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Cela commence à sentir la rétention d'information. Initiée par le précédent gouvernement qui voulait se forger une opinion sur la question, l'expérimentation de deux ans d'une vitesse abaissée de 90 à 80 km/h sur les routes bidirectionnelles – en fait les deux voies sans séparation centrale – n'a toujours pas dressé son bilan. Au moins publiquement mais, selon les informations du Point, même les membres de la Commission nationale de sécurité routière n'en ont eu, à ce jour, connaissance.
Fâcheux, car ces services rapprochés, qui travaillent au contact du Premier ministre, qui statue sur le dossier sensible de la Sécurité routière, vont se réunir dans les prochaines semaines pour décider d'un train de nouvelles mesures. Comment décider en effet quoi que ce soit de pertinent si les données d'une telle étude grandeur nature n'ont pas livré leurs conclusions ?
C'est le gouvernement de Manuel Valls qui, avec le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, avait décidé de lancer cette expérience, à l'été 2015. Après avoir un moment caressé l'idée que tout le territoire pourrait s'y soumettre, l'impopularité, voire l'inadéquation d'une mesure expérimentale prise à une telle échelle avait soulevé l'indignation.
81 kilomètres de routes tests
Les manifestations de motards en colère et les 1,5 million de signatures d'une pétition lancée par la Ligue de défense des conducteurs (LDC) avaient rapidement douché l'initiative gouvernementale. Faisant rapidement une prudente marche arrière, Manuel Valls décidait que le 80 km/h serait mis à l'essai sur trois tronçons choisis de la RN151, la RN7 et la RN57, représentant 81 km de routes. Seulement voilà, cette expérience a pris fin depuis juillet 2017 et aucun résultat n'a été divulgué jusqu'à présent. Pas sûr même que les services de l'actuel Premier ministre en ont pris connaissance.
« Cinq mois après la fin de ce "test", le Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), chargé d'étudier l'impact sur la sécurité routière de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les trois tronçons concernés, n'a toujours pas rendu son rapport. Du moins pas publiquement », déplore la LDC.
Selon nos informations là encore, les résultats ne seraient pas du tout ceux espérés. Tout d'abord, ils ont été faussés par des travaux d'aménagement qui, ici ou là, ont changé le profil des routes concernées et donc modifié la base de comparaison. Ensuite, le ralentissement réellement observé a été générateur de ralentissements et de bouchons se formant plus souvent qu'avant, au point que les usagers exaspérés ont commencé à vandaliser les panneaux.
Enfin, bon nombre des usagers concernés sont convaincus que la mesure est contre-productive, comme l'expose la LDC dans un document qui a étayé sa pétition. En toute logique, elle s'interroge sur la présence des panneaux 80 km/h sur les bas-côtés des routes concernées, cinq mois après la fin de l'expérimentation. Faute d'un bilan clair et incontestable, elle en demande le retrait pur et simple puisque l'expérience initialement prévue est terminée depuis juillet dernier.
Verbalisé sur la N 57 5 mois après la fin de l’experimention
La limitation uniforme à 80 km/h est absurde. Seule serait acceptable une telle limitation sur tronçons sinueux et par temps de pluie. Trop compliqué à appliquer sans doute ? Et moins bon rendement pour le jack- pot !
La grande révolution du XXe siècle fut la libération des déplacements grâce à l’automobile. Il s’en est suivi une évolution industrielle qui permit à ma génération de trouver un emploi. A une époque où l’on s’aperçoit que du fait du délire de penseurs fonctionnaires, qui rêvaient du « tout service » soi-disant à l’abri de la concurrence nous avons détruit un grand pan de l’industrie qu’il faut reconstituer pour donner des emplois à tous ces enfants en échec scolaire, il me paraît contre-productif de limiter la vitesse des déplacements nécessaires à la reprise de l’économie.