Cela fait un an que les Saoudiennes conduisent

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Arabie SaouditeCela fait un an que les Saoudiennes conduisent

Le 24 juin 2018, les femmes ont obtenu le droit de conduire. Toutefois les auto-écoles féminines manquent par rapport à la demande.

Sabeeha al-Faker a appris à conduire à l'étranger avec son mari.

Sabeeha al-Faker a appris à conduire à l'étranger avec son mari.

AFP

Sabeeha al-Faker, veuve saoudienne de 68 ans, attache sa ceinture derrière le volant de sa Lexus gris-perle et tourne la tête vers son fils, assis sur le siège passager. Une inversion des rôles qu'elle n'aurait jamais imaginée.

Avant le 24 juin 2018, cela aurait constitué un crime en Arabie saoudite, un pays dans lequel les traditionalistes ont assuré pendant des décennies qu'autoriser les femmes à conduire favoriserait le mélange des genres et la promiscuité.

La fin de cette interdiction, qui a permis à des milliers de femmes de tous âges de passer derrière le volant, est le symbole le plus visible des changements sociaux en cours dans un pays qui cherche à se moderniser.

07.01.2019 La jeune Saoudienne souhaitant demander l'asile politique a quitté lundi soir l'aéroport de Bangkok avec des représentants du Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU, après une forte mobilisation des réseaux sociaux autour de son arrestation.

Sabeeha al-Faker, mère de cinq enfants, n'aurait jamais cru assister de son vivant à une telle réforme. «Je n'y crois toujours pas», dit-elle conduisant dans les rues de sa ville natale de Qatif (sur la côte est du pays). Son mari, mort il y a dix ans, lui a appris en cachette à conduire lors de voyages dans le royaume voisin de Bahreïn dans les années 90.

Cette réforme a libéré de nombreuses femmes saoudiennes de la dépendance envers des parents hommes ou des chauffeurs privés. L'autorisation des femmes à conduire est la mesure la plus emblématique des réformes mises en place par le prince héritier Mohammed ben Salmane, dans un effort de moderniser le royaume, critiqué de longue date pour la façon dont il traitait les femmes.

Société encore conservatrice

Quelque trois millions de femmes pourraient passer leur permis et commencer à conduire d'ici à 2020, selon le cabinet d'audit PricewaterhouseCoopers. Quelques auto-écoles pour femmes, en nombre insuffisant par rapport à la demande, ont ouvert dans le pays, et apprennent à des femmes de plus en plus nombreuses à conduire des voitures mais aussi des Harley-Davidson, des scènes inimaginables il y a deux ans.

Mais, dans une société encore à bien des égards conservatrice, certaines restent en butte au sexisme voire sont victimes d'agressions dans les rues du royaume. Sur les réseaux sociaux sont apparus des messages satiriques affirmant que les accidents sont causés par des conductrices ou leur conseillant de ne pas se maquiller en conduisant.

Plus alarmant, la voiture d'une femme qui avait commencé à conduire pour économiser le salaire de son chauffeur a été incendiée par des inconnus en juillet dernier, a rapporté la presse saoudienne. Cinq autres incendies de ce type ont été rapportés par la presse, depuis.

De nombreuses femmes doivent aussi affronter l'opposition de parents mâles, dans un pays où leur liberté dépend de leurs «gardiens»: mari, père ou autre homme de la famille. Leur permission est requise pour étudier, se marier ou renouveler un passeport.

La permission d'un tel gardien n'est pas obligatoire pour conduire, mais les textes ne sont pas clairs sur les recours qu'ont des femmes physiquement empêchées de conduire par leur famille. (nxp/ats)

(NewsXpress)

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