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Santé

Une alimentation désordonnée provoque des effets nocifs à long terme

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Une alimentation désordonnée, le plus souvent adoptée par les jeunes adultes, aurait non seulement des conséquences physiques comme la prise de poids mais aussi psychologiques et ce sur plusieurs années selon une étude européenne. Si son impact sur la santé est établi, ce problème est encore peu évoqué.

Adopter une alimentation variée et équilibrée, c’est-à-dire manger de tout mais en quantités adaptées, est le principe qui résume le concept du "bien manger". Cela consiste à privilégier les aliments bénéfiques à notre santé (fruits, légumes), à limiter la consommation de produits sucrés, salés et gras mais aussi à suivre une certaine routine alimentaire (trois repas par jour, à heure fixe). Mais s'il y a bien un âge où l'on mange le moins équilibré, c'est le plus souvent la tranche des 18-25 ans.

Comme l'indique l'Inpes, "les jeunes ont une alimentation plus ou moins saine par rapport à celle de leurs aînés, au regard des aliments qui font l’objet des recommandations du PNNS*." Des chercheurs de l'université d'Helsinki se sont intéressés au concept "d'alimentation désordonnée" et à son impact sur la santé des jeunes adultes. Leur étude indique ainsi qu'elle provoque, aussi bien chez les femmes que les hommes, un poids corporel plus élevé, un tour de taille plus important et un bien-être psychologie inférieur.

"La nourriture désordonnée est souvent considérée comme inoffensive car elle est commune. Il semble qu'elle peut avoir des effets négatifs sur la santé générale et le bien-être des jeunes adultes même si les symptômes ne constituent pas un trouble de l'alimentation clinique.", explique la chercheuse Ulla Kärkkäinen, nutritionniste. L'étude a inclus plus de 4900 jeunes hommes et femmes qui ont dû répondre à des questions sur leur comportement alimentaire, poids, santé et bien-être psychologique.

Des conséquences visibles 10 ans plus tard

L'enquête a été réalisée une première fois à 24 puis dix ans plus tard, à 34 ans. Lorsque toutes les variables ont été prises en compte, une alimentation déséquilibrée à l'âge de 24 ans prédisaient un bien-être psychologique plus faible chez les femmes et les hommes, ainsi qu'une plus mauvaise auto-évaluation de la santé chez les hommes dix ans plus tard. "Ces résultats prouvent qu'une alimentation désordonnée est préjudiciable à la santé physique et mentale des jeunes adultes à court et à long terme.", ajoute la chercheuse.

Or, les chercheurs affirment, anciennes études à l'appuie, qu'un faible bien-être psychologique et une mauvaise auto-évaluation de la santé sont des facteurs de risque en ce qui concerne une plus grande susceptibilité aux maladies physiques et à la mortalité dans les années qui suivent. La chercheuse affirme que "pour atténuer ces effets néfastes à long terme, nous devons reconnaître que les personnes souffrant de troubles de l'alimentation doivent être traitées tôt et directement".

"Même si manger désordonné est commun dans la population, ce n'est pas inoffensif. Ce type d'alimentation chez les femmes et les hommes doit être pris au sérieux.", conclut-elle. Cette étude a également permis d'établir les critères qui définissent une alimentation désordonnée. Ce terme s'applique lorsqu'une personne décide du moment où elle a faim ou est rassasiée, peu importe comment elle se sent. Les autres symptômes cités concerne aussi le fait qu'elle se pèse constamment et consomme des boissons pour ne pas avoir faim.

Comment la traiter?

Une alimentation peut également être considérée comme désordonnée si la personne planifie chaque repas longtemps à l'avance, compte les calories, pèse les aliments, suit un régime strict ou coupe certains aliments de son alimentation en invoquant de fausses raisons de santé. Ce concept est peu évoqué, si ce n'est par le ministère de la Santé de la province de Manitoba, qui indique que "l’insatisfaction à l’égard de l’image corporelle et les régimes subséquents sont les principaux antécédents relatifs à l’alimentation désordonnée et aux troubles alimentaires."

Ce dernier conseille par ailleurs aux professionnels de santé de ne jamais promouvoir les régimes, peu importe le statut pondéral d’une personne, mais de mettre l’accent sur les messages concernant les modes de vie sains et les choix santé. En France, le ministère de la Santé a lancé en 2001, le PNNS avec pour objectif général l'amélioration de l’état de santé de l’ensemble de la population en agissant sur l’un de ses déterminants majeurs: la nutrition.

*Programme national nutrition santé

Alexandra Bresson