Tribune. La crise planétaire liée à la pandémie de Covid-19 a transformé les villes en laboratoire d’expérimentation. En un temps record, les grandes métropoles ont pris des mesures ambitieuses pour adapter nos rues : piétonnisation de centre-ville, rétrécissement des chaussées, extension de terrasses, création de pistes cyclables temporaires…
Cette capacité à aménager la ville avec plus de souplesse, de réactivité et d’agilité est porteuse d’espoir pour notre futur urbain. Toutefois, l’expérimentation de solutions innovantes et temporaires est une méthode qui fonctionne uniquement si elle s’en donne les moyens : pour être pérennisée (ou non), elle doit associer les citoyens, faire l’objet d’une évaluation et être suivie d’effets. Alors, elle peut devenir une étape incontournable vers la résilience et permettre aux villes de s’adapter au contexte du changement climatique.
De quoi parle-t-on ? Par expérimentation urbaine, il est entendu le test en ville d’un dispositif nouveau, qu’on ne peut pas commander dans un catalogue. L’expérimentation représente une opportunité de répondre à des problématiques de fond (pollution, réchauffement climatique, traitement des ressources, congestion, autonomie alimentaire, sécurité) en testant et en validant des innovations directement dans nos rues. Conteneur pour faire pousser des fraises, toilettes publiques recyclant l’urine en fertilisant, composteur électromécanique de biodéchets, dispositifs de sécurité végétalisés ou capteurs de qualité de l’air : les pistes à explorer sont nombreuses pour transformer durablement nos villes.
Dynamique de coconstruction
Temporaire et donc réversible, l’expérimentation donne le droit à l’erreur, une exception dans le domaine de l’urbanisme, où tout aménagement est pensé et prévu sur le temps long, avec des marges d’adaptation limitées. Participative, elle implique des acteurs privés (start-up, associations, grands groupes) et publics (villes, gestionnaires de réseaux comme l’électricité ou le gaz), prêts à mettre à disposition leurs moyens en échange d’un accès aux résultats des tests.
L’expérimentation « Lisière d’une tierce forêt » illustre bien cette dynamique de coconstruction. Ce projet visant à transformer le parking d’un foyer situé à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) en une forêt urbaine mobilise l’association qui gère le site, mais aussi des architectes, un écologue, des scientifiques, des collectivités, Météo-France, l’Agence parisienne du climat ou encore des industriels qui travaillent sur le revêtement au sol. A l’arrivée, chaque partenaire ayant contribué à la création de cette forêt tirera des enseignements précieux de cette expérience et pourra répliquer la méthode sur d’autres lieux à rafraîchir et à verdir.
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