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Bolsonaro autorise l’envoi de l’armée pour lutter contre les incendies en Amazonie

EN IMAGES - Au moment où la pression internationale s’accentue contre la politique menée par le président climatosceptique brésilien, ce dernier a autorisé le déploiement de troupes pour combattre les gigantesques incendies qui ravagent le «poumon de la planète».

Les gigantesques incendies qui sont à l’œuvre en Amazonie ces dernières semaines n’en finissent pas de mettre à mal la politique menée depuis plus d’un an par le président climatosceptique brésilien Jair Bolsonaro. L’ampleur des feux qui sévissent dans la plus vaste forêt tropicale de la planète - quelque 700 nouveaux feux enregistrés en 24 heures jeudi - inquiète au plus haut point la communauté internationale, qui a passé outre aux accusations d’ingérence «colonialiste» du président brésilien. Ce dernier, estimant que ces feux ne pouvaient «servir de prétexte» à des sanctions internationales, a autorisé le déploiement de l’armée pour lutter contre. La mesure, prise par décret, autorise à partir de samedi 24 août les gouverneurs des États concernés par les feux en Amazonie à mobiliser l’armée «pour des actions préventives et répressives contre les délits environnementaux», ainsi que «l’identification et la lutte contre les foyers d’incendies».

Dans la foulée, Donald Trump a proposé au président brésilien l’aide des Etats-Unis. «Je viens de parler au président Jair Bolsonaro. Je lui ai dit que si les Etats-Unis pouvaient aider concernant les incendies en Amazonie, nous étions prêts à le faire!», a tweeté le président américain.

De l’autre côté de l’Atlantique, l’Amazonie est devenue «une priorité» à la veille du G7 de Biarritz, où le président Emmanuel Macron a accusé son homologue brésilien d’avoir «menti» sur ses engagements climatiques et a décidé de s’opposer à l’accord de libre-échange UE-Mercosur. Le chef de l’État peut compter sur le soutien de l’Allemagne et la Grande-Bretagne. «La chancelière soutient complètement le président français», a assuré le porte-parole d’Angela Merkel. Le premier ministre britannique Boris Johnson a pour sa part estimé que les incendies constituaient une «crise internationale», avant le Sommet de samedi et dimanche dont devraient sortir des «initiatives concrètes». De son côté, l’Irlande a également menacé de voter contre l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur si le Brésil ne protège pas la forêt amazonienne. Le ministre finlandais des Finances, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE, a annoncé ce vendredi qu’il allait proposer à ses homologues européens d’interdire les importations de boeuf brésilien pour protester contre la réponse du président Jair Bolsonaro aux incendies. Pendant ce temps, à Brasilia, Jair Bolsonaro tweetait: «Le feu le plus ardent est celui de notre souveraineté sur l’Amazonie».

Mais Jair Bolsonaro fait également face à une pression de plus en plus forte au sein même de son pays. Arthur Virgilio Neto, le maire de Manaus, la plus grande ville de l’Amazonie brésilienne, a estimé que c’est le «devoir du gouvernement brésilien de préserver l’Amazonie», contrairement à ce que prétend le président d’extrême droite. Jair Bolsonaro «ne peut pas continuer à dire que l’Allemagne a détruit la Forêt noire. À cette époque, on ne parlait pas d’écologie», a-t-il déclaré devant des journalistes, présent, avec 3000 autres participants, à la Semaine du Climat, réunion régionale organisée par l’ONU à Salvador de Bahia.

Dans un entretien à l’AFP vendredi soir, le chef indigène Raoni a demandé l’aide de la communauté internationale pour contribuer à «faire partir le plus vite possible» le président brésilien qu’il juge responsable des incendies amazoniens. «Je pense que le président français et d’autres forces internationales peuvent faire pression pour que le peuple brésilien fasse partir Bolsonaro et que le Congrès vote sa destitution», a ajouté le cacique, figure internationale du combat pour la protection de l’Amazonie et des droits indigènes.

La classe politique française soutient Macron

En France, la prise de position d’Emmanuel Macron a été globalement saluée, à commencer par les agriculteurs mais aussi la majorité présidentielle. «Nous étions 75 députés LREM à considérer que cet accord en l’état n’était pas tenable. Aujourd’hui, clairement le président de la République fait le choix du climat et du juste échange», a souligné la porte-parole du parti présidentiel et députée des Yvelines Aurore Bergé. De son côté, l’ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, démissionnaire en août 2018, a salué une «première étape essentielle». «Elle doit être suivie de sanctions commerciales interdisant les importations de produits agricoles brésiliens pour tenter de stopper la déforestation», a ajouté Nicolas Hulot.

À l’université d’été EELV à Toulouse, le député européen Yannick Jadot a souligné que Jair Bolsonaro «a massacré l’Amazonie» depuis son entrée en fonction et a appelé Emmanuel Macron à prononcer «un embargo sur les importations de soja transgénique». La maire de Paris Anne Hidalgo, présidente de l’alliance des grandes villes pour le climat C40, a pour sa part dénoncé «un crime contre l’humanité» au sujet des importants feux qui ravagent actuellement la forêt amazonienne.

Des manifestations à travers le monde

Des manifestations ont eu lieu à travers le monde, notamment à Toulouse. PASCAL PAVANI/AFP

Des manifestations en défense de l’Amazonie ont eu lieu vendredi à Sao Paulo et Rio de Janeiro, d’autres étaient terminées (comme à Londres) ou prévues devant les ambassades et consulats du Brésil dans le monde, à l’appel de nombreuses ONG. «Sauvez l’Amazonie!», criaient les manifestants depuis le trottoir en face de l’ambassade brésilienne à Londres, tenus à distance par des barrières de la police.

A Sao Paulo vendredi soir. NELSON ALMEIDA/AFP

À Barcelone, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le consulat brésilien. «Ces incendies sont provoqués avec le consentement du gouvernement brésilien qui ne fait rien pour les arrêter. S’il y a une personne à blâmer, c’est Monsieur Jair Bolsonaro», a dit Aitor Urruticoechea, porte-parole de «Fridays for Future» dans la ville catalane. La branche néerlandaise de ce mouvement a mené une courte action vendredi après-midi sur la fameuse place du Dam à Amsterdam. Selon l’agence de presse néerlandaise ANP, les manifestants ont effectué un «die-in» pendant une dizaine de minutes, couchés sur le sol, prétendant être morts. Une centaine de personnes ont aussi protesté devant le consulat du Brésil à Genève. À Dublin, une centaine de personnes ont occupé l’entrée d’un bâtiment qui abrite l’ambassade brésilienne. D’autres rassemblements sont prévus, à Varsovie et Lisbonne samedi et Bruxelles lundi.

Sur Twitter toujours, les incendies en Amazonie représentaient encore la première tendance, à la fois au Brésil et en France, avec de nombreux partages sur les appels à manifester dans la journée.

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708 commentaires
  • Le Rebelle gaullien - refusé

    le

    paul lecogouen, nous l'avons compris, vous faites partie de l'élite "bien-pensante" de ce pays, les bons qui lavent plus blanc que blanc, ceux que le bas peuple doit écouter et honorer pour leur grande sagesse. Grand bien vous fasse, je ne suis pas des vôtres et j'en suis heureux rien qu'à vous lire. HBA

  • Yves 53

    le

    La France pourrait envoyer Jadot pour aider.

  • marijo12

    le

    Ce sont sans aucun doute des ONG écolos qui sont à l'origine des feux....

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