Les légumes déguisés en junk food ne sont peut-être pas la meilleure alternative

Les légumes déguisés en junk food ne sont peut-être pas la meilleure alternative

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Présentées comme une alternative saine à la malbouffe, les fausses pâtes et autres fausses frites nous pousseraient en fait à manger en plus grande quantité. Explications.

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Adeptes des zucchini noodles ou des sweet potato toasts (nouilles de courgettes et toasts de patates douces) chères aux healthy girls des réseaux sociaux, nous pourrions être sur la fausse piste. Tartiner de l’avocat partout, remplacer les frites par des carrés de patates douces à toutes les sauces, les pâtes par des spaghettis de légumes, la glace par de la banane écrasée… Les variantes saines à la junk food ne seraient en fait pas si intéressantes d’un point de vue diététique.

Evidemment, ces types de plats sont généralement plus faible en calories, en mauvaises graisses (saturées), en sel et en sucre, ou encore en additifs ou en conservateurs. Car ils sont souvent faits maison a contrario de la “vraie” junk food industrielle et issue de produits transformés. Le problème ne se situerait donc pas du côté de la qualité mais de la quantité ingurgitée.

Nous mangerions 35% plus un produit présenté comme “sain”

Selon Kathleen Keller, chercheuse et professeure au département de Sciences de la Nutrition et Science de l’Alimentation à l’Université Park en Pennsylvanie (Etats-Unis), la fausse junk food pourrait conduire à ce qu’elle nomme le “snackwell effect” (l’effet du casse-croûte sain). Dans des propos rapportés par le site américain The Atlantic, elle explique :

Par le passé, lorsque l’on a tenté de substituer des version plus saines à des aliments déjà existants, cela a eu un effet inattendu parce que les gens se disent “bon, je mange des nouilles de légume super saines donc je peux mettre de la sauce grasse dedans“, sauce qu’ils n’auraient en temps normal pas ajoutée à leur plat.

En gros le “snackwell effect” a un effet presque contre-productif puisqu’il incite, sous couvert de manger une alternative saine, à compenser par un excès inverse. De plus, manger de la fausse junk food pousserait à manger (beaucoup) plus : en 2008 déjà, une étude démontrait que nous aurions tendance à manger 35% plus de nourriture lorsque celle-ci est perçue ou présentée comme bonne pour la santé. En gros “si c’est bon pour la santé alors j’ai le droit d’en manger plus”, avec tous les comportements annexes que cela provoque : “si c’est sain je peux me servir en plus grosses quantité”, “puisque c’est sain je peux rajouter plus de sauce”, “puisque c’est sain je peux me refaire un snack plus tard dans la journée” etc. Or, une sauce à la crème et au fromage reste grasse même quand elle inonde des fils de courgettes.

Présenter ces produits autrement

La solution pour Kathleen Keller serait de présenter ces préparations comme des plats à part entière plutôt que comme des alternatives saines à leurs pendants gras. Au lieu de dire “nouilles de courgettes”, mieux vaut dire “création à base de légumes”, ou carrément “banane écrasée” plutôt que “glace à la banane”. Histoire de ne pas fourvoyer notre cerveau à coups de métaphores liées à la junk food, préférons des descriptions plus terre à terre mais plus proche de la réalité.

En somme, arrêtons d’être hypocrites pour nous déculpabiliser parce que visiblement, notre cerveau n’est pas dupe et compense dans le sens inverse. Il serait donc préférable d’être objectif au lieu de nous cacher derrière des subterfuges langagiers. Appelons un chat un chat, et une frite une frite.

Lire aussi : Quand la nourriture healthy se déguise en junk food.