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Economie : un prix Nobel qui n'en est pas un

Des députés suédois ont réclamé il y a une dizaine d'années le démantèlement de ce prix estimant que "le prix d'économie contribue à conférer au sujet très politisé qu'est l'économie une aura scientifique".

Par  (Stockholm, correspondance) et Olivier Truc

Publié le 11 octobre 2010 à 18h32, modifié le 11 octobre 2010 à 18h32

Temps de Lecture 2 min.

Christopher Pissarides, l'un des lauréats du

Depuis plus de quarante ans, "le prix d'économie à la mémoire d'Alfred Nobel" – c'est son appellation officielle - entretient la confusion. Les lauréats de l'édition 2010, les Américains Peter Diamond et Dale Mortensen et le Britannico-Chypriote Christopher Pissarides, récompensés lundi 11 octobre pour leurs travaux sur l'adéquation entre l'offre et la demande sur le marché du travail, seront traités dans le monde entier comme de vrais Nobel. Ils se partageront la même somme d'argent –environ un million d'euros– seront invités aux mêmes festivités que les autres. Mais ils n'en sont pas.

C'est la Banque centrale de Suède qui avait pris contact avec la Fondation Nobel au milieu des années 1960 pour instaurer à sa charge un tel prix d'économie, en plus des prix Nobel existants depuis 1901 de littérature, de médecine, de physique et de chimie, ainsi que de la paix (ce dernier attribué par le comité norvégien).

ÉVÉNEMENT UNIQUE

"La banque voulait une espèce de feu d'artifice pour célébrer son tricentenaire, explique au Monde Michael Sohlman, directeur de la Fondation Nobel. La banque avait contacté l'Académie suédoise des sciences et lui avait demandé si elle accepterait de prendre la responsabilité du processus de sélection des lauréats, selon les mêmes principes très rigoureux que pour les prix de physique et de chimie. Ils ont dit oui, et la Fondation Nobel a dit oui aussi. La banque avait du faire le calcul que les médias ne s'arrêteraient pas à faire cette distinction ".

C'était en mai 1968. Cette révolution à la suédoise fut un événement unique et "le restera à tout jamais", insiste Michael Sohlman. Car les critiques furent nombreuses. Des députés suédois ont réclamé il y a une dizaine d'années encore le démantèlement de ce prix disant que "le prix d'économie contribue à conférer une aura scientifique au sujet très politisé qu'est l'économie ".

Depuis, les portes de la Fondation Nobel se sont refermées à toute autre initiative. "Au début des années 1990, nous avons été contactés par un homme politique américain qui souhaitait instituer un prix Nobel de l'environnement, raconte Michael Sohlman. Nous avons refusé. Finalement, cet homme politique a été récompensé à sa manière, en obtenant le prix Nobel de la paix. C'était Al Gore".

"PRIX NOBEL ALTERNATIF"

Bien avant Al Gore, Jakob von Uexkull, un jeune philatéliste et universitaire altermondialiste avant l'heure avait frappé à la porte de la Fondation Nobel en 1980 pour leur proposer de créer des prix pour l'environnement et le développement humain en les finançant par la vente de sa collection de timbres. Snobé par la Fondation Nobel, ce Suédo-allemand a créé sa propre fondation "Right Livelihood Award" ( Prix pour une vie juste) qui depuis trente ans décerne des prix anti-établissement qui au fil des ans ont gagné l'étiquette de "prix Nobel alternatif", au plus grand agacement de la fondation Nobel qui feint d'ignorer son existence.

Reste la légende tenace du prix "manquant", le prix Nobel de mathématiques. La légende maintient qu'Alfred Nobel et le professeur de mathématiques Gösta Mittag-Leffler, créateur du premier institut de mathématiques au monde à Stockholm en 1916, étaient amoureux de la même femme. Par jalousie, Alfred Nobel aurait rayé les mathématiques de sa liste de prix à crééer afin d'éviter que son rival ne l'obtienne. "Nous avons effectué des recherches, mais nous n'avons trouvé aucune indication de l'intérêt d'Alfred Nobel pour les maths, alors que tous les autres prix Nobel reflètent ses intérêts avérés". Tous, sauf l'économie.

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