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« Loukachenko a franchi une certaine ligne » : après le détournement d’un vol par la Biélorussie, les opposants en exil sous le choc

Quarante-huit heures après l’interpellation dramatique d’un journaliste biélorusse de 26 ans, Roman Protassevitch, la stupeur et la peur ont saisi les militants réfugiés à Vilnius, Varsovie, Kiev ou Paris.

Par  (Varsovie, correspondance), , et

Publié le 26 mai 2021 à 05h14, modifié le 27 mai 2021 à 13h26

Temps de Lecture 6 min.

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Des manifestants brandissent des avions en papier lors d’un rassemblement pour réclamer la liberté de Roman Protassevitch, à Varsovie, le 24 mai.

Dans un message vidéo diffusé en anglais, mardi 25 mai, Svetlana Tsikhanovskaïa, chef de l’opposition biélorusse en exil en Lituanie, a exhorté la communauté internationale à manifester sa solidarité, le 29 mai, avec le mouvement de protestation commencé il y a près d’un an à Minsk contre la réélection frauduleuse d’Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994. Depuis, tandis que le mari de l’ancienne candidate à l’élection présidentielle croupit toujours derrière les barreaux, des centaines de citoyens biélorusses, opposants ou simples manifestants, ont été arrêtés, torturés, jetés en prison, ou bien contraints de se réfugier à l’étranger.

La chef de l’opposition biélorusse Svetlana Tsikhanovskaïa s’exprime lors d’une conférence de presse, à Vilnius, le 25 mai.

Quarante-huit heures après l’interpellation dramatique d’un journaliste biélorusse de 26 ans, Roman Protassevitch, pour lequel le KGB – les services de sécurité biélorusses, toujours ainsi dénommés – n’a pas hésité à détourner à Minsk un avion de la compagnie Ryanair reliant Athènes à Vilnius, l’émoi est vif parmi tous les opposants exilés. La méthode employée, une fausse alerte à la bombe attribuée au mouvement palestinien Hamas, a provoqué une onde de choc. Etouffé à l’intérieur, le mouvement de contestation est désormais clairement visé et menacé à l’extérieur des frontières de la Biélorussie.

« Par cet acte inouï, Alexandre Loukachenko a voulu amplifier l’intimidation de la population, notamment des journalistes », accuse Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, en partance pour Vilnius. Dans la soirée, mardi, l’ONG a annoncé le dépôt d’une plainte auprès du parquet général de la capitale lituanienne, destination finale du vol intercepté, contre le dirigeant biélorusse pour « crime de détournement à des fins terroristes ».

Emoi considérable

Dans ce petit Etat balte, qui accueille de nombreux réfugiés biélorusses, l’émoi est considérable. « Après le détournement d’avion, beaucoup vont se sentir moins en sécurité, même à l’étranger », s’inquiète Nastassia Jaumen. Cette journaliste indépendante installée en Lituanie depuis quinze ans, où elle travaille notamment pour la chaîne Belsat TV, précise qu’elle n’est pas rentrée dans son pays voir sa famille « depuis plus d’un an », à cause des « risques ».

« L’histoire révoltante de Roman Protassevitch et de plus de cent vingt passagers devenus otages montre que les militants biélorusses ne peuvent pas se détendre totalement, même loin de la dictature », poursuit-elle, en puisant un réconfort passager dans le fait que « les services de Minsk ne sont pas aussi puissants et omniprésents que le FSB russe [ex-KGB russe] ». Elle se ravise. « C’est bien connu, les fonctionnaires biélorusses entretiennent des contacts avec la Loubianka [siège du FSB à Moscou]. Théoriquement, les agents russes pourraient donc atteindre quelqu’un réclamé par Loukachenko dans n’importe quel pays. »

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