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Un humoriste banni de deux spectacles d'un bar montréalais à cause de ses tresses rastas

L'homme barbu porte une casquette et tient un micro.

L'humoriste Zach Poitras

Photo : Philippe Le Bourdais

Radio-Canada

Un bar de Montréal a refusé qu'un jeune humoriste blanc portant des tresses rastas participe à deux soirées d'humour en raison de sa coiffure, associée à des mouvements noirs.

Le bar Coop Les Récoltes confirme avoir pris la décision d'exclure l'humoriste en question, Zach Poitras, dans un message publié sur Facebook.

L'établissement est une coopérative de solidarité mise sur pied par le Groupe de recherches d'intérêt public (GRIP) de l'UQAM, un collectif universitaire qui traite d'enjeux environnementaux et sociaux.

Zach Poitras a été exclu des spectacles Snowflake Comedy Club et La soirée d'humour engagée. En entrevue avec La Presse canadienne, l'humoriste a refusé de commenter la situation.

Dans sa longue mise au point, la coopérative défend sa mission d'être « un espace sécuritaire, exempt de rapports d'oppression » et décrit l'appropriation culturelle comme une forme de violence.

« L'appropriation culturelle, c'est le fait qu'une personne issue d'une culture dominante s'approprie des symboles, des vêtements ou encore des coiffures de personnes issues de cultures historiquement dominées. C'est un privilège que de pouvoir porter des dreads en tant que personne blanche et que cela soit vu comme une mode ou comme le fait d'être edgy, alors qu'une personne noire va se voir refuser l'accès à des opportunités d'emplois ou des espaces (logements, écoles, soirées, compétitions sportives, etc.). En effet, les personnes noires doivent trop souvent faire face à l'impératif de changer leur coiffure et de renier leur culture si elles veulent être employables et pouvoir survivre », peut-on lire.

« Lors d'évènement [sic] à la Coop Les Récoltes, qu'il s'agisse d'un show, d'une soirée d'humour, d'un atelier ou d'une conférence, les personnes faisant de l'appropriation culturelle ne seront pas les bienvenues sur scène, puisqu'elles détiendraient alors un micro, qu'elles auraient le spotlight sur elles (avec tout ce que cela implique en termes de reconnaissance symbolique et sociale), ce qui serait donner un espace supplémentaire dans la société à des personnes qui n'ont aucune difficulté à en trouver ailleurs. »

L'organisme précise à l'intention de sa clientèle qu'elle favorise une approche d'éducation envers les clients plutôt que d'exclusion comme c'est le cas pour les artistes invités.

Professeur d'histoire à l'UQAM et spécialiste de l'histoire des Noirs, Greg Robinson compare la situation à une interprétation plus large du concept de « black face ». « C'est-à-dire que ce sont des Blancs qui se travestissent en Noirs pour s'en moquer », dit-il. Même lorsque l'intention n'est pas de se moquer, mais plutôt de vouloir embrasser une culture ou s'immerger, il faut demeurer prudent.

« C'est comme le "N word", les Noirs peuvent l'employer au sein de leur communauté, mais si quelqu'un de l'extérieur l'emploie, même s'il veut être comme des Noirs, parmi des Noirs, ça a quand même un aspect qui reste enraciné dans l'histoire », explique M. Robinson.

Le professeur spécialisé dans l'immigration des Noirs au Canada admet qu'il s'agit toujours de questions délicates et qu'il n'est pas évident de déterminer quel est le terrain qui appartient aux gens.
En ce qui concerne les communautés noires, ces gestes considérés comme de l'appropriation sont « empoisonnés par le legs du racisme qui demeure en suspend dans notre culture collective. Il y a des blessures historiques qui ont été faites autour de ces images et on doit en être conscient », conclut-il.

La Coop Les Récoltes n'a pas répondu aux demandes d'entrevues de la Presse canadienne.

Avec les informations de La Presse canadienne

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