de réseau social professionnel, il est devenu un canal de contenu et de communication personnelle. De nouveaux types d’influenceurs ont vu le jour, avec un ton et un positionnement très particuliers, pour le meilleur et pour le pire. Dans un style que l’on peut qualifier de communication lacrymale, il s’agit généralement de faire l’apologie de l’effort, du travail et du dévouement, pour mettre en avant ses qualités professionnelles, si possible en saupoudrant le tout d’une bonne dose de pathos et d’anecdotes personnelles.

Si un certain public est au rendez-vous, les critiques et détournements sont nombreux, à commencer par le célèbre compte Twitter Disruptive Humans of LinkedIn qui compile les plus belles perles du genre. Pour tenter de comprendre la motivation de ces professionnels d’un nouveau genre, nous avons interrogé l’un d’entre eux, Walter Laouadi, qui prend régulièrement la parole sur le réseau et qui a su fédérer une communauté d’enthousiastes.

Tu as été un des premiers à te saisir de LinkedIn pour en faire un canal d’influence business à travers tes récits d’entrepreneur issus de ta propre vie. Qu’est-ce qui t’a poussé dans cette démarche ?

J’aurais aimé vous dire oui ! Mais je n’ai malheureusement pas été le premier. Il y a tant d’autres profils inspirants sur cette plateforme. C’est incroyable. Chaque connexion est une petite dose d’adrénaline. Qui va m’inspirer ? Qui va me donner encore plus envie de me dépasser, que dis-je de me surpasser dans mon quotidien ? Après, pour être tout à fait honnête, bien que je ne sois pas le premier, je suis d’accord que mes articles et publications atteignent aujourd’hui des scores qui me placent dans un panier de tête. Mais c’est avant tout énormément de travail.

Prendre la parole sur son histoire, sur son parcours, c’est beaucoup de travail. Écrire des textes, ça peut sembler simple. Mais vraiment, c’est beaucoup de travail. Ma démarche ? Elle vient de mon passé. De mon histoire, de celles des mes aïeux. Je descends d’une grande lignée d’entrepreneurs. Mon arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière grand père aurait inventé la corne de brume. Le premier moyen de signaler l’heure de début et de fin de la journée de travail à tout un groupe, d’un seul souffle ! Cela lui avait valu les faveurs du Duc de l’époque.

Comment trouves-tu toutes ces anecdotes inspirantes et ces conseils utiles ?

Dans la vie. La vraie. Celle de tous les jours. Ce n’est que de l’observation. Et beaucoup d’admiration. Pour mes anciens employeurs, d’abord. Les entrepreneurs. Les personnes qui travaillent aux RH. Et aussi, un peu, mes amis. Bien que ça fasse un bail que je ne les ai pas vus ! Je crois que la dernière fois où nous avions pris un verre ensemble, “entre potes”, nous n’en étions qu’à la 14ème saison de Koh-Lanta.

J’ai la chance de vivre dans le meilleur monde possible, celui de la compétitivité (c’est d’ailleurs mon prochain tatouage : “Compétitivité”, en chinois). Si je ne fais qu’essayer de grimper les échelons de la chaîne alimentaire de l’entreprise, est-ce que j’en serai plus heureux ? Oui, évidemment. Mais si je le raconte aux autres, aux gens qui me suivent, alors mon bonheur sera complet, puisqu’il sera partagé !

Quelle est ta cible ? Quels sont tes objectifs ? Tes modèles ?

Ma cible, c’est l’humanité tout entière. “Si tu vises la lune, tu es sûr d’atteindre les étoiles” C.Pouget. En vrai, je ne fais pas ça pour les likes et les comments. Et j’ajoute que les rumeurs qui disent que je gagne énormément d’argent avec la sponsorisation de mes articles sont presque fausses. J’en refuse énormément. De la part de grands groupes de technologies américaines et de production de vidéos hongroises.

Pour répondre à ta question…Ma cible, c’est tout être humain souhaitant donner le meilleur de soi pour son patron. Je n’ai aucun objectif, en revanche. Si ce n’est l’envie de partager mes expériences entre entrepreneurs et entre AMBITIEUX. Je pense que la langue française devrait n’écrire ce mot qu’en majuscule. Afin qu’on puisse tout de suite saisir que dans ce mot, il y a quelque chose de très, très important.

En ce qui concerne les modèles, je n’en ai pas. Je ne parle pas de modèles. Mais d’inspiration. Tim Cook, Steve Jobs, Elon Musk, Xavier Niel, Martin Shkreli. Wow, rien que d’évoquer leur nom, j’ai les poils qui se dressent.

Quelle influence a cette fenêtre ouverte sur tes opinions et tes valeurs professionnelles sur ta vie ? Quelle place prennent tes interactions sur ce réseau social dans ton quotidien ?

Aucune. Certes, ma petite amie m’a quittée il y a 7 ans et ma famille ne me parle plus trop. C’est la vie ! Je passe environ 1 heure sur LinkedIn par jour. Quand je suis dans les transports. (Je cherche d’ailleurs un appartement plus près de mon lieu de travail. Mon patron n’est malheureusement pas encore ouvert au Sleep at Work). Je ne veux pas que ce réseau social me rende contre-productif. C’est ma hantise, vous comprenez ?

As-tu des retours positifs de personnes dont tu influences le parcours professionnel ?

Je n’ai que ça. J’ai notamment un joueur de l’Équipe de France de football (celle qui a gagnée la Coupe du Monde, pas celle avec les filles) qui m’a contacté pour avoir des conseils sur comment se positionner sur le terrain, pour être extrêmement prêt mentalement. Je lui ai seulement conseillé d’écouter Mr Deschamps et tout donner sur le terrain. Le résultat, on le connaît. Qui c’est ? Je ne peux pas le dire, mais sachez juste qu’il joue dans un grand club de football en Europe.

J’ai également quelques personnes haut placées, mais je ne peux pas en dire plus…

Au contraire, certains esprits retors semblent ne pas goûter à ta réussite sur LinkedIn. Ils se moquent même ouvertement de cette tendance, comme le compte Twitter Disruptive Humans of LinkedIn. Qu’as-tu à leur dire ?

Des jaloux. Ce sont des jaloux. Tous. Des jaloux. “Dire des choses qui dérangent amène le vent de la tempête” T.Mears. Bonjour l’ambiance qui traîne sur Internet. C’est terrible d’avoir aujourd’hui des gens qui sont là pour… se moquer. Uniquement se moquer. De nous, de ceux qui veulent faire changer les choses. De ceux qui veulent voir le monde travailler. Et avancer.

Heureusement que sur LinkedIn, on discute beaucoup entre nous. Non pas pour se rassurer, hein. Mais bel et bien pour se soutenir ! On forme une vraie équipe, comme une famille, mais sans la sœur qui vient vous demander de l’argent.

Penses-tu que ce canal d’influence BtoB et pro soit amené à perdurer ? Que cet exercice de style en matière de story-telling, aussi appelé communication lacrymale, est une tendance de fond ?

LinkedIn est voué à devenir un réseau encore plus universel et intemporel. J’ai proposé quelque chose (#proactivité) aux patrons de LinkedIn, à qui j’envoie des mails tous les jours. Je leur ai dit : Il faut absolument qu’on puisse s’enregistrer sur LinkedIn, dès la naissance !

Imaginez deux secondes, on pourrait ajouter chacune de nos expériences de jeunesse (Capitaine de l’équipe de volleyball, délégué de classe, premier baiser) à notre page LinkedIn et tout cela en temps réel ! On se rendrait vraiment compte de qui est qui et surtout qui en veut vraiment !

Pour revenir à la tendance lacrymale, je n’emploierais pas ces termes. Ceux qui pleurent sont juste un peu trop émotifs, voilà tout. Mais quand on lit ces histoires, quand on découvre les centaines et les centaines de vies incroyables dont regorge ce réseau… il est parfois normal de lâcher une petite larme.

Je profite de cette interview pour ajouter que je vais bientôt annoncer de très très très gros projets. Cinéma, littérature, 3D, Musique, .. restez connectés !