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De plus en plus contesté, Bolsonaro fait planer une menace sur la tenue des élections

D'un côté, le président brésilien nomme un modéré à la tête de son gouvernement. De l'autre, il flirte avec les putschistes et remet en cause la légitimité des élections. L'opposition est de nouveau descendue dans la rue pour réclamer sa destitution samedi.

Le président Jair Bolsonaro est de plus en plus contesté.
Le président Jair Bolsonaro est de plus en plus contesté. (EVARISTO SA/AFP)

Par Thierry Ogier

Publié le 27 juil. 2021 à 10:59Mis à jour le 27 juil. 2021 à 13:08

Jair Bolsonaro doit officiellement remplacer aujourd'hui un général par un conservateur modéré au poste de chef de l'administration civile, soit l'équivalent d'un Premier ministre au sein de son gouvernement. La nomination de Ciro Nogueira, du parti progressiste (PP), scelle son alliance avec la classe politique traditionnelle clientéliste, souvent corrompue, qu'il a longtemps méprisée.

Mais Jair Bolsonaro a désormais besoin de l'appui de ce « Centrão », dont Ciro Nogueira est le chef de file, pour se défendre au Congrès, alors qu'il est lui-même soupçonné de corruption et que des dizaines de milliers de Brésiliens ont encore manifesté pour réclamer sa destitution ce week-end.

Dans le même temps, Jair Bolsonaro ne perd pas ses instincts autoritaires. Il a ainsi enfourché un nouveau cheval de bataille : celui de la fraude aux élections. Selon lui, le système de vote électronique en vigueur depuis vingt-cinq ans n'est pas fiable, et il faut donc le modifier avant le scrutin d'octobre 2022. « Si les élections ne sont pas transparentes et si le résultat des urnes n'est pas vérifiable, il n'y aura pas d'élections », a-t-il menacé.

A la Trump

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En chute libre dans les sondages , le président d'extrême droite semble ainsi adopter un stratagème qui lui permettrait de contester le résultat des urnes en cas de défaite à la présidentielle, comme l'a fait Donald Trump lors des dernières élections américaines.

La gauche est sur le qui-vive. « Cette histoire sert à mobiliser ses militants extrémistes, des miliciens, a affirmé Guilherme Boulos, le leader du parti socialisme et liberté (PSOL), à la télévision des travailleurs (TVT). Ce qui nous inquiète, c'est que [cette thèse] commence à gagner du terrain au sein d'une partie de l'armée et de la police ».

De fait, le ministre de la Défense, le général Walter Souza Braga Netto, et plusieurs commandants de l'armée, ont semblé emboîter le pas à Jair Bolsonaro. « Dans une démocratie fonctionnelle, l'armée est généralement surnommée ‘la grande muette' ! C'est bien pour cela que le cas brésilien est grave et mérite davantage d'attention de la part de la communauté internationale », souligne Gaspard Estrada, directeur de l'Observatoire politique de l'Amérique latine à Sciences Po.

Militaires corrompus

A Brasilia, la capitale politique, l'atmosphère est à couper au couteau depuis que la commission parlementaire d'enquête sur la gestion de la pandémie a dénoncé la corruption au ministère de la Santé et a mis en cause Jair Bolsonaro lui-même . Le sénateur Omar Aziz, qui préside cette commission, a montré du doigt un groupe de « ripoux au sein des forces armées » qui cherchait à truquer l'importation de vaccins. Cela a été ressenti comme une provocation au sein de l'Etat-major. D'où la radicalisation récente du discours bolsonarien et une sorte de « fuite en avant », selon Gaspard Estrada.

Dès lors, « l'hypothèse d'un ‘auto-golpe' [NDLR : coup d'Etat promu par le pouvoir en place] devient moins farfelue que par le passé », souligne-t-il. « Je ne pense pas qu'un coup d'Etat soit imminent, mais la menace est concrète, estime pour sa part le politologue Sergio Abranches. Il se peut que cela arrive plus tard si l'on ne prend pas nos précautions. Il s'agirait d'un schéma similaire à celui adopté par [l'ancien président vénézuélien Hugo] Chávez, mais pratiqué cette fois-ci par l'ultra-droite ».

Thierry Ogier (Correspondant à São Paulo)

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