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PH_WASH_ERMarawi_LysArango_IDP_16 © Lys Arango
pour Action contre la Faim

Témoignages

Philippines

Ansari, 67 ans : le survivant

Lorsque la ville a été assiégée en mai 2017, son mari n’a pas voulu partir de chez eux. Seul, il a survécu pendant plus de deux semaines, elle nous raconte son histoire.

Tout quitter

Aux alentours de minuit nous avons entendu un son assourdissant, celui d’une bombe près de l’Université de Mindanao. Nous nous sommes enfermés chez nous et depuis la fenêtre nous avons vu le lycée Dansalan brûler. Le lendemain notre fils est venu nous chercher pour partir. Nous ne voulions pas abandonner notre maison mais il nous a dit que si nous ne partions pas nous allions rester bloqués ici, entre les échanges de tirs. Mon mari, lui, n’a rien voulu entendre, il ne voulait pas quitter la maison. Il ne voulait pas quitter Marawi tout court. Nous avons fait nos adieux, les larmes roulaient sur nos joues. Mon fils a une vieille voiture mais elle a pu accueillir tout le monde, 6 adultes et 4 enfants. Nous sommes allés nous réfugier à Saguiaran et pendant le ramadan mon mari ne quittait pas nos pensées. Après 5 jours sans nouvelles, sans savoir s’il allait bien nous étions désespérés. Nous avons même essayé de retourner chez nous pour aller le chercher mais toutes les routes qui menaient au centre de la ville étaient fermées, la ville était encerclée.

"Mon mari, Ansari a donc survécu pendant 16 jours dans une ville assiégée."
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Aliyah
Marawi, Philippines

Il a pu s’alimenter de riz salé et pouvait boire car nous avions 10 litres d’eau dans nos provisions et la nuit il utilisait des bougies pour éclairer la pièce dans laquelle il vivait. « Le jour il se cachait mais de temps en temps il observait les hommes armés par la fenêtre pour voir ce qui se passait ». Voilà ce qu’il faisait, seul, il observait les soldats de l’État Islamique depuis sa fenêtre. Un jour ils l’ont aperçu et ont commencé à tirer sur toute la façade de l’immeuble.

PH_WASH_ERMarawi_LysArango_IDP_8 © Lys Arango pour Action contre la Faim

Philippines

Aliyah Pacalundo a fui le conflit à Marawi. Elle vit dans un conteneur fourni par le gouvernement.

© Lys Arango pour Action contre la Faim

PH_WASH_ERMarawi_LysArango_IDP_7 © Lys Arango pour Action contre la Faim

Philippines

Aliyah Pacalundo et son mari Ansari Pacalundo.

© Lys Arango pour Action contre la Faim

PH_WASH_ERMarawi_LysArango_IDP_11 © Lys Arango pour Action contre la Faim

Philippines

Aliyah Pacalundo a fui le conflit à Marawi. Elle vit dans un conteneur fourni par le gouvernement.

© Lys Arango pour Action contre la Faim

PH_WASH_ERMarawi_LysArango_IDP_16 © Lys Arango
pour Action contre la Faim

Philippines

Jawada et Ansari.

© Lys Arango pour Action contre la Faim

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Le sauvetage

Nous avions publié sa photo sur Facebook demandant aux utilisateurs de le signaler s’ils le croisaient. Un jour un membre de l’État Islamique a vu la photo. Il a reconnu mon mari et nous a appelé. Il nous a informé qu’il était toujours en vie et qu’il pouvait l’aider à sortir de la ville. Nous avons accepté son offre en précisant que mon mari était seul et que sa mobilité était réduite. Il a fixé un jour, une heure et un point de rendez-vous. Mes enfants sont allés au Capitole et ont demandé aux équipes de secours de les aider à sauver leur père.

 

 

 

Le jour venu, mes enfants et moi sommes partis en voiture à 7h du matin. Le chemin nous faisait passer devant le marché et la prison de la ville mais à mi-chemin les militaires ont commencé à tirer sur la voiture. Pris de panique nous avons arrêté la voiture et nous avons couru nous réfugier dans une mosquée.

"Des heures durant nous sommes restés cachés, jusqu’à ce que les tirs cessent."
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Aliyah
Marawi, Philippines

Quand la voix fut libre, nous avons repris la route vers la ville de Marawi, encore assiégée. Nous avons dû laisser la voiture à l’entrée de la ville et rejoindre le point de rendez-vous près du quartier de Lilod où il y a avait un pont. A l’heure indiquée j’ai aperçu mon mari de l’autre côté. Il a traversé le pont lentement et difficilement car il était affaibli et nous a rejoint dans le quartier de Saduc. Nous sommes sortis de la ville c’est là que nous avons rejoint les soldats et les équipes de secours.

Un malheur n’arrive jamais seul

Quand je l’ai vu je n’ai pas pu contenir ma joie même si en le serrant dans mes bras j’ai remarqué qu’il avait perdu beaucoup de poids. Mais le bonheur n’a pas duré. Peu après il a dû être hospitalisé suite à un AVC. Il a été 3 jours en soins intensifs puis 5 jours dans un autre service. Les médecins lui ont prescrit des médicaments pour éviter que cela se reproduise mais nous n’avions pas d’argent pour les acheter. Maintenant on vit tous ensemble à Bakwit village a Matunggao avec d’autres habitants du centre de Marawi.

Je me souviens de notre vie d’avant. Nous habitions dans une grande maison, nous avions une boulangerie et un petit restaurant de fast food. Aujourd’hui c’est dans un conteneur que l’on vit avec nos enfants. C’est dur de voir sa vie basculer de cette façon et de devoir s’adapter. Nous ne savons pas quand nous pourrons enfin retourner chez nous.

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