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Chacun cherche son tire-bouchon

Du « couteau du sommelier » au bilame, chaque modèle trouve buveur à son pied. Gare tout de même à ce que Maurice ne pousse pas le bouchon trop loin.

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Publié le 19 décembre 2016 à 15h48, modifié le 19 décembre 2016 à 15h48

Temps de Lecture 3 min.

Tire-bouchons!

Doit-on dire un tire-bouschtroumpf ou un schtroumpf-bouchon ? Ce dilemme me hante depuis l’enfance. D’autant qu’il est mal résolu. A la fin de la bande-dessinée de Peyo Schtroumpf vert et vert schtroumpf, la ­conclusion est qu’il faudrait tout simplement dire : un schtroumpf. Ou un schtroumpfe-schtroumpf. Pourtant, les deux premières propositions ont l’avantage de mettre chacune en exergue un trait identitaire de l’objet : son action ou son lien au bouchon. Ce petit tube de liège qui protège nos bouteilles mérite bien qu’on y réfléchisse, lui qui est plébiscité par 98 % des Français comme le meilleur bouchage pour le vin, lui qui sait si bien émettre le « plop » ­appétissant signant le début des festivités.

Si l’on conçoit difficilement un foyer français sans un tire-bouchon dans le tiroir, chaque famille a son arme favorite. Depuis son ­invention à la moitié du XVIIe siècle par les Anglais, des variantes de l’outil ont été mises au point. Le Musée du tire-bouchon de Ménerbes (Vaucluse), avec ses 1 200 pièces exposées, en donne un aperçu, tout comme ceux de Beines (Yonne), Rouen et Paris.

Poignet foulé

Le plus répandu chez ceux qui s’en moquent est le « Charles de Gaulle » du supermarché, qui lève les bras parce qu’il nous a compris et qu’il est temps de faire levier. Il remplit son office mais présente deux défauts. Il est peu résistant dans le temps et sa mèche transperce le bouchon, ce qui a pour conséquence de ventiler de petits éclats de liège à la surface du vin. Le tire-bouchon avec une vis sans fin traverse lui aussi le bouchon pour aller saluer le vin, mais il a pour lui un style au sommet de l’élégance et la possibilité de faire levier très doucement pour ne pas risquer de déchirer le bouchon. Bonus : il ne requiert aucune force, on peut l’utiliser même avec une attelle aux doigts ou un poignet foulé.

Tout l’inverse de son cousin rustique : un simple manche à empoigner avec vigueur, fiché d’une mèche perpendiculaire. Mieux vaut avoir confiance en ses muscles pour espérer boire le vin. Evitez en tout cas de tirailler à hue et à dia, vous casseriez le bouchon. En fait, il y a seulement deux bonnes raisons de ­l’utiliser : montrer vos progrès à la salle de muscu ou aller chercher délicatement un bouchon en mauvaise posture. Comme il n’a pas d’appui, on peut en effet visser en diagonale.

Eviter la mèche pleine type vis à bois

Quel que soit le modèle, prenez garde à éviter la mèche pleine, type vis à bois, qui s’enfonce et ruine le liège. Préférez-lui une vis creuse du type « en queue de cochon », qui contrairement à son nom travaillera plus proprement que l’animal.

Parlons ensuite de l’instrument favori des professionnels : le « couteau du sommelier ». Pas un garçon de café, serveur ou sommelier qui ne le dégaine. On le trouve chez tous les cavistes et à tous les prix, selon qu’il est en plastique, en métal, en bois (de vigne, d’érable, d’ébène, d’olivier, de cerf…), en corne, en nacre, recouvert de cuir, de ­galuchat pourquoi pas. Il se glisse aisément dans une poche mais n’y restera pas si vous voyagez en avion : il est considéré comme une arme. Les amateurs de gadgets perfectionnés lui préféreront sûrement une version plus moderne et plus efficace, quoique plus encombrante, plus lourde et plus coûteuse : le tire-bouchon à levier, type Screwpull. Baptisé « à oreilles de lapin » ou « à piston » selon les modèles, il vous autorise une cadence d’ouverture de 10 bouteilles par ­minute, record ­atteint par l’auteur de ces lignes. Impeccable donc pour les grandes réunions ou quand on est très pressé de boire.

Electriques ou à gaz pulsé

Pour les fanas de vieilleries et de curiosités, le bilame a tout pour plaire : il n’a pas de vis et s’utilise comme une pince. Réservé aux vieux flacons aux bouchons fragilisés, il nécessite d’être manié avec dextérité sous risque d’enfoncer le bouchon. D’autres tire-bouchons farfelus existent, électriques ou à gaz pulsé. Et une toute nouvelle ­solution pour ceux qui ont l’esprit de contradiction : laisser le bouchon à sa place. Ne pas le retirer. Mais le transpercer à l’aide d’une aiguille pour en aspirer le contenu. Parfait pour prélever du vin en douce chez les amis. Reste enfin la possibilité la moins française : acheter des vins fermés par une capsule à vis.

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