Le gouvernement a décidé de donner à la jeunesse rurale un visage. Celui de Salomé Berlioux, 30 ans, présidente de l’association Chemins d’avenirs. La jeune femme a été missionnée, mercredi 11 septembre, par le ministre de l’éducation nationale pour mener une réflexion sur les obstacles rencontrés par les jeunes qui grandissent loin des grandes villes.
Ce parcours semé d’embûches auquel les jeunes ruraux se confrontent, Salomé Berlioux l’a raconté dans un ouvrage largement médiatisé, Les Invisibles de la République. Comment on sacrifie la jeunesse de la France périphérique (Robert Laffont, 224 p., 20 euros), cosigné avec Erkki Maillard. Le mouvement des « gilets jaunes » a fait le reste, rendant nécessaire une réponse politique à cette question désormais sensible.
Ex-« boursière », Salomé Berlioux a elle-même quitté l’Allier puis la Nièvre pour venir, à 18 ans, étudier à Paris et décrocher deux masters (l’un à l’Ecole normale supérieure, l’autre à Sciences Po). « J’ai mis du temps à trouver ma voie, explique-t-elle. Du temps pour lutter contre l’autocensure, pour acquérir les codes… » Une trajectoire qui fait écho à sa cause : « Soixante pour cent de nos jeunes n’ont pas les mêmes chances de réaliser leur potentiel que leurs camarades des grandes métropoles. »
L’association qu’elle a fondée en 2016 a accompagné dans leur orientation quelque 500 jeunes (1 000 à l’horizon 2020, pour un budget prévisionnel de 820 000 euros). Son objectif : dépasser l’assignation à résidence, le manque d’informations, les freins économiques, l’éloignement des structures universitaires et culturelles, l’absence de réseaux… La recette : du parrainage au long cours et des ateliers « à demeure », dans plus d’une vingtaine de collèges et de lycées éloignés des métropoles (quarante en 2020).
Avec elle, il est question de « solutions concrètes », de « start-up sociale », de rendre la France « pionnière en matière d’égalité des chances territoriale », de porter le regard « vers ce qui se fait à l’étranger »… Un discours qui entre en résonance avec celui de La République en marche (LRM). Invitée le 7 septembre au campus des territoires du parti présidentiel pour intervenir sur le sujet, Salomé Berlioux, qui fut un temps conseillère politique de Jean-Marc Ayrault, revendique la « démarche apolitique et engagée » de son association, tout en louant le « très fort engagement de Jean-Michel Blanquer à propos de l’éducation en zone rurale ». Sa nouvelle mission, « c’est aussi un signal envoyé à une partie de la jeunesse depuis longtemps dans l’angle mort », dit-elle.
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