Musique - JAZZ Martial Solal : « Le jazz avait le goût du fruit défendu »

À 89 ans, le doyen des pianistes de jazz revient sur son incroyable parcours professionnel, à l’aube de son concert à l’Opéra de Lyon.
Frédéric Bruckert - 09 oct. 2016 à 05:00 | mis à jour le 12 oct. 2016 à 15:31 - Temps de lecture :
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Martial Solal a joué son premier concerto à l’Opéra de Lyon dans les années quatre-vingt.  Photo DR
Martial Solal a joué son premier concerto à l’Opéra de Lyon dans les années quatre-vingt. Photo DR

« Quand j’étais gamin, à Alger, on n’entendait que Rina Ketty et Tino Rossi à la radio », raconte Martial Solal. « Un jour, je découvre un musicien qui joue autrement, prenant des libertés avec une mélodie que je croyais connaître. Pour un garçon de 15 ans, le jazz avait le goût du défendu. » Les premiers modèles du jeune pianiste sont Coleman Hawkins, Ben Webster, des saxophonistes du middle jazz. Solal se nourrit des quelques disques de son professeur de musique. « Il a eu un rôle décisif. Il m’a donné le sens du tempo. Je n’avais droit de l’accompagner qu’en faisant la pompe. » En 1946, Martial découvre Benny Goodman et son pianiste Teddy Wilson. « J’étais tellement amoureux de cet ensemble que j’ai acheté une clarinette. Pendant trois ans, j’ai été plus clarinettiste que pianiste. »

Trois francs et du chocolat

Avec un petit ensemble, il fait ses débuts professionnels dans les mess des officiers américains. « On gagnait trois francs et du chocolat ». En 1950, Solal débarque à Paris. « Après plusieurs galères, j’ai enregistré mon premier disque avec Django Reinhardt. Pour lui, ce fut le dernier. Pour vivre, un musicien devait accompagner des vedettes de la chanson. Je n’ai pas eu cette “chance”. Alors j’ai fait du piano-bar, accompagné une revue de danseuses nues à Pigalle ». Le pianiste cosigne avec Guy Lafitte Twist à Saint-Tropez , le célèbre tube des Chats Sauvages, compose des B.O de films, écrit une quinzaine de concertos… « Le premier a été joué à l’Opéra de Lyon dans les années quatre-vingt, avec l’orchestre symphonique de Lyon. Stéphane Grappelli était en seconde partie ». Libre, Solal se produit en solo, en trio, avec son Big Band… « Chaque format apporte des plaisirs différents. Mais tout est formidable ». Une centaine d’albums plus tard, Martial Solal n’a pas fini de nous surprendre.

PRATIQUE Vendredi 14 octobre à 20 h 30 à l’Opéra de Lyon. Tarifs 10 et 20 €. Mercredi 12 et vendredi 14 à 12 h 30 à l’Amphi projection du film documentaire In et Out (gratuit). Tél.04.69.85.54.54.

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