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Témoignages
Nous avions publié sa photo sur Facebook demandant aux utilisateurs de le signaler s’ils le croisaient. Un jour un membre de l’État Islamique a vu la photo. Il a reconnu mon mari et nous a appelé. Il nous a informé qu’il était toujours en vie et qu’il pouvait l’aider à sortir de la ville. Nous avons accepté son offre en précisant que mon mari était seul et que sa mobilité était réduite. Il a fixé un jour, une heure et un point de rendez-vous. Mes enfants sont allés au Capitole et ont demandé aux équipes de secours de les aider à sauver leur père.
Le jour venu, mes enfants et moi sommes partis en voiture à 7h du matin. Le chemin nous faisait passer devant le marché et la prison de la ville mais à mi-chemin les militaires ont commencé à tirer sur la voiture. Pris de panique nous avons arrêté la voiture et nous avons couru nous réfugier dans une mosquée.
"Des heures durant nous sommes restés cachés, jusqu’à ce que les tirs cessent."
Quand la voix fut libre, nous avons repris la route vers la ville de Marawi, encore assiégée. Nous avons dû laisser la voiture à l’entrée de la ville et rejoindre le point de rendez-vous près du quartier de Lilod où il y a avait un pont. A l’heure indiquée j’ai aperçu mon mari de l’autre côté. Il a traversé le pont lentement et difficilement car il était affaibli et nous a rejoint dans le quartier de Saduc. Nous sommes sortis de la ville c’est là que nous avons rejoint les soldats et les équipes de secours.
Quand je l’ai vu je n’ai pas pu contenir ma joie même si en le serrant dans mes bras j’ai remarqué qu’il avait perdu beaucoup de poids. Mais le bonheur n’a pas duré. Peu après il a dû être hospitalisé suite à un AVC. Il a été 3 jours en soins intensifs puis 5 jours dans un autre service. Les médecins lui ont prescrit des médicaments pour éviter que cela se reproduise mais nous n’avions pas d’argent pour les acheter. Maintenant on vit tous ensemble à Bakwit village a Matunggao avec d’autres habitants du centre de Marawi.
Je me souviens de notre vie d’avant. Nous habitions dans une grande maison, nous avions une boulangerie et un petit restaurant de fast food. Aujourd’hui c’est dans un conteneur que l’on vit avec nos enfants. C’est dur de voir sa vie basculer de cette façon et de devoir s’adapter. Nous ne savons pas quand nous pourrons enfin retourner chez nous.
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