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Le centenaire d’une organisation aux 92 millions de membres

De Mao Zedong à Xi Jinping, un parti pour le renouveau national

Un monde sépare le Parti communiste chinois créé par une poignée de militants le 23 juillet 1921 — avant d’être pris en main par Mao Zedong en 1934 — et celui de M. Xi Jinping, dont le nombre de membres dépasse la population de l’Allemagne. Dès ses débuts, le Parti a fait preuve d’une extraordinaire souplesse, tout en maintenant un objectif constant : retrouver la grandeur de la Chine.

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Zeng Fanzhi. – Mask Series, n°6, 1996  
Christie’s Images - Bridgeman Images

Selon sa Constitution, « la République populaire de Chine est un État socialiste (…) dirigé par la classe ouvrière et fondé sur l’alliance des ouvriers et des paysans ». Personne ne s’étonne que la Constitution d’un pays ne corresponde pas exactement à sa réalité. Mais, ici, c’est le grand écart. Désormais, la société chinoise présente tous les traits d’une variante du capitalisme : le travail est une marchandise, la société de consommation sert de garant de la stabilité sociale et de moteur de la croissance, les inégalités sont rigidifiées par des mécanismes de reproduction sociale fondés sur l’argent, le capital scolaire et l’entre-soi. Ironiquement, l’essentiel des classes populaires est constitué de ceux qui sont censés être les maîtres : les paysans et les ouvriers.

Ce gouffre entre la narration et la réalité est caractéristique de l’histoire du Parti communiste chinois (PCC). Dès sa naissance, en juillet 1921, ce dernier imagine une société qui n’existe pas, afin de se développer, de se maintenir au pouvoir, mais aussi de transformer le pays. Fidèle en cela aux idéaux révolutionnaires du début du XXe siècle, il a réussi à le moderniser, à enrichir une partie non négligeable de la population et à renforcer la nation. Il ne faut sans doute pas chercher ailleurs la raison du soutien populaire dont il jouit. Le contrôle de la récente pandémie de Covid-19 a contribué à nourrir le sentiment que le PCC restait, malgré ses défauts et ses erreurs, irremplaçable.

Pour la Chine, le début du XXe siècle fut l’époque de tous les échecs. Échec des tentatives de réforme de l’Empire sous la dynastie Qing (1644-1911) ; faillite de la république proclamée en 1912, victime des seigneurs de la guerre ; faiblesse de l’économie de marché. La plupart des nationalistes chinois concluent alors que seul un État fort, dominé par un parti unique, peut moderniser la Chine et lui permettre de s’imposer face aux puissances impérialistes.

La révolution d’octobre 1917 en Russie ne fait que renforcer cette conviction. Le (...)

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Jean-Louis Rocca

Professeur à Sciences Po, chercheur au Centre de recherches internationales (CERI), coauteur (avec Marc Blecher, David S. G. Goodman, Yingjie Guo et Beibei Tang) de Class and the Chinese Communist Party. A Hundred Years of Social Change. Routledge, Abingdon, à paraître cette année.

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Vendredi 12 novembre 2021

Le Comité central du Parti communiste chinois « a lancé un vibrant appel à tout le Parti, à toute l’armée et à tout le peuple chinois multiethnique pour qu’ils s’unissent plus étroitement au Comité central du Parti rassemblé autour du camarade Xi Jinping ; appliquent intégralement la pensée de Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère ; fassent rayonner le noble esprit fondateur du Parti ; n’oublient jamais les souffrances et les grandeurs du passé, se montrent dignes des responsabilités et des missions de l’heure, et répondent aux espérances de demain », dans une déclaration publiée à l’issue de son 6e plénum (son assemblée plénière). Un long texte qui couronne l’actuel dirigeant chinois et vise à renforcer le rôle du parti sur la société. « Dès le début, le socialisme proclamé n’est pas un but, mais un moyen pour unifier le pays, construire une économie robuste et un État fort, afin de remettre la Chine au centre du jeu mondial », analysait Jean-Louis Rocca en juin dernier, à l’occasion du centenaire du parti.

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