La situation a pris un tour violent à Kiev juste après que la Russie a annoncé le versement prochain à l’Ukraine d’une nouvelle tranche d’aide de 2 milliards de dollars (1,46 milliard d’euros) dans le cadre d’un plan global de 11 milliards d’euros proposé par Vladimir Poutine en décembre pour sortir le pays de l’ornière. Cette nouvelle injection, révélée lundi 17 février par le ministre russe des finances, Antoine Silouanov, précisément au moment où les dirigeants de l’opposition ukrainienne étaient reçus à Berlin, a été interprétée par les protestataires du Maïdan à Kiev comme la preuve d’un accord secret passé entre le président Ianoukovitch et le Kremlin.
Mardi 18 février au matin, alors que les manifestants se mettaient en marche vers le Parlement, le principal mot d’ordre était le suivant : « Ne pas permettre la nomination d’un premier ministre russe. » Contre toute attente, les députés du Parti des régions, majoritaires à la Rada, ont refusé tout de go d’examiner la question des changements constitutionnels réclamés par l’opposition.
Pour les protestataires du Maïdan, la volte-face des députés signifiait forcément qu’un accord avait été passé avec la Russie. Peu après la démission du premier ministre ukrainien Mykola Azarov, le 28 janvier, Moscou avait suspendu son aide. La décision de reprendre les versements, annoncée lundi, comporte forcément une contrepartie, mais laquelle ?
Comme à son habitude, Viktor Ianoukovitch n’a fait aucun effort de communication. Sa rencontre avec Vladimir Poutine, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques le 7 février, n’a donné lieu à aucune explication.
MAINTENIR L’UKRAINE DANS SON GIRON
Duplice, le président ukrainien avait promis une réforme constitutionnelle ainsi que la formation d’un gouvernement de coalition mais il s’est empressé de rien n’en faire dès lors qu’il a reçu le soutien financier du « grand frère ».
Au moment où protestataires et policiers s’affrontaient dans les rues de Kiev, Moscou a condamné l’escalade de la violence tout en la décrivant comme « le résultat direct de la connivence des politiciens occidentaux et des institutions européennes qui ont fermé les yeux sur les actions violentes des forces radicales ». Récemment, le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avait accusé l’Union européenne (UE) de chercher à étendre sa « sphère d’influence » à l’Ukraine en soutenant l’opposition.
Ces derniers mois, la Russie a multiplié les actions en sous-main pour tenter à tout prix de maintenir l’Ukraine dans son giron. Pour Vladimir Poutine, profondément marqué par la perte de l’empire soviétique, l’Ukraine, pays industriel et fortement peuplé (45 millions), est la pièce maîtresse de l’Union eurasienne qu’il appelle de ses vœux. Pour l’élite russe « en épaulettes » (issue des services de sécurité), l’Ukraine n’est qu’un appendice de la Russie.
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