GAFAM : le déclin de l’empire américain ?

Mercredi 5 juin 2019

GAFA - Chesnot

Dans quelle mesure la puissance acquise par les géants du numérique d’aujourd’hui doit-elle nous inquiéter ? Comment l’Europe tente-t-elle de s’emparer du problème de la possibilité de démanteler les GAFA aujourd’hui ?

Avec

Tristan Nitot Fondateur du projet Unsearch, start up qui développe un moteur de recherche, ancien directeur général de Qwant et ancien président de Mozilla Europe.
Sébastien Soriano Président de l'ARCEP, l'Autorité de régulation des communications électroniques, des Postes et de la distribution de la Presse.

Le moteur de recherche de Google, Google Search, possède 94% des parts de marché en France. Le système d’exploitation de la firme, Android, est installé sur 9 appareils mobiles sur 10. La moitié du commerce électronique aux Etats-Unis passe par Amazon. Quant à Facebook, sa capitalisation boursière équivaut au PIB cumulé de 65 pays de la planète. Ces GAFAM (il faut ajouter Apple et Microsoft) sont-ils devenus trop gros ? Si gros qu’ils parlent d’égal à égal avec les états les plus puissants, voire de supérieur à inférieur. Est-il temps d’intervenir, comme le suggère récemment le co-fondateur de Facebook, qui appelle, ni plus, ni moins, à démanteler le géant numérique.

GAFAM : le déclin de l’empire américain ? C’est le programme monopolistique qui est le nôtre pour l’heure qui vient. Bienvenue dans La Méthode scientifique.

Et pour évoquer cette perspective, de moins en moins utopique, d’un éventuel démantèlement de ces géants américains du numérique, nous avons le plaisir de recevoir aujourd’hui Sébastien Soriano, président de l’ARCEP, l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes et Tristan Nitot, vice-président de Qwant et ex-président et fondateur de Mozilla Europe.

Le reportage du jour

Y a-t-il une alternative à Google ?

Rencontre avec Pierre-Yves Gosset, directeur de Framasoft, une association d’éducation populaire aux enjeux du numérique. Il a lancé en 2014 une campagne intitulée “ Dégooglisons Internet”, qui a pour objectif de proposer aux consommateurs des services alternatifs à ceux proposés par Google. L’idée générale est de casser les monopoles et de redistribuer les services des GAFAM à de plus petites structures. Par Noémie Naguet de Saint Vulfran :

LA_METHODE_SCIENTIFIQUE - Reportage Noémie Naguet avec Pierre-Yves Gosset, Framasoft

7 min

Repères

Dans une tribune publiée le 9 mai 2019 par le New York Times, Christopher Hughes, ancien bras droit de Mark Zuckerberg et co-fondateur de Facebook, a dénoncé le monopole de Facebook qu’il décrit comme “un Léviathan qui nuit à l’entrepreneuriat et limite la liberté de choix du consommateur”. Il appelle donc à son démantèlement.
De plus en plus de voix s’élèvent aujourd’hui pour demander le démantèlement des géants du numérique que sont les GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple), une série de signaux qui laissent penser que ce serait possible, le cas d’école remontant à près d’un siècle : l’agence indépendante Federal Trade Commission (FTC) du gouvernement des États-Unis démantelait en 1911 la Standard Oil, la compagnie pétrolière créée par John Rockfeller. Un peu plus tard, dans les années 1980, elle démantelait de la même manière AT&T, l’empire des télécoms.
Le démantèlement de ces 2 firmes s’appuyait sur la législation antitrust américaine, en particulier sur le fameux Sherman Antitrust Act, texte exhumé à nouveau récemment par certains élus à Washington pour qui il est grand temps de l’appliquer à nouveau, cette fois pour les GAFA. La différence tient dans le fait qu’ils ont une empreinte mondiale et non plus nationale.