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A Lens, le commissariat des choses « ordinaires »

« Le Monde » a passé une semaine au cœur du plus grand hôtel de police du Pas-de-Calais, qui traite notamment tous les ans 20 000 plaintes.

Par  (Lens (Pas-de-Calais), envoyée spéciale)

Publié le 06 août 2018 à 06h35, modifié le 06 août 2018 à 15h14

Temps de Lecture 17 min.

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Le jeune Omar signe le document de fin de garde à vue. Il quittera l'hôtel de police les menottes aux mains et ira en prison le soir même.

C’est un inventaire presque ordinaire qui est fait ce lundi matin au commissariat central de Lens (Pas-de-Calais). Au cours du week-end, un avion de collection s’est écrasé accidentellement, tuant ses deux passagers ; un colis abandonné a semé la panique aux urgences du centre hospitalier ; un homme à scooter sans assurance a mis une gifle à sa copine ; un adolescent de 16 ans a frappé ses parents ; une mère a accusé son mari d’attouchements sur leur fille de 11 ans et deux amis ont basculé d’une plaisanterie avinée à une altercation à la carabine chargée de cartouches au gros sel…

Aucun « incident notable », commente un commissaire à l’énoncé des faits. Si ce n’est le cas de ce « couple sangsue » qui a profité de la vulnérabilité d’un vieil homme pour s’installer chez lui et détourner son argent. Ou la venue samedi soir de quatre jeunes filles au commissariat. Les adolescentes ont été accostées dans un parc par un homme se faisant passer pour un policier. Il a prétexté un contrôle d’identité pour « caresser » certaines d’entre elles.

Lundi : « Aujourd’hui, ils se cassent la gueule pour un regard »

La semaine commence à peine au commissariat central de Lens et les geôles sont déjà pleines. La circonscription de sécurité publique de l’agglomération de Lens, située au cœur du bassin minier, est la dixième plus importante de France, avec ses 38 communes et ses 350 000 habitants. Elle traite tous les ans 20 000 plaintes, 13 000 mains courantes, 2 000 gardes à vue, ou encore 36 000 interventions de police secours.

A l’accueil, le lundi est toujours une grosse journée. Le guichet est à la fois la « vitrine » de la police et sa « poubelle », résume de façon imagée Valérie, gardienne de la paix. Du tapage à l’agression sexuelle, « c’est le grand écart », dit-elle. Elle a rapidement appris à « prendre du recul ». « Si on épouse le malheur des gens, derrière on ne vit plus », philosophe Valérie. Sa collègue Claire abonde : « Dans la police, on a une énorme carapace. On s’en rend compte lors des découvertes de cadavres. A partir du troisième, on ne fait plus attention. »

Un homme se présente et, d’une voix basse, explique vouloir porter plainte pour non-présentation d’enfant, l’haleine encore chargée d’alcool. « Ici, la spécificité, ce sont les violences conjugales et les attouchements », croit savoir Valérie. Son collègue Mickaël acquiesce. Dans le Val-d’Oise, où il travaillait auparavant, il traitait davantage les vols à l’arraché. Depuis leur poste d’observation privilégié, les agents commentent l’évolution de la délinquance. « Maintenant, les gens veulent porter plainte pour des injures, s’étonne l’un d’eux. Mais il y aurait la queue jusque dehors si on poursuivait ce genre de faits ! »

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