Interview Seine-et-Marne. Trois fois plus de monde que début 2020 au Secours populaire à Chelles

Les personnes se présentant au Secours populaire de Chelles sont beaucoup plus nombreuses que début 2020. La situation est préoccupante dans toute la France, selon un rapport Ipsos

Le Covid a dégradé les revenus d'un Français sur trois, selon un rapport Ispos-Secours populaire. À Chelles, le nombre de bénéficiaires a triplé depuis début 2020. (©Secours Populaire Français)
Le Covid a dégradé les revenus d’un Français sur trois, selon un rapport Ispos-Secours populaire. À Chelles, le nombre de bénéficiaires a triplé depuis début 2020. (©Secours Populaire Français) (©DR)
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Claude Foucher est président du Secours populaire de Chelles. Il révèle des chiffres éloquents sur l’aggravation de la pauvreté depuis le Covid. Le problème est le même en France entière, selon un rapport Ipsos qui apporte de nouveaux chiffres à ce sujet.

Actu : À quel point la précarité des familles à Chelles s'est-elle aggravée avec le Covid ?

Claude Foucher : Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Au premier trimestre 2020, nous avons eu à Chelles 336 personnes bénéficiaires. Nous en avons 926 au troisième trimestre.
Beaucoup de personnes viennent parce qu'elles ont besoin d'une aide. Elles peuvent être touchées par le chômage, par des tensions diverses.
Le 115 est de plus saturé en petite couronne. Des personnes sont redirigées vers la Seine-et-Marne.
Lors de notre distribution alimentaire début octobre, nous avons distribué des colis à 113 familles, ce qui représente 347 personnes. 9 d'entre elles n'avaient pas de quoi payer leur colis. Nous demandons pourtant 1,50€ par adulte et 1€ par enfant. 46 de ces familles sont sans ressources. 17 sont au RSA. 38 n'ont pas voulu dire quelle était leur situation...
Le reste à vivre à Chelles est de 2.07€ par personne [NDLR : le reste à vivre est la différence entre les ressources et les charges et le surendettement, hors dépenses courantes].

Quelles sont les conditions pour pouvoir bénéficier du Secours populaire ?

C. F. : Nous constituons un dossier avec chaque bénéficiaire. Nous tenons compte de leur revenu et de leurs dépenses. Nous aidons les personnes qui ont moins de 8€ par jour.
Nous apportons une aide alimentaire et vestimentaire. Nous apportons également un accès à la culture, ainsi qu'une aide aux vacances, ou encore des conseils pour les soins, les droits, l'éducation.
À Chelles, nous donnons des cours de conversation aux personnes ne maîtrisant pas la langue française. Notre écrivain public aide également nos bénéficiaires. Nous avons un partenariat avec le cinéma Le Cosmos permettant d'aller voir des films pour 1€. Avec l'association Solidev, nous avons permis à des personnes d'avoir un examen d'ophtalmologie et des lunettes gratuits. Nous permettons par ailleurs aux enfants de s'inscrire gratuitement au premier niveau de l'assurance scolaire obligatoire, avec la MAE.

Que montre le dernier rapport Ispos-Secours populaire publié cette semaine ?

C. F. : Pour ce rapport, 1002 personnes ont été interrogées les 4 et 5 septembre 2020. Il montre que 33% des interrogés ont eu leurs revenus dégradés par le Covid.
De plus, une personne sur cinq vit à découvert. 40% se restreignent sur la qualité de leur alimentation. 51% ont peur de basculer dans la pauvreté.
Alors que l'Insee fixe le taux de pauvreté à 1063€ par mois, les personnes interrogées considèrent qu'on est pauvre en-dessous de 1228€ par mois. C'est à peu près le montant du Smic (1219€ net).
Le rapport montre aussi que les gens se préoccupent pour leurs enfants. 44% affirment que leurs enfants ont pris du retard à l'école. 80% disent que leurs enfants ont plus de risques qu'eux de connaître la pauvreté.

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