L'enseignement finlandais: un modèle à suivre?

L'enseignement finlandais: un modèle à suivre?

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Par Camille Toussaint

Souvent en tête du classement PISA, l’enseignement finlandais est réputé pour sa qualité et régulièrement cité en exemple. Mais comment fonctionne-t-il ? Et est-il transposable en Belgique ? Pour y répondre, Soir Première a reçu Claude Anttila, ancienne enseignante en Finlande, ayant aussi été proviseure et experte au sein du ministère de l’Education en Finlande, et Frédérique Mawet, secrétaire générale de "Changements pour tous" en Belgique.

Tout d’abord, Claude Anttila précise les points essentiels du système finlandais: "C’est très simple. Quand un enfant est sur le point d’avoir sept ans, un mail est envoyé à ses parents pour leur annoncer qu’il est inscrit à l’école du quartier. C’est automatique.  Seule exception : si les parents désirent que l’enfant apprenne une langue étrangère spécifique, ils peuvent demander à l’inscrire dans une autre école qui l’enseigne."

"Un tronc commun de 7 à 16 ans"

Durant ce tronc commun, les matières intellectuelles et les matières "pratiques" se côtoient. "Par exemple, il y a obligatoirement, pour tout le monde, des travaux techniques du bois et du métal, des travaux textiles, l’enseignement ménager (cuisine, repassage, etc), du sport ou encore des arts plastiques. Ces matières sont enseignées de manière égale aux filles et aux garçons."

"Pas de redoublement"

Le redoublement n'y est pas interdit par la loi, mais n'est pratiquement jamais imposé en Finlande. "Ce sont des chercheurs, dont des belges d’ailleurs, qui ont prouvé que le redoublement n’améliorait pas les performances de l’élève, et qu’il ne servait pas à grand-chose. La Finlande suit complètement cette optique. Par contre, pour aider les élèves en difficultés, un soutien est prévu dans les écoles par des enseignants spécialisés. Ceux-ci sont au nombre de 1 pour 200 élèves."

Elle ajoute: "On évalue les enfants, mais les notes sont interdites avant l’âge de 12 ans. Dans les bulletins, on trouve alors des appréciations et des conseils. Ensuite, les notes apparaissent, et on ne peut pas quitter l’école sans que toutes ces notes soient positives."

Un modèle idéal dont on doit s’inspirer chez nous ?

Vu les résultats positifs de l'enseignement finlandais, pourquoi ne pas s'en inspirer chez nous? Pour Frédérique Mawet, secrétaire générale de "Changements pour l'égalité", il est clair qu'il faut s'en inspirer, tout en l'adaptant aux structures belges.

"C’est un modèle qui ne peut pas être copié-collé, car chaque pays a ses spécificités", précise-t-elle. "Mais je suis persuadée qu’il faut suivre leur direction. Cela permettrait d’éviter cette foire d’empoigne au moment des inscriptions, et de sortir du "marché scolaire" pour avoir plus de mixité.  D’ailleurs, selon une étude réalisée par Nico Hirtt, les écoles sont chez nous moins mixtes que les quartiers. On a tendance à penser qu’instaurer l’obligation des écoles de quartier créerait des écoles moins performantes dans les quartiers plus difficiles, mais ce n’est pas le cas. Car l’étude démontre que si chaque parent inscrivait son enfant dans l’école du quartier, il y aurait en fait plus de mixité sociale".

Vient évidemment l'argument du coût d'un enseignement tel qu'il est proposé en Finlande. Des professeurs spécialisés, des structures plus adaptées, tout cela représente un investissement. Mais selon Frédérique Mawet, il ne coûte pas tellement plus cher: "L'enseignement en Finlande ne coûte pas vraiment plus cher que l’enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, alors qu’il est complètement gratuit, et qu’il offre des services telles que la cantine gratuite pour tous les enfants. Alors forcément, à court terme, il faut mettre les moyens. Mais à long terme, ce ne serait pas plus cher".

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